Comment articuler sa pensée ?

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Bonjour,

étant en plein rédaction de mon mémoire, une remarque ressort souvent de la part de mes directeurs de mémoire : j’arrive pas à articuler ma pensée. Dit autrement, autant mon analyse fonctionne, autant mes sous parties sont bien, autant elles ne « dialoguent pas » avec les autres. C’est quelque chose de sectorisé, au lieu d’avoir un truc fluide. L’une des hypothèses que j’ai, c’est que je pense en manière systémique, et chaque point est un nœud du système. Bref, comment faire pour que j’ai une argumentation bien linéaire ?

Cordialement,

qwerty

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Dans mon domaine, une des clés, c’est de raconter une histoire.

Qu’est-ce que je veux montrer et pourquoi (introduction), comment je compte m’y prendre (fin de l’intro, avec une présentation rapide des différentes section). Ensuite, je présente les méthodes, et essayant de les mettre en relation avec ce à quoi elle vont servir. Viennent ensuite les résultats avec la discussion mélangée, et finalement, les conclusions.

Par exemple (ce n’est pas mon travail, mais j’ai beaucoup aimé la démarche derrière la série d’articles dont je vais parler), l’identification d’un composé qui apparaissait sous certaines conditions en mélangeant UN et U3Si2.

  • La constatation initiale était qu’il y avait des zones d’autres couleurs dans les images microscopiques, mais pas tout le temps. De là sont venues les questions, et donc l’histoire: quand est-ce que ce composé apparaît ? Quel est-il ?
  • Pour y répondre, des expérience, avec variation de la température, de la durée à haute température, des diamètres initiaux des poudres, etc.
  • En parallèle, analyse de cette zone : composition chimique, détails cristallographiques, etc.
  • Les expériences initiales ne sont pas conclusives et prennent longtemps, donc plusieurs travaux de simulation : Se pourrait-il que ce soit juste l’un des composé avec l’autre atome en solution solide ? Peut-on trouver des similitudes avec le système U-Si-C qui a été étudié ? Est-ce que des méthodes de force brute (telles que les algoritmes génétiques associés à la DFT) peuvent aider ?
  • Et enfin, avec toutes les informations, une conclusion, même partielle. Dans ce cas, il semblerait que ce soit du U20Si16N3.

En résumé, plus que des connecteurs au niveau du langage, il faut des connecteurs au niveau de l’histoire. Si l’histoire est fluide et les raisons pour les différentes étapes sont logiques, la présentation s’en trouve très facilitée.

Salut,

Tu travailles dans quel domaine ?

Moi j’utilise une technique. Je prend un feuille de brouillon et je dessine un nuage de mots clefs qui correspondent à mon propos (idées,exemples,théories) en les reliant entre eux par des liens, éventuellement en annotant les liens pour préciser la nature du lien.

Une fois que j’ai fait ça,je rassemble mes groupes de mots clefs en grosses "bulles" thématiques (des trucs qui forment des clique sur mon dessin), et je donne un titre à ces grosses bulles. Et les mots clefs servent d’abstract.

Quand tu organises les idées comme ça, c’est plus facile de "fabriquer" une argumentation linéaire : tu visualises les "chemins" évidents dans la progression du propos (de bulle en bulle), et si t’as des liens problématiques qui bouclent à l’envers, ça peut vouloir dire que tu as besoin de déplacer cette partie du propos dans une autre section.

J’ignore sur quoi tu travailles. J’ignore si c’est bien adapté à un mémoire en science. Néanmoins j’avais appliqué ces méthodes pour mon bac français, mes dissert de philo, et même un concours d’éloquence, et chaque fois j’avais été satisfait du résultat.

Tu travailles dans quel domaine ?

Sciences sociales.

Justement, j’ai fait ce nuage de bulles thématiques, et c’est ça qui pose problème, vu que ça sectorise mon propos.

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Dans mon domaine, une des clés, c’est de raconter une histoire.

Rockaround

C’est également le conseil générique que donne Daniel T. Willingham dans son excellent "Why Don’t Students Like School?: A Cognitive Scientist Answers Questions About How the Mind Works and What It Means for the Classroom".

Une manière de suivre cette approche est de poser des questions. En début de section, tu poses une question à laquelle tu réponds. Très probablement, ça soulèvera une autre question, à laquelle tu répondras dans la section suivante, etc. Autrement dit, demande-toi d’abord pourquoi tu introduis une section avant de définir ce que tu vas mettre dedans.

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Si je résume :

  • Rassembler des brides d’informations pour les faire dialoguer entre-elle ;
  • Puis se poser une question ;
  • Puis raconter une histoire à partir des brides pour répondre à la question ;

C’est ça ?

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Je ne suis pas sûr de tout comprendre.

Le terme « histoire » ne fait référence au récit mais à l’enchaînement logique d’idées. Dans un roman, les personnages sont face à un problème (« apporter l’anneau de Sauron aux elfes ») et tentent de le résoudre. Durant cette résolution, d’autres problèmes se soulèvent (« aller détruire l’anneau soi-même ») ainsi que des sous-problèmes (« on ne peut pas passer par la montagne du fait de l’avalanche provoquée par Saroumane, que fait-on ? »). Autrement dit, aucun élément, si c’est bien fait, n’est introduit sans que le lecteur se demande ce qu’il fait là.

Si tu veux introduire BB après AA pour une quelconque raison, il faut que tu te demandes : après avoir lu AA, quelles questions le lecteur se posera-t-il et y en a-t-il une à laquelle BB peut répondre ?

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autant elles ne « dialoguent pas » avec les autres

Ce qui veut dire qu’on a une impression qu’elles sont indépendantes malgré le lien avec le sujet absent dans ton texte ? Ou justement il n’y a pas de lien entre elle ?

Si c’est le premier point n’oublie pas de faire une phrase de transition, et peut-être un rappel/lien de ce qui est a été dit. Ensuite renforce ton argumentation/conclusion pour ne pas faire un lien tacite mais explicite. Il peut être nécessaire rappeler le lien de la partie avec les autres parties pour qu’elles dialoguent ensemble.

Ma méthode, qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui a le mérite que je peux l’appliquer à la fois à des textes littéraires comme à des rapports de stages ou des documents professionnels.

  1. Je détermine le but du texte, donc la fin de l’histoire ou ce que le lecteur doit en avoir retenu s’il n’en retient presque rien.
  2. Je détermine les éléments principaux, ce qui doit être présent dans le résultat final.
  3. Je réfléchis à un axe de présentation principal : chronologique, thématique, etc.
  4. Je regroupe et range mes éléments pour les mettre en ordre par rapport à l’axe, pour que ça amène au but.
  5. Je fais un plan détaillé.
  6. Je vérifie la cohérence (cette étape est super importante !)
  7. J’ajoute diverses notes sur les éléments du plan : exemples, points sur lesquels insister ou peu importants, éléments auxquels faire attention, liens à préparer par la suite ou liens à faire avec ce qu’il y avait avant…
  8. Et seulement là j’attaque la rédaction puis la correction.

L’avantage à mes yeux, c’est que ça sépare clairement le travail de la structure et de la rédaction elle-même : sans ça j’ai tendance à partir dans tous les sens et à obtenir quelque chose de généralement beaucoup trop long et sans logique. Avec ma structure, je sais que j’aurai un résultat final cohérent et que je ne devrai pas supprimer les 2/3 du texte parce que je me suis perdu dans ma rédaction. Ou alors c’est que je me suis planté dès les étapes préliminaires, ce qui arrive aussi – mais rien ne t’empêche de te faire relire entre les étapes 7 et 8.

Elle a l’inconvénient de son avantage, c’est-à-dire qu’elle permet assez peu la surprise et les changements de direction en cours de rédaction. Ça peut être très chiant pour un texte littéraire, mais ça ne m’a jamais emmerdé dans les autres cas.

C’est une méthode qui nécessite quand même de réfléchir à un niveau « meta » à son texte, et qui a un côté très « architecte ». Elle ne convient pas à tout le monde, mais si ça peut te servir, fais-toi plaisir !

Salut !

Merci pour vos idées, je suis aussi droitier du cerveau, et j’ai donc aussi cette tendance. Avoir l’habitude de traiter l’info de façon globale, c’est cool, mais quand on a affaire à des tâches séquentielles, c’est la galère.

Solidarité aux cerveaux droits ! ;)

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