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Avez vous déjà vu... ?

Mon secret pour recruter le légendaire mouton à cinq pattes et le garder chez moi

Ces derniers temps, je suis très impliqué dans le recrutement de l’un de mes futurs collègues.

Ce faisant, j’ai été amené à beaucoup réfléchir à la question, en essayant notamment de tirer parti de ma propre expérience et de mes diverses lectures, mais aussi de l’expertise de mon épouse qui est psychologue du travail.

En constatant à quel point mes propres idées et pratiques sont différentes de ce que l’on voit habituellement, il m’est venu l’idée de rédiger ce billet, afin de coucher sur le papier un tableau d’ensemble de mon point de vue, en décrivant notamment ce qui ne va pas, selon moi, dans ce domaine, et comment j’essaye d’y remédier.

Avez-vous déjà vu... un mouton à cinq pattes ?

Moi, non, mais ça n’empêche pas les recruteurs de s’obstiner à le chercher.

Si vous êtes vous-même dans le développement, je suis sûr que vous hochez déjà la tête en pensant par exemple au créateur de FastAPI, qui s’est fait recaler par un recruteur parce qu’il n’avait pas assez d’années d’expérience sur sa propre techno… Oui, certes, c’est arrivé pour de vrai, c’est totalement ridicule et signe que certains recruteurs sont complètement à côté de la plaque, mais vous, si vous deviez rédiger une fiche de poste pour recruter quelqu’un dans votre équipe, là, tout de suite, comment vous en sortiriez-vous ?

Avez-vous la certitude que vous ne lanceriez pas vous-même une meute de chasseurs de têtes sur la piste du mouton à cinq pattes ?

Est-ce que vous vous assureriez vraiment que le profil que vous recherchez correspond :

  • à ce dont votre équipe a réellement besoin ?
  • à un être humain qui vit actuellement sur notre planète ?
  • … et qui a un quelconque intérêt à venir travailler avec vous ?

Vous êtes toujours en train de hocher la tête… n’est-ce pas ? Et pourtant, vous aussi, vous galérez à trouver "de bons profils" en recrutement, je me trompe ?

Alors, mettons-nous en situation. Imaginons que nous soyons une équipe qui travaille sur un projet, disons un ETL en Python, et que nous désirions grandir en recrutant une cinquième personne. N’auriez-vous pas le réflexe de chercher quelqu’un :

  • Qui ait déjà N années d’expérience en Python sur des projets d’ETL,
  • Qui connaisse déjà votre secteur d’activité,
  • (BONUS) Qui connaisse déjà un peu le framework sur lequel vous êtes en train de migrer ?

Ça semble couler de source, a priori…

Maintenant, imaginez quelqu’un qui correspond pile à ce profil. C’est-à-dire une personne qui occupe déjà le même poste que celui pour lequel vous recrutez, mais dans une autre société du même secteur (où les salaires sont donc grosso-modo les mêmes). Quelles sont les chances, d’après vous, qu’elle ait envie de quitter son entreprise actuelle pour venir faire exactement la même chose chez vous ?

Et si c’est le cas, pourquoi veut-elle changer de boîte ? Est-ce que c’est vraiment bon signe ?

« On ne recrute pas un profil, on recrute un potentiel »

Elle est très belle, cette phrase, vous ne trouvez pas ? À l’image de l’inspecteur Columbo, je la tiens de ma femme, et je ne manque jamais une occasion de la citer… ;)

Voyons un peu l’éclairage qu’elle apporte à notre exemple. Une personne qui travaille déjà sur le poste pour lequel vous recrutez représente un potentiel nul ou presque :

  • Puisqu’elle fait déjà la même chose que vous depuis des années, il y a fort à parier qu’elle n’aura pas grand chose de frais à injecter dans votre équipe.
  • Si cette personne est compétente, alors elle a sûrement déjà fait le tour de son poste et cherchera plutôt un challenge, une opportunité de grandir que vous ne pouvez pas lui offrir.
  • Si malgré cela elle veut bien s’en aller pour postuler chez vous, alors c’est parce que ça ne se passe pas comme elle le voudrait dans sa structure actuelle, et donc vous feriez bien de hausser un sourcil et creuser la question.

Demandez-vous ce que vous cherchiez, vous, lorsque l’on vous a recruté dans cette équipe… Sûrement un meilleur salaire, mais probablement aussi des choses que vous désiriez acquérir (compétences ou expérience) pour les rajouter dans votre CV, non ?

Peut-être devrions-nous revoir notre profil recherché, en essayant cette fois de capitaliser sur l’avenir :

  • En laissant tomber la "connaissance du secteur d’activité", vous ouvrez votre recherche à des profils qui viennent d’autres horizons que vous, mais qui sont intéressées par votre secteur, avec peut-être une culture ou des pratiques distinctes des vôtres, que vous avez peut-être intérêt à découvrir pour vous les approprier ?
  • En laissant tomber les "N années d’expérience en Python sur des ETL", ne croyez surtout pas que vous allez seulement ouvrir les vannes à une masse de gens inexpérimentés : vous allez les ouvrir, certes, mais surtout à des gens qui ont des années d’XP sur des ETL en Java et qui s’intéressent à Python, ou à des gens qui ont des années de Web en Python et qui désirent voir autre chose, et qui ont non seulement quelque chose à apprendre chez vous, mais surtout, là encore, certainement des choses à vous transmettre de par leur expérience distincte de la vôtre.
  • Vous ouvririez également les vannes sur des profils plus "juniors", qui sont traditionnellement hyper motivés avec un regard frais, qui pourraient certainement monter en compétences en un rien de temps (depuis quand c’est devenu difficile d’apprendre Python pour un dev motivé ?), et vous aideraient ce faisant à questionner vos pratiques, ce qui est le premier pas pour les améliorer…

Desserrer le robinet, c’est simplement vous demander ce qui peut être acquis "sur le tas" par quelqu’un de motivé, et le rendre optionnel. Autrement dit :

Si vous avez vraiment besoin d’un mouton à cinq pattes :

  • Cherchez ceux qui en ont au moins trois,
  • Choisissez-en un qui en a quatre,
  • Puis aidez-le à faire pousser la cinquième.

Certes, ne nous leurrons pas, cela va aussi vous demander plus d’efforts pour filtrer les bons profils, et de vous montrer particulièrement sélectifs sur les CV et lettres de motivation. Mais c’est le prix à payer : pour avoir plus de bon grain, il faut se préparer à écarter plus d’ivraie. Il n’y a pas de formule magique.

Cette approche vous ouvrira à d'excellents collaborateurs potentiels, tous plus intéressants et enrichissants pour votre équipe les uns que les autres, en leur donnant la possibilité trouver chez vous quelque chose dont ils ont envie, pas seulement une occasion de fuir leur poste actuel.

Avez-vous déjà vu... un candidat fondre en larmes ?

Moi, oui, et ce souvenir me hante depuis des années.

« Tu connais la suite de Fibonacci ? Tu pourrais écrire une fonction qui retourne son N-ième terme ? »

Nous étions deux, mon manager et moi, assis à la grande table de la salle de réunion. En face de nous, un jeune candidat fraîchement diplômé se tenait debout devant le tableau blanc. Je l’avais eu la veille au téléphone, il avait déjà construit des projets intéressants en Python, était même capable de m’expliquer le fonctionnement du GIL, connaissait Linux et le shell comme sa poche, il m’avait montré une belle motivation, s’exprimait de façon fine et claire… toutes les étoiles étaient alignées. Je m’attendais à ce que ça passe crème à l’entretien technique.

Il acquiesce timidement, se retourne et écrit au marqueur bleu :

def fib(n):
    a, b = 0, 1
    for i in range(

Une petite ampoule verte s’allume dans ma tête : c’est bon, il le résout en O(N). Je commence à chercher ce que je vais lui donner à faire ensuite… Ah oui, tiens, le problème de graphes qu’on m’avait filé chez RandomScaleUp, il est pas mal celui-là…

Mais le marqueur s’arrête.

Je le vois compter sur ses doigts. Je me dis qu’il est juste en train d’anticiper un off-by-one. Mais c’est tout son corps qui se fige. Il ne prononce plus un mot, ne se retourne même pas pour nous demander de l’aide : il est en panique.

Au bout de quelques minutes, je décide de l’aider à remonter en selle avec un exercice très facile : « Hé, c’est pas grave, tout va bien. Détends-toi, on va essayer autre chose. Tu pourrais nous faire un FizzBuzz ? »

Il efface les trois lignes mais n’écrit rien. Je remarque au mouvement de ses épaules qu’il est en train de sangloter…

Nous nous sommes regardés d’un air incrédule avec mon manager, nous avions mal pour lui, alors nous avons mis fin à son calvaire. Il ne nous a même pas jeté un regard ni prononcé une parole. Il est parti tête baissée, honteux et en larmes, presque en courant.

J’étais sonné. Qu’est-ce qui venait de se passer ? Il avait un profil génial, pile ce que je recherchais, je savais exactement ce que je pourrais lui apprendre. Cet exo était un jeu d’enfant pour lui, il avait la bonne réponse… Il avait la bonne réponse, bon sang !

En y repensant aujourd’hui, je me frappe encore le front.

Mais qu’est-ce qui m’avait pris de le soumettre à un exercice aussi irrémédiablement débile, aussi déconnecté de la réalité, aussi profondément stressant et humiliant que d’écrire du code au tableau, sous les yeux de deux inconnus qui sont en train de scanner ses moindres faits et gestes ? On est où, là ? Au travail ou dans un lycée de prépa ? Qu’est-ce que j’espérais, au juste ?

Oui, les développeurs compétents peuvent avoir du mal avec les interactions directes, particulièrement en début de carrière, devant des inconnus, dans un contexte où ils ont la pression, surtout quand on leur en ajoute gratuitement. Et dans ce cas c’est affreux parce qu’ils sont pourtant compétents pour le poste, et tout à fait capables de réfléchir à plusieurs à voix haute en réunion, pour peu qu’on leur laisse prendre leurs marques à leur rythme.

Et moi, est-ce que j’avais vraiment besoin de recruter quelqu’un qui sache calculer le N-ième terme de la suite de Fibonacci avec une complexité algorithmique acceptable, et surtout qui sache écrire du code manuellement, au tableau, sans ses outils habituels ? À quoi ça allait lui servir, une fois embauché ? Qu’est-ce que ça m’apprendrait d’utile sur lui ?

Rien, évidemment, mais je faisais comme les autres : la danse de la pluie autour d’un totem à l’effigie du mouton à cinq pattes.

Que faire à la place ?

Cette mésaventure a été pour moi un déclic. Depuis, je me suis juré de tester uniquement ce que j’ai besoin de savoir, en m’affranchissant des innombrables biais dûs au format des entretiens d’embauche, et sans mettre inutilement les candidats dans une situation de stress injustifiée. Et je dois avouer que le COVID-19, ainsi que la popularisation du télétravail, m’y ont plutôt aidé.

Aujourd’hui, sans prétendre être arrivé à la solution idéale, je sais au moins ce que je fais et pourquoi je le fais comme ça.

Pour ce faire, j’ai adopté un processus qui peut certes sembler lourd, mais qui me permet de savoir si oui ou non j’ai envie de travailler avec eux, tout en ayant une idée précise de ce à quoi m’attendre.

D’abord, j’effectue un premier call, préférablement en visio, avec la personne. Cet entretien prend la forme d’une discussion très informelle d’environ 30 minutes, où je demande simplement à la personne de me parler de ses expériences, avant de rebondir de façon opportuniste sur ce qu’elle me dit, pour me faire une idée de la façon dont elle fonctionne. Parfois, on entre dans les détails techniques. D’autres fois, on parle de fonctionnement des équipes, de communication… À la fin de ces 30 minutes, j’ai une bonne idée de là où la personne se situe dans sa carrière, de sa culture technique et professionnelle, et de ses ambitions.

Ensuite, je lui donne un challenge à faire tranquillement chez elle en prenant son temps. Ce challenge revêt la forme d’une fonctionnalité élémentaire qui existe déjà dans mon projet. L’énoncé de ce challenge :

  • Est précis et minimaliste (il n’y a aucun code redondant à écrire) ;
  • Représente un programme complet prêt à déployer : en l’occurrence, dans mon cas aujourd’hui, une image de conteneur ;
  • Ne mentionne pas certaines problématiques comme la configuration ou la sécurité… mais évidemment, je regarde à la fin si la personne y a pensé (et c’est un bonus) ;
  • Impose la même stack technique (pour mon poste actuel, Go et gRPC) que celle qu’on utilise au boulot, comme ça le candidat sait de quoi il retourne, et a l’occasion de s’y frotter au plus tôt ;
  • Comporte un ou deux détails piégeux à déjouer ;
  • Recommande de ne pas y passer plus de 4 heures, 6 grand max (le temps qu’il me faut pour le résoudre correctement), et que ce n’est pas grave si le projet n’est pas fini, car il est surtout censé servir de base à une discussion.

Il y a d’autres éléments à préciser sur ce challenge. En particulier, j’explique aux candidats que pendant toute la durée du challenge, nous sommes dans la même équipe. Je leur donne notamment mon contact sur Discord, en leur expliquant qu’ils peuvent à tout moment venir me parler, me poser des questions, discuter de la meilleure façon de faire, ou même solliciter une session de pair programming pour le démarrer correctement… Mais je reviendrai sur ce point plus bas.

Une fois que la personne a fini son challenge, elle me l’envoie, j’en fais une revue de code, et je fixe systématiquement un dernier call de 30 minutes avec la personne, pour lui faire mon feedback et avoir l’occasion de discuter plus technique, de savoir ce qu’elle ferait ensuite…

Une question de savoir-vivre…

Je promets systématiquement ce feedback à tous les candidats dès le départ. Même si je détermine à la lecture du code que ça ne le fera pas, ou si sa candidature n’est finalement pas retenue par mes patrons après moi, je m’engage à ce que le candidat, qui vient de me donner plusieurs heures de son temps, reparte au minimum avec un échange constructif qui ait pour unique but de l’aider à progresser en tant que professionnel. Et surtout je m’y tiens !

C’est primordial à mes yeux. Et pourtant, l’écrasante majorité des boîtes que je connais ne prennent même pas la peine de vous recontacter après un test pour vous dire que c’est "non", et encore moins de vous expliquer pourquoi. C’est un manque de courage, de considération et de savoir-vivre aussi généralisé qu’impardonnable.

Mais passons…

Juger sur pièce, surtout !

Ce que ce challenge me permet de savoir, c’est comment ça se passerait pour de vrai si on devait travailler ensemble avec ce candidat. Et je n’utilise pas pour cela des "proxies" ou des tests dont j’estime la représentativité au doigt mouillé : déterminer le plus court chemin dans un graphe, ça nous apprend effectivement des choses sur la capacité du candidat à résoudre un problème, mais pour savoir si une personne saura déjouer un bug ou détecter une data race dans la vraie vie, c’est quand même beaucoup plus représentatif de la confronter… à une situation qui engendre facilement des bugs et des data races.

J’utilise donc des vraies tâches réalistes, quotidiennes, que le candidat sera amené à réaliser à l’identique dans mon équipe. Et je ne le lâche surtout pas en pleine nature avec un couteau et deux silex : je lui offre mon aide. Si je veux savoir à quel point il est indépendant, je n’ai qu’à voir à quelle fréquence il aura eu besoin de moi : ça sera pareil dans la vraie vie. Si je veux jauger sa capacité à apprendre et comprendre de nouvelles choses, je n’ai qu’à observer à quel point mes explications lui suffisent pour avancer : ça sera pareil dans la vraie vie. Et s’il ne sollicite ni mon aide, ni mes explications ? Eh bien, je n’ai qu’à voir le résultat de son projet pour déterminer à quel point il a eu tort ou raison de s’en passer ! :D

En tout cas, jusqu’à présent, personne ne m’a jamais dit qu’ils auraient préféré des exos au tableau.

Avez-vous déjà vu... une recrue se sauver dès le premier jour ?

Moi, oui. Ma femme aussi. Et j’ai même failli le faire une fois1. Quand cela arrive, c’est toujours une manifestation du même problème, et les recruteurs n’ont que ce qu’ils méritent !

Ce qui se passe, c’est que la recrue se confronte à un décalage entre :

  • Ce qui lui a été présenté, montré, laissé à penser, voire vendu ou même carrément bullshité pendant le processus de recrutement,
  • … Et la réalité pure et simple de l’entreprise, de l’équipe, et du travail.

Plus ce décalage est grand, plus intense est le choc, et plus grand aussi est le risque que votre recrue vous file entre les doigts. C’est un risque particulièrement élevé en informatique, où le développeur moyen n’a réellement qu’à se baisser pour trouver un nouveau poste et se sauver… et 4 à 7 mois de période d’essai !

Alors… comment faire ?

Ce n’est pas évident ? Il faut être transparent, honnête et réaliste dès le départ.

  • Votre offre d’emploi ne doit pas être rédigée par un auteur de fiction : faites-la rédiger par un membre de l’équipe,
  • Mais surtout, le processus de recrutement doit permettre au candidat de se faire une représentation concrète du travail qu’il fera avec vous.

C’est à cause de cela que j’ai failli fuir le premier jour, une fois. On m’avait vendu un poste avec des grosses exigences en Python, une bonne collaboration dans l’équipe, un projet green field un peu gros mais tip-top alors que le premier jour, j’ai découvert du code copié-collé de la codebase de Django, un collaborateur qui était charmant pendant le recrutement mais tatillon, voire hautain en review, une journée par semaine de pur ops à monitorer et maintenir un vieux pipeline Jenkins dont on ne m’avait jamais parlé, une ambiance réellement tendue entre cette équipe et les core engineers qui lui étaient ouvertement hostiles… bref, on m’avait bullshité sur la réalité du travail.

Je suis resté pour le salaire en me disant que ce n’était que ma première impression, pour mieux repartir en constatant que cette impression était non seulement fondée, mais avait en plus empiré avec le temps.

Et c’est pour cela que j’en reviens à mon processus maison : vous remarquerez qu’il me permet de savoir à moi comment ça sera en bossant avec le candidat, mais également à lui de se rendre compte que je peux être chiant sur certains détails, coulant sur certains autres, exigeant sur la qualité du code et l’expressivité des tests, cash dans ma façon de communiquer… Je tiens absolument à ce que les gens sachent à quoi va ressembler leur quotidien s’ils signent, et le meilleur moyen pour cela, c’est encore de se montrer parfaitement naturel en entretien, et de proposer un challenge technique qui leur permet de se mettre en situation concrète.

Un process d’embauche où je sens que le candidat me teste moi, tout autant que je le teste lui, est un excellent signe à mes yeux. Cela veut dire qu’il est en train de se projeter à bosser avec moi.

Alors bien sûr, tout ça ne signifie qu’une chose : si vous voulez rendre vos offres d’emploi et vos processes de recrutement plus attractifs, il faut que la réalité du travail dans votre équipe le soit tout autant. Mais si d’aventure il vous prenait de ne faire que des ajustements de surface, et, pire, de laisser croire aux candidats que le poste et la boîte sont merveilleux sans fondement réel, vous pouvez avoir au moins une certitude : la plupart d’entre eux ne finiront pas leur période d’essai et se sauveront à la première occasion, et votre recrutement du mouton à cinq pattes vous coûtera alors beaucoup, beaucoup plus d’argent.


  1. Je n’ai pas suivi ma première impulsion, ce jour-là, parce que rien que mettre les pieds chez eux représentait une augmentation de salaire substantielle. Au lieu de cela j’ai même validé ma période d’essai, et démissionné encore quelques mois après, afin d’échapper à une situation de harcèlement moral… La prochaine fois, je n’hésiterai pas.

Et vous alors. Quel est votre secret pour recruter le mouton à cinq pattes ?

18 commentaires

Merci d’avoir structuré ces idées qui semblent pas mal partagées, mais trop souvent lancées via des coups de gueule ponctuels (notamment sur LinkedIn) qui ne finissent pas bien loin. J’espère que ton billet pourra alors servir de document de base à se partager dans une entreprise avant d’entamer des process de recrutement, même si l’on peut ne pas s’aligner à 100 % avec.

Si je comprends bien, dans ta boîte vous vous occupez donc vous-mêmes de recruter, malgré l’émergence des cabinets « spécialisés dans l’IT » (voire parfois spécialisés en Python ou JavaScript, etc.) qui, tu le sais sûrement, sont très présents dans le secteur.

Tant que les entreprises continuent de faire appel à ces cabinets, je verrais mal comment avoir des process de recrutement aussi élaborés, surtout la partie où le candidat fait partie de l’équipe pendant son challenge, avec l’accès Discord etc. C’est l’idée la plus radicale, mais la plus intéressante, mais pour moi elle exclut les cabinets de recrutement. Ce n’est pas forcément un mal (voire un bien ?), mais tant que les entreprise veulent « économiser » leur temps là-dessus, je vois mal ces pratiques se généraliser.

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Merci pour ça.

Et j’en profite pour rajouter des messages :

Recruteurs

Indiquez cette putain de fourchette salariale. Le « selon expérience » n’a aucun sens, vous avez un budget, et tout le monde le sait, tout comme tout le monde sait que le salaire exact sera le fruit d’une négociation. Et ça n’est intéressant pour personne de passer plusieurs entretiens avant d’avoir enfin une proposition ridiculement basse.

Ah, et pas la peine d’essayer de faire passer 0,9 X quand on s’est mis d’accord sur X au début du processus. C’est ridicule, ça montre que vous travaillez à l’économie et que vous n’êtes pas capables de tenir un engagement. Et honnêtement je ne sais pas si je voudrais travailler avec quelqu’un qui accepte ce genre de magouille.

Candidats

Posez des questions sur tous les aspects du poste. Y compris des éléments bassement techniques (il y a des entreprises où les entreprises travaillent sous Windows sur des brouettes) et ce qui vous déplairait dans le travail. D’une part parce que c’est toujours bien d’avoir une entreprise qui sait reconnaitre ses faiblesses, et d’autre part parce que ça évite beaucoup de surprises désagréables. Vue la surprise que j’ai toujours en face quand je pose des questions sur ce qui pourrait être amélioré dans l’enteprise, ça m’a l’air d’être une pratique assez rare.
Après il reste toujours le cas où les employés ne se rendent pas compte du problème, mais c’est un gros indice qui permet de savoir s’il ne faut pas interrompre la période d’essai.

Ça recroise pas mal le dernier point dont parlait Nohar, mais au-delà de l’équipe.

Si vous ne voyez pas l’équipe avec laquelle vous aller travailler, fuyez. C’est incroyable, mais oui, j’ai encore croisé des processus où ça n’était pas prévu. Ça implique donc tous les processus gérés à 100 % par les cabinets de recrutement. Par contre, j’en ai connu des qui faisaient un pré-traitement très correct.

PS : En ces temps de Covid et pour un boulot qui n’est pas à 100 % en télétravail : allez visiter les locaux. On apprends beaucoup de choses sur une entreprise juste en visitant ses locaux. Ça implique de faire un tour si vous venez pour un entretien, histoire qu’on ne vous montre pas que la très belle salle de réunion (d’ailleurs, si l’entreprise ne fait pas ça, c’est mauvais signe).

Merci !

Tant que les entreprises continuent de faire appel à ces cabinets, je verrais mal comment avoir des process de recrutement aussi élaborés, surtout la partie où le candidat fait partie de l’équipe pendant son challenge, avec l’accès Discord etc. C’est l’idée la plus radicale, mais la plus intéressante, mais pour moi elle exclut les cabinets de recrutement. Ce n’est pas forcément un mal (voire un bien ?), mais tant que les entreprise veulent « économiser » leur temps là-dessus, je vois mal ces pratiques se généraliser.

Certes, mais en ce qui concerne mon recrutement actuel, je crois que 100% des candidats (hors cooptation) qui ont dépassé le screening ont précisé que les valeurs qui se dégageaient (explicitement ou entre les lignes) de l’annonce sont ce qui les a poussé à postuler. En fait c’est pire que ça : on n’a même pas eu besoin de faire appel à des chasseurs de têtes pour avoir immédiatement d’excellents candidats. :D

Je pense que l’on peut en déduire que ce genre de pratique constitue une sorte de niche culturelle… Où l’on pêche à la ligne et non au chalut, et où on recrute vraiment des individus, notamment.

Ça ne s’adresse peut-être pas à des structures de toutes les tailles, mais particulièrement bien à celles pour qui chaque nouvelle recrue compte énormément.

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Ah, et pas la peine d’essayer de faire passer 0,9 X quand on s’est mis d’accord sur X au début du processus. C’est ridicule, ça montre que vous travaillez à l’économie et que vous n’êtes pas capables de tenir un engagement.

Depuis deux mois que je suis en recherche d’emploi, j’ai connu des boites qui donnaient une fourchette, mais proposait une offre ferme selon expérience, inférieure au minimum que je demandais1. Ainsi que le standard salaire brut négocié qui devient un brut équivalent (avec ticket resto, indemnité de transport pas légal…) dans le contrat. J’ai refusé deux offres après réception du contrat de travail, donc en toute fin du processus à cause de ça. Vu le peu d’info réelle sur lesquelles on fait un choix (à un point tel, comme le dit Nohar, que des candidats se barrent au premier jour), ce genre de chose n’est pas acceptable pour moi.

Au contraire, on m’a refusé sur des postes parce que je n’avais pas les connaissances de certaines bibliothèques utilisées en interne (Qt, OpenGL), alors que ces trois dernières années, j’ai littéralement changé de techno tous les 6 mois, et que c’est écris en gros sur mon CV…

Tiens, et quel est votre avis sur les lettres de motivation ? Je trouve ça compliqué à faire, sans apporter grand-chose. Surtout que souvent, ma motivation, c’est « ça à l’air sympa »… Je trouve les lettres de recommandations nettement plus intéressantes, mais personne n’en demande (alors que j’en ai des jolies, pour le coup).


  1. Pour être précis, au minimum, avec 3 heures sup incluses par semaine.
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Merci pour ce billet qui met au clair pas mal d’idées que j’avais en tête.
J’ai eu la chance lorsque j’ai postulé à mon emploi actuel de passer par un processus similaire à celui que tu décris (entretien informel, exercice asynchrone pas trop long), c’était un peu long parce qu’il y avait encore d’autres étapes (rencontre initiale avec quelqu’un de l’équipe de recrutement, entretien technique, rencontre avec des personnes de services différents) mais ce n’était pas du temps perdu, ça permettait de savoir réellement où je mettais les pieds (et à eux de savoir comment je fonctionnais).

Tiens, et quel est votre avis sur les lettres de motivation ?

À la lumière de ce que je raconte dans la première partie, la lettre de motivation est pour moi l’occasion d’évoquer tout le potentiel de la collaboration.

  • Où j’en suis en deux mots dans ma carrière
  • Ce que je désire acquérir en lien avec l’offre,
  • Ce que la boîte m’évoque,
  • Ce que j’ai certainement à apporter à la boîte/l’équipe et qu’elle n’a peut-être pas, en plus de ce qu’elle demande pour le poste.

La LM et son utilité dépendent vraiment du contexte dans lequel on recrute pour moi. Dans mon cas présent on est vraiment sur du coup de coeur avec un projet sexy et des opportunités de grandir de malade, donc on tient vraiment à ce que les gens en écrivent une pour nous faire part ne serait-ce que ce que leur évoque l’offre, parce qu’on tient à ce que les gens qui arrivent dans l’équipe soient animés du même feu sacré que nous.

Dans d’autres cas, ça me semble plus dispensable en effet…

Ce qui me semble important de mentionner, c’est qu’on ne peut pas plugger ma recette sur n’importe quelle boîte comme une plume aux fesses d’un canard pour en faire un paon. Elle présuppose beaucoup de choses sur le contexte : notamment que le recrutement a bien été anticipé, dans une boîte où on se donne les moyens d’investir du temps dedans. Que l’équipe soit impliquée, avec une vision de ce vers quoi elle veut tendre, etc.

Cet investissement est là aussi culturel : il est important pour moi de construire une équipe/une osmose, là où dans d’autres contextes on peut vouloir se contenter d’une collection d’individus compétents qui s’entendent pas trop mal. Dans ce contexte, il est impensable pour moi de ne pas m’y impliquer aussi sérieusement que sur l’architecture de mon système car l’impact sur le résultat final est vraiment comparable : ça peut être tip-top, comme ça peut bousiller le projet.

Mais j’entends très bien que dans d’autres cas, on puisse y accorder moins d’importance. C’est juste la façon dont moi j’ai envie de travailler. :)

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La plupart des lettres de motivation que j’ai lue (ou moi-même écrit) sont mauvaises ou pas incroyables. La manière dont on en enseigne la rédaction à tendance à se voir : c’est le typique "je suis le meilleur, je suis autonome, je suis motivé et vous êtes le numéro un mondial de la vente de scorpions par correspondance, la boîte la plus innovante du domaine […]".

Une des questions à aborder, c’est le « Pourquoi votre entreprise ? ». Il faut être honnête avec la motivation réelle, en sachant communiquer. Par exemple, si on aime les trains, ça peut être une motivation pour travailler à la SNCF. Si on marche à l’adrénaline, ça peut être une motivation pour bosser comme chef de projet dans l’automobile. Ou alors vous passer devant tous les jours et en découvrant leur business vous vous êtes dit « Pourquoi pas après tout ? ». Pas besoin de s’étendre. Rien que dire ça, ça peut vous rendre différent. Ça change des gens qui recopient le site web…

L’autre question classique à aborder, c’est le « pourquoi moi / pourquoi ce poste ? ». Et là, ce sont les qualités requises pour le poste ou ce que vous pourrez apporter, mise en perspective par rapport à l’annonce. Par exemple, un truc du genre : « Ma mission de directeur de projet chez X, j’ai développé des compétences et un attrait certain pour la gestion d’équipe qui seront transférables au management de votre département R&D. »

Une bonne lettre de motivation, ça peut jouer une partie du rôle d’un entretien préliminaire.


Ceci dit, il faut garder en tête que les lettres de motivations sont parfois peu utiles, parce qu’elles servent de substitut pour autre chose :

  • l’intérêt du candidat : prendre quelques minutes pour se renseigner sur la boîte, ce qu’elle vend, etc. Tout le monde ne le fait pas !
  • son niveau de français (et oui…).

Et sûrement d’autres choses. Quand ce n’est pas juste une case à cocher du process là depuis toujours et dont tout le monde se fout.

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J’ajouterais que selon moi la lettre de motivation n’a pas besoin d’un format particulier. Par exemple dans le cas d’une candidature à un poste par email, le corps du message du message peut très bien faire l’affaire.

Je précise parce que je me souviens avoir eu des cours sur le sujet où la lettre devait vraiment être formalisée comme telle (avec les différents cadres pour les adresses d’expédition et de destination) ce qui me semble sans intérêt ici.

Bien sûr, le tout est d’éviter ce que j’appelle, moi, "la danse de la pluie".

C’est-à-dire une collection de mouvements et pratiques que l’on a appris par cœur et que l’on fait sans réfléchir en se disant que ça va marcher parce que c’est comme ça que ça marche depuis toujours. Et puis les autres le font aussi alors…

C’est super important d’être capable de questionner les choses comme vous le faites dans les commentaires : est-ce que j’ai besoin d’une LM ? Pourquoi pas une lettre de recommandation ? D’ailleurs attention, si le type m’envoie la recommandation de son manager, c’est évident que celle-ci va l’encenser et le présenter sous son meilleur jour… Mais si c’est écrit par son manager actuel, est-ce que ce n’est pas simplement ce dernier qui veut se débarrasser de lui ?

En fait, ce que je dis, c’est pas tellement radical : ça se résume àil faut réfléchir à ce que l’on fait.

Quoique, quand on voit les pratiques de certains, effectivement, "réfléchir", ça peut parfois sembler radical et révolutionnaire. :D

Là où je m’estime heureux, c’est que mes réflexions on été ponctuellement guidées par une experte, d’un domaine encore trop peu reconnu : la psychologie du travail. Et c’est même un domaine qui a ses propres danses de la pluie pour le singer, qui prennent la forme de "coach en satisfaction au travail", "chief happiness officer"… Et de babyfoots dans la cafétéria.

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Je pense que l’exercice du tableau blanc a un intérêt (surtout si tu es joueur avec les questions), c’est celui de voir comment la personne réagit aux situations inconnues sous la pression. Ça peut être important si le poste comporte de l’exploitation : tu n’as pas vraiment envie qu’elle s’effondre au premier gros incident de production.

Mais c’est clairement pas pertinent dans la plupart des cas où c’est utilisé.

D’autre part, si le test technique a besoin de 4 à 6 heures pour être fait, il dois être positionné assez tard dans le processus, éventuellement après quelque chose de plus court.

Belle analyse, j’aurais bien aimé avoir quelques stats, du genre :

  • Quel pourcentage de candidat est admis au "challenge" ?
  • Quel pourcentage de candidat passant le "challenge" est embauché ?

Je pense clairement qu’une approche comme celle-ci est bien plus saine pour toutes les parties lorsqu’elle est bien faite, cependant j’ai lu parfois des candidats se plaignant d’avoir à faire des "challenges" pour toutes les boites auxquelles ils postulent en ayant au final aucune proposition, ce qui pose très vite la question du temps/travail non rémunéré (Tout le monde n’est pas aussi honnête que Nohar)

Pour moi le genre d’offres proposées par Nohar fait partit de ce que j’appelle les offres coup de coeur, ce sont ces offres qui en tant que candidat nous motivent vraiment car elles se démarquent des autres offres lambdas et nous permettent réellement de nous projetter dans ce futur emploi.

Ca fonctionne bien car elles sont rares, du coup en tant que candidat nous sommes prêts à passer plus de temps dans le processus de recrutement. Cependant si ce type d’offres venait à devenir la norme je ne suis pas sur que l’effet coup de coeur serait maintenu, ce qui pourrait nous ramener plus ou moins à la situation actuelle.

Ainsi que le standard salaire brut négocié qui devient un brut équivalent (avec ticket resto, indemnité de transport pas légal…) dans le contrat. J’ai refusé deux offres après réception du contrat de travail, donc en toute fin du processus à cause de ça.

Gabbro

Ha oui, ça aussi c’est chiant, surtout avec les sociétés de service qui sont spécialistes des montages idiots (à commercer par indiquer comme « avantage » des choses qui sont en réalité des contraintes légales, comme la mutuelle – tout le monde en a une « très bonne » — ou le remboursement à 50 % des tickets restaurant et des transports). J’ai pris l’habitude de préciser très tôt dans la discussion que la discussion que je fait se fait en brut annuel fixe, c’est-à-dire ce qu’il y a marqué sur le contrat de travail, et que tout le reste c’est du bonus qui ne compensera pas un fixe plus faible, en tous cas jamais en 1 pour 1. C’est particulièrement vrai pour la part de salaire variable indexée sur des trucs sur lesquels tu n’as pas prise. Dédicace à mon ancien directeur commercial qui arrivait à compter deux fois une prime qui s’apparentait à de l’intéressement.

À ce propos, les primes inscrites dans le contrat de travail (généralement l’équivalent du 13ème mois, versé en été et à Noël, qui sont courantes dans les entreprises un peu anciennes) font partie de la rémunération et ne peuvent pas être modifiées sans avenant au contrat. J’ai entendu pas mal de conneries là-dessus.

Ça m’amène à un message pour les recruteurs et pour les candidats : un contrat d’embauche, ça se négocie. C’est un contrat d’embauche, pas un contrat d’usage pour un produit distribué à des millions d’exemplaires ! Ça implique que si on est pas sûr, on demande ; que s’il y a un détail qui parait étrange on essaie de négocier avant de tout rejeter en bloc par principe ; et que l’entreprise qui reste coincée en mode « c’est à prendre où a laisser » sans autoriser la négociation de la moindre virgule sera un nid à problèmes dès qu’il y aura besoin d’un peu de souplesse pour une quelconque raison dans le futur.

@Jojuss

Belle analyse, j’aurais bien aimé avoir quelques stats, du genre :

  • Quel pourcentage de candidat est admis au "challenge" ?
  • Quel pourcentage de candidat passant le "challenge" est embauché ?

Alors, soyons honnêtes, ce genre de stats de mon côté porterait sur de tellement petites quantités qu’elles n’auraient aucune signification, sinon je les aurais données directement dans l’article. Ce que je peux dire, en revanche, c’est qu’environ 6% des CV que j’ai vus passer "en tout" ont abouti sur un premier appel de screening : c’est ici que se fait le plus gros de la sélection. Et pratiquement tous les gens qui ont passé cet appel sont arrivés jusqu’à moi.

Ensuite, pour le moment, tous les gens qui sont arrivés jusqu’à moi et ont passé le challenge sont passés à l’étape suivante, mais il faut bien voir que c’est très peu par rapport au nombre de candidatures. Et dans ce genre de cas, les chances pour que je fasse passer le test à quelqu’un et qu’il échoue à cette étape sont en fait plutôt réduites : le challenge me permet de produire une "analyse" du candidat, sur la façon dont il fonctionne, et si, du coup, je me vois travailler avec. Le but n’est pas de lui donner une note sur 20, mais plutôt de se dire "avec quelle quantité d’efforts et de temps dans l’équipe cette personne arriverait à le résoudre parfaitement". Du coup, à moins d’avoir vraiment un gros attentat dans le code, ou que l’on soit vraiment très mauvais juge de caractère dans les étapes d’avant, les chances d’avoir de mauvaises surprises à ce niveau ne sont pas très grandes.

La vraie décision se produit à l’étape après moi, où la personne rencontre mes trois patrons, et ce sont eux qui ont le dernier mot et qui font la sélection finale, notamment en fonction de nos besoins et moyens à l’instant T.

+1 -0

Indiquez cette putain de fourchette salariale. Le « selon expérience » n’a aucun sens, vous avez un budget, et tout le monde le sait, tout comme tout le monde sait que le salaire exact sera le fruit d’une négociation. Et ça n’est intéressant pour personne de passer plusieurs entretiens avant d’avoir enfin une proposition ridiculement basse.

SpaceFox
Salary Negociation
Salary Negociation — https://xkcd.com/2597/

La plupart des lettres de motivation que j’ai lue (ou moi-même écrit) sont mauvaises ou pas incroyables. La manière dont on en enseigne la rédaction à tendance à se voir : c’est le typique "je suis le meilleur, je suis autonome, je suis motivé et vous êtes le numéro un mondial de la vente de scorpions par correspondance, la boîte la plus innovante du domaine […]".

Une des questions à aborder, c’est le « Pourquoi votre entreprise ? ». Il faut être honnête avec la motivation réelle, en sachant communiquer. Par exemple, si on aime les trains, ça peut être une motivation pour travailler à la SNCF. Si on marche à l’adrénaline, ça peut être une motivation pour bosser comme chef de projet dans l’automobile. Ou alors vous passer devant tous les jours et en découvrant leur business vous vous êtes dit « Pourquoi pas après tout ? ». Pas besoin de s’étendre. Rien que dire ça, ça peut vous rendre différent. Ça change des gens qui recopient le site web…

L’autre question classique à aborder, c’est le « pourquoi moi / pourquoi ce poste ? ». Et là, ce sont les qualités requises pour le poste ou ce que vous pourrez apporter, mise en perspective par rapport à l’annonce. Par exemple, un truc du genre : « Ma mission de directeur de projet chez X, j’ai développé des compétences et un attrait certain pour la gestion d’équipe qui seront transférables au management de votre département R&D. »

Une bonne lettre de motivation, ça peut jouer une partie du rôle d’un entretien préliminaire.


Ceci dit, il faut garder en tête que les lettres de motivations sont parfois peu utiles, parce qu’elles servent de substitut pour autre chose :

  • l’intérêt du candidat : prendre quelques minutes pour se renseigner sur la boîte, ce qu’elle vend, etc. Tout le monde ne le fait pas !
  • son niveau de français (et oui…).

Et sûrement d’autres choses. Quand ce n’est pas juste une case à cocher du process là depuis toujours et dont tout le monde se fout.

Aabu

La lettre de motivation peut servir de filtre si le recruteur s’attend à beaucoup de candidatures pas forcément pertinentes. J’ai eu le cas dans une Cogip connue du grand public ou certains candidats postulait qu’importe le poste, genre un développeur Java postule sur une offre de développement électronique où le terme Java n’apparaît nul part.

La lettre de motivation est un exercice classique et relativement cadré en théorie mais beaucoup le font très mal, c’est pour cela que je trouve que la rendre obligatoire pour un poste devrait être une exception. Néanmoins il faut toujours laisser la possibilité aux candidats d’envoyer une LM avec le CV.

Premièrement, si la LM est facultative, en envoyer une peut être une preuve de la motivation du candidat, même si elle est un peu bancale dans sa structure, le candidat fait un effort supplémentaire.

Deuxièmement ça peut permettre d’expliquer son CV si celui-ci n’est pas "parfait" : expliquer pourquoi il y a un trou, que l’on est en reconversion, expliciter un choix de vie dans le cas d’un déménagement à plusieurs centaines de kilomètres de chez soi, etc. Le but est d’anticiper les questionnement du recruteur à la lecture du CV et de proposer quelques réponses.
Cela permet d’éviter une perte de temps des deux parties : en expliquant son projet ou les manquements de son CV d’entrée de jeu on montre aussi son honnêté : soit le recruteur accepte un CV imparfait, soit ca ne l’intéresse pas et il n’a pas besoin de contacter le candidat pour en savoir plus.

Personnellement j’ai postulé et passer des entretiens pour une boite danoise. La lettre de motivation m’a permis d’expliciter mon choix de postuler à une boite au Danemark alors que j’étais en France comme un choix de vie, j’ai aussi montré ma connaissance de la boite et ce que je pouvais lui apporter. Même si mon CV était totalement pertinent pour le poste, je pense qu’avec la LM cela m’a permis de décrocher un entretien en visio.

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