Conseils pour des néodoctorants ?

Le problème exposé dans ce sujet a été résolu.

64 heures de TD par an, ça plombe pas la productivité académique. En étant très large sur le temps de préparation et en comptant le double de nombre d’heures, ça fait 4 semaines à temps plein de "perdues" par an.

C’est pas si facile d’y passer si peu de temps. Pour peu que le TD soit pas deja prêt, sélectionner les exos, savoir les faire, et faire en sorte que ça s’enseigne, c’est assez demandeur en temps de travail.

D’où ma remarque sur « ne pas y passer 6 mois »

Je sais bien que c’est le sujet, mais n’oubliez pas que vos remarques sur l’enseignement en thèse sont assez franco-françaises. Au delà de ma bizarrerie belge, dans certains pays, donner cours est obligatoire. Ça dépend aussi fortement du promoteur, qui pousse parfois à ce que ces doctorants aident d’une manière ou d’une autre (parfois pour de mauvaises raisons).

Pour rajouter à ça et plussoyer @adri1, je suis d’accord que la thèse doit rester consacrée à la recherche, mais donner cours à pour moi un avantage non-négligeable: devoir revoir, travailler et expliquer les bases permet quand même de mettre les choses en perspective et est quand même vachement utile pour la thèse ("pu*** ça allait comment encore ce truc là ?"). Et effectivement, ça permet aussi d’avoir un moment ou on est obligé de "décoller" de son travail et de faire autre chose, ce qui est parfois bien nécessaire ;)

Je me greffe au sujet sur le tard, mais il me semble, à propos de l’enseignement, qu’il serait dommage de minimiser son apport intellectuel. Dans les phrases qui suivent, je pose une identité quelque peu artificielle entre enseignement et toute démarche explicative.

Enseigner, en soi, n’est pas une perte de temps : c’est plutôt le moyen de s’améliorer. Il y a un vieil adage qui dit que l’on a compris lorsque l’on se trouve en capacité d’expliquer clairement à autrui.

Le problème de la recherche, c’est qu’elle est obsédante, décourageante : elle enferme. Chaque fois que j’ai travaillé avec trop d’acharnement sur un sujet, je me suis trouvé dans une posture fâcheuse, celle où ce qui nous semblait clair, presque relever de l’évidence, se trouvait subitement obscurci par une magie étrange. Ce changement est presque toujours la conséquence d’un découragement, fut-il fugace, parfois même imperceptible.

L’enseignement, pour cela, m’a toujours semblé une parade utile. Expliquer à autrui, c’est expliquer à soi-même. Le sujet a beau ne pas être le même, l’enseignement permet de rester en contact avec un rapport à la connaissance autre, un rapport presque premier : car la connaissance n’existe qu’en tension avec un dehors. Comme le journal permettait selon Maurice Blanchot de se garder des affres du temps de la littérature, l’enseignement est peut-être ce qui conserve des affres du temps de la recherche.

Bien entendu, cela n’annule pas les précautions appuyées ci-dessus. Il est nécessaire en effet de faire bon usage de son temps et cela est vrai de toute chose. Je voulais simplement appuyer en quelques mots l’intérêt intellectuel de l’enseignement qui m’a semblé le grand oublié de cette très intéressante discussion, surtout pour qui se destine à terme au doctorat comme c’est mon cas pour l’instant.

Sur la question de l’enseignement:

  • de ce que j’ai compris c’est recherché si jamais tu postules a des postes de MCF: c’est beaucoup mieux d’avoir enseigné, au moins 3 ans. Attention au piège, les vacations ne sont pas toujours prises en compte.
  • Une grosse différence non évoquée (en France) c’est la paye… Si tu es sur une bourse MSER, sans cours, c’est (c’était ?, je crois que c’est légèrement plus) 1300€ net/mois. Avec cours, c’est 1600€ (1700?). C’est pas négligeable.
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Ça va changer pour les nouveaux thésards, le salaire nets pour les nouveaux contrats sera plus élevé. Autour de 1800 net sans ACE je crois. C’est encore loin du niveau d’expertise, et 200 balles en plus par mois pour enseigner sont bienvenus, mais ça va en faire un critère moins critique. Parce que les 1400 nets actuels sont franchement en dessous étant donné l’exigence du travail.

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J’ai fait partie d’un jury de recrutement MCF l’année dernière (en informatique). On a bien épluché le dossier d’enseignement des candidats, on leur a posé de vraies questions sur leur enseignement, et on a recruté des gens très solides là-dessus à l’audition. (On n’a pas regardé si les gens étaient vacataires, moniteurs, etc.; mais ça doit jouer pour la qualification qui est fait par des robots^Wadministratifs.) Ça ne se passe malheureusement pas comme ça partout, mais en tout cas cette fois-là "j’ai enseigné un an sur trois en minimisant le travail" ne serait pas passé du tout. (De toute façon, vu la pénurie de postes, les gens qu’on a pris avaient pas mal d’expérience après la thèse et avaient enseigné aussi après.)

Un conseil pour les néodoctorants (ou stagiaires-de-Master etc.): aller à des séminaires de recherche, ceux de sa structure mais aussi ceux des groupes pertinents thématiquement et proches géographiquement (en région parisienne, on est servi). Commencer par regarder quelles équipes existent et s’inscrire à leurs listes d’annonce de séminaire. Même quand on n’y va pas (on ne peut pas aller à tout), c’est une bonne façon de se tenir au courant, et quand on y va c’est une bonne occasion de rencontrer des gens.

Si on n’a pas de séminaires actifs autre part que dans son groupe, on peut aussi faire des efforts pour aller aux conférences (même locales) du domaine et présenter son travail quand c’est possible (workshops, etc.).

En France, les GDR (Groupement de Recherche) du CNRS structurent le paysage scientifique, en le découpant en grands thèmes avec une journée d’exposés annuelle, et chaque GDR est lui-même divisé en plusieurs "groupes de travail" (GDT), qui ont eux-mêmes leur journée d’exposés annuelle. Ce sont des événements scientifiques à portée nationale, donc une bonne façon de rencontrer plein de gens du sous-domaine et de leur parler.

(Pour aller quelque part il faut demander les sous pour payer le voyage, l’hôtel, l’inscription et la nourriture. Le fait de présenter quelque chose aide toujours à argumenter en faveur d’un déplacement.)

Enfin, on peut aussi contacter des groupes liés de façon spontanée. Si je travaille sur un sujet sur lequel Machin a beaucoup travaillé il y a quelques années, je peux lui envoyer un email « Salut Machin, j’aimerais bien discuter du sujet X, est-ce que je pourrais rendre visite à ton labo ? (je peux faire un exposé sur Y) ». Dans ce cas-là, c’est souvent au labo qui reçoit d’essayer de payer les frais de voyage — sauf si on a beaucoup plus d’argent qu’eux.

Ne pas faire d’enseignement c’est ce tirer un balle dans le pied. La plupart des posts fixes sont des mdf. Et particulièrement en SHS (d’amis en science po ~75% des post ouvert sont MDF), en pratique si t’as pas fait mini 200h d’enseignement (plutôt 300h) tu as quasi aucune chance d’être pris (sauf si coup de bol tu as LE jury parfait, des gens qui te connaissent, d’autres qui apprécient ta position politique etc.). Bref les thésards se jettent sur les ATER (qui eux même nécessite maintenant d’avoir donner des courts pendant la thèse tellement il y a de compétition…).

Après bien sur ça dépend de ton domaine précis. Ça peut varier en fonction de la quantité de thésard versus le nombre de poste ouvert.

De manière générale pour la thèse : n’arrête pas tes activités "extra professionnel" ne lâche pas tes cercles sociaux "extra professionnel". Quel qu’en soit la/les (mauvaise) raison. Même en 3eme année (même en 4eme année, même en 5eme année, même en etc.). La thèse ça peut briser des couples et des relations sociales. Surtout chez les gens qui se mettent la pression. J’ai suivi ce principe à la lettre (autant que j’ai pu quoi) et je peux te dire que je suis content de l’avoir fait.

Ne pas faire d’enseignement c’est ce tirer un balle dans le pied. La plupart des posts fixes sont des mdf. Et particulièrement en SHS (d’amis en science po ~75% des post ouvert sont MDF), en pratique si t’as pas fait mini 200h d’enseignement (plutôt 300h) tu as quasi aucune chance d’être pris (sauf si coup de bol tu as LE jury parfait, des gens qui te connaissent, d’autres qui apprécient ta position politique etc.). Bref les thésards se jettent sur les ATER (qui eux même nécessite maintenant d’avoir donner des courts pendant la thèse tellement il y a de compétition…).

Ça a l’air de beaucoup plus dépendre du domaine que ce que j’imaginais. Mais en même temps ça fait plus sens que prouver une activité d’enseignement soit nécessaire pour … enseigner.

Peut-être que la différence avec d’autres domaines vient aussi de la nécessité ou non d’avoir l’agreg, mais aussi du mode de fonctionnement de la publication de la thèse. L’enseignement change aussi pas mal d’une matière à une autre. Par exemple maintenant dans beaucoup d’université, les polys de maths des premières années sont quasiment intégralement prêts et distribués aux élèves tôt. Il n’est pas rare non plus que des collègues qui enseignent une même matière se répartissent la tâche d’écrire le poly, s’il n’existe pas. Donc la charge d’enseignement est moins grande, peut-être aussi donc moins valorisée (en tout cas dans les première années du cursus universitaire).

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Je relance un tout petit peu avec un conseil qui n’est pas toujours évident vu le nombre de cas foireux que j’ai vu…

En thèse, tu vas présenter tes travaux. Il est donc important de savoir faire une bonne présentation. Rien de plus horrible qu’une personne avec un ton monotone et des slides mal fichues…

Pour référence, quelques bons points ici : http://www.pl-enthusiast.net/2019/01/02/how-to-write-a-conference-talk/

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Une façon assez naturelle d’améliorer ses présentations, je pense, c’est de pratiquer pas mal pendant sa thèse: faire des exposés sur son travail en cours au sein de son équipe, aller aux petites conférences locales pour présenter son travail, dans le séminaire des autres équipes liées, etc. À chaque fois on fait des efforts pour bien présenter, on répète avec son équipe avant, et on s’interroge sur ce qu’on peut améliorer pour la prochaine fois. Au bout de trois ans de ce régime, on sait présenter son travail.

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