Méthode d'Hartree‐Fock

Le problème exposé dans ce sujet a été résolu.

Bonjour à tous,

Vu que je sais qu’on a un spécialiste (hello Pierre ;) ) d’Hartree-Fock sur le forum je me permet de poser quelques questions sur cette méthode surtout pour voir si j’ai bien compris le concept.

De ce que j’ai compris, c’est une méthode variationnelle de base. On essaye avec cette méthode de calculer la meilleure fonction d’onde mais on se limite au produit de fonctions d’ondes à un seul électron (on peut donc pas faire de différence entre spin up et down).

Prenons un exemple avec seulement deux électrons (par exemple l’Hélium!) On cherche une fonction d’onde $\psi = \varphi ({r_1})\varphi ({r_2})$. Ensuite, on sait que l’énergie potentielle est donnée par $dU = \frac{{{q_1}{\rho _2}}}{{4\pi {\varepsilon _0}{r_{12}}}} d{r_2}$ avec $\rho_2$ la densité de charge. On peut donc définir un potentiel effectif $U_{{r_1}}^{eff} = \int {\varphi {{({r_2})}^*}\frac{1}{{{r_{12}}}}} \varphi ({r_2})d{r_1}$. On aura donc un Hamiltonien effectif (qui contient ce potentiel effectif donc) et puis on cherche $\varphi (r_1)$… On cherche enfin les énergies associées (E1 et E2).

Comment fait-on pour avoir $\varphi(r_2)$ ? Je suppose qu’il faut la choisir d’une manière ou d’une autre?

Est-ce que c’est bien ça le principe dans les grandes lignes? :p

Merci d’avance!

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On m’as appelé ? :p

Bon, dans l’idée, t’es dans le juste, je vais juste apporter une ou deux précisions.

De ce que j’ai compris, c’est une méthode variationnelle de base. On essaye avec cette méthode de calculer la meilleure fonction d’onde mais on se limite au produit de fonctions d’ondes à un seul électron (on peut donc pas faire de différence entre spin up et down).

La méthode de base a été pensée comme ça, mais il existe les méthodes ROHF (restricted open HF) et UHF (unrestricted HF) ou (surtout pour la dernière) tu traites les électrons de spins opposés séparément. Je dirais que c’est pas le plus gros problème d’Hatree-Fock quand on travaille avec des systèmes à couche fermées (des singulets à nombre pair d’électron à l’état fondamental, bref la grande majorité des molécules organiques). Non, le gros problème de la méthode Hartree-Fock, et tout ce qu’on lui reproche, c’est la fameuse "corrélation électronique" (qui, pour rappel, ce défini comme "tout ce qui manque à Hartree-Fock").

  • D’un coté, on a le fait qu’un seul déterminant de Slater ne suffit parfois pas à décrire un état fondamental. C’est particulièrement le cas dans les molécules conjuguées possédants plusieurs formes de résonances significatives.
  • D’autre part, il y a un problème intrinsèque provenant, en gros, de la formulation d’Hartree-Fock, puisqu’on y rééxprime l’opérateur de répulsion électron-électron sous la forme d’une somme d’opérateurs mono-électroniques. De manière imagée, plutôt que de calculer la répulsion explicitement entre les électrons, on calcule la répulsion entre un électron donné et un "champ moyen d’électrons" (mean field approximation). On a pas trop le choix, parce que autrement, il faudrait calculer un problème à N corps, mais cette approximation a bien entendu un coup.

(à ça, on rajoute la négligence des effets relativistes et l’approximation des noyaux figés, mais c’est généralement pas considéré comme de la corrélation électronique)

Comment fait-on pour avoir $\varphi(r_2)$ ? Je suppose qu’il faut la choisir d’une manière ou d’une autre?

Aaaaah. Donc jusque là, tout est grosso modo correct (tu décris en gros la mean field approximation dont je parlais). Et puis ensuite, tu oublies en fait la deuxième partie de la méthode sans qui ça ne fonctionnerai pas: "SCF".

self consistant field. Sans entrer dans les détails, je te renvois à ton cours qui doit probablement en parler, la solution dépend effectivement d’elle même. Ce qui signifie qu’on ne peut pas y arriver analytiquement, donc on y arrive autrement. Premièrement, on réécris ça sous forme matricielle, parce que les ordinateurs aiment bien les matrices. Ça s’appelle les équations de Roothaan-Hall, et ça a une gueule de problème aux valeurs propres. D’ailleurs, ça en est un pour peu qu’on fasse une petite transformation, et c’est en fait comme ça qu’on s’en sort. En gros, c’est

$$\textbf{FC}=\textbf{SC}\varepsilon$$

$\textbf{F}$ est la matrice de Fock (lol), $\textbf{S}$ est la matrice de recouvrement, $\textbf{C}$ est la matrice des coefficients LCAO et $\varepsilon$ la matrice (diagonale) des énergies des différentes orbitales moléculaires. Sachant qu’on est dans le cadre du principe variationnel, donc qu’on minimise les spinorbitales pour approcher l’énergie par le haut, on commence avec un set d’orbitale choisie quasiment au hasard (pour éviter de choisir ça vraiment au hasard, on prend une méthode plus simple, par exemple avec la méthode de Hückel), puis on calcule l’énergie correspondante, et avec ça la matrice de Fock. Or la matrice des coefficients LCAO est fonction propre de la matrice de Fock, donc on obtient de nouveau coefficients. Qu’on utilise pour recalculer l’énergie et une nouvelle matrice de Fock. Et ainsi de suite.

Et voilà, une fois qu’on a attend une certaine précision, on s’arrête, on a une belle fonction d’onde avec des belles orbitales et on peut l’utiliser pour faire plein de truc chouettes <3

D’accord. C’est beaucoup plus clair.

Du coup, on s’arrête une fois que les fonctions d’onde $\varphi ({r_i})$ ne changent plus.

Par contre, il y a quelque chose qui me dérange mais qui est plutôt directement lié à l’approche variationnelle. A chaque fois, on minimise l’énergie l’énergie mais ça nous donne quand même le maximum de l’énergie de l’état fondamental ? De plus, quelle trial function on utilise? Par exemple des STOs ça le fait bien ?

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D’accord. C’est beaucoup plus clair.

Du coup, on s’arrête une fois que les fonctions d’onde $\varphi ({r_i})$ ne changent plus.

Ne changent plus "trop". Tu vas avoir un critère de convergence, et tu t’arrêtes quand tu le respectes.

Par contre, il y a quelque chose qui me dérange mais qui est plutôt directement lié à l’approche variationnelle. A chaque fois, on minimise l’énergie l’énergie mais ça nous donne quand même le maximum de l’énergie de l’état fondamental ?

En général, mais pas toujours. Tu peux regarder les travaux d’Adams (stability of hartree-fock states, 1962) ou de Fukutome (unrestricted hartree-fock theory and its application to molecules and chemical reactions, 1981)

Je n’utilise pas HF directement puisque je fais de la DFT, donc j’espère ne pas dire trop de bêtises.

+1 Rockaround. Et pour info, la DFT qu’utilisent les chimistes (et les physiciens, ai-je cru comprendre) ressemble très fortement à la méthode Hatree-Fock, sauf qu’on minimise pas l’énergie mais la densité électronique. C’est variationnel aussi (en tout cas, ça a été un peu trituré pour l’être).

Par contre, il y a quelque chose qui me dérange mais qui est plutôt directement lié à l’approche variationnelle. A chaque fois, on minimise l’énergie l’énergie mais ça nous donne quand même le maximum de l’énergie de l’état fondamental ?

Pourquoi le maximum ? (je comprend pas ta phrase)

Par exemple des STOs ça le fait bien ?

ZDS_M

Ouais … Mais nan, en fait, en tout cas pas en chimie (en physique, c’est un peu différent, en particulier sur les systèmes périodiques). C’est pas marrant, en fait, les exponentielles décroissantes comme ça. Par exemple, dans le calcul des intégrales biélectroniques, tu te retrouve à calculer des choses du genre $\langle\phi_i(r_1)\phi_j(r_2)|\frac{1}{r_{ij}}|\phi_i(r_1)\phi_j(r_2)\rangle$ (là, c’est l’intégrale de coulomb). Alors, c’est déjà pas marrant à calculer, mais ça l’est encore moins avec des exponentielles.

Et du coup, on va plutôt utiliser des GTO, c’est à dire des gaussiennes ($e^{-r^2}$). Ça peut paraître être du foutage de gueule, mais c’est en fait assez intelligent, parce que les gaussiennes ont des propriétés que les "simples" STO n’ont pas, entre autre que le produit de deux gaussiennes est une gaussienne aussi (<3). Du coup, on va approximer la STO par une combinaison linéaire de gaussiennes pour former une GTO. Le nombre de gaussienne utilisées varie, mais c’est, la plupart du temps, en fonction de ce nombre de gaussiennes que sont nommées les différentes bases d’orbitales atomiques.

Pour exemple, on peut prendre la base la plus idiote de l’univers, la (in)famous STO-3G, il s’agit d’une base d’orbitale ou chaque STO est approximée par une somme (une contraction) de 3 gaussiennes. Et ainsi de suite. Puis on peut rajouter des "fonctions diffuses" (des gaussiennes très "larges" pour mieux décrire les interactions à longues distances) et les "fonction de polarisation" (des fonctions de moment angulaire supérieure pour mieux décrire les liaisons). Et on peut comme ça construire des très grosses bases, qui n’ont plus forcément de sens chimique, mais qui fonctionnent extrêmement bien (dans les limites d’Hartree-Fock, of course). Bien entendu, la vitesse d’exécution d’un calcul Hartree-Fock est fonction de la taille de la base, donc qui dit grosse base dit long calcul.

De plus, quelle trial function on utilise?

Pour rappel, on optimise les coefficients LCAO, pas les orbitales atomiques elles mêmes, en Hartree-Fock. Et comme j’ai dit dans un post plus haut, les coefficients LCAO de départ peuvent être choisi à peu près n’importe comment, même si pour gagner du temps, on les estime à un niveau d’approximation inférieure (impliquant par exemple des paramètres empiriques). On forme donc la trial function à partir de ce premier set de coefficients, puis on itère ;)

+1 -0

Par contre, il y a quelque chose qui me dérange mais qui est plutôt directement lié à l’approche variationnelle. A chaque fois, on minimise l’énergie l’énergie mais ça nous donne quand même le maximum de l’énergie de l’état fondamental ?

Pourquoi le maximum ? (je comprend pas ta phrase)

D’après mon cours, l’approche variationnelle nous donne la borne supérieure de l’état fondamental d’un système. Du coup, c’est le maximum (?, je cite mot pour mot "The Variational Method provides an upper bound to the ground state of a defined system).

Bon. Si je comprends bien, en réalité pour les trial functions c’est presque toujours des Gaussiennes qui font le boulot et pas souvent des autres fonctions telles que celles de l’oscilateur harmonique ou du rotateur rigide sauf peut-être pour des systèmes vraiment très très simples (je les prends en référence car ce sont les modèles que j’ai vu en cours) ? :p

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D’après mon cours, l’approche variationnelle nous donne la borne supérieure de l’état fondamental d’un système. Du coup, c’est le maximum (?, je cite mot pour mot "The Variational Method provides an upper bound to the ground state of a defined system).

Parce que le minimum que ton approche va te donner ne sera peut-être pas ton état fondamental, mais ton énergie ne pourra pas être plus basse que cette état. Donc tu auras une borne supérieure pour ton état fondamental.

D’après mon cours, l’approche variationnelle nous donne la borne supérieure de l’état fondamental d’un système. Du coup, c’est le maximum (?, je cite mot pour mot "The Variational Method provides an upper bound to the ground state of a defined system).

je traduirais ta phrase par "approche par le haut". Mettons que l’énergie de ton système est effectivement de -2 unités atomiques, eh bien l’approche variationnelle te garantis (si la méthode est effectivement variationnnelle) que tu pourrais obtenir -1.8, -1.9 ou -1.99 unités atomiques, mais pas -2.01 unités atomiques, par exemple. Propriétés que ne respecte pas forcément une approche perturbative, ou l’énergie peut être plus faible que l’énergie du système. Dans ce cas, -2 unités atomiques, c’est la "limite Hartree-Fock", que tu atteins théoriquement avec une base d’orbitale de taille infinie. Sinon, t’es forcément au dessus (et ça à l’air terrible, comme ça, mais c’est pas si grave en pratique).

Grillé par Rockaround :-°

Bon. Si je comprends bien, en réalité pour les trial functions c’est presque toujours des Gaussiennes qui font le boulot et pas souvent des autres fonctions telles que celles de l’oscilateur harmonique ou du rotateur rigide sauf peut-être pour des systèmes vraiment très très simples (je les prends en référence car ce sont les modèles que j’ai vu en cours) ? :p

ZDS_M

Dans un "vrai" calcul de chimie quantique, à moins d’utiliser une méthode un peu originale, oui, c’est les gaussiennes qui font tout le boulot (j’espère que je t’ai bien fait comprendre que les gaussiennes sont définies une fois pour toutes, hein ? :p).

Mais range pas ton oscillateur harmonique et ton rotateur rigide trop loin quand même. Déjà, parce que sous certaines conditions, ça reste des solutions de l’équation de Schrödinger. Et ensuite parce que du coup, on les vois réapparaître à différents endroits. Le rotateur rigide intervient dans la résolution de l’équation de Shroedinger pour l’atome d’hydrogène, et je te rappelle que les fameuses STO sont jamais "que" les solutions hydrogénoïdes qu’on a "améliorée" pour les faire fonctionner pour d’autres atomes. Le rotateur rigide reviens aussi quand tu essaye de faire de la thermodynamique statistique, pour avoir tes fonctions de partitions (oui, les programmes de chimie quantiques font ça si tu leurs demandent gentiment). Quand à l’oscillateur harmonique, en première approximation, c’est comme ça qu’on traite les vibrations en chimie quantique. Et comme j’ai déjà pu te le montrer par ailleurs, ça marche pas encore si mal que ça. Donc ces fameux systèmes modèles, en plus de t’apprendre à résoudre des systèmes simples, ben on les vois apparaître de temps à autres ;) (et j’aurais d’autres exemples si j’y réfléchissais un peu).

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