- Voitures autonomes et sécurité
- Paradoxe mathématique : comment gagner aux échecs en étant un mauvais joueur ?
J’ai pour projet de redonner sa dignité à un vieil ordinateur.
Ce billet est le deuxième d’une série décrivant ma progression. J’y présente le choix difficile de la distribution à installer.
Épisodes précédents :
Épisodes suivants :
- Premiers essais et goulet d'étranglement
- Collecte d'informations
- Foire à la distrib'
- Interlude technique
- Le Graal ?
Premiers essais et goulet d'étranglement
Comme mentionné dans l’article précédent, l’ordinateur tourne pour le moment avec Lubuntu 16.04. Le système est très peu réactif : les applications sont longues à charger, les pages Web lentes à s’afficher, et quand je réduis ou agrandis les fenêtres, j’ai un délai trop long pour être agréable.
Pour ces symptômes, les suspects habituels sont un disque dur trop lent, un processeur faiblard, une mémoire vive trop limitée ou une mauvaise configuration des pilotes graphiques.
La mémoire vive n’est jamais saturée. Ce n’est donc pas le problème principal. Le disque dur ne travaille pas non plus beaucoup. Les pilotes graphiques sont configurés correctement. Par contre, le processeur est pendant de longues secondes, voire minutes, à 100 % d’utilisation. Ce serait donc lui le facteur limitant !
Pour confirmer cette piste, je me suis amusé à revenir dans le temps en testant des Ubuntu ou Lubuntu de plus en plus vieilles. On a les résultats qualitatifs ci-dessous.
Distribution | Fluidité | Utilisation du processeur |
---|---|---|
Lubuntu 16.04 | très faible | plateaux à 100% longs et fréquents |
Lubuntu 12.04 | faible | plateaux à 100% moins longs et fréquents |
Ubuntu 10.04 | correcte | plateaux à 100% courts et peu fréquents |
Ubuntu 6.04 | bonne | utilisation à 100% atteinte très rarement |
Il semble donc qu’il me faille quelque chose de plus léger sur le processeur que Lubuntu 16.04.
Collecte d'informations
L’utilisation importante du processeur vient principalement de l’environnement de bureau, puisque pour mes tests préliminaires, je n’ai fait qu’agiter des fenêtres dans tous les sens, réduire et agrandir des applications, afficher et cacher des menu, etc.
Je me suis mis en tête de trouver le gestionnaire le plus économe qui soit encore utilisable par le commun des mortels.
Curieusement, quand on cherche des environnements de bureau léger sur le processeur, et bien on ne trouve pas grand chose… Les recherches pour « lightweight desktop environment » ou « desktop environment benchmark » retournent beaucoup de résultats peu intéressants.
La plupart des résultats concernent l’empreinte mémoire, qui n’est pas trop limitante dans mon cas. Parmi les versions modernes et grands public, on distingue les gros (KDE, Gnome) et les petits (Xfce, LXDE). On retrouve aussi toute une tripotée d’environnement plus exotiques.
J’ai trouvé un seul résultat intéressant pour moi. Il s’agit d’un benchmark de 2014. Ce qu’il en ressort est que LXDE s’en sort légèrement mieux, mais que la plupart de la performance est dominée par l’accélération 3D.
J’ai également trouvé des avis sur divers forums qui suggèrent que LXDE serait plus fluide sur de vieilles machines.
Sans plus d’information pour m’aider dans mon choix, je suis passé nécessairement par des expérimentations.
Foire à la distrib'
Distrowatch dispose d’une liste de distributions adaptées aux vieilles machines. C’est là que j’ai commencé ma quête d’une distribution légère pour mon processeur.
Quelques notes sur chaque dans l’ordre de la liste.
Distribution | Avis |
---|---|
antiX | Échec du démarrage du serveur X sur le live CD… Éliminatoire. Porte bien son nom du coup. |
ReactOS | Non testé. Je ne cherche pas quelque chose qui ressemble à Windows à ce point. |
PuppyLinux | Trop éloigné d’un bureau pour le commun des mortels. Fonctionnement problématique pour la sécurité (root permanent). |
Lubuntu | Peu réactif sans ses versions récentes. Versions anciennes sans support. |
Q4OS | J’ai testé, mais je ne me souviens plus de rien. Je crois que la fluidité devait être mauvaise. Au revoir. |
LXLE | J’ai testé aussi, mais je ne me souviens pas vraiment. Il y avait sûrement un problème. |
Bodhi Linux | Très joli, mais aussi très peu fluide. Au revoir. |
Après tout ces essais, je distingue plusieurs catégories de distributions légères :
- les généralistes (Lubuntu, Xubuntu, …), qui suivent l’évolution des machines et ont tendance à s’alourdir ;
- les variantes des grosses (antiX, LXLE, …) qui se basent sur les grosses en essayant d’alléger, mais qui manquent souvent de compatibilité ou de support ;
- les exotiques (PuppyLinux, DSL, …), qui visent à l’ultra-légèreté au prix d’une interface peu familière et de fonctionnalité limitées ;
- les originales, qui cherchent à se différencier par leur design, leur philosophie, etc.
Idéalement, j’aurais besoin d’une généraliste, facile à administrer pour moi qui suis familier d’Ubuntu, qui supporte mon matériel assez ancien, qui dispose d’un minimum de mises à jour pour des raisons de sécurité, et surtout qui soit un minimum fluide.
Pour l’instant, je n’ai rien qui fasse tout ça. Les distributions dont je suis familier (Lubuntu notamment) manquent de fluidité. Le compromis qui consiste à en prendre une version ancienne me force à laisser tomber les mises à jour de sécurité. Les plus exotiques sont trop difficiles à gérer avec mes connaissances…
Interlude technique
Avant d’attaquer de la suite, je souhaite faire part de quelques bricoles que j’ai apprises sur le chemin.
Toutes les distributions, pour peu qu’elles soient un peu exotiques ne se concentrent pas sur les architectures x86 (donc 32 bits), voire ne les supportent pas du tout. Je conçois que ce soit quelque chose en voie de disparition, mais on se sent parfois laissé sur le bord de la route. Mon processeur est en 32 bits, donc j’ai du garder ça a l’esprit pendant mes recherches. Même plus subtil que ça, certaines distributions ne supportent les archi x86 qu’à partir de 686 (et laissent donc de compter les 386, 486, etc.). Mon processeur Celeron est dans la famille 686 donc tout va bien.
La plupart des ordinateurs modernes savent démarrer sur une clé USB, ce qui n’est pas le cas du mien. Les quelques CD dont je disposais n’ont été d’aucune utilité, puisque la plupart des distributions récentes sont trop grosses et nécessitent un DVD. Graver plein de DVD a d’ailleurs achevé mon graveur.
Si vous avez besoin de beaucoup de RAM et un PC 32 bits, vous devez peut-être vous inquiéter de la PAE. C’est un point technique qui ne me concerne pas, mais pour les PC 32 bits relativement récents, c’est important d’avoir l’info pour profiter de toute sa mémoire vive.
Un de mes critères de recherche était d’avoir une version récente d’un navigateur Web. C’est le point le plus gênant avec les distributions anciennes. Figurez-vous que depuis la version 53 Firefox ne gère plus les processeurs sans le jeu d’instructions sse2. J’ai vérifié, et le mien le supporte. Ouf ! Cela m’évite des entourloupes pour utiliser un fork compilé pour l’ancien jeu d’instructions.
Certains s’amusent à développer des variantes du noyau pour augmenter la réactivité. C’est le cas, par exemple, de Liquorix. Je n’y ai pas collé mon nez pendant des heures, mais c’est intéressant de savoir que ça existe si on est enthousiaste des configurations aux petits oignons.
Le Graal ?
Alors que j’étais un peu à sec d’inspiration après avoir testé beaucoup et trouvé peu, j’ai eu l’idée de chercher du côté de Debian.
Cette distribution a retenu mon attention pour deux critères :
- familiarité, vu que c’est de la même famille qu’Ubuntu ;
- support long, jusqu’en 2020 environ pour Stretch, la dernière version.
J’ai donc installé la bête sur mon ordinateur pour la tester, malgré quelques inquiétudes liées au fait qu’elle soit récente et donc potentiellement aussi peu fluide que Lubuntu.
Et bonne nouvelle, à première vue, la fluidité est meilleure qu’avec Lubuntu ! Ce n’est pas parfait, mais utilisable, avec relativement peu de pics à 100% du processeur. C’est quelque chose que je n’explique pas très bien, mais c’est une agréable surprise.
En tout cas, les tests préliminaires semblent prometteurs, et c’est sur ce combo Debian+LXDE que je vais investir plus sérieusement.
La suite au prochain épisode !