Dois-je changer de système d'exploitation ?

Où ça parle mal de Linux

Je suis, bon gré mal gré, utilisateur de Linux depuis 15 ans. J’ai donc adopté Linux sur chacun des ordinateurs que je possède, et bien que je possède un dual boot "au cas où", je n’y vais qu’une fois de temps à autre, principalement pour jouer.1 Parti d’Ubuntu 6.06, j’ai tourné dans les distributions basées sur Debian (différents variant d’Ubuntu, Linux Mint et Debian itself) pour récemment passer à Fedora.

Néanmoins, mon usage "professionnel" de Linux est sur le point de rentrer en opposition avec la logique de réduction des couts de mon institution. Et je suis en train de me poser la question: à quoi me servirai encore Linux aujourd’hui ?


  1. Et encore, c’est Civilization 6, il se pourrait qu’il tourne très bien avec Proton, j’ai juste jamais essayé.

Le contexte

Moi

Si, au début, j’étais sous Linux pour le fun, j’ai appris à apprécier les qualités et les défauts de cet environnement. Si je devais citer ce que j’ai le plus aimé, c’est apt (ou maintenant, dnf): installer des programmes et les mettre à jour est tellement SIMPLE!1 Même re-compiler un programme avec ./configure; make; sudo make install est facilité par le fait qu’il est quand même plus simple de taper un apt install pour installer certaines dépendances.2

Mon profil est évidemment très Linux-compatible. Programmateur amateur à mes heures perdues et ayant ensuite réalisé un cursus universitaire dans une faculté de chimie (m’étant plus particulièrement intéressé à la chimie quantique), c’est avec un plaisir coupable que j’ai découvert que Linux3 était la distribution la plus utilisée sur les super-calculateurs et que mes heures passées à détruire des distributions Linux pour apprendre des commandes allaient enfin servir. De manière générale, énormément de codes scientifiques sont a) gratuit et b) développé sous Linux ou facilement compilables, afin justement de pouvoir être utilisés sur de tels super-calculateurs.

Ma thèse de doctorat, qui a suivi, n’a fait que confirmer cette impression: les simulations se réalisaient sur des super-calculateurs sus-mentionné, tandis que l’analyse se faisait à l’aide de programmes compatibles Linux: même les programmes scientifiques payants y sont disponibles. Par ailleurs, vu qu’un article scientifique peut s’écrire avec LaTeX, j’ai réussi à m’en sortir sans utiliser Microsoft Office. Et quand bien même, LibreOffice, qui c’est globalement amélioré depuis que l’utilise, est une alternative potable à Word quand la mise en page n’est pas trop compliquée (ou que ce n’est pas le but) et mes traitements de données sont en partie dû à LibreOffice Calc (les graphes étant réalisés avec gnuplot, parce qu’il faut être sérieux quand même). Autre gros avantage, il y a une pléthore de libraires Python permettant d’analyser des données et facilement accessibles.

Par contre, je me rends très bien compte que j’ai de la chance: d’autres doctorants doivent interagir avec des programme sous (des versions antédiluviennes de) Windows 4, et de manière générale, mon domaine d’étude s’y prête très bien (et mon promoteur était compréhensif). Utiliser Linux dans d’autres branches d’études relève toujours du défi. Par ailleurs, je pourrai sembler dire que Linux est le seul mal loti, mais même les macs ont leur lot de difficultés quand il s’agit de programmes développés pour une audience scientifique.

Bien entendu choisir Linux vient avec son lot de difficultés intrinsèques. La principale dans mon cas étant que je suis prié de fournir mon propre matériel (on installe pas n’importe quoi sur une machine de l’université) et que je peux me brosser pour le support (le support de mon université, c’est principalement Windows et un peu Mac). Heureusement que je sais ce que je fais :pirate:

En conclusion, le fait que je puisse travailler sous Linux est un luxe que je m’accorde. Et si c’est un luxe, c’est que c’est pas fondamentalement nécessaire.

L’université (mais ça fonctionnerai aussi ailleurs)

Ceci n’est pas un pamphlet contre mon université, pour laquelle je travaille toujours, et qui n’y peut en fait pas grand chose.

Ce n’est même pas une attaque contre Microsoft: j’ai passé l’âge du "Microsoft c’est caca". Non, Microsoft, c’est une entreprise, qui cherche à faire des profits. Je ne suis pas d’accord avec les décisions qu’elle prend, mais pareil, elles sont logiques et justifiables.

Pendant ce temps, la crise. Le financement de la recherche en Belgique bien que correct, n’est pas exceptionnel, et celui des universités pour la partie enseignement suis le même traitement. Je ne vous apprends rien si je vous dis que ce n’est pas spécialement une priorité gouvernementale, surtout en ces temps troublés. Bref, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a et de temps à autre, on râle un peu dans la presse ou aux cabinets ministériels.

Les informaticiens, ça coute affreusement cher: c’est un métier en pénurie, comme le rappelle régulièrement le FOREM (notre Pôle Emploi à nous) et c’est pas près de changer. Loi de l’offre et de la demande oblige, les informaticiens ont plein d’avantage en nature dans le privé que l’université ne peut même pas rêver de leur offrir. On peine à en recruter et à les garder, avec tous les défauts que ça implique.

Alors quand en mars 2020 on passe en mode confinement total, c’est dur. Pour prendre un exemple, les cours sont hébergés sur une plateforme Moodle, que l’université héberge(ait) en interne afin de pouvoir ajouter des fonctionnalités. Il a très vite été décidé que cette plateforme servirait pour réaliser les examens cette année là: heureusement qu’un test de charge en conditions réelles (un formulaire à valider sur ladite plateforme en un temps imparti, pour maximiser le nombre de connexions simultannées) a été réalisé auparavant: l’infrastructure n’avait jamais été dimensionnée pour ça5 :magicien:

C’est dans ce contexte que débarque alors Microsoft et sa solution de visualisation, le fameux Microsotf Teams. Ça aurait pu être un autre, c’est Microsoft que nous avons choisi, et qui nous servira durant toute la période COVID (… Et j’espère que je pourrai continuer à parler au passé). Avec une promesse: si ça fonctionne, on passera plusieurs services (mail et Cloud, principalement) chez Microsoft au lieu de les héberger en interne. Bien entendu, ça a fonctionné ;)

Bien entendu, j’aurais préféré que ça ne soit pas le cas, mais en fait, c’est même pas la question: dans le contexte budgétaire actuel, il est logique que mon université cherche à externaliser un maximum. On peut discuter du pour, du contre et ce que ça implique, mais d’un point de vue décisionnel, c’est un choix tout à fait logique et justifié. C’est d’ailleurs le contraire qui aurait été étonnant.

Un exemple parmi tant d’autres

Vous savez quel est le "monopole" qui nous affecte tous et dont on parle globalement assez peu ? Celui des serveurs mails. Aujourd’hui, si vous montez votre propre serveur mail et que vous essayez d’interagir avec des services connus (GMail, hotmail, etc), vous êtes au mieux dans les spams, dans la plupart des cas votre message n’arrive jamais. Bien entendu, ça se justifie par la lutte contre le spam.

Mais il y a un autre problème: les administrateurs systèmes (ou plutôt des bots, j’imagine) ont le ban un peu facile et très large. Et vous vous doutez bien que les étudiants d’une université ne sont pas tous des pros de la sécurité informatique, il arrive donc qu’une adresse de l’université soit détournée à des fins malveillantes. Résultat, ces derniers mois, nous étions régulièrement bannis par Microsoft, qui ne fait pas dans la dentelle et banni tout le domaine. Interagir avec des collaborateurs externes devenait donc un jeu de "tu as reçu mon mail?". Joie ;)

Bien entendu, on nous a promis que tout rentrera dans l’ordre une fois que nous aurions migré chez Microsoft…


  1. Dans la limite des stocks disponibles, of course.
  2. Dans la limite des stocks disponibles, et sous couvert d’un README correct, j’entends bien.
  3. Généralement CentOS, faut pas rigoler …
  4. Dès qu’il s’agit d’interagir avec un instrument de mesure, c’est fini.
  5. Ils ne me liront probablement jamais, mais rétrospectivement, ils ont quand même assuré de fou, parce que les examens se sont globalement bien déroulé cette année là.

La réflexion

L’élément déclencheur

Me voici donc arrivé au moment où l’université me recommande donc d’installer Outlook (mail et calendrier) et OneDrive (Cloud). Bien entendu, ce n’est pas possible en l’état sous Linux. Trois "solutions":

  1. Je pourrais continuer à utiliser Thunderbird pour les mails (et le calendrier?) et il existe un client libre OneDrive.
  2. Je pourrais utiliser les interfaces web de ces deux services, qui sont globalement correctes (et même l’interface web de la suite Office est potable). Notez que le client Teams sous Linux n’est jamais que l’interface web derrière un Electron et que j’ai prophétisé que Microsoft finira par se diriger vers ça pour la plupart de ces programmes, si ce n’est déjà le cas.
  3. Machine virtuelle.

Aucune de ces solutions n’est vraiment satisfaisante, parce que ces deux programmes sont les arbres qui cachent la forêt: il est évident que l’université continuera d’utiliser les outils mis à dispositions par Microsoft pour différentes tâches, et que la liste des choses qu’on me demandera de faire dépassera la capacité du client web (il suffit de comparer la différence entre Teams sous Windows et l’interface web) ou de programmes libres dont les fonctionnalités dépendent de la disponibilité des développeurs et d’une API compatible.

Et puis, ça me fatigue: toujours lutter, alors qu’il me suffirait de retourner sous Windows. Et puis, est ce que c’est toujours si mal que ça ? Après tout, on raconte que PowerShell est au moins aussi puissant que bash. Il y a le Microsoft Store. LaTeX y est évidemment disponible, et je pourrais arrêter d’embêter mon monde et enfin utiliser ma licence Microsoft Office. Et au pire, il y a toujours le Windows Subsystem for Linux dont mon collègue semble très heureux. Et puis, l’université pourra enfin me prêter du matériel.

Et puis, on peut très bien défendre le logiciel libre sous Windows.

Et puis sinon, il reste toujours macOS. C’est de l’UNIX, c’est tout shiny et la majorité de mon laboratoire l’utilise.

L’absence d’une conclusion

Est ce que Linux a perdu ? Est ce que j’ai perdu la foi ?

J’aimerais vous dire que non, mais ma réflexion ces derniers jours était que ma conviction de Linuxien était confortable tant qu’elle n’était pas mise en difficulté. La vérité, c’est que je suis probablement le seul chercheur sous Linux de mon département (et qu’on doit pas être nombreux dans l’université1), et que j’étais assez stupide pour imaginer pouvoir régler tout mes problèmes dans mon coin. Lutter contre le système, c’est marrant quand c’est pas trop difficile et quand on a le temps de s’y consacrer. À mon niveau, je commence à me demander si ça ne devient pas du fanatisme aveugle.

D’un autre côté, 15 ans de Linux, ça laisse des traces: j’ai l’habitude d’utiliser Linux, et j’y ai optimisé mon worflow. Pour le dire autrement, je suis particulièrement efficace sous Linux, et en changer reviendrait à adapter le tout et à être moins efficace pendant un temps. Est ce que ça vaut la peine ?

Est ce que c’est ça, devenir adulte ? Abandonner ces convictions et être raisonnable ?


  1. Il y en a un peu plus chez les physiciens.

J’aimerais pouvoir finir ce billet par la réponse à toutes les questions que je pose. Mais c’est un vrai billet d’opinion: la vérité, c’est que je suis sincèrement perdu et que je cherche des pistes de réflexion.

Toute réflexion de votre part est donc la bienvenue ! Merci de m’avoir lu, et à vous :)

28 commentaires

Je pourrais continuer à utiliser Thunderbird pour les mails (et le calendrier?) et il existe un client libre OneDrive.

Tu peux faire très attention avec ça. La synchro de calendrier entre Outlook et Thunderbird c’est le boxon total. Et même le mail ça fait parfois des trucs franchement bizarres (typiquement la gestion des dossiers). Je suis passé à Evolution pour ça (il a un plugin de synchro avec le protocole utilisé par Outlook, même si Evolution est extrêmement lent, pas franchement joli et que certaines fonctionnalités (comme la recherche) ne sont pas franchement bien faites :'( .

J’ai la même réflexion depuis bientôt deux ans. En bonne partie pour des raisons similaires. Là où c’est plus pénible, c’est que mon environnement est littéralement scindé en deux. J’ai la moitié de mes outils qui fonctionne très bien sous Linux et sont une purge infâme à mettre en place sous Windows et l’autre moitié pour laquelle c’est l’inverse. Je me retrouve du coup avec le cul entre deux chaises et concrètement mon seul espoir est que mes outils Linux finissent par bien marcher sous Windows parce que l’inverse me semble peine perdue.

C’est rafraîchissant de lire un billet qui va dans le sens inverse de la marée. Merci pour ça.

Est ce que c’est ça, devenir adulte ? Abandonner ces convictions et être raisonnable ?

Raisonnable ? Non. Responsable, oui. :)

Je ne pense pas que ce soit "abandonner ses convictions". Il me semble que c’est surtout ré-évaluer le poids de tes convictions face à la réalité pratique de ton travail, et c’est un raisonnement tout ce qu’il y a de plus sain.

Je n’aurais pas des masses de pistes à te suggérer pour trouver une solution, si ce n’est peut-être d’essayer, tout simplement. Puisque tu es en dual-boot, te donner une petite période où tu passes 100% Windows au travail et où tu te laisses le temps de décanter/reprendre de nouvelles habitudes pour finalement juger sur pièce me semble jouable, et la meilleure façon de savoir si ça te va ou non, ou en tout cas d’obtenir de nouvelles informations de première main pour prendre une décision éclairée.

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Bien entendu choisir Linux vient avec son lot de difficultés intrinsèques. La principale dans mon cas étant que je suis prié de fournir mon propre matériel (on installe pas n’importe quoi sur une machine de l’université) et que je peux me brosser pour le support (le support de mon université, c’est principalement Windows et un peu Mac).

Je suis assez interloqué par ça. Tu amènes et administres ton matériel toi-même, et j’imagine, le connecte au réseau interne de l’université… Ils s’inquiètent pas trop de la sécurité informatique chez vous ? S’ils ne sont pas inquiets (ils devraient un minimum), qu’est-ce que ça peut leur faire que tu aies un Linux sur les PC qu’ils fournissent ? Ne pas fournir le support, c’est une chose, mais désavouer le système sans l’interdire complètement, c’est cocasse.

Puis bon, le problème de coûts de main d’œuvre, c’est une chose, mais les licences, c’est pas gratuit non plus…


Les problèmes relevés par Ksass`Peuk sont d’un autre acabit, ce n’est pas de la simple intendance. À ma connaissance, il n’y a pas de solution pratique pour ça, malgré l’éventail de bidouilles existantes. J’ai pu vivre un peu moi-même à la fac un mélange de machins pour Windows et d’autres pour Linux cohabiter. C’est laborieux.

J’ai un questionnement similaire à mon boulot, avec pour l’instant une conclusion différente, mais principalement car d’autres personnes sont aussi en train de passer à Linux, ce qui retire le "je suis tout seul".

Mon entreprise fournit des outils qui se branchent à certaines plateformes BI du marché (SAP Business Objects, Tableau et Power BI). Ces technologies ont toutes sans exception une meilleure intégration à Windows qu’à Linux, même pour celles qui poussent Linux comme medium d’installation (SAP BusinessObjects je pense à toi).

Le résultat, historiquement, tout le monde utilisait Windows. Mais plusieurs éléments ont forcé l’entreprise à aller vers un schéma où l’utilisation est plus "à la carte" :

  • le passage d’un AD autohébergé à AzureAD puis switch vers GoogleLDAP pour économiser et aussi se libérer des problématiques propres à azure ad (j’ai pas le détail de ces problématiques, je sais juste que l’équipe IT galérait à cause d’AzureAD)
  • le recrutement difficile de développeurs et de designers qui capotaient parfois à cause du "tu seras sur windows" alors qu’ils voulaient un Mac ou un linux
  • Les soucis qu’on a connu avec notre fournisseur de sécurité (eset) lorsque Windows 11 a été flush sur le dépôt publique.

Le résultat, après avoir fait de 2018 jusque fin 2021 sous Windows, j’ai été passé sous linux. Et là il y a eu quelques soucis :

  • le département IT ne maîtrisait pas linux et était très habitué à la politique de mise à jour de Windows, résultat on s’est massivement retrouvé avec les ubuntu 21.10. Et un billet existe sur ce site détaillant quelques déboires quand un upgrade ubuntu
  • la synchro google drive (vous l’aurez compris, ma boîte est lié à google workspace plutôt qu’à office 365) est juste à chier sur linux. Aucun client n’est fiable, aucun système n’est pertinent sur le long terme et ne permet de travailler réellement comme on peut le faire avec l’intégration windows
  • perso, j’ai de la chance, je suis dev, donc ma signature de mail n’est pas pilotée par les outils du marketing, je peux donc utiliser thunderbird, j’aime ce logiciel donc ça me va. Par contre pour les autres, il y a encore trois mois, il y avait des bugs sur le système de rafraichissement des signatures avec TB alors que le webmail gmail ne pose aucun soucis de ce point de vue
  • google chrome. Je suis un grand défenseur de firefox, mais le snap firefox est instable, et certains outils qu’on utilise chez nous ne sont que des extensions chrome qui sont flushées par la politique globale de sécurité, donc pas le choix faut utiliser chrome. Et vous savez ce qui est pire que chrome sous windows? chrome sous linux.
  • évidemment, vient le temps de mettre à jour pour éviter d’être vulnérable. Hot patch? impossible de le gérer par politique centrale? Patch avec redémarrage? bien sûr, mais l’utilisateur n’aura de ce fait aucun contrôle sur le moment du redémarrage. Si le département IT planifie la maj à 17h, le temps que tout soit download, à 17h10 ton PC reboot sans que tu saches pourquoi. Résultat, on revient aux années 90 : quand un patch de sécurité est obligatoire, le département it doit envoyer un mail aux gens qui sont sur linux avec ces gens qui doivent répondre avec un screen preuve que le patch est appliqué
  • bah oui parceque eset, l’outil pour monitorer l’état des PC n’est pas compatible ubuntu 22.04 et ne le sera pas avant décembre
  • les pilotes USB-C et thunderbolt. linux n’a AUCUNE souplesse. Si le header renvoyé par le périphérique n’est pas PARFAITEMENT formé, ça sera vu comme un USB-C et du coup, pas d’écran, dommage pour un parc de PC uniquement basé sur les doc TB3/USB-C

Côté avantage: il y en a de moins en moins si ce n’est les habitudes. Pour travailler, je préfère l’organisation en fichier que le bordel qu’est l’explorateur windows. Docker est plus stable sur linux, et java pop pas tous les 4 doigts pour me dire qu’il faut le mettre à jour.

Mais voilà, intelliJ est full compatible linux ET windows. WSF te permet de faire du ssh sans aucun soucis. Alors s’il n’y avait pas plus de monde sous linux, oui, je pense que j’en reviendrai.

En fonction des logiciels que tu utilises, il y a une 4ème option : utiliser Wine, ou mieux un wrap plus user-friendly comme Bottles.

Si tu souhaites un portable et que macOS est une option, je te conseille un mac avec une puce M1, c´est le meilleur achat que j’ai fait et je m’en sers pour tout avec un dongle USB-C.

Il manque le k à workflow.

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La question est intéressante, ça fait des années (et quatre entreprises différentes) que j’y suis confronté. Et, surprise (ou pas), la réponse est différente à chaque fois, parce qu’elle dépend de trois choses principales :

  1. À quel point l’environnement de travail est verrouillé par l’IT ?
    • Soit par des outils de gestion de parc et de sécurité ;
    • Soit par des outils spécifiques à Windows – de façon officielle ou dans les faits1 ;
    • Soit par les compétences de l’IT (sans que ce point soit un défaut de l’IT : s’ils n’ont jamais eu à gérer de parc Linux, c’est normal qu’ils ne sachent pas le gérer) ;
    • Soit par la non-compatibilité matérielle des ordinateurs fournis.
  2. À quel point ton travail est simplifié sous Linux par rapport à Windows ?
  3. À quel point tu es dépendant des outils Microsoft (Office en particulier) ?

Concernant le verrouillage par l’IT :

C’est le premier point à voir, et j’ai tout vu, de « Tout le monde est admin sur son poste et vous faites ce que vous voulez », à « Personne n’est admin, vous avez un utilitaire spécial pour les opérations qui demandent de l’être, et il y a plein de contrôles ».

Ma situation actuelle est un entre-deux bizarre : l’IT n’est pas officiellement et totalement contre Linux, mais ils ne savent pas faire2. Et de toutes façons il y a des outils galères à faire fonctionner avec Linux en l’état (le client VPN par exemple, il faudrait que je réessaie avec le nouveau – et Teams, cf infra).

La simplification du travail :

Pour être honnête, WSL (en particulier WSL2) a massivement amélioré la situation de ce point de vue : développer sous Windows s’est énormément simplifié. Même si l’outil souffre encore de limitations et d’erreurs de conceptions manifestes3, il est très utilisable. On peut même utiliser IntelliJ directement dans WSL, ça fonctionne presque4 bien !

Dans mon cas actuel, toute l’équipe de dev aimerait bien passer à Linux, pour plein de raisons :

  • Le produit ne tourne que sur du Linux. Dans du Docker, mais c’est pratique de pouvoir le faire tourner en local (sans Docker) dans des conditions les plus proches possibles de la prod5, en l’état on est obligés de faire des bouts de spécifique Windows.
  • Tous nos outils sont développés d’abord pour Linux, un peu pour Mac, et parfois pour Windows.
  • Docker pour Windows est devenu payant pour nous, ça a bien foutu la merde (il y a des solutions qui commencent à fonctionner, mais beaucoup de bricolage).
  • Cette cochonnerie d’antivirus/antimalware qui consomme une puissance hallucinante.
  • Cette cochonnerie de OneDrive qui ne fonctionne pas correctement6.
  • De toutes façons les seuls outils MS qu’on utilise au quotidien, c’est Outlook et Teams.

Mais… tant qu’on sera bloqués par l’IT, ben on ne pourra pas.

Dans mes boulots précédent, j’ai pu passer sous Linux. C’était d’autant plus simple que c’était des petites entreprises sans vraie direction IT.

Par contre, ça implique d’utiliser la distribution la plus standard possible : même une Linux Mint ou une Ubuntu non LTS c’est la merde, à cause du moindre outil propriétaire qui ne supporte que des Ubuntu LTS et des RedHat / CentOS (et refuse de s’installer hors de ces cas).

Concernant la dépendance aux outils Microsoft :

Outlook en ligne est très largement suffisant, à moins d’avoir un usage très poussé du truc. Et c’est beaucoup plus fiable que les clients lourds, qui ont tendance à très mal se comporter avec les spécificités des comptes mails Microsoft…

Contrairement à ce qui est dit dans le billet, je pense que LibreOffice Writer est plus efficace que Word, en particulier pour les mises en formes complexes. Si tu sais t’en servir. Ce qui est le cas d’à peu près personne, hélas. Par contre, c’est moche et pas toujours ergonomique, oui.

Par contre si tu as beaucoup de travail à faire sous Excel et Powerpoint, la suite Microsoft native (donc Windows) est quasiment indispensable : les équivalents LibreOffice sont à des années-lumières, et les versions en ligne sont très limitées. Idem pour Teams, la version web (donc la version Linux qui est le client web dans un Electron) est beaucoup plus limitée que le client lourd.

Tout ça pour quoi ?

L’idée, et c’est celle vers laquelle tu semble tendre, c’est bien de trouver la solution pragmatique la plus efficace et confortable7. Donc de ne pas rester sur un OS juste par idéologie.

Ça implique qu’il va falloir faire un bilan complet des pour et des contre, et si possible tester.

À ce sujet : « tester » un passage sous Linux ou Windows (selon le sens dans lequel tu veux basculer), c’est beaucoup plus long qu’une journée. La première journée ne va te permettre que de détecter les points bloquants les plus évidents. Mais il y en a plein d’autres qui peuvent arriver beaucoup plus tard : à la première mise à jour système (imposée ou non), à la première mise à jour majeure d’un outil, au premier jour de télétravail (ou de travail sur site)… personnellement et pour l’avoir fait deux fois dans un contexte professionnel, je ne considère pas la bascule comme « réussie, c’est très improbable de revenir en arrière »8 avant au moins un mois.

Enfin – et c’est un point plus général que ce sujet mais toujours bon à rappeler –, s’il y a des tiers à convaincre, il faut trouver les arguments, le vocabulaire qui vont parler à ces tiers. Donner la liste des mesures de sécurité mises en place à l’IT s’ils acceptent de découpler l’ordinateur de leur système de pilotage (s’ils en ont un). Parler du gain en productivité à la direction. Etc. C’est pas parce qu’un argument est important pour moi qu’il va être compréhensible par les personnes que je dois convaincre.


PS : les arguments principaux qui, dans mes précédentes entreprises, avaient piloté la bascule de Windows vers Linux étaient :

  • Meilleure homogénéité entre les environnements de dev et de prod (hors contexte Docker, avant WSL).
  • Meilleure utilisation de la RAM.
  • I/O disques bien meilleures (gros projet Android, sur SSD SATA, la différence d’I/O entre NTFS et ext4 était telle que c’était sensiblement plus rapide de développer dans une VM Linux dans Windows que directement sous Windows) et donc gain de temps et de confort tels que ça rentabilisait la bascule.

Et évidemment des contextes IT et outil qui le permettaient.

Comme tu peux le voir, il y a facilement de très fortes contraintes qui peuvent interdire une bascule (ici Windows -> Linux, mais c’est valable dans l’autre sens : un PC Windows ou un Mac ne s’intégreront pas de façon triviale dans un parc 100 % Linux). Par contre, si l’environnement est ouvert, tu as assez peu de raisons très fortes d’utiliser l’un ou l’autre OS. Et donc, ce choix est principalement pas le tien, en fait.


  1. Je vous laisse admirer la liste de distributions officiellement compatibles avec ce client VPN. Ce n’est qu’un exemple parmi trop.
  2. Bon… en fait c’est un service en prestation, et ils sont déjà assez mauvais avec Windows. J’en sais autant que leur niveau 3, pourtant je ne suis pas du tout admin Windows… par contre ils sont très gentils et n’hésitent pas à donner toute l’aide dont ils sont capables. Je pense qu’en fait c’est un service d’IT conçu pour servir des boites « grand public », et qui se retrouve face à une boite d’informaticiens qui ont des tas de besoins spécifiques.
  3. Une limitation : il n’y a pas systemd (c’est en cours). Une erreur de conception : il est impossible de fixer l’IP de la machine virtuelle WSL, par conception. Soit-disant que ça évite les problèmes d’utilisateurs qui ne comprennent pas ce qui se passe niveau réseau… un argument étrange pour un outil destiné directement à des power users qui sont normalement capables de comprendre ça.
  4. Quelques popups n’ont pas le focus, et surtout certaines mises en veilles coupent le réseau… donc le client graphique, X passant par le réseau. Mais c’est pas systématique, ça doit dépendre de l’ordre de mise en veille des composants.
  5. On peut développer et tester dans Docker, mais c’est chiant parce que la boucle de tests / debug est sensiblement plus longue. Et non, on ne peut pas toujours tout tester avec des tests automatisés, en particulier quand on a de la configuration d’outils tiers ou de l’exploration de bugs.
  6. Et que je te perds la connexion, et que je te perds tous les droits donc tous les fichiers sont en LS, et que je te re-synchronise tout pendant que la connexion Internet est utilisée par autre chose donc tout rame, et que je veux bloquer l’arrêt du PC parce que c’est urgent, là tout de suite, de re-synchroniser ce fichier de 70 Mo qui n’a pas été touché depuis 3 mois…
  7. Pour tout le monde. Donc sans se battre en permanence avec l’IT, et sans créer un canyon de sécurité dans le système de l’entreprise.
  8. C’est-à-dire le moment où je me permet de faire sauter le dual boot et de supprimer la partition qui ne sert plus.

Salut,

Me voici donc arrivé au moment où l’université me recommande donc d’installer Outlook (mail et calendrier) et OneDrive (Cloud). Bien entendu, ce n’est pas possible en l’état sous Linux.

Au risque de surprendre, je serai du même avis que @nohar : essaye Windows, à minima en dual boot. J’ai une sincère et profonde aversion pour cet OS, même tous les problèmes que j’ai déjà vécus sous Linux ou *BSD (j’en ai eu beaucoup et j’en ai toujours :p ) ne m’ont jamais fait regretter de ne majoritairement pas l’utiliser. Cependant, le choix n’est malheureusement pas toujours possible ou souhaitable, en particulier dans un environnement professionnel.

Même si tu parviens dans un premier temps à une solution plus ou moins viable, tu vas te mettre volontairement dans une situation où tu n’auras pas de support et où le moindre problème sera de ta faute, parce que tu as choisi un OS alternatif. Or, des problèmes, tu vas en avoir, c’est une certitude.

Et puis, ça me fatigue: toujours lutter, alors qu’il me suffirait de retourner sous Windows. Et puis, est ce que c’est toujours si mal que ça ? Après tout, on raconte que PowerShell est au moins aussi puissant que bash. Il y a le Microsoft Store. LaTeX y est évidemment disponible, et je pourrais arrêter d’embêter mon monde et enfin utiliser ma licence Microsoft Office. Et au pire, il y a toujours le Windows Subsystem for Linux dont mon collègue semble très heureux. Et puis, l’université pourra enfin me prêter du matériel.

C’est pas parce que tu te résignes à choisir Windows pour le boulot qu’il faut défendre leurs outils. :p
(C’est une boutade, nul besoin de répondre. :-° )

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A lire les différents commentaires j’ai l’impression de voir une certaine forme d’élitisme et surtout une vision très centrée sur certains métiers ou domaines.

Dans une société c’est parfois compliqué de gérer des centaines de postes informatiques et de laisser chacun utilisateur faire un peu ce qu’il veut. Il y a une certaine harmonisation pour réduire les coûts.

Et oui Windows est présent car tout le monde n’est pas habitué à Linux ou MacOS. Marie (ou Roger) de la compta, si tu commence à lui dire d’aller faire quelques commandes dans la console, elle risque d’être perdue. Ce qui voudra dire passer du temps à former ou faire du support pour ce type d’utilisateur alors que ce n’est pas nécessaire avec un autre OS.

Ensuite j’ai l’impression que pour vous, le fait d’utiliser Linux fait que vous êtes toujours à jour, vous êtes à la pointe. J’ai dans ma boite, l’exemple de l’équipe "Linux" (qui fait du dev embarqué Linux) qui utilise Ubuntu sur leurs machines et ne les mettent que rarement à jour, on a vu mieux question sécurité.

Je vois les nombreux billets et articles sur différents problème de développeurs, le fait de faire des petits programmes python ou autre pour régler un problème ou des scripts. Ok vous êtes sous Linux, mais pourquoi ne pas faire la même chose sous Windows si quelque chose vous bloque ?

Je suis déçu de lire ces commentaires où j’ai l’impression que vous n’arrivez pas à vous mettre à la place d’autres personnes dans les sociétés où vous travailler pour essayer de comprendre le choix de Windows. Et surtout vous imputez à Windows des choix des administrateurs IT qui n’ont rien à voir, dans ma boite :

  • On utilise l’antivirus natif de Windows
  • Les mises à jour ne sont pas forcées et on reçoit des mails car les serveurs doivent être mis à jour et redémarrés (donc faut sauvegarder les données si nécessaire)
  • OneDrive fonctionne correctement chez tout le monde
  • On ne nous force pas à avoir des signatures avec des gif ou images dynamiques

Je ne suis pas vraiment un défenseur de Windows, mais de part mon expérience professionnelle j’ai été amené à travailler sur plein de type de machine avec des OS ou non. De bancs de tests des années 80 avec des disques 5" 1/4, à du Windows 95/98, NT, du Linux embarqué avec un BusyBox amputé de 50–60% des commandes de bases et où il faut rivaliser d’ingéniosité pour faire fonctionner des script bash existants.

Je suis vraiment déçu de cette vision assez étriquée que je peux ressentir en lisant vos commentaires :(

Je vois surtout que tu interprètes mal beaucoup de choses qui sont dites, au moins en ce qui me concerne.

A lire les différents commentaires j’ai l’impression de voir une certaine forme d’élitisme et surtout une vision très centrée sur certains métiers ou domaines.

Dans une société c’est parfois compliqué de gérer des centaines de postes informatiques et de laisser chacun utilisateur faire un peu ce qu’il veut. Il y a une certaine harmonisation pour réduire les coûts.

zeqL

C’est pour ça que je parle à plusieurs fois de l’intérêt global pour l’entreprise et surtout de l’accord de l’IT.

D’autre part, c’est normal de demander à avoir les outils les plus efficaces, dans la mesure du possible, pour faire son travail. Tout est une question de compromis, mais ça n’est pas en disant « amen » à tout, ou en considérant que les décisions de l’IT ou de l’administration sont l’Évangile que tu arrives à quelque chose d’efficace.

Le fait est que certains métiers, en particulier ceux du développement, on des besoins particuliers en logiciel (et en matériel !) pour faire leur travail de façon efficace. Ignorer ces besoins, c’est demander de travailler sans les outils adéquats, comme par exemple développer avec un PC très sous-dimensionné, sans droits d’installation des outils nécessaires, avec des proxys qui bloquent toute recherche pertinente sur Internet parce que les sites sont bloqués pour raison « site d’informatique » (oui, c’est du vécu).

Dans mon précédent boulot « l’harmonisation pour réduire les couts » avait conduit à toute une série de PC surdimensionnés, les collègues tombés sur la mauvaise série perdaient en moyenne plus d’une heure par jour à cause de ça.

La solution à ça n’est pas du tout « Mettre Linux ». C’est de pouvoir discuter en bonne intelligence avec l’IT des solutions possibles pour que tout le monde puisse faire son boulot (les développeurs développer, et l’IT gérer le parc et garantir la sécurité). Linux n’est qu’une solution possible, la question qu’on se pose ici est plutôt : dans quel cas est-elle pertinente ?

Et oui Windows est présent car tout le monde n’est pas habitué à Linux ou MacOS. Marie (ou Roger) de la compta, si tu commence à lui dire d’aller faire quelques commandes dans la console, elle risque d’être perdue. Ce qui voudra dire passer du temps à former ou faire du support pour ce type d’utilisateur alors que ce n’est pas nécessaire avec un autre OS.

zeqL

La console, c’est une vision très obsolète de Linux. Ça fait des années qu’on peut faire de la bureautique ou utiliser des logiciels métier sous Linux sans jamais voir la tronche d’une console.

Plus pragmatiquement : la plupart des utilisateurs ne savent pas se servir de leur OS. Vraiment. Ils savent se servir d’une interface, et sont perdus dès qu’elle change trop. Par exemple lors du passage de Windows 3.1 à 95, de 98/Me à XP, de XP à Vista ou 7, de 7 à 8 ou 10, et de 10 à 11.

Ça n’est pas un reproche : les gens apprennent à se servir de ce dont ils ont besoin, c’est tout. Ils sont aussi tout à fait capables d’apprendre à se servir d’une autre interface si besoin (sinon personne ne pourrait passer de Windows à Mac, ou même entre les différentes versions de ces OS). Les personnes non-techniques d’une entreprise sont tout à fait capables de se servir d’un OS autre que Windows, bien que ça ne soit pas le sujet de ce billet.

Ensuite j’ai l’impression que pour vous, le fait d’utiliser Linux fait que vous êtes toujours à jour, vous êtes à la pointe. J’ai dans ma boite, l’exemple de l’équipe "Linux" (qui fait du dev embarqué Linux) qui utilise Ubuntu sur leurs machines et ne les mettent que rarement à jour, on a vu mieux question sécurité.

zeqL

Je ne vois pas où c’est dit, dans le billet ou les commentaires.

D’ailleurs c’est pour ça que j’insiste sur le fait d’avoir l’accord de l’IT (pour qu’ils puissent pousser les MàJ) ou éventuellement de leur montrer que tu es capable de gérer les MàJ, pour éviter ce genre de situation.

Je vois les nombreux billets et articles sur différents problème de développeurs, le fait de faire des petits programmes python ou autre pour régler un problème ou des scripts. Ok vous êtes sous Linux, mais pourquoi ne pas faire la même chose sous Windows si quelque chose vous bloque ?

zeqL

Pour clarifier un point : quand je dois faire un « petit programme » dans le cadre de mon boulot, c’est pas un jeu ou un délire de développeur. Ça fait partie intégrante de mon boulot. Si je prends le temps de le faire, c’est que c’est intéressant à faire (plus rapide et/ou moins sujet à erreur et/ou sera réutilisé assez pour que le gain de temps soit rentable que de faire le boulot à la main).

Et sinon, on peut souvent faire la même chose sous tous les OS. Je ne vois pas où le contraire est dit dans le billet ou ses commentaires. Sauf peut-être si on parle du cas très particulier des scripts en bash (mon avis personnel étant que cette chose ne devrait jamais sortir du poste d’un développeur, ne jamais être partagé et ne jamais dépasser 10 lignes, mais on s’égare).

Je suis déçu de lire ces commentaires où j’ai l’impression que vous n’arrivez pas à vous mettre à la place d’autres personnes dans les sociétés où vous travailler pour essayer de comprendre le choix de Windows. Et surtout vous imputez à Windows des choix des administrateurs IT qui n’ont rien à voir, dans ma boite :

  • On utilise l’antivirus natif de Windows
  • Les mises à jour ne sont pas forcées et on reçoit des mails car les serveurs doivent être mis à jour et redémarrés (donc faut sauvegarder les données si nécessaire)
  • OneDrive fonctionne correctement chez tout le monde
  • On ne nous force pas à avoir des signatures avec des gif ou images dynamiques
zeqL

Parce que le problème n’est pas d’attaquer Windows ou non.

Le problème est de savoir, si dans le contexte d’une entreprise (ou assimilé), il est possible de se passer de l’écosystème mis en place avec Windows, ce qui inclue bien des outils ou des comportement tiers tels que ceux que tu cites (l’antivirus – celui dont je parle et qui a des performances catastrophiques est bien celui de Windows, d’ailleurs – mais aussi OneDrive ou les comportement bizarre des mails sont tous des outils d’écosystème imposés par l’IT, donc à prendre en compte).

Prendre en compte cet écosystème est indispensable si on veut réfléchir à une alternative, parce qu’on ne peut pas débarquer avec comme argument : « Je voudrais plutôt utiliser un Mac / Linux / Whatever, et je me torche avec ces 150 règles que vous avez mises en place ».

Dans une société c’est parfois compliqué de gérer des centaines de postes informatiques et de laisser chacun utilisateur faire un peu ce qu’il veut. Il y a une certaine harmonisation pour réduire les coûts.

zeqL

On est bien d’accord, et personne ne demande de laisser chaque utilisateur faire ce qu’il veut, il me semble. Après niveau coûts c’est souvent une fuite en avant dans le budget qui grimpe d’année en année dans les boîtes où je suis passé et qui ont basculé leur infra de Linux à Windows (mais les cas que j’ai rencontré ne peuvent pas représenter tous les cas heureusement)

Et oui Windows est présent car tout le monde n’est pas habitué à Linux ou MacOS. Marie (ou Roger) de la compta, si tu commence à lui dire d’aller faire quelques commandes dans la console, elle risque d’être perdue. Ce qui voudra dire passer du temps à former ou faire du support pour ce type d’utilisateur alors que ce n’est pas nécessaire avec un autre OS.

zeqL

Il faut arrêter avec ces idées ; j’ai déjà vu des boîtes utiliser du desktop Linux et les utilisateurs n’avaient pas besoin de faire des commandes dans la console, ni même de connaître l’informatique outre mesure si c’est pour faire de la compta.

Je suis déçu de lire ces commentaires où j’ai l’impression que vous n’arrivez pas à vous mettre à la place d’autres personnes dans les sociétés où vous travailler pour essayer de comprendre le choix de Windows. Et surtout vous imputez à Windows des choix des administrateurs IT qui n’ont rien à voir, dans ma boite :

  • On utilise l’antivirus natif de Windows
  • Les mises à jour ne sont pas forcées et on reçoit des mails car les serveurs doivent être mis à jour et redémarrés (donc faut sauvegarder les données si nécessaire)
  • OneDrive fonctionne correctement chez tout le monde
  • On ne nous force pas à avoir des signatures avec des gif ou images dynamiques

zeqL

Il me semble que ce billet tente justement de se mettre à la place des autres, sinon il suffirait d’envoyer balader et de changer pour une société qui a fait un autre choix non ? T’en as de la chance en tout cas d’utiliser l’antivirus natif (qui ne semble pas assez bien pour les décideurs qui veulent pourtant réduire les coûts) et de ne pas avoir de mises à jour forcées (espérons que les gens les font du coup, sinon bonjour sécurité) ainsi que du onedrive fonctionnel (perso ça m’a toujours foutu n’importe quoi ce truc.)

+4 -0

Et oui Windows est présent car tout le monde n’est pas habitué à Linux ou MacOS. Marie (ou Roger) de la compta, si tu commence à lui dire d’aller faire quelques commandes dans la console, elle risque d’être perdue. Ce qui voudra dire passer du temps à former ou faire du support pour ce type d’utilisateur alors que ce n’est pas nécessaire avec un autre OS.

zeqL

Personnellement, j’ai plutôt l’impression que c’est toi qui es élitiste par cette phrase. La ligne de commande est une interface comme une autre. Moins connue et moins sexy, certes, mais cela n’en reste pas moins un outil intéressant. Il est parfaitement possible de s’y habituer, sans nécessité d’être un pro de bash ou autre. Y a du bon dans les interfaces graphiques comme dans les interfaces textuelles, et l’une n’est pas intrinsèquement plus complexe que l’autre. C’est aussi complexe pour un non initié de trouver le bon sous-menu pour régler une option que de taper la bonne commande, c’est différent, mais pas nécessairement plus compliqué.

On y gagnerait à regarder un peu en arrière, quand le manuel d’UNIX prenait le temps d’expliquer à une secrétaire comment utiliser ed1. :B

Je trouve dommage de toujours partir du principe que les utilisateurs sont des quiches et de ne faire aucun effort côté formation ou autre.


  1. Véridique: voir la section « Advanced Editing on UNIX » de la 7ième version du manuel d’UNIX.
+3 -0

Je trouve dommage de toujours partir du principe que les utilisateurs sont des quiches et de ne faire aucun effort côté formation ou autre.

L’une des idées fondamentales de l’UX, de nos jours, se résume à : User interface is like a joke. If you have to explain it, then it’s not that good.

Attention, je dis ça alors que l’essentiel de mon utilisation professionnelle d’un ordinateur passe par ces "choses"1 que sont vim, zsh, les scripts bash, git en ligne de commande… Bref, la console (avec juste un navigateur web à côté).

Pour le meilleur comme pour le pire, les gens2 sont désormais habitués à utiliser des logiciels qui bénéficient de décennies d’expériences et de progrès en termes d’intuitivité, d’ergonomie et d’UX, où il n’y a même plus de texte sur les boutons : un symbole, une forme et une couleur suffisent à comprendre intuitivement ce qui va se passer quand on clique dessus.

Certes, il existe toujours des manuels, et d’ailleurs les recherches de la décennie passée sur "l’inclusivité logicielle" montrent qu’il existe de très nombreux types d’utilisateurs (certains modèles comptent jusqu’à 7 personnas possibles), et que certains seront bien plus enclins à ("câblés pour") aller lire le manuel avant de tenter quoi que ce soit, là où d’autres préfèrent bidouiller et tirer partie de la découvrabilité offerte par les menus déroulants d’une GUI… Et ce n’est qu’un élément de distinction parmi des dizaines.

Partant de là, les interfaces textuelles ou console sont vraiment particulièrement adaptées à un type d’utilisateur (les "gens comme moi") mais un repoussoir total pour d’autres qui n’oseront jamais bidouiller, essayer de taper les commandes avec l’option -h qui est plus ou moins universelle, ou même penser qu’il existe un manuel.

Pour les outils professionnels, c’est quelque part encore pire parce qu’il s’agit assez souvent d’outils très spécialisés, avec un public très restreint (mais pas forcément plus uniforme), et un effort (ou plutôt des moyens : humains, financiers, organisationnels) de développement bien moindre, par rapport aux logiciels "grand public".

Dans ce contexte, le choix d’écarter a priori les interfaces textuelles reste celui qui, dès le départ, permet de rendre le logiciel à peu près confortablement utilisable et "apprenable" par le plus grand nombre.


  1. Je n’arrive pas à lire ce mot sans y accoler un ton de vague dégoût hautain, c’est terrible. Ce faisant il a tendance à polluer des posts entiers, et j’aimerais attirer l’attention dessus, juste pour dire "attention, chaque fois qu’on l’emploie, on peut être sûr que l’on va automatiquement froisser quelqu’un"…
  2. En temps normal j’aurais dit "le commun des mortels" pour déconner, mais il est question ici d’élitisme, et ici aussi, je considère que ça enverrait des signaux contradictoires…
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Bonjour, as-tu entendu parler d’Archlinux notre sauveur ?


Sinon plus sérieusement quand j’ai eu à intégrer des outils Microsoft sous mon environnement Linux pour le boulot, j’ai utilisé les versions web/electron.
Ce n’était certes pas terrible (la version web/linux de teams est vraiment mauvaise par exemple, ne permettant même pas d’afficher plus de 4 participants simultanément) mais ça faisait le boulot, il faut dire que j’en avais un usage relativement limité (consulter mes emails — ce qui était le plus pénible avec outlook web, et faire quelques réunions teams dans la journée).

Je pense qu’à terme j’aurais essayé de configurer un autre client mail lourd, par contre pour la visioconférence je n’ai pas trop de solution si ce n’est d’essayer de pousser d’autres outils quand c’est possible (au sein d’une même équipe tu n’as pas toujours besoin d’utiliser l’outil officiel™).

Pour moi, les deux problématiques soulevées sur les interfaces sont orthogonales : en effet il y a des personas différents qui ont des sensibilités différentes sur les utilisations des interfaces et totu un socle de conventions difficiles à modifier sans une excellente raison1. D’ailleurs ces conventions existent en GUI comme en CLI ou en interfaces physiques.

Mais c’est tout aussi vrai que les utilisateurs sont capables d’apprendre à utiliser de nouveaux outils, donc de nouvelles interfaces, et le feront généralement sans souci si ça leur est profitable. Je vois beaucoup trop souvent l’argument que les utilisateurs (les non techniques sont souvent visés) sont incapables de changement, c’est faux. Mais comme tout changement, il doit être accompagné.

D’autre part, c’est pas parce qu’on aime un outil qu’on aime tout ce qui va avec. Par exemple je bosse beaucoup avec bash (le shell) mais je déteste bash (le "langage" de programmation).


  1. Exemples concrets : l’image de disquette pour enregistrer, l’image de téléphone à cadran pour le téléphone, qui ne correspondent plus à aucune réalité et sont devenus des idéogrammes.

Je vois beaucoup trop souvent l’argument que les utilisateurs (les non techniques sont souvent visés) sont incapables de changement, c’est faux. Mais comme tout changement, il doit être accompagné.

C’est tout à fait vrai. Un exemple (et je prends ici un exemple volontairement un peu provoc, désolé) d’un tel accompagnement pour faciliter l’apprentissage et l’adoption d’un logiciel dont le public cible est pourtant large est vim-adventures. Pourtant, cela n’empêche pas ta première réaction intuitive, en apprenant l’existence de vim-adventures, d’y voir un "gros red flag".

Ce que j’essaye d’illustrer ici, c’est que les gens gardent, quoi qu’il arrive, une limite de tolérance à ce qu’ils peuvent adopter et qui sort de leurs habitudes, avant même de considérer un profit potentiel à cette opération. Autrement dit une limite d’"inconfort temporaire acceptable" (ITA: ce terme est de moi et date d’il y a 3 secondes).

Certes tout le monde est capable de changement, mais seulement dans une certaine mesure. Si demain mon employeur me disait que désormais tous les devs de la boîte doivent uniformiser leur OS et leurs outils et que je me retrouvais à devoir impérativement passer sous MacOS et utiliser XCode, par exemple, j’en comprendrais la raison, je serais parfaitement d’accord avec, mais je serais incapable de dire dans quelle mesure cela dépasserait ou non mon ITA : c’est juste aux antipodes de ma façon de travailler.

+1 -0

Merci pour à tous pour vos réponses, ça me donne à réfléchir. Globalement, ça va dans le même sens, et que @Spacefox a parfaitement résumé ça:

Le problème est de savoir, si dans le contexte d’une entreprise (ou assimilé), il est possible de se passer de l’écosystème mis en place avec Windows […]

Tout est là.

Ce n’est pas une question d’élitisme: actuellement, je1 suis significativement plus efficace sous Linux. Mon collègue est tout aussi efficace que moi sous Mac, et on a quelqu’un dans mon labo qui arrive au même degré d’efficacité sous Windows. Linux est un outil que j’ai appris à utiliser, et comme tout outil qu’on ponce depuis un bout de temps, bah on le connais et on sais l’utiliser. Il se trouve que ça implique de la ligne de commande, mais ça ne me rend pas supérieur pour autant, et certains interfaces graphiques permettent d’arriver au même résultat. Spacefox l’avait déjà pointé dans un billet sur git à l’époque.

Le problème, c’est que je me demande si je dois changer d’outil: rien ne m’empêche fondamentalement de le faire, et comme je l’ai dit dans le billet, y’a moyen que je retombe sur mes pattes. C’est jute que c’est pas agréable (c’est changer ces habitudes, ce n’est jamais agréable !) et que ça me fait sortir de ma zone de confort. @nohar vient également de le mettre dans le message juste au dessus du mien, et je confirme que c’est un problème d’ITA. D’ailleurs, Spacefox a aussi mis le doigt sur l’autre problème: mon employeur a tout intérêt à ce que je sois efficace, ce qui signifie effectivement qu’accepter les solutions de manière aveugle n’est pas une option: ça doit être réfléchi.

Sauf que …

Je suis assez interloqué par ça. Tu amènes et administres ton matériel toi-même, et j’imagine, le connecte au réseau interne de l’université… Ils s’inquiètent pas trop de la sécurité informatique chez vous ? S’ils ne sont pas inquiets (ils devraient un minimum), qu’est-ce que ça peut leur faire que tu aies un Linux sur les PC qu’ils fournissent ? Ne pas fournir le support, c’est une chose, mais désavouer le système sans l’interdire complètement, c’est cocasse.

Aabu

@Aabu met le doigt sur une partie du problème: pour les raisons que j’ai cité dans mon billet, le service informatique de l’unif fait ce qu’il peut avec les ressources qu’il a. Ça passe par déléguer certaines tâches à l’utilisateur dès qu’il montre qu’il sait un peu ce qu’il fait. C’est mon cas, et c’est généralement le cas chez les chercheurs de mon labo. Donc oui, la sécurité ici, c’est beaucoup du "on croise les doigts pour qu’il arrive rien de grave" et "tu sais ce que tu fais, hein?". Principalement par manque de temps et de formation.

En fait, ce passage chez Microsoft, c’est justement l’occasion de remettre un peu d’ordre dans ce bordel organisé, en "imposant" une plateforme de Cloud2 (fini les Dropbox et les Google drive à gauche et à droite) et un environnement de travail (… Celui de Microsoft, mais ça aurait pu être un autre).

Et je pense qu’une partie de mes difficultés provient justement du fait que maintenant, il est temps de rentrer dans un cadre … Qui n’existait pas jusqu’ici.


  1. Les deux mots sont important
  2. Pour être tout à fait complet, on en avait déjà un, mais limité
+0 -0

Mais c’est tout aussi vrai que les utilisateurs sont capables d’apprendre à utiliser de nouveaux outils, donc de nouvelles interfaces, et le feront généralement sans souci si ça leur est profitable. Je vois beaucoup trop souvent l’argument que les utilisateurs (les non techniques sont souvent visés) sont incapables de changement, c’est faux. Mais comme tout changement, il doit être accompagné.

SpaceFox

J’aurais même tendance à dire que ce sont justement les utilisateurs techniques qui sont souvent les plus réfractaires. :-°

+1 -0

C’est tout à fait vrai. Un exemple (et je prends ici un exemple volontairement un peu provoc, désolé) d’un tel accompagnement pour faciliter l’apprentissage et l’adoption d’un logiciel dont le public cible est pourtant large est vim-adventures. Pourtant, cela n’empêche pas ta première réaction intuitive, en apprenant l’existence de vim-adventures, d’y voir un "gros red flag".

nohar

Parce que n’a pas grand-chose à voir. Mon problème avec vi, c’est que l’ergonomie est si particulière et si différente de tout le reste qu’il faut tout réapprendre : le socle commun d’ergonomie dont on parlait plus haut est complètement ignoré. L’existence de vim-adventures est bien pour moi un avertissement quand à l’ergonomie de vim.

Mais là on ne parle pas d’accompagnement au changement, pas spécifiquement.

Le jour où je dois utiliser vim de façon pousser, des outils comme vim-adventures deviennent un bonus pour accompagner le changement.

Mais pour que le changement soit accepté (d’une façon générale), il doit être d’abord justifié et expliqué, pour être intégré par les personnes concernées. Les outils de fluidification de la migration ne sont que ça : des outils pour rendre la migration plus agréable. Ils ne sont jamais des arguments à part entière – même si leur absence peut être un gros frein, on est face à des arguments négatifs, mais pas positifs.

Pour reprendre l’exemple de vim : si demain ma boit me dit que j’ai pas le choix et que je dois absolument bosser avec vim, il y a en fait deux possibilités :

  • Soit il y a avec une vraie réflexion sur le confort et l’efficacité de travail qui me convaincront, et là j’y passerai sans problème, et je serai content d’avoir vim-adventures pour m’aider.
  • Soit c’est une décision non expliquée sans avantage clair pour moi, et là la présence de vim-adventures ne servira à rien, parce qu’on m’impose un changement sans raison connue, et donc je vais probablement aller voir ailleurs.

En fait la plupart des changements d’outils qui échouent sont dans la seconde catégorie, à cause de décideurs qui pensent qu’il suffit d’imposer dfle nouven outil et son éventuel facilitateur (doc de migration, etc) pour que ça fonctionne. Sauf que non, y’a des humains en face, humains qui sont à la fois capables de se former sur de nouveaux outils, mais aussi qui ne veulent pas le faire sans bonne raison.

@Taurre les utilisateurs techniques ont souvent des outils multiples et complexes, et un travail qui demande de se poser beaucoup de questions. Ça fait autant de raisons pour lesquelles leur imposer un changement d’outil sans explication est difficile. Ça fonctionne aussi avec les utilisateurs avancés d’outils métier complexes, pour lesquels le moindre changement de détail peut en fait leur faciliter énormément ou leur pourrir la vie, et qui donc sont naturellement réfractaires à ces changements.

On va s’éloigner du sujet et je vais jeter quelques pavés dans la mare

Je trouve dommage de toujours partir du principe que les utilisateurs sont des quiches et de ne faire aucun effort côté formation ou autre.

L’une des idées fondamentales de l’UX, de nos jours, se résume à : User interface is like a joke. If you have to explain it, then it’s not that good.

nohar

Chaque fois que j’ouvre µ$ w0rd ou que je navigue sur le site de billetterie de la sncf ou d’autres, j’ai bien l’impression que c’est une joke (une vaste blague…) dans le sens où c’est incompréhensible à souhait.

Faisant de la formation d’initiation à l’informatique, je me rends bien compte par ailleurs qu’aucune interface dite intuitive ne l’est pour une personne qui n’a jamais connu quelque chose de similaire. Les gens qui s’accrochent à Windows s’accrochent à une interface qui n’est pas intuitive mais dans laquelle ils/elles ont développé des automatismes, en plus d’avoir peur de devoir gravir de nouveau une montagne ailleurs. Ces mêmes personnes ne veulent paradoxalement pas changer leur téléphone Android contre un téléphone sous WinCE, preuve qu’il n’est pas si compliqué pour elles d’utiliser une GUI sous Linux (et que les habitudes prises sur le smartphone priment plus que Windows en fait.)

Pour le meilleur comme pour le pire, les gens1 sont désormais habitués à utiliser des logiciels qui bénéficient de décennies d’expériences et de progrès en termes d’intuitivité, d’ergonomie et d’UX, où il n’y a même plus de texte sur les boutons : un symbole, une forme et une couleur suffisent à comprendre intuitivement ce qui va se passer quand on clique dessus.

nohar

Là aussi, l’intuitivité est plus une question d’habitude… Et la première fois il faut expliquer (un comble pour des trucs supposés se passer d’explication) : je me rappelle par exemple de certaines personnes qui pendant longtemps n’ont pas compris le fameux bouton hamburger qui est apparu sur les applis de leur téléphone (et paradoxalement, ou parce-que les gens ont la mémoire courte en plus de prendre leurs habitudes pour de l’innée, ces mêmes gens clament aujourd’hui que c’est intuitif et universel…)
Là aussi, les symboles/formes/couleurs ont des acceptations qui varient selon l’aire culturelle. Les émojis détournés pour parler d’organes sexuels ne sont pas les mêmes en Europe ou en Asie orientale (où on ne percute pas du tout nos fruits et légumes.)

Pour les outils professionnels, c’est quelque part encore pire parce qu’il s’agit assez souvent d’outils très spécialisés, avec un public très restreint (mais pas forcément plus uniforme), et un effort (ou plutôt des moyens : humains, financiers, organisationnels) de développement bien moindre, par rapport aux logiciels "grand public".

Dans ce contexte, le choix d’écarter a priori les interfaces textuelles reste celui qui, dès le départ, permet de rendre le logiciel à peu près confortablement utilisable et "apprenable" par le plus grand nombre.

nohar

Les logiciels métiers dans les interfaces textuels étaient pourtant jugés assez confortables par leurs usagers. La seule grande différence quand ces mêmes logiciels sont passés de DOS à Windows 9x, c’est que des usagers ont commencé à jouer au solitaire (le jeu de cartes) sur leur poste de travail :sifflote:

+1 -0

Changer de système d’exploitation, non… Mais changer d’université ?

Tu précises à raison que ce billet n’est pas un pamphlet contre ton université, nous sommes d’accord là-dessus.

Naïvement je te dirais de penser à toi avant de penser à ton université et à ce que tu veux. J’ai le sentiment que tu te maintiens dans un environnement quelque peu sclérosé qui ne te convient pas sur plusieurs aspects.

Parce que sinon, non seulement tu ne te poserais pas de questions sur les moyens mis en œuvre (les discussions « Windaube vs Linux » ça date pas d’hier) mais en plus, m’est avis que tu ne te prendrais pas autant la tête à en faire tout un billet.

Quelle est la finalité de ton emploi ? Tu fais de la recherche en chimie dans ton université, c’est ça ? J’ai du mal à comprendre en quoi utiliser un autre environnement que celui qui t’est personnel te met en porte-à-faux si l’objectif c’est de découvrir une nouvelle molécule qui soigne certaines maladies (attention je spécule, je ne suis pas chimiste).

Linux, Windows, Mac OS etc. ne sont en rien des finalités pour ce genre de problématique : il faut distinguer pierre_24 le docteur en chimiste de pierre_24 le programmeur amateur. ;)

De mon côté j’ai fini par laisser tomber Linux sur mon poste personnel pour deux raisons :

  • quand j’ai envie de me taper une heure de jeux AAA (personne n’est parfait), je n’ai pas envie de devoir redémarrer mon système en permanence / jouer avec un gestionnaire de machines virtuelles parce que ça me rajoute de la friction ;
  • j’avais beau utiliser Debian qui est stable, à chaque fois que je devais résoudre un problème, ça me prenait beaucoup, beaucoup de temps. Et le temps c’est précieux.

Mais comme toi j’aime beaucoup l’écosystème et la philosophie Linux ; j’ai simplement trouvé un équilibre avec WSL dont ton collègue semble très heureux. Aujourd’hui je me contente allègrement du « suivant suivant terminer » dans un contexte pro et où je peux double cliquer sur une icône de jeu pour me défouler une heure juste après dans un contexte perso. Mais c’est quelque chose qui me regarde.

Est ce que c’est ça, devenir adulte ? Abandonner ces convictions et être raisonnable ?

Comme dit @nohar, non, n’abandonne pas tes convictions ! Je pense que c’est important que tu sois aligné avec elles, surtout si elles te permettent d’être heureux.

Et je pense qu’une partie de mes difficultés provient justement du fait que maintenant, il est temps de rentrer dans un cadre… Qui n’existait pas jusqu’ici.

@pierre24, ça peut être un mélange des deux. Le changement de cadre est désagréable souvent, mais il faut que le cadre soit effectivement adapté un minimum au besoin et laisser le temps au besoin d’évoluer pour s’adapter au cadre de manière satisfaisante.

J’ai vécu un gros changement de cadre pour basculer l’entreprise vers la bureautique de Google en remplacement d’Office. Ça été fait à marche forcée : trois mois entre l’annonce du changement et la privation des licences Office. Zéro marge, pas de période de transition. Plus de 2000 entrées dans le cahier de doléances pour notre site de quelques centaines de personnes. Des choses très basiques souvent et qui empêchent le travail efficace. La transition a été catastrophique et a causé des soucis pendant des mois. En soi, la transition aurait pu être mieux menée, parce qu’après avoir effectivement eu le temps de résoudre les soucis, c’était surtout différent, pas moins bien. Sauf Google Docs qui est une énorme daube.

Dans un cadre universitaire, j’ai beaucoup de mal à accepter qu’on puisse ne pas supporter tous les systèmes d’exploitation majeurs. Les chercheurs (et non-chercheurs) ont des besoins variés et changeants selon les outils nécessaires pour leurs recherches. On ne peut pas toujours se contenter de rustines pour tout. Aussi, on ne maîtrise pas le matériel des gens avec qui on collabore dans d’autres entités. Avoir des formats et des protocoles ouverts est une mitigation de ce genre de problèmes, qu’on oublie souvent quand on s’enferme dans des solutions pas tout à fait standard ou mal supportées en dehors de leur univers.

+7 -0

@Gil Cot C’est pour ça que j’avais précisé "pour le meilleur comme pour le pire", sans trop rentrer dans le détail.

Cette intuitivité repose sur des codes repris à peu près universellement, mais auxquels il faut toutefois être exposé assez longtemps pour les intérioriser. Les jeunes enfants avec leur plasticité extraordinaire n’ont aucun problème à les acquérir, sans jamais avoir vu une disquette ni un disque dur ni un combiné de téléphone à cadran en bakélite de leur vie, à condition qu’on leur explique au moins une fois. Mais ce sont justement des enfants : apprendre des règles arbitraires, ils font ça à chaque fois qu’ils inventent un jeu à la récré.

Face à cela tu as aussi les gens qui se sont frotté vraiment sur le tard à l’outil informatique. L’exemple qui me vient en tête est mon père, que j’ai observé pester et taper et appuyer frénétiquement sur tous les boutons au lieu d’écouter des explications… Puis les années passant, solliciter de moins en moins d’aide (enfin, râler de moins en moins) et y arriver de plus en plus du premier coup : les dernières années de sa vie, il était parfaitement autonome avec son smartphone, même quand on lui avait installé WhatsApp, naviguer dedans n’était plus un problème, sans qu’on ait besoin de lui faire un cours.

Du coup on est bien d’accord : l’intuitivité est culturelle, acquise, mais "globalement", de nos jours, il y a de nombreux codes qui sont repris universellement et qui facilitent énormément la compréhension. Et il y a des manuels entiers pour les expliquer, à destination des développeurs.

… Et il y a aussi ceux qui n’ont rien pigé et qui essayent de faire pareil, mais le font de travers (je pense à toi, oui, toi, le designer de la nouvelle interface de l’espace client d’LCL, et je te remercie d’avoir laissé un bouton pour revenir à l’ancienne interface bourrée de texte : un quart d’heure pour trouver comment modifier un plafond de virement, c’est 14 minutes de trop). Ça aussi, ce n’est pas nouveau. :)

Les logiciels métiers dans les interfaces textuels étaient pourtant jugés assez confortables par leurs usagers.

J’ai envie de tempérer : on a toujours remarqué que "les gens y arrivent très bien", mais on remarque aussi de nos jours, qu’il y a 3 (chiffre arbitraire, flemme de rechercher mes sources, mais bien supérieur à 1 dans tous les cas) fois plus d’hommes que de femmes dans les métiers de l’informatique quand bien même ce n’était pas le cas avant.

À l’échelle de la totalité de la société et des décennies passées, les logiciels pensés pour un seul type d’utilisateur (le plus souvent, sans surprise, le même type que ses développeurs) ont cet effet délétère de faire instinctivement comprendre à certains segments de la population que c’est "pas pour eux", ce qui les pousse, indirectement, couplé à d’autres facteurs (dont l’inertie de l’ordre établi), à faire autre chose de leur vie et restreindre leurs choix de carrière.

C’est surtout ici, à cause de cet effet papillon, que l’inclusivité logicielle devient un domaine de recherche intéressant.

PS: C’est loin d’être la seule cause, attention. Mais ce phénomène n’en est pas moins caractérisé, et on sait (du moins on a une bonne idée) aujourd’hui comment y remédier.

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Les logiciels métiers dans les interfaces textuels étaient pourtant jugés assez confortables par leurs usagers.

Gil Cot

« Confortables » je ne sais pas, « efficaces » peut-être.

Dans les centrales électriques, toute opération, le moindre changement de boulon, est tracée. Pendant longtemps c’était fait avec une interface en mode texte, un genre de truc qui ressemblait à un terminal. C’était atroce à apprendre, mais quand tu savais t’en servir, c’était extrêmement efficace. Quand tu es technicien sur centrale, c’est le type même de logiciel qui t’emmerde, c’est pas vraiment ton boulot, mais tu dois le faire et en y passant le moins de temps possible, et bien sûr c’est un logiciel dédié à ce seul usage et à peu près le seul que tu utiliseras. Un beau cas d’ultraspécialisation, donc.

Il y a quelques années, la direction a voulu changer ce logiciel, entre autres parce que tellement antique que difficile à maintenir en fonctionnement. Le truc a été intégralement refait avec une jolie interface graphique et tout. Qui a immédiatement fait hurler les utilisateurs, non pas parce que ça avait changé ou que c’était graphique, mais que le chemin le plus court pour faire une opération quotidienne (genre déclarer un changement de boulon) était passé de 5 à 20 minutes…

La raison ? Elle est complètement idiote. Personne, jamais, dans le processus de développement, ne s’était demandé par qui et comment le logiciel allait être utilisé, et aucun des utilisateurs n’avait été consulté sur son usage avant la mise en production.

Le cas est extrême mais est un bon exemple. Cela dit, le problème des logiciels grand public (Windows pour commencer), c’est plutôt l’inverse : dans les quelques personas sélectionnés comme principaux ou dont on veut soigner l’expérience, « le power user » n’est jamais dedans. Ça explique une bonne partie des choix de conception d’interface de Windows, Office ou les refontes des sites des banques (au passage, Microsoft est connu pour faire énormément de test UI/UX, y compris avec des utilisateurs réels).

Je ne sais pas si mon avis peut-être intéressant vue que je suis en licence d’informatique. Ce que je veux dire c’est que j’ai aucune expérience professionnel (ou j’avais besoin d’un pc). Donc ca faut ce que ca faut Quand je suis rentré à la fac j’ai voulue me mettre à 100% sur linux et arrêter d’utiliser mon window et mon mac. Donc, j’ai décidé de demander à un de mes profs de me parler des différentes distributions, et la gagnante est Debian. Et après un certain moment je me suis dis, je préfères faire telle tâche sur mac, une autre sur window. Et peut-être que c’est un peut naïf de faire ca dans le monde du travaille. Mais n’est-il pas possible d’utiliser window et linux? En faite, je veux dire que chaque OS à ses avantages et ses désavantages, le mieux est pas de prendre le meilleur partout?

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Les jeunes (pas forcément enfants mais globalement des novices ayant assez de mémoire et encore de la plasticité pour avaler des nouveautés arbitraires) et les parents (plus exactement les gens qui y viennent sur le tare) ; c’est exactement une bonne partie du public que je rencontre et qui me fait relativiser (sur les vérités absolu de tel interface qui serait juste intuitif en oubliant sa propre première fois…)

Je sais qu’il y a pas mal de recherches, mais je ne savais pas qu’il y avait foison de documentation pour les devs. Et comme d’habitude ce n’est visiblement pas intuitif pour ces devs (qui d’un autre côté doivent pondre du code plus vite que leur ombre) de lire ces manuels ; à moins que ce soit les designers qui se préoccupent plus d’en mettre plein la vue que d’utilisabilité (ça fait penser aux concours d’égo et à la recherche de gloire des architectes dans d’autres domaines.)
Je suis chez LCL aussi et idem les deux trucs que j’avais besoin de faire la dernière fois que j’y était n’étaient plus possible avec la nouvelle interface. On est loin de la facilité et de révolution qu’on a voulu nous vendre.

Pour les logiciels métiers, j’ai souvenir d’une époque un peu lointaine où justement c’est conçu avec les gens qui doivent l’utiliser… Par contre effectivement, ce n’est pas accessible comme par magie aux personnes qui ne sont pas du métier, mais la prise en main devait être assez rapide pour qui s’était formé-e au métier et aux façon de faire de l’entreprise (car chaque marque/fabricant/etc avait sa logique et ses process, et le logiciel de l’un ne pouvaient pas s’utiliser chez l’autre…) Oui, faut tempérer, tout n’est pas rose.
Édition : C’est bien ce que dit SpaceFox, ces logiciels métiers sont performants (et non confortables …mais ça devient inconfortable quand ça devient moins efficace sous prétexte d’évolution) d’une part, et la problématique est toute autre (voire pratiquement inverse) pour les logiciels dit grands publics. Par contre je ne sais pas quel est le panel des testers chez Microsoft car le résultat n’est pas toujours probant je trouve : soit quelques rares personnes adorent (je ne sais pas si ça atteint 20% autour de moi), soit on déteste (c’est typiquement les power users et quelques anti-ms de principe), soit on s’y fait (ce qui semble être le cas de la majorité autour de moi) et on s’habitue (cas de plus de la moitié.)

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