Quand on voit à quel point la population n'aime pas les politiques mais qu'une faible partie d'entre elle tente l'aventure, est-ce par flemme, masochisme ou parce qu'en réalité les idées des politiques ne sont pas pires que celles de la population ?
Source:Renault
Notons que les politiques n'aiment pas la population également. C'est ce qui ressort des travaux de Peter Kanne où 87% des élus, je cite, « se présentent eux même comme novateur, respectueux des libertés et ouvert à l'international » mais 89% d'entre eux « estiment que le peuple est plutôt conservateur, traditionaliste et nationaliste ». C'est une étude aux Pays-Bas mais à priori, rien ne s'oppose à ce qu'elle soit transposable, dans les résultats, à tous les pays Européens.
Avec une telle rupture de valeurs et de morale et une méfiance voire un sentiment de supériorité moral réciproque, j'ai un peu de mal à comprendre comment on peut encore croire à un système électif basé sur l'argent et une « famille politique »[^1].
Par ailleurs, j'aimerais te rappeler qu'il y a une possibilité que tu n'explores pas en disant que le peuple doit voter en conséquence : peu importe celui que tu votes, il n'y a RIEN qui change. Les partis sont un mythes, ils servent juste à se tirer la bourre pour accédera au pouvoir. C'est le jeu des chaises musicales version poudre de perlinpimpin. On le voit bien avec le « je vote Sarko, c'est de la merde, je vote Hollande, c'est de la merde, je vote Lepen, c'est de la merde. Quoi ? Sarko veut revenir ? Formidable ! Je vote Sarko, … » et la boucle est bouclée. Peut être qu'un moment le problème ne vient plus du peuple ?
Rappelons également que les entités supra-nationales sont encore pire puisqu'elles n'ont même pas de représentativité du peuple, que ce soit FMI, Banque Mondiale ou même les institutions européennes. La représentativité du peuple n'est PAS transitive.
Les idées des politiques ne sont pas « pires » en soit que celle du peuple, c'est le fait que les politiques, par le système, se détache du peuple qui fait qu'elles deviennent « pires ». Lorsque tu as des conflits d'intérêt parce que ton vote n'est pas secret et que tu as trop d'enjeu « de famille politique » pour poser tes couilles sur la table et t'exprimer clairement, quand par défaut tu voteras « contre » ce qui est apparenté à ton « ennemi politique » et que les 99% de ton activité est basé sur :
- Comment me faire élire et ma famille politique
- Comment faire passer mes idées de lois autrement que parce qu'elles sont possiblement bonnes pour tout le monde
- Comment continué à être élu
Être politicien, dans l'idée, ne devrait pas être un métier. Quelle est la légitimité d'un Valls a être 1er ministre lorsqu'il a récolté péniblement 5% au primaire du PS, ce qui exprime que même dans son camp on en veut pas comme personnalité importante ? Quelle est la légitimité de tous ces élus qui se cherchent des places à droite ou à gauche pour « simplement » siéger (le parlement européen est pas mal pour ça) pour avoir un emploi confortable, bien payé, pour finalement simplement de temps en temps défendre leur famille politique pour des projets qui sont en dehors de toute réalité pour les personnes qui vont les subir (c'est forcément ce qui arrive lorsque l'on vit au sommet d'une tour d'ivoire trop longtemps : on oublie comment c'est en bas) ? L'autre question est : est-ce que j'ai envie de payer avec mes impôts des gens qui ont une présence partielle ou dorment ou conspuent et se comportent comme des animaux dans les chambres ? On peut me rétorquer que je peux voir les statistiques sur le net, ne pas revoter pour eux (et encore, quand c'est du suffrage indirect ça complique les choses), sauf que la système devrait faire qu'intrinsèquement ce genre de comportement ne soit pas possible, ou marginal.
Sauf que, c'est là que le bat blesse : les élus légifèrent sur les élus. On atteints bien les limites d'une république représentative élective : comment voulez-vous qu'un élu vote en faveur de lois de bons sens mais qui vont limiter son pouvoir ou supprimer des garantis voire lui imposer de rendre des comptes (voire des sanctions en cas d'échec) ? C'est évidemment impossible.
Normalement, c'est à un texte supérieur de définir les règles du jeu et de protéger de dérives autoritaires, et ça s'appelle la Constitution mais lorsqu'elle a été écrite par 2 personnes, dont l'une avec les plein pouvoirs au moment de l'écriture, on se demande une nouvelle fois où sont les gardes-fous (et honnêtement, on a eu vraiment de la chance que de Gaulle était attaché à certaines valeurs et qu'il n'a pas glissé vers de l'autoritarisme mais on doit admettre que c'était la « loterie »).
En parlant de ça, la dernière en date pour étayer mon propos. La réforme régionale qui a lieux en France, avait, initialement, pour but, entre autres, de réduire le nombre d'élus et de déminuer les dépenses publiques qui sont liés (ainsi que décentraliser un peu le pouvoir, on va pas se plaindre). Le plafonnement était prévu à 150 députés et c'était une mesure phare du texte. Et forcément, quand vous demandez à ces même élus d'approuver le texte, et bien vous avez un vote à minuit et des patates, lorsque personne ne les regarde plus (si si, véridict, les archives se retrouvent bien), qui supprime ce plafonnement. Retour à la case départ.
Alors oui, je suis persuadé d'une part de la bonne volonté, et d'autre part, de l'intelligence et du dévouement des élus lorsqu'ils arrivent en politique. Force est de constater qu'il n'en reste pas grand chose après quelques coups de manivelles dans le système et ceux qui réussissent à rester totalement intègre et dévoué à leur mission première sont souvent sur les bancs de touche de l'Assemblée (et on peut les voir de temps en temps, hués et sifflés évidemment, pour avoir énoncé des vérités simples).
[^1] J'aime bien ce terme qu'on entend un peu partout, de la bouche des membres des partis eux-même parce que c'est le vocable même de l'aristocratie.