Sauf contacts plus intimes, c’est physiologiquement via notre sphère ORL que nous stimulons quotidiennement notre système immunitaire plusieurs fois par jours. Ces micro-contacts journaliers avec les virus et les bactéries de nos congénères, de nos animaux domestiques, de nos plantes et de nos artefacts, permettent à notre système immunitaire d’apprendre constamment et constamment de fonctionner sans s’emballer.
Le système immunitaire en question
Il aurait fallu réserver le confinement, le port du masque et le lavage fréquents des mains à des pandémies authentiquement gravissimes, parce que mettre son système immunitaire en berne, c’est s’exposer au pire dans les années à venir. Il suffit pour s’en convaincre de bien écouter/lire les messages de prévention coronavirus officielles : « Comment se protéger au mieux. Nous vous rappelons que le covid-19 est un virus se transmettant par contact rapproché (poignée de mains, salive, gouttelettes, éternuement, toux, postillons…). Il convient donc de respecter les gestes d’hygiène suivants qui restent les meilleurs moyens de prévention : • Saluer sans se serrer la main et éviter les embrassades • Se laver régulièrement les mains (30 secondes au minimum plusieurs fois par jour, y compris avant et après les repas). • Tousser ou éternuer dans son coude • Utiliser des mouchoirs jetables à usage unique et se laver les mains immédiatement après (…) » Ces messages de prévention sont pertinents, dans la mesure où ce qu’ils disent est on ne peut plus vrai. Mais ce qui est encore plus irréfutable, c’est ce qu’ils révèlent sans jamais le dire. En voici la version la plus apparentée : « En temps normal, vous ne cherchez pas à vous protéger au mieux. Vous faites fi des virus, des bactéries et des allergènes, qui se transmettent par contact rapproché (poignée de mains, salive, gouttelettes, éternuement, toux, postillons…). Et vous effectuez donc les gestes non hygiénistes suivants, qui restent les meilleurs moyens de vous immuniser : • Saluer en se serrant la main et apprécier les embrassades • Ne pas se laver régulièrement les mains (2 secondes au maximum peu de fois par jour, y compris avant et après les repas). • Tousser ou éternuer sans mettre son coude devant sa bouche • Utiliser toute la journée le même mouchoir jetable, sans se laver les mains immédiatement après (…) » Bon, par respect pour autrui, mettez quand même votre main devant votre bouche pour tousser ou éternuer. Mais à peu de choses près, voilà ce que vous faites habituellement tous les jours, depuis toujours. Or c’est grâce à ça que vous existez ici et maintenant. C’est grâce à ça que nous sommes tous vivants aujourd’hui. Comprenez bien. À chaque fois que vous discutez avec des collègues, avec des amis, vous inhalez des germes. Quand vous faites fuir une volée de pigeons dans la rue, vous inhalez des dizaines de germes aviaires. Quand il y a du vent, vous respirez des microbes provenant de tout votre environnement : des trottoirs, des balcons et des fenêtres ouvertes, des arbres, des personnes, des animaux et des véhicules alentours. Saviez-vous par exemple que vous avalez environ 500 grammes d’insectes par an ? Que les moucherons, sans qu’on les voie toujours, ont tendance à se noyer dans nos verres de vin ou de bière, et à se coller dans nos assiettes de crudités ou nos plats en sauce ? Et vous souvenez-vous où les mouches pondent, préférentiellement, leurs œufs ? Concevez-vous qu’il y ait, infailliblement, des bouts de poils de rats et de souris dans vos farines ? Que tout ce que vous touchez, dans l’espace public, est tapissé de centaines de micro-organismes de toutes natures ? Que votre peau, vos cheveux et vos muqueuses portent des germes ? Que votre bouche, vos narines, vos yeux et vos oreilles en contiennent également ? … Et soudain, vous avez l’intention d’arborer des masques à chacune de vos sorties ? De vous enduire les mains de gel hydroalcoolique à tout bout de champ ? De rester à un mètre de distance les uns des autres ? En 2020, vous voulez vraiment vous coupez de tous ces germes ? Les bannir de vos vies ? Devenir plus propres qu’immaculés dans un environnement javellisé ? Sérieusement ? Oh, j’entends déjà les moins suicidaires répondre que ça n’est que provisoire, le temps qu’un vaccin soit disponible ! Mais pour ceux-là aussi, il sera trop tard. On ne fait pas ce qu’on veut avec son système immunitaire. On ne peut le mettre au chômage pendant un an, puis brutalement lui ordonner de reprendre le travail : Il va s’enflammer. Parce que comme je vous le disais plus haut, bien qu’il soit le germe le plus célèbre, coronavirus n’est pas seul. Ils sont des centaines de milliers, en tout lieu, et depuis la nuit des temps. Or ce n’est absolument pas un hasard si habituellement nous n’en mourons pas : notre système immunitaire est là, rôdé depuis notre naissance, hérité des générations passées. Et vous, subitement, vous pensez pouvoir lui dire « stop ! marche ! » ? Vous ne le ferez pas souvent.
Saufs contacts plus intimes, c’est physiologiquement via notre sphère ORL que nous stimulons quotidiennement notre système immunitaire plusieurs fois par jours. Ces micro-contacts journaliers avec les virus et les bactéries de nos congénères, de nos animaux domestiques, de nos plantes et de nos artefacts, permettent à notre système immunitaire d’apprendre constamment et constamment de fonctionner sans s’emballer. C’est à cette seule condition que nous vivons en harmonie avec notre environnement, qui est loin d’être stérile, et qui ne saurait l’être. Sans cela, c’est-à-dire avec le port du masque, la distanciation sanitaire et le lavage répétés des mains, nous deviendrons rapidement comme les Amérindiens du XVIème siècle : nous n’auront plus d’immunité contre les maladies infectieuses, notre taux de mortalité va très vite augmenter, touchant d’abord ceux dont le système immunitaire nécessite un apprentissage assidu, à savoir les enfants. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’ils "chauffent" souvent en tant normal, comme on dit. Pourtant, avec leur nez morveux et leur toux à faire peur, ils sont habituellement ceux qui résistent le mieux aux infections. Et pour cause, ces "petits monstres" touchent à tout dès que vous avez le dos tourné. Ils se mettent les doigts dans le nez puis dans l’œil, ils sucent les vers de terre du jardin, et apprécient se faire faire une toilette du visage par le toutou du voisin, dont ils embrassent la truffe à pleine bouche… Dans les faits, ils ne font que stimuler un système immunitaire en plein apprentissage. Rien que de très banal. Les vaccins sont naturellement nécessaires et d’une grande utilité. Mais ils ne protègent pas indéfiniment, sans compter qu’on ne peut faire une vaccin contre les millions de germes existants et à venir.
Pour ce qui est des Chinois que nous avons bêtement imités sur ce coup-là : d’où proviennent nos pandémies de ces dernières années ? Réponse simple : d’une région polluée de la planète, où l’on porte des masques tout le temps et où l’on confine la population en cas d’épidémie. À l’origine, c’était pour se protéger de la pollution de l’air, qu’ils se sont mis à porter des protections. Ce n’est qu’après, que sont apparues les pandémies non freinées par les fameux masques, dont elles ont au contraire promu le port généralisé. Nous ne sommes pas nés avec une protection sur le visage, et si notre tête comporte à elle seule quatre portes d’entrée, il y a une raison à cela. L’exercice du simple bon sens vous explique pourquoi vous n’avez fait que souffrir de cette gastro-entérite qui aurait tué toute personne vivant sous cloche stérile et pratiquant un hygiénisme forcené, et vous démontre à quel point vous n’avez fait qu’être gêné pendant trois-quatre jours par l’une de ces grippes qui ont inexorablement décimé des milliers d’Amérindiens du XVIème siècle. Un système immunitaire se doit d’être stimulé continûment. Si vous l’étouffez, si vous le mettez en sommeil, alors vous prenez le risque qu’il s’emballe au premier germe inconnu qui passera vos barrières artificielles. Si vous couvez vos enfants, si vous les surprotégez, ne vous étonnez pas que leur immunité leur explose à la figure dès qu’ils seront lâchés dans la nature. Si vous prenez votre retraite à 62 ans, et qu’au sens propre vous ne faites plus grand-chose, que vous sortez infiniment moins, que vous rencontrez beaucoup moins de gens quotidiennement, que vous ne prenez plus les transports en commun, et que vous restez confinés chez vous, dans un EHPAD ou dans une "résidence seniors", alors deux-trois ans plus tard, ne soyez pas surpris d’atterrir en réanimation après avoir câliné vos petits-enfants. Si la crise d’hypocondrie collective se poursuit, si l’hygiénisme devient la norme européenne, alors d’ici quelques années les pandémies proviendront d’Europe, et les prochains virus se verront qualifiés d’omnipotents. À juste titre, puisqu’ils passeront sans effort notre manque d’immunité, pour toucher indifféremment n’importe lequel de nos organes (cœur-poumons préférentiellement), quel que soit notre état de santé et quel que soit notre âge. En réanimation, on appelle ça vulgairement des "torches"… Aux libertés inaliénables s’ajoute la nécessité d’une masse critique, pour qu’une civilisation prétende durer dans le temps. Sachant qu’au sein de ces foules, les formes de communication non verbales permises par notre expressivité faciale non masquée se révèlent aussi constructives que le toucher sans gants ou que les conversations sans distanciation sanitaire. Avec son Dunbar estimé à 150, l’être humain tire naturellement profit des regroupements pour réaliser toutes sortes de choses. Notre société, nos métropoles, nos bourgades, nos théâtres et nos cinémas, nos immeubles d’habitation, nos commerces et nos transports, nos créations, nos musées, notre technologie, nos entreprises et notre artisanat en sont l’expression tangible. Un formidable facteur de multiplication se révèle ici nécessaire, à la fois par le nombre, mais également par la diversité génétique, qui accroît l’immunité et sans laquelle de nombreuses tares finissent par émerger, apparentes ou non. Sans cette densité démographique, sans cette diversité génétique, et sans ces micro-stimulations immunitaires permanentes, notre civilisation ne survivra pas, c’est une certitude absolue, sans appel. Pour simplifier, seuls les "Shreks", s’ils sont en nombre suffisant, passeront le troisième millénaire…
Bien entendu, nous préférons tous ce qui est propre à ce qui ne l’est pas. Mais nous parlons là de ce qui est visiblement propre, et à juste titre. Car le masque chirurgical, le gel hydroalcoolique et la distanciation sanitaire (non pas sociale) s’attaquent à l’invisible, y compris à nos flores commensales. Ceux qui ne comprennent pas cela seront les premiers à partir, et peut-être est-ce mieux : ça s’appelle le darwinisme. Parce que s’il est civilisé d’aider les plus fragiles, il ne faut pas pour autant oublier que nous sommes tous le fruit d’une sélection naturelle. Il n’y a pas de choix à faire, avec d’un côté le propre et de l’autre le sale. La vie n’est ni propre ni sale. Savoir rester modéré, exercer son bon sens, s’éduquer au besoin pour découvrir que notre nez ainsi que nos poumons possèdent déjà des filtres et des défenses. Ne pas faire dans le réflexe disproportionné, dans la réponse hystérique, surtout lorsqu’on est responsable au plus au niveau, car on entraîne alors des centaines de milliers d’individus et de familles, dans le monde entier, vers une immunosuppression invisible mais dangereuse. Il ne s’agit pas d’abandonner l’hygiène, ou de ne pas se protéger lorsqu’on se sait immunodéprimé ou porteur de comorbidités. Il ne s’agit pas non plus de s’exposer massivement, ni d’abandonner les vaccinations. Entre hygiénisme et laisser-aller, je suis sûr qu’il existe un juste milieu qui ressemble à de l’élégance. Une forme de savoir-vivre qui signale les risques, qui enseigne les moyens de se protéger, mais qui souhaite à tous de s’immuniser paisiblement s’il le veut, chacun à son rythme, chacun à sa manière, et sans trop en faire. Mère Nature n’aurait pas fait mieux : « Calmez-vous, prenez soin de vous tout en vous renforçant, prospérez et vivez pour les siècles des siècles ». Comme quoi il faut avoir du cœur, pour avoir des couilles. Je dis donc merci à la Suède et aux Pays-Bas d’exister et de faire partie de l’Europe.
Le seul confinement digne d’une civilisation moderne est celui qui n’est pas imposé. C’est-à-dire lorsque, informés et conseillés minutieusement, régulièrement et via de multiples canaux par l’État, chaque citoyen prend ses responsabilités en connaissance de cause. Lorsque ceux qui sont fragiles, ceux qui ont peur et ceux qui toujours suivent les recommandations du plus fort ou du plus grand nombre, se confinent et se protègent pour sortir. Lorsque les clairvoyants, les téméraires ou les têtus ont le droit de préférer leur liberté à leur tanière. Lorsque l’État ne demande pas à tous d’être responsables de chacun ni ne porte atteinte aux droits fondamentaux et au libre arbitre. Lorsque tout le monde a la possibilité de choisir entre se confiner ou vivre normalement, quel que soit son métier, y compris ceux qui ont dû poursuivre le travail : les caissiers, les soignants, les vigiles, les éboueurs, les conducteurs, les policiers, les pharmaciens, les livreurs, et tous les autres… Ça, c’est un confinement du XXIème siècle. Le confinement d’authentiques êtres humains : des individus qui se savent différents les uns des autres, mais qui l’acceptent, et qui se complètent, s’entraident, se relayent – et qui tous en ressortent grandis. La peur et la prudence se seront finalement révélées suffisantes pour garder chez eux une très grande partie de la population, y compris ceux qui avaient besoin de soins. Des personnes suivies régulièrement à l’hôpital, qui venaient spontanément ou sur rendez-vous, et dont l’état s’est aggravé. Des personnes atteintes d’une affection soudaine, maux de ventre, de cœur, de tête, qui ont scrupuleusement obéi aux autorités pour ne pas déborder les hôpitaux, quand ils avaient une appendicite, un infarctus du myocarde, une rupture d’anévrisme. Des gens qui ne sont pas venus se faire diagnostiquer, et dont la pathologie n’a toujours pas été traitée à ce jour… Ces chiffres-là, personne ne nous les communiquera. Largement suffisante, toute cette appréhension, pour confiner chez eux des milliers d’hommes et de femmes, et parvenir à désengorger finalement les hôpitaux parisiens. Aujourd’hui encore, après le 11 mai, beaucoup ne veulent pas honorer leur rendez-vous, ni venir aux urgences quand il le faudrait. Quelque chose s’est brisé. La confiance, peut-être, un peu partout. Et puis la honte de n’être qu’un inutile dont la France n’a pas besoin, ou un sacrifié sans regrets. Plus que cela, la révélation d’être une marionnette à qui l’on peut suggérer d’applaudir un drame, à la même heure tous les soirs, et devant ses fenêtre pour se donner en spectacle. Un pantin, un jouet à qui on peut intimer l’ordre de rester chez soi, de ne sortir qu’une petite heure, et pas à plus loin d’un kilomètre de son domicile. Ou de ne soudain plus pouvoir faire son jogging du tout, sinon le matin tôt ou le soir après telle heure. À telle distance les uns des autres. De telle façon, pas autrement. La prise de conscience de la réapparition d’un fascisme ordinaire, d’un totalitarisme antédiluvien, omniprésent. Les délations, les accusations hygiénistes d’un nouvel ordre puritain. La bien-pensance des sombres majorités, qui reprennent les arguments avancés par l’appareil d’État pour obéir aveuglément, en accusant les voisins, en dénonçant ceux qui vivent différemment. La découverte, aussi, de la vulnérabilité de nos libertés, d’une démocratie qui ne tient somme toute qu’à un fil. Et cette désillusion, enfin, d’un déconfinement en rouge et vert, à cent kilomètres au maximum. Une laisse rallongée, mais une laisse quand même. Ouaf. Une envie de mordre. Et si la peur n’avait pas suffi, installer un ou deux hôpitaux de campagne militaires à Paris ou en proche banlieue, à côté d’un ou deux C.H.U. de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, ce n’était pas possible ? Eux non plus n’ont pas les moyens ? Mais que dis-je ? Le grand public ne sait pas que tous les professionnels ont joué le jeu ? Que les cliniques et les hôpitaux privés qui en avaient la possibilité ont également créés des lits de réanimation ? Et qu’une bonne partie de ces lits-là sont restés vides ? Il semblerait qu’on ait préféré mettre en scène une sorte de "TGV-de-réanimation". Triste performance, vraiment.
Une dernière fois, distanciation sanitaire, confinement, port du masque pour sortir et lavages itératifs des mains au gel hydroalcoolique ne devraient pas être pratiqués pour des maladies dont on guérit dans plus de 95 % des cas. C’est typiquement le genre de mesures qui ne devrait être adoptée qu’exceptionnellement, à l’occasion de très brutales et très létales maladies infectieuses, tout particulièrement si elles sont nouvelles. Bien qu’en de telles circonstances, naturellement les gens s’enfermeraient d’eux-mêmes, et d’eux-mêmes prendraient mille précautions lorsqu’il leur faudrait sortir faire des courses ou aller travailler. Pas besoin d’un "Conseil Scientifique", ni d’un "Haut Conseil de la Santé Publique" pour ça. Nouveau, le coronavirus ne l’est certainement pas. Il fait partie d’une famille connue depuis les années soixante. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la médiatisation de cette grippe. Une médiatisation exclusive, universelle, avec profusion de chiffres et d’images mortifères, au point de ressembler à une campagne d’épouvante. Résultats : une panique qui n’a fait qu’aggraver l’état et précipiter le décès de certains des patients. Par une sorte d’effet placebo inversé, un genre d’hystérie épuisant les organismes contaminés (tachycardie, polypnée, expectorations forcées, insomnies). Je le sais, je travaille dans un CHU parisien, j’ai approché et soigné des patients Covid+. De la suggestion au conditionnement, les journalistes connaissent cette psychologie-là (des présidentielles, aux feux de poubelles du nouvel an, en passant par le énième acte des gilets jaunes ou haut fait des bonnets rouges), celle du passage à l’acte après travail forcené sur le mental. Les chiffres. Très noirs, très rouges. Assénés comme des coups de poing. Sans explication aucune, parce qu’évidemment ils parlent d’eux-mêmes, les chiffres, ils disent tout ce qu’il y a à dire, c’est connu. Inévitablement, c’est dans ce tout-là que les imaginations ont flambé, aidées en cela par les images. Pourtant les chiffres ne devraient jamais être lisibles que comparés à d’autres chiffres-clefs. Par exemple ceux issus d’une même situation, en l’occurrence la dernière pandémie grippale en France (2009–2010). Ou bien ceux de la population totale, pour une vraie relativité proportionnelle, surtout lorsqu’on ne connaît pas le nombre de personnes asymptomatiques. Et cætera. Et encore faut-il qu’ils soient fiables, ces chiffres : pour ce qui est du Covid-19, en cas d’urgence hospitalière prise en charge immédiatement, les tests n’ont pu être systématiquement réalisés. Or tester des patients post-mortem, à la seule initiative du médecin, c’est aussi rare que le nombre réels de tests disponibles, réservés pour cette raison précise aux patients symptomatiques… Bravo aussi au Président de service, qui évoque une guerre, ni plus ni moins. Il ne sait pas de quoi il parle, le petiot : pas besoin de confiner les gens, quand il y a la guerre, parce qu’ils se confinent tout seuls, comme des grands ! Oui, si la panique tue plus souvent qu’à son tour, la peur au contraire sauve des vies, demeurant cet instinct que beaucoup savent encore écouter. Qu’on se le dise, l’état de guerre ne se décrète pas, il ne saurait être autre chose qu’un amer constat, de visu, par chacun. Les balles sifflent, ou les bombes tombent, ou les éclats fusent ; on entend des déflagrations, ou des hurlements, ou des cris, ou des pleurs ; on voit du sang, ou des matières biologiques éparses, ou des corps agonisant. Ou tout ça, en vrai et à la fois.
Je ne suis pas en train de minimiser la pandémie ni son désormais célèbre virus. Simplement, si les media nous ont fait prendre conscience de la gravité de la crise, ça ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de crise aussi grave que celle-là, avant celle-là. Sinon, autant dire qu’il n’y a jamais eu de canicule avant celle de 2003. Ou d’hécatombe parmi les personnes diabétiques-obèses-hypertendues-et-âgées. Ou de manque de lits d’hospitalisation et de réanimation, avec les personnels et les salaires afférents, dans les hôpitaux publics français… Dans les C.H.U. on sait tout cela, pourtant. Sauf qu’ils sont dans un tel état, nos C.H.U., qu’évidemment ils n’avaient aucune raison de calmer les esprits. Pour une fois qu’ils avaient toute l’attention de l’opinion et des pouvoirs publics, ils avaient bien l’intention d’en profiter, et on ne peut presque pas les blâmer pour ça. Clairement, demander l’avis d’un Conseil Scientifique, ça revenait à demander au berger s’il est favorable aux lâchers de loups dans nos montagnes ! Parce qu’ils sont excessivement efficaces, ces scientifiques, quand ils veulent : enjoignez-leur d’arrêter les maladies, et ils vous mettent la population sous cloche. Aussi simple que ça. Tuer la maladie en tuant la société, rien de plus radical. Presque sans crises d’autoritarisme, et presque sans pérennisation d’un état policier. D’autres aussi, s’étaient entouré de scientifiques, par le passé… À ce propos, la Chine, c’est une démocratie ? Ils vont m’en vouloir, les pauvres, mais je dis encore que si demain les journalistes décident que l’obésité-diabétique-hypertendue-et-âgée est une pathologie dramatique qu’il ne faut pas se contenter de soigner, mais qu’il faut absolument guérir, alors du jour au lendemain nos réanimations exploserons de nouveau. S’ils décident de nous alarmer sur la recrudescence du bacille de Koch, avec des contaminés en constante augmentation, avec des premiers cas admis en réanimation, suivis du nombre des premiers morts, et de l’émergence soudaine d’une forme méphistophélique de la maladie – la tuberculose multirésistante – ce qui se passerait dès lors n’est-il pas prévisible ? La panique générale, le SAMU, les services d’urgence débordés ? Les gouvernements mis en demeure d’intervenir, de dire quelque chose, de faire quelque chose, sous peine de procès ? Pourquoi faut-il qu’il y ait une maladie plus célèbre que les autres ? Parce qu’on ne peut toutes les soigner de front ? Cancers, infarctus du myocarde, leucémies, alzheimer, Crohn, et caetera… non, on laisse tomber ? Parce que ce n’est pas transmissible, donc "chacun sa merde" ? Il faut quoi ? Hiérarchiser, pour prioriser, pour privilégier ? Et par quels moyens ? Des chiffres ? Alors Covid-19 a perdu. Des images ? Oui, sans doute. Sans aucun doute les images, les reportages et les témoignages retenus pas les rédactions ne sont pas faits pour nous endormir, mais bien au contraire pour capter notre attention. Captiver notre petite conscience monolithique, pour nos tout petits moyens hospitaliers… L’information, la vraie, c’est dehors que chacun doit la recueillir. Dans la rue, dans les magasins, au travail, dans les transports, dans les lieux de convivialité. Pas devant nos écrans, pas derrière nos radios, au risque d’assister à une surenchère et, perversement, d’en apprécier le spectacle.
I.A.