Je me greffe au sujet sur le tard, mais il me semble, à propos de l’enseignement, qu’il serait dommage de minimiser son apport intellectuel. Dans les phrases qui suivent, je pose une identité quelque peu artificielle entre enseignement et toute démarche explicative.
Enseigner, en soi, n’est pas une perte de temps : c’est plutôt le moyen de s’améliorer. Il y a un vieil adage qui dit que l’on a compris lorsque l’on se trouve en capacité d’expliquer clairement à autrui.
Le problème de la recherche, c’est qu’elle est obsédante, décourageante : elle enferme. Chaque fois que j’ai travaillé avec trop d’acharnement sur un sujet, je me suis trouvé dans une posture fâcheuse, celle où ce qui nous semblait clair, presque relever de l’évidence, se trouvait subitement obscurci par une magie étrange. Ce changement est presque toujours la conséquence d’un découragement, fut-il fugace, parfois même imperceptible.
L’enseignement, pour cela, m’a toujours semblé une parade utile. Expliquer à autrui, c’est expliquer à soi-même. Le sujet a beau ne pas être le même, l’enseignement permet de rester en contact avec un rapport à la connaissance autre, un rapport presque premier : car la connaissance n’existe qu’en tension avec un dehors. Comme le journal permettait selon Maurice Blanchot de se garder des affres du temps de la littérature, l’enseignement est peut-être ce qui conserve des affres du temps de la recherche.
Bien entendu, cela n’annule pas les précautions appuyées ci-dessus. Il est nécessaire en effet de faire bon usage de son temps et cela est vrai de toute chose. Je voulais simplement appuyer en quelques mots l’intérêt intellectuel de l’enseignement qui m’a semblé le grand oublié de cette très intéressante discussion, surtout pour qui se destine à terme au doctorat comme c’est mon cas pour l’instant.