L’éolien fonctionne généralement assez mal en été, période où il y a peu de vents soutenus. C’est pratique, parce que c’est la période de production maximale du solaire (… sauf la nuit, évidemment). Inversement, l’éolien fonctionne bien en hiver, mais là c’est le solaire qui est à la peine. Pour plus de détails, cf les données de Eco2mix/RTE.
Quant à l’incident du Blayais en 1999, c’est pas le plus gros recensé en France, et de loin. On a eu deux fusions de cœur en France, toutes deux à Saint-Laurent-des-Eaux, en 1969 et 1980. Des accidents de niveau 4 sur l’échelle INES (l’incident du Blayais est à 2).
L’une des particularité des centrales nucléaires par rapport à l’intégralité de l’industrie, c’est qu’on sait qu’un problème va arriver, et qu’on le prévoit. Le but est de contenir le problème pour qu’il ne tourne pas à l’accident, et surtout éviter la contamination à l’extérieur du site. On met des fortunes là-dedans (aucun autre industriel ne voudrait dépenser autant en sécurité), et on met à jour le matériel existant en fonction des retours d’expérience du monde entier. Les accident de Tchernobyl et de Fukushima ont provoqué des modifications sur toutes les centrales nucléaires françaises. Ça n’est rentable que parce que ces centrales génèrent des chiffres d’affaires monstrueux.
Les deux grands axes pour y parvenir sont :
- Des marges de sécurité et des redondances démentes par rapport au reste de l’industrie, aviation comprise. Par exemple, pour un séisme, on prends le plus fort jamais recensé dans un grand rayon, et on dimensionne la centrale pour un séisme beaucoup plus grand qui aurait son épicentre directement sous la centrale. Dans l’immense majorité des cas, c’est démesuré, et ça rends les centrales extrêmement résistantes aux séismes – même au Japon, celles de Fukushima ont souffert du tsunami, pas du séisme.
- Le concept de « défense en profondeur », terme qui consiste à concevoir tout le système pour éviter que les problèmes arrivent, puis s’ils arrivent, qu’ils aient le moins de conséquences possibles, par une série de contre-mesures successives. L’IRSN a un dossier sur le sujet.
Ceci implique qu’il y ait une autorité de contrôle puissante et indépendante pour faire appliquer ces mesures. L’ASN française est extrêmement tatillonne et est prête à faire perdre des millions d’euros en pertes d’exploitation sans sourciller. L’ASN japonaise était, au contraire, notoirement connue dans le milieu pour être défectueuse…
Sur le reste de l’industrie – même classée Seveso – les règles sont moins strictes, et surtout les autorités ont beaucoup moins de contrôles et de moyens pour forcer l’application des règles. Par exemple, l’usine de Lubrisol à Rouen avait été contrôlée plusieurs fois en défaut de sécurité incendie… sans que personne ne prenne la moindre mesure.
L’une des conséquences de tout ça, c’est qu’en cas de gros problème dans la vallée du Rhône, c’est clairement pas des centrales nucléaires dont j’aurais peur en priorité.
Un vrai problème qui va arriver, par contre, c’est celui-ci. Aujourd’hui, l’ASN française est en mode « la sécurité avant tout » (de façon littérale : on est capables d’arrêter une centrale pour réparer un troisième niveau de défense).
Sauf qu’à force de faire n’importe quoi avec l’argent d’EDF (ARENH…), on est limite en investissement, et le président de l’ASN explique depuis quelques années que vue la direction actuelle, sa plus grande crainte est un jour de devoir contacter le président la République avec cette question : « Monsieur le Président, est-ce que vous choisissez la sûreté, ou bien le black-out ? ».
Un truc pratique avec l’ASN française, c’est qu’elle est totalement transparente. Vraiment. Le moindre incident est répertorié sur son site.
Personnellement je rêve d’un équivalent pour toutes les industries dangereuses, avec autant de moyens et de pouvoir.
Et maintenant, elle communique aussi sur les réseaux sociaux. Par exemple, cet été, elle a fait tout un thread sur Twitter à propos de l’impact des canicules sur les centrales. On y apprends par exemple que les limitations de centrales en été sont beaucoup plus rares que ce qu’on pourrait croire (les gens confondent demandes d’autorisation de dépassement de seuils de rejets et centrale qui a des problèmes de surchauffe alors que ça n’a absolument rien à voir). En particulier : les canicules futures pourront provoquer des problèmes pour les centrales (thermiques dont nucléaires), oui : mais pas des problèmes de sûreté. Ce sera plutôt des problèmes de limites de production en été (donc de rentabilité) ; ou des problèmes environnementaux. D’ailleurs, certains dépassements ont été demandés parce que la température en amont dépassait déjà la température maximale de rejet.
Les centrales thermiques non-nucléaires en France ont moins de problèmes avec ça pour deux raisons :
- Elles sont souvent moins puissantes,
- Elles sont moins utilisées l’été (période avec peu de pointes de consommation).