La quête du bonheur #1 : se libérer de la souffrance

Ayant récemment reçu une influence bouddhiste intéressante, je souhaitais en faire la synthèse sur le papier. Notez que je ne suis ni pratiquant ni expert de cette religion et que je me base uniquement sur mon expérience et sur le raisonnement. Cette série de billets ne se veut aucunement un guide du bonheur pour les nuls, je souhaite uniquement clarifier mes idées et initier le débat.

Partons de l’observation suivante :

Nous cherchons le bonheur.1

Or notre environnement nous met régulièrement des bâtons dans les roues :

  • Il pleut alors que j’attends le bus pour me rendre au travail ;
  • Mon chien s’est fait écraser ;
  • Il ne reste plus de cette confiture dont je raffole le matin ;
  • Untel a eu la promotion que je convoitais ;

C’est regrettable, certes. Seulement, nous pouvons observer que beaucoup se passe en nous, à l’intérieur. Oui, il pleut. Mais si j’avais attendu mes amis plutôt que le bus, peut-être n’aurais-je pas été affecté aussi négativement. Pourtant, la pluie n’a pas changé. Il convient donc d’admettre ici que j’entretiens moi-même mon propre énervement.

Et quand bien même l’environnement est sévèrement coupable (ma maison a brûlé, un proche est décédé, etc.), il n’est pas constructif de lui rejeter la faute. La colère, la tristesse, la peur… sera justifiée, mais elle n’en devient pas souhaitable. Certes, pleurer à un enterrement est compréhensible, mais ça n’en reste pas moins de la merde.3 Pour moi, subir ces émotions est une vulnérabilité de notre personne, un défaut auquel il faut remédier.2 Or pointer du doigt l’environnement (« tu me fais souffrir en couchant avec cette autre personne ») revient à ignorer ce défaut et à nier notre propre responsabilité dans notre souffrance. Plutôt peu constructif.

De toute façon, le monde est complexe et assez peu prévisible, ce qui semble particulièrement le cas des réactions des autres.4 Ainsi, la seule chose que nous pouvons réellement influencer est nous-même. Ne nous étonnons pas alors d’être malheureux si nous soumettons notre bonheur à l’environnement : à la météo, à la présence de nos proches, à l’admiration d’autrui, à la superficie de notre maison, etc.

D’autant plus que, comme les bouddhistes le soulignent, le monde est de nature impermanente. Tout est éphémère : les objets s’usent, les personnes changent, les émotions passent… S’attacher à un environnement constant est alors intrinsèquement en déphasage avec la réalité et risque de mener à la désillusion. Par exemple, une personne dont le bonheur est subordonné à la rutilance et la performance de sa voiture dernier modèle court le risque de souffrir le jour où elle est amochée ou tombe en panne, ce qui adviendra du fait de sa nature impermanente d’objet.

Attention toutefois, le détachement n’induit pas l’indifférence. Quand nous contemplons un coucher de soleil, avoir conscience de sa nature fugace ne nous empêche pas d’apprécier le moment. Au contraire, son caractère éphémère en augmente la valeur. De la même façon, revoir un vieil ami de passage nous rendra heureux même si nous n’ignorons pas qu’il repartira le lendemain.

Les bouddhistes remarquent aussi que nous sommes vulnérables quand nous nous attachons au futur, puisque la déception peut être grande s’il ne correspond pas à nos attentes. Par exemple, si le cuisinier de notre restaurant favori manque d’ingrédients pour nous préparer notre plat préféré, nous serons d’autant plus frustré que nous aurons attendu ce repas toute la journée.

Là encore, il n’est pas question de devenir un zombi que plus rien ne stimule. Nous pouvons nous investir dans un projet sans pour autant être dépendant de sa réussite. Par exemple, ne pas accorder d’importance au succès de son billet n’empêche pas d’en écrire un. De même, nous pouvons organiser une soirée avec des amis et en profiter sans pour autant passer les jours qui précèdent à trépigner d’impatience.

Petite digression sur les attentes :

En plus du risque de la déception, avoir des attentes signifie consacrer une partie de son temps à de l’imaginaire. Or, en me concentrant sur ce que je pourrais faire (ou ce que je ferai probablement) plutôt que sur ce que je fais, j’ai comme intuition de ne pas vivre pleinement, de gaspiller du temps.

Toutefois, on peut légitimement se demander si les attentes ne sont pas un mal nécessaire. Sans elles, il semblerait qu’il n’existe plus de raison de se forcer à faire quelque chose en vue d’un bénéfice non immédiat. Le risque est alors de ne plus investir du temps contre son gré et de se fermer des portes. Un exemple un peu cliché est l’étudiant qui ne va en cours que pour avoir ses examens. Sans cette attente de l’obtention du diplôme, il serait moins éduqué et en pâtirait probablement plus tard.

Mais comme ces questions méritent plus qu’une digression, je m’arrête ici pour ce billet.

En fait, cette démarche de détachement s’inscrit dans une recherche de liberté. Il n’est pas question de devenir un robot sans émotions, mais de développer sa capacité à ne pas se faire emporter par elles, à régler ses problèmes émotionnels soi-même. Le bénéfice évident est un impact moindre des émotions négatives, mais aussi un gain en lucidité. Par exemple, une personne follement amoureuse sera probablement très heureuse, mais à quel prix le jour où son rêve prend fin ? Cette prise de recul n’empêche pas d’en profiter, elle nous incite juste à profiter du moment présent tout en ayant conscience de son caractère éphémère.

En résumé

Ce billet cherche à pointer notre responsabilité dans notre propre souffrance ainsi que la vanité à soumettre notre bonheur à notre environnement, à la fois hors de notre influence et en changement permanent. Dans la suite, nous étudierons plus en détail les émotions et explorerons des pistes pour prendre du recul vis-à-vis d’elles. Prêts à devenir des robots ?


  1. Notez qu’à priori nous ne cherchons pas que ça

  2. Je parle bien de subir les émotions. J’y reviens plus bas, mais ma position ne consiste pas à devenir un robot insensible. 

  3. Je passe ici sciemment sous silence les bénéfices potentiels des émotions négatives, puisqu’il me semble que nous pouvons profiter de ces bénéfices tout en restant lucide et en évitant la souffrance liée à l’émotion. Mais ayant peu de connaissances en biologie, psychologie et neurosciences, je ne m’avance pas plus. 

  4. Un professeur de méditation me donnait l’exemple suivant : imagine-toi dans un bus, debout, et une mamie qui rentre. Par manque de place, elle aussi ne peut s’asseoir. Tu rejettes alors les épaules en arrière et demande sur un ton impératif à un adolescent de lui céder sa place. Manque de chance, plutôt que de coopérer il se rebelle et tu te retrouves dans une situation délicate. Tu aurais pu t’y prendre d’une façon plus diplomatique et parvenir à tes fins, mais qui te dit alors que ce n’est pas la mamie qui t’aurait reproché de la considérer incapable de voyager debout ? 



19 commentaires

Une initiative intéressante !

la seule chose que nous pouvons réellement influencer est nous-même

Ce passage me dérange un peu, parce qu’en l’interprétant de manière simpliste, on pourrait croire que, effectivement, on a pouvoir sur soi, et que ce pouvoir est simple à exercer. Mais, en vérité, l’autonomie (au sens philosophique et étymologique du terme : avoir pouvoir sur soi) n’est que limitée − ou comme le dirait Freud, « le Moi n’est pas maître dans sa maison ».
Avoir un bras coupé te fera mal un tant soit peu, quel que soit le travail que tu fais sur toi-même et sur l’attachement que tu portes à ce bras ; de même, on observe beaucoup de suivis psychothérapeutiques où le sujet a pleinement conscience de son trouble mais n’arrive pas/peu à le corriger (c’est le cas des névroses phobiques, des addictions, etc.).
En somme, le pouvoir sur soi-même n’est pas direct et simple, comme on peut avoir tendance à la croire. Je ne prétends pas que tu aies dit le contraire, je préfère simplement apporter cette nuance.

+1 -0

comme le dirait Freud, « le Moi n’est pas maître dans sa maison ».

Dwayn

Au risque de paraître chiant, je crois que la psychanalyse est une pseudo-science qui est dépassée depuis longtemps. Je n’invente pas ça, il y a un consensus mondial chez la plupart des neuroscientifiques qui va en ce sens. Il n’y a que 2 pays (la France et l’Argentine) qui utilisent encore la psychalanyse. C’est un sujet qui me tient à cœur car j’ai un ami autiste qui a été maltraité par plusieurs psychanalystes et je trouve cela inacceptable.

J’ai également beaucoup de difficulté avec l’approche bouddhiste. À mon avis, la meilleure façon de trouver la bonheur est d’appréhender la réalité avec l’approche pragmatique de la science. Je dois admettre que le bouddhisme amène certaines réflexions intéressantes, mais le côté ésotérique qui entoure cette pensée m’a toujours un peu agacé. Je crois que nous devrions tous user de notre sens critique pour réfléchir sur ce qui nous rend le plus heureux et faire des efforts en ce sens.

Je dis ça sans aucune animosité et je ne veux pas manquer de respect à personne. Si ça peut te rendre heureux, tant mieux! :)

+4 -0

comme le dirait Freud, « le Moi n’est pas maître dans sa maison ».

Dwayn

Au risque de paraître chiant, je crois que la psychanalyse est une pseudo-science qui est dépassée depuis longtemps. Je n’invente pas ça, il y a un consensus mondial chez la plupart des neuroscientifiques qui va en ce sens. Il n’y a que 2 pays (la France et l’Argentine) qui utilisent encore la psychalanyse. C’est un sujet qui me tient à cœur car j’ai un ami autiste qui a été maltraité par plusieurs psychanalystes et je trouve cela inacceptable.

Le Gigot

Eh bien, j’avais hésité à laisser une footnote après cette citation, pour dire à peu près ce que tu as dit, mais j’ai jugé ça superflu… Du coup, je suis tout à fait d’accord avec toi concernant la pseudo-scientificité de la psychanalyse, ma citation ne servant que d’illustration littéraire (les exemples concrets sont donnés par la suite : névrose phobique et addiction).
Cependant, si l’histoire de ton ami autiste (histoire malheureusement trop classique) peut expliquer pourquoi tu tiens à cette question, elle ne peut pas beaucoup servir à disqualifier la psychanalyse en tant que théorie, puisque les dérives sont le lot commun de toutes les disciplines…

+2 -0

J’ai également beaucoup de difficulté avec l’approche bouddhiste. À mon avis, la meilleure façon de trouver la bonheur est d’appréhender la réalité avec l’approche pragmatique de la science. Je dois admettre que le bouddhisme amène certaines réflexions intéressantes, mais le côté ésotérique qui entoure cette pensée m’a toujours un peu agacé. Je crois que nous devrions tous user de notre sens critique pour réfléchir sur ce qui nous rend le plus heureux et faire des efforts en ce sens.

Note que mon propos s’inspire de concepts bouddhistes. Moi aussi, j’ai deux-trois soucis avec l’énergie indétectable par nos outils de mesures et la réincarnation.

En fait, dans ce billet, je ne voulais conserver que les idées qui s’enchaînent logiquement. D’ailleurs toutes celles exprimées ici ne sont pas nécessairement bouddhistes. Le raisonnement (axiome, connecteurs logiques) derrière le billet ne transparaît-il pas suffisamment ?

Au sujet de la psychanalyse : https://www.youtube.com/watch?v=-X8Xfl0JdTQ&list=PL8dPuuaLjXtNgK6MZucdYldNkMybYIHKR&index=8

Les bouddhistes s’associent de plus en plus avec les neurosciences pour étudier les effets de la méditation. Quelques mots-clés : Matthieu Ricard, Mind & Life Institute, neurosciences contemplatives, Richard Davidson, Daniel Goleman, Tania Singer…

+0 -0

Je ne comprends pas du tout d’où vient l’opposition philosophie/science dans ton message… Il y a des tonnes d’exemples de questions à la base purement philosophiques auxquelles la science a répondu (ou a du moins fait avancer le schmilblik plus vite que des siècles de réflexions dans le vide). Typiquement, "le monde est il purement déterministe?".

Il est par ailleurs curieux de sous-entendre que la méthode scientifique pourrait ne pas s’appliquer à des concepts complexes et fortement subjectifs comme le bonheur. C’est pas parce qu’on est dans la panade pour le faire qu’il faut en conclure que c’est impossible (sinon on jette tout de suite les sciences humaines à la poubelle et on n’en parle plus).

+2 -0

Le bonheur étant une question tout àfait philosophique, j’ai du mal à voir comment l’approche scientifique permettrait de l’atteindre.

Phigger

Beaucoup de gens s’intéressent à ça, pour définir le bonheur, le mesurer, le comprendre etc. J’ai des "collègues" du master recherche psycho qui ont fondés un truc qui s’appelle "le ministère du bonheur" et qui vise justement à diffuser les travaux académiques sur le sujet ! C’est probablement un domaine où il reste beaucoup à apprendre et qui doit avancer de façon assez prudente, mais ça me semble très intéressant et très prometteur.

+0 -0

Le raisonnement (axiome, connecteurs logiques) derrière le billet ne transparaît-il pas suffisamment ?

Pas du tout. :P

Après, je dois être le pire public pour ce genre de propos. Je ne saurais même pas dire ce qui me gêne dans ce que tu dis, puisque mon approche de la vie est grosso modo opposée. Le seul point où je te rejoins, c’est qu’il ne sert à rien de se laisser bouffer par des conneries (le tout début de ton texte dis ça, sauf erreur de ma part).

Pour le reste… Je prône le fait d’accepter sa vulnérabilité et celle d’autrui, plutôt que de la refuser ou la stigmatiser ; je trouve que la colère, la tristesse… ont des vertus cathartiques, et qu’elles sont donc non seulement justifiées, mais souhaitables (même s’il ne faut pas se laisser bouffer par cela pour autant ; la visée finale est cathartique !).

Le bonheur est aussi affaire de balance : je suis d’autant plus content qu’il fasse beau qu’il a fait moche ces derniers jours (même si un mois de pluie ne va pas me faire déprimer), j’éprouve un profond sentiment de satisfaction quand je réussis quelque chose de complexe, en particulier si je me suis pris la tête dessus… J’ai besoin de cette balance.

Pour le fait de s’attacher au futur, je suis à l’extrême inverse. Un vrai plaisir, ça se prépare, il faut se mettre en condition à le recevoir. Si je fais un bon repas, c’est bien ; si j’ai fait un bon repas après m’être attendu à un bon repas, c’est encore mieux ! Vivre au futur, préparer l’avenir, permet d’éviter des sources de désagrément, se préparer des moyens alternatifs de trouver du bonheur, de fertiliser le terrain… Ça permet de résoudre, contourner ou de prévoir (donc se mettre dans les dispositions permettant d’ignorer) les désagréments de l’environnement. C’est pour moi une condition nécessaire au fait de ne pas se laisser emporter.

La grosse blague dans mon gloubi-boulga pas clair, c’est que ça rejoint en grande partie ton dernier paragraphe : je vis ma vie ainsi pour trouver de la liberté, car ça me permet de ne pas me laisser emporter par les émotions négatives, et que ça m’apporte de la clarté et du recul.

Après, comme je le disais au début, ma philosophie de vie est assez éloignée du bouddhisme. :-° Et pas assez claire pour que je puisse en parler de manière compréhensible.

+2 -0

J’ai lu avec intérêt cette tribune, étant donné que tout le monde cherche sa propre réponse à la question de comment atteindre le bonheur. J’ai aussi lu les commentaires.

Tu sembles porter un intérêt au bouddhisme, ou en tout cas, à une certaine composante du bouddhisme. Des approches ayant essayer d’élaguer certains aspects ésotériques sont effectivement la méditation de pleine conscience qui a été référée par toi-même. Je te propose aussi le titre suivant : Au coeur de la tourmente, la pleine conscience : MBSR, la réduction du stress basée sur le mindfulness : programme complet en 8 semaines. C’est un manuel qui semble "fondamental" pour les adeptes du domaine.

Ensuite, il n’est nul besoin d’être bouddhiste pour aboutir au précepte que tu sembles recommander, à savoir,

la seule chose que nous pouvons réellement influencer est nous-même.

Je pense à Épictète, dont la doctrine nous a été rapportée par un de ses disciples dans le Manuel d’Épictète. Bon, ce n’est probablement pas aussi vieux que le bouddhisme, mais nous sommes entre le premier et le deuxième siècle après J.-C. Le Manuel est court, je t’en recommande la lecture pour alimenter tes réflexions.

Les bouddhistes s’associent de plus en plus avec les neurosciences pour étudier les effets de la méditation. Quelques mots-clés : Matthieu Ricard, Mind & Life Institute, neurosciences contemplatives, Richard Davidson, Daniel Goleman, Tania Singer…

Vayel

Le terme « neurosciences contemplatives » sonne faux à mon oreille. Il faut faire attention, car plusieurs « scientifiques » qui « étudient » la méditation transcendantale et les trucs comme ça ne sont pas des vrais scientifiques.

D’ailleurs, fait intéressant, je suis tombé récemment sur un article qui expliquait que la méditation n’était pas faite pour tout le monde. En effet, chez certaines personnes, elle peut même amener un niveau de stress supérieur (je m’inclus dans ces personnes). Il est donc dommage qu’à mon université, par exemple, il y ait des cours obligatoires de méditation pour les étudiants du programme de médecine.

Bref, je crois que chacun doit trouver la méthode qui lui convient le mieux pour trouver le bonheur. Par exemple, pour moi, le bonheur, c’est manger du chocolat. :P

+2 -0

Nous cherchons le bonheur => ce postulat n’est pas nécessairement vrai. Peut-être que tout ce qui nous intéresse c’est le chemin vers le bonheur, ou encore les rêves qu’on a. Comme un type qui économise des années pour son rêve d’acheter une bagnole de collection, le jour où il l’a enfin ce n’est plus un rêve et il n’en aura peut-être plus rien à faire. Peut-être même que ça le rendra malheureux. Ou encore comme un type qui bosse dur et s’implique à fond dans un projet d’entreprise parce qu’il a l’ambition que ça marche du tonnerre par la suite. Ce qui le motive à se lever le matin, c’est cet horizon de réussite. Si ça finit par marcher et rouler tout seul, il n’a plus d’objectif. Un autre exemple : certaines personnes ont pour moteur le bonheur des autres, et font d’énormes sacrifices pour ça, elles ne cherchent donc pas leur propre bonheur (bien que pour une grande partie d’entre elles faire le bonheur des autres leur procure également du bonheur). J’ai vu que tu as mis un lien en pied-de-page pour nuancer cette phrase, my bad je ne l’ai pas regardé c’est peut-être ce qu’on y dit. En tous cas ça ne veut pas dire que le reste de l’article n’est pas intéressant, mais la phrase d’introduction est discutable. ;)

J’ai également beaucoup de difficulté avec l’approche bouddhiste. À mon avis, la meilleure façon de trouver la bonheur est d’appréhender la réalité avec l’approche pragmatique de la science. Je dois admettre que le bouddhisme amène certaines réflexions intéressantes, mais le côté ésotérique qui entoure cette pensée m’a toujours un peu agacé.

Le Gigot

Idem pour moi. Comme dit dans un commentaire plus haut, nul besoin d’aller vers le bouddhisme pour trouver les idées développées ici. Ca se rapproche très fortement du stoïcisme grec : Epictète (Le manuel), Sénèque (La brièveté de la vie, La tranquilité de l’âme…), Marc-Aurèle (Pensées pour moi-même)…
On peut aussi chercher du côté de l’épicurisme (qui n’est absolument pas ce que sens commun en donne comme idéee).
L’idée principale du stoïcisme c’est justement de ne pas faire dépendre son bonheur ou son malheur de choses extérieures. Il faut différencier ce qui dépend de nous (principalement la manière dont nous réagissons aux événements) de ce qui ne dépend pas de nous (la mort de quelqu’un, la santé, la richesse, les résultats d’un match de foot…). Et tout ce qui ne dépend pas de nous ne doit pas acquérir de l’importance à nos yeux. On peut faire des actions pour devenir riche (l’action dépend de nous), mais le résultat ne dépend pas de nous (conjoncture, action des autres…). Ainsi, il faut relativiser les echecs, mais également les victoires.

Spinoza a l’air d’être également dans la même lignée, mais je n’ai pas encore trouvé de bonne vulgarisation sur le sujet.

Un texte qui à mon sens résume bien la pensée stoïque, c’est Si, de Rudiyard Kipling. Par exemple :

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,

Avec cette philosophie, j’ai arrêté de me plaindre de la météo, des lundis, des bouchons, des gens qui mangent bruyamment leur popcorn au cinéma… et ça va beaucoup mieux…


Si je fais un bon repas, c’est bien ; si j’ai fait un bon repas après m’être attendu à un bon repas, c’est encore mieux

Je dirai exactement le contraire. Espérer t’expose à une déception, alors que ne rien attendre du repas t’expose à de bonnes surprises.
A ce sujet, j’aime bien André Compte-Sponville, Le bonheur désespérément (désespérément dans le sens : sans espoir, sans rien attendre du futur)

Salut,

Et quand bien même l’environnement est sévèrement coupable (ma maison a brûlé, un proche est décédé, etc.), il n’est pas constructif de lui rejeter la faute. La colère, la tristesse, la peur… sera justifiée, mais elle n’en devient pas souhaitable. Certes, pleurer à un enterrement est compréhensible, mais ça n’en reste pas moins de la merde.

Tu me sembles assez sévère ici.

Je comprends globalement ton point de vue qui est de constater que, de manière générale, on a parfois tendance à créer notre propre enfer en ne prenant pas assez de recul sur nos sentiments, nos envies, nos besoins, nos attentes, etc. En cela, tu te rapproches de la philosophie de Descartes avec sa maxime : « changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde ». Toutefois, comme toute maxime, elle est pure et sans nuances et il faut donc l’équilibrer.

À trop considérer que s’il y a une frustration, elle ne peut forcément venir que d’un mauvais point de vue ou d’un manque de recul et à trop vouloir analyser les émotions sans les laisser s’exprimer il y a un risque de virer vers le refoulement et de finir par exploser ou imploser (suivant que cela pète au blaire d’une autre personne qui ramasse ce que tu as accumulé ou si c’est ton corps qui finit par te dire « merde », ou les deux).

En plus du risque de la déception, avoir des attentes signifie consacrer une partie de son temps à de l’imaginaire. Or, en me concentrant sur ce que je pourrais faire (ou ce que je ferai probablement) plutôt que sur ce que je fais, j’ai comme intuition de ne pas vivre pleinement, de gaspiller du temps.

J’ai l’impression que le cœur de tes interrogations se situe plutôt ici, à savoir : « Qu’est-ce que l’existence ? Quel sens puis-je lui donner ? Comment puis-je “vivre pleinement” mon existence avant que celle-ci ne prenne fin ? ». Tu sembles y trouver une réponse en cherchant à te libérer de ce que tu considères comme des entraves (les sentiments ou en tous les cas leurs effets). J’ai pour ma part tendance à penser que l’existence se compose nécessairement des sentiments et de leurs effets et que chercher à ne pas subir ou profiter de ceux-ci revient à renier ou à renoncer à une composante de l’existence humaine. Mais ce n’est que mon point de vue.

+1 -0

Pour le reste… Je prône le fait d’accepter sa vulnérabilité et celle d’autrui, plutôt que de la refuser ou la stigmatiser ;

Juste une petite précision : il n’est pas question dans le billet de nier sa vulnérabilité mais de la limiter.

je trouve que la colère, la tristesse… ont des vertus cathartiques, et qu’elles sont donc non seulement justifiées, mais souhaitables (même s’il ne faut pas se laisser bouffer par cela pour autant ; la visée finale est cathartique !).

C’est l’objet de cette note. Pleurer un bon coup fait du bien mais je me demande si c’est nécessaire. La part de souffrance est-elle indissociable de la part purificatrice ?

Statistiquement, j’ai l’impression que la colère est assez peu efficace. S’indigner contre le sort des juifs pendant la Seconde Guerre donne effectivement de l’énergie, mais d’expérience ce n’est pas le plus commun. Il me semble qu’on tombe plus régulièrement en colère pour des trucs à la con qui nous font ruminer toute la journée et nous rendent malheureux et désagréables. Mais c’est pour ça que je parle bien de capacité à prendre du recul sur ses émotions et non pas de les couper (ce qui n’est d’ailleurs peut-être pas possible biologiquement) ni de les nier (ce qui est contre-productif).

Il y a un avantage des émotions négatives que je n’ai pas non plus mentionné : elles aident à grandir (si on ne se fait pas bouffer par elles). J’ai moi-même beaucoup appris en me blessant au pied et en ne pouvant plus pratiquer du jour au lendemain les activités qui occupaient une majeure partie de mon temps. Je me suis d’ailleurs demandé s’il n’était pas intéressant de s’infliger des souffrances à un instant t pour en bénéficier plus tard. Je n’ai pas prolongé la réflexion.

Le bonheur est aussi affaire de balance : je suis d’autant plus content qu’il fasse beau qu’il a fait moche ces derniers jours (même si un mois de pluie ne va pas me faire déprimer), j’éprouve un profond sentiment de satisfaction quand je réussis quelque chose de complexe, en particulier si je me suis pris la tête dessus… J’ai besoin de cette balance.

J’ai l’impression que nous cherchons tous les deux à avoir un bonheur moyen maximal et que c’est sur la variance que nous ne sommes pas d’accord.

Saurais-tu détailler la partie en gras ? Je comprends qu’un malheur puisse être une condition suffisante à un bonheur, mais je ne suis pas sûr que c’en soit une condition nécessaire. Ca mériterait un billet entier. ^^

Pour le fait de s’attacher au futur, je suis à l’extrême inverse. Un vrai plaisir, ça se prépare, il faut se mettre en condition à le recevoir. Si je fais un bon repas, c’est bien ; si j’ai fait un bon repas après m’être attendu à un bon repas, c’est encore mieux !

Mais c’est aussi plus risqué. Et j’ai l’impression que c’est mieux sur le moment parce que l’attente t’a rendu plus réceptif à ce bonheur (tu t’es préparé à le recevoir). Là encore, est-ce nécessaire ? Ne pourrait-on pas faire en sorte que notre cerveau soit en permanence réceptif au bonheur au présent, évitant ainsi le risque induit par la projection de nos désirs sur quelque chose qui n’existera peut-être pas ? Je ne suis pas expert du bouddhisme, mais j’ai l’impression que c’est ce qu’ils essayent d’atteindre avec la méditation, qui ancre dans le présent.

Vivre au futur, préparer l’avenir, permet d’éviter des sources de désagrément, se préparer des moyens alternatifs de trouver du bonheur, de fertiliser le terrain… Ça permet de résoudre, contourner ou de prévoir (donc se mettre dans les dispositions permettant d’ignorer) les désagréments de l’environnement. C’est pour moi une condition nécessaire au fait de ne pas se laisser emporter.

Après relecture du billet, je n’ai effectivement pas assez insisté sur ce point dans ma digression sur les attentes. Ne pas en avoir ne signifie pas ignorer le futur (ce serait aller probablement droit dans le mur) mais plutôt ne pas être dépendant de la vision que nous en avons, ce que tu expliques ici.

Après, comme je le disais au début, ma philosophie de vie est assez éloignée du bouddhisme. :-° Et pas assez claire pour que je puisse en parler de manière compréhensible.

Je me permets juste de rappeler que ce billet n’est pas une source fiable pour se faire une idée que ce qu’est le bouddhisme. ^^

D’ailleurs, fait intéressant, je suis tombé récemment sur un article qui expliquait que la méditation n’était pas faite pour tout le monde.

Tu aurais la source ?

Il est donc dommage qu’à mon université, par exemple, il y ait des cours obligatoires de méditation pour les étudiants du programme de médecine.

De la même manière qu’il est dommage de forcer un étudiant à faire des maths selon le format scolaire alors qu’il préférerait peut-être lire des papiers ou regarder des vidéos de MicMaths. Ou de forcer un étudiant à faire du tennis alors que ça l’angoisse parce qu’il se faisait taper par son morveux de petit frère par un raquette quand il était plus jeune.

Bref, je crois que chacun doit trouver la méthode qui lui convient le mieux pour trouver le bonheur.

Tout à fait d’accord.

Nous cherchons le bonheur => ce postulat n’est pas nécessairement vrai. Peut-être que tout ce qui nous intéresse c’est le chemin vers le bonheur, ou encore les rêves qu’on a.

Mais quand tu dis "[ça] nous intéresse", tu dis implicitement que ça nous rend heureux, non ?

Un autre exemple : certaines personnes ont pour moteur le bonheur des autres, et font d’énormes sacrifices pour ça, elles ne cherchent donc pas leur propre bonheur (bien que pour une grande partie d’entre elles faire le bonheur des autres leur procure également du bonheur)

L’autre partie, celle que ça ne rend pas heureux de rendre les autres heureux, pourquoi le fait-elle ? Ça ne la rendra peut-être pas heureuse dans le présent (comme faire la vaisselle) mais probablement dans le futur. Sinon, je ne vois pas ce qui motiverait l’acte.

Comme dit dans un commentaire plus haut, nul besoin d’aller vers le bouddhisme pour trouver les idées développées ici. Ca se rapproche très fortement du stoïcisme grec

Oui oui, je ne prétends pas que ces concepts sont le propre des bouddhistes. Je souhaitais simplement mettre des noms sur certaines notions pour que le lecteur puisse approfondir la question s’il le veut. J’aime aussi beaucoup la pensée stoïcienne mais ne la connais pas assez pour la mentionner dans un billet. Il serait intéressant de pointer vers différents mouvements de pensées, mais ça demande un travail autrement plus exigeant. :)

Tu me sembles assez sévère ici.

Oui, j’ai pris un ton direct pour alléger le texte de formules lénifiantes et pour rendre les idées sous-jacentes plus claires. J’ai d’ailleurs essayé de nuancer ce point de vue avec une note. ^^

à trop vouloir analyser les émotions sans les laisser s’exprimer il y a un risque de virer vers le refoulement et de finir par exploser ou imploser

Attention, analyser ne signifie pas refouler. Là encore, l’idée est de développer sa capacité à prendre du recul sur ses émotions, pas à les interdire parce qu’elles sont potentiellement néfastes.

Et, empiriquement, je me suis rendu compte que beaucoup d’émotions sont à la con (cf. le message de Looping). Le fait de les analyser permet de le constater et donc de ne pas se prendre la tête pour elles.

J’ai l’impression que le cœur de tes interrogations se situe plutôt ici, à savoir : « Qu’est-ce que l’existence ? Quel sens puis-je lui donner ? Comment puis-je “vivre pleinement” mon existence avant que celle-ci ne prenne fin ? ».

Tout à fait, mais je ne voulais pas en parler ici parce que c’est une question difficile, qui demande beaucoup de travail et qui aurait alourdi le billet. ^^

Tu sembles y trouver une réponse en cherchant à te libérer de ce que tu considères comme des entraves (les sentiments ou en tous les cas leurs effets).

Je ne crois pas avoir dit ça. Je constate juste que les émotions ont parfois des conséquences déplorables et donc qu’il est judicieux d’être en mesure de s’en extraire quand c’est souhaitable.

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Ne pourrait-on pas faire en sorte que notre cerveau soit en permanence réceptif au bonheur au présent, évitant ainsi le risque induit par la projection de nos désirs sur quelque chose qui n’existera peut-être pas ?

Possible, mais ce serait fatiguant.

Je ne plaisante qu’à moitié : être réceptif, actif…, nécessite un effort. Ce n’est pas pour rien que je dis ressentir le besoin de me préparer. Mais pour répondre plus sérieusement, je n’en ai aucune idée.

J’ai besoin de cette balance.

Saurais-tu détailler la partie en gras ? Je comprends qu’un malheur puisse être une condition suffisante à un bonheur, mais je ne suis pas sûr que c’en soit une condition nécessaire.

Je peux essayer. La seule chose qui me vient à l’esprit, c’est que la récompense est plus forte suite à une prise de risque, pour tenter une analogie. Je profite de la situation favorable actuelle car je sais qu’elle n’est pas un dû : j’ai connu la situation non favorable. La malheur ou le non-bonheur sert à mettre en perspective.

Après, l’une de mes sources de bonheur consiste à résoudre des problèmes. Les problèmes simples ne comptent pas, et lors de la résolution d’un problème complexe, je n’éprouve pas plus de bonheur que ça à l’instant présent. Mais la libération de la frustration, le sentiment d’avoir triomphé, le fait d’avoir réussi à faire ce que je voulais, la compréhension de la chose, alors que ce n’étais pas gagné me donne du bonheur. Sachant que ce n’est pas juste à la fin, mais tout au long du processus de résolution, que ça arrive (sinon, ce serait longue déprime et court bonheur ; ce ne serait pas drôle).

Je n’arrive pas à le formaliser mieux que ça, désolé. :(

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Pour moi la régulation des émotions c’est la clé.

Pourquoi un tel parti pris… Parce qu’anatomiquement parlant, les centres nerveux qui traitent toute la partie émotionnelle sont la partie la plus centrale de tout le système nerveux, et centrale de tous nos principaux systèmes.

Ce système qu’on va appeler limbique pour faire simple, est directement connecté à tous les autres systèmes: hormonal, cardio-vasculaire, digestif, sensoriel, immunitaire et supérieur (cortex).

Le cortex lui est certes incroyablement puissant et connecté, mais ce n’est pas lui qui est en connexion directe avec les autres systèmes du corps, il est en connexion indirecte, via le limbique.

Et pour moi être en bonne santé physique et psychique (en fait c’est la même chose), ça revient à avoir un système nerveux global le mieux intégré possible, fluide, et où tous les systèmes du corps se régulent bien en général, le système limbique en particulier.

Les émotions souffrent d’un déficit d’image, et de connaissances. Ce sont des réactions physiologiques d’adaptation à notre environnement. Elles ont toutes une fonction biologique.

Pour ma part j’ai arrêté de parler d’émotions négatives et positives, je parle d’émotions agréables et désagréables.

Ce qui fait qu’on se sent prisonnier de nos émotions, c’est parce que notre système nerveux les régule mal. Et donc avec des répercussions possibles potentiellement sur tous les autres systèmes cités ci-dessus, y compris les processus cognitifs.

Et si on les régule mal c’est parce qu’au moment où notre système nerveux s’est développé (entre - 9 mois et 25 ans), dans notre environnement immédiat les personnes que l’on a côtoyé les régulaient mal eux-aussi à des degrés divers (…).

Or les travaux actuels en neurosciences affectives et sociales notamment, ainsi que les travaux sur l’attachement, semblent confirmer que la nature des interactions du bébé/enfant avec les personnes qu’il côtoie en général et ses figures d’attachement en particulier vient façonner son cerveau, notamment émotionnel puisque c’est le cerveau émotionnel qui se développe entre 0 et 6 ans (le cortex commençant à se connecter après et jusqu’à 25 ans, et ensuite les 2 sont complètement interconnectés et interagissent ensemble en permanence).

On sait par exemple que des carences affectives fortes des premiers mois de vie provoquent une atrophie des lobes frontaux, ou encore un gonflement de l’amygdale cérébrale.

Bref tout ça pour dire que pour moi la clé se situe dans le fait de travailler sa régulation émotionnelle, et c’est tout à fait possible de configurer différemment son cerveau émotionnel même longtemps après, via la plasticité cérébrale.

Et pour aller travailler plus directement le cerveau émotionnel, sans passer par la voie "indirecte" du cortex, il existe aujourd’hui des tas de techniques qui fonctionnent très bien empiriquement (méthode TIPI/NERTI par exemple, ou encore toutes les thérapies dites de pleine conscience: Somatic Experiencing, Brainspotting et plein d’autres) et pour certaines qui ont eu l’occasion de faire l’objet de recherche, semblent être validées à la fois empiriquement mais aussi également par la littérature (exemple: MBSR, EMDR).

Mais mieux réguler ses émotions ça peut aussi se faire par un travail individuel, sans forcément besoin d’un psy formé sur ces techniques spécifiques (sauf en cas de traumatisme intense et/ou précoce), et pour moi la clé d’une meilleure régulation c’est de vivre dans son corps ce qui se passe quand l’émotion désagréable (voire horrible) nous arrive. A force de faire ce travail de ressenti des émotions désagréables dans le corps et dans le présent, la fréquence de ces émotions diminue, et leur intensité également.

Le principe de toutes ces méthodes c’est l’exposition consciente à ce qui se passe dans le corps, et normalement ça marche plutôt bien. Qui marche en tout bien mieux que tout plein d’autres choses… notamment la psychanalyse, qui n’a montré aucun résultats probant ni empiriquement ni scientifiquement ! Qui ne fonctionne pas justement parce que le centre de la parole dans le cortex est l’un des centres le moins connecté aux autres de tout le système nerveux, en tout cas pas du tout connecté au cerveau émotionnel… La psychanalyse c’est comme si votre médecin vous donnait un médicament pour soigner votre jambe alors que ce sont vos poumons qui sont malades, en gros… :)

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