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Découvrez les Nobels : Le prix Nobel d'économie 2012

Comment faire fonctionner un marché sans système de prix ?

Bienvenue dans ce premier article de la série "Découvrez les Nobels". Cette série d'articles a pour but de présenter les travaux scientifiques les plus importants de leurs disciplines, et de les expliquer de façon simple et accessible. Bonne lecture.

Pour vous présenter les travaux des prix Nobels d'économie de 2012, je vais commencer par vous poser une question simple et un peu déroutante :

Avez-vous choisi le bon conjoint ?

Je ne sais pas si vous vous êtes déjà posé cette question (je ne veux pas savoir :D ) mais c'est une question qui intéresse beaucoup les économistes. Oui ce sont des gens un peu bizarres.

L'idée derrière cette question est de s'intéresser au marché de la rencontre. Supposons que vous ayez 100 hommes et 100 femmes qui veulent se marier, comment organiser des couples de façon efficace pour que chacun soit satisfait de la situation ? Si cela peut vous faire sourire, sachez que les mécanismes qui sont en jeu derrière cela sont fondamentaux en économie et ont plein d'applications pratiques dans la vie de tous les jours ! Bienvenue dans le monde du market design, ou l'art de concevoir un marché qui fonctionne.

Oui, comprendre comment faire des couples stables permet de sauver des vies. Je vous assure.

Un marché de la rencontre efficace

Revenons à nos 100 hommes et femmes qui veulent se marier de façon optimale. On cherche à réaliser ce qu'on appelle une allocation des ressources (ici les hommes et les femmes), c'est à dire à les distribuer. Et on veut que cette distribution des couples soit satisfaisante pour un maximum de personnes (si l'année suivante 95 de nos couples ont divorcé c'est que notre allocation n'était peut-être pas super…). Pour pouvoir réfléchir à un mécanisme d'allocation efficace de notre marché de la rencontre, il faut définir ce qu'est une allocation efficace. Heureusement pour nous, les économistes ont trouvé une réponse simple et satisfaisante à cette question depuis longtemps:

Une allocation est dite optimale s'il est impossible pour une personne d'améliorer sa situation via un échange volontaire avec une autre personne.

Dans notre cas, une allocation optimale du marché est une situation où tous les couples sont stables, c'est à dire qu'aucun participant ne peut trouver une autre personne qui veut bien de lui et qui est préférable à son partenaire actuel.

Comment organiser un processus qui conduise à un tel résultat ?

On pourrait imaginer organiser un bal populaire, où la règle serait qu'il est interdit de repartir seul à la fin de la soirée. Cela fonctionnerait, mais il n'est pas sûr que cette technique soit vraiment optimale.

Heureusement pour nous, en 1962 deux économistes, Llyod Shapley et David Gale proposent un algorithme qui permet de résoudre ce problème, dans un article intitulé : College Admissions and the Stability of Marriage[^note6]. Cet article est considéré comme l'un des articles fondateurs du market design.

L'algorithme de Gale-Shapley :

Un algorithme est simplement une procédure dont il suffit de suivre les étapes pour obtenir le résultat qu'on souhaite (si l'algorithme est correctement conçu pour cela).

L'algorithme de Gale-Shapley fonctionne de la façon suivante :

  • étape 1 : les hommes font un classement des femmes et se proposent à celle qu'ils préfèrent.
  • étape 2 : les femmes acceptent ou refusent les offres qu'elles reçoivent.
  • étape 3 : les hommes qui sont célibataires après ce premier tour reformulent une offre mais cette fois à la femme qui est juste après sur leur liste de préférences.
  • étape 4 : les femmes acceptent ou refusent ces nouvelles offres. Notons qu'une femme qui était en couple à l'étape précédente peut ainsi quitter son conjoint si un homme qu'elle lui estime supérieur lui fait une proposition. Son partenaire rejoindra alors le rang des célibataires à l'étape suivante.

On recommence à partir de l'étape 3 jusqu'à ce que tous les couples soient stables et formés. Après un certain nombre d'itérations, l'allocation des couples est optimale : aucune personne ne peut trouver mieux ailleurs et tout le monde est marié. ;)

L'allocation réalisée par l'algorithme est favorable aux personnes qui proposent, ici les hommes. De plus l'algorithme est manipulable par le coté qui accepte ou non, ici les femmes. Mais en pratique manipuler l'algorithme est très difficile car il faut pour cela connaitre l'ensemble des préférences des autres participants pour être sur de réussir. Ce qui fait qu'en pratique l'algorithme n'est pas considéré comme manipulable, bien qu'il le soit en théorie.

Vous allez me dire "oui, c'est rigolo[^note1] comme truc mais en pratique à quoi ça sert, personne ne trouve son conjoint en procédant de cette façon!". Vous avez raison, il est peu probable que Shapley et Gale vous aident à trouver l'âme sœur… mais cet algorithme est à la base de pleins de choses qui sont utilisées tous les jours.

Quand l'économie théorique est utile dans la vie courante

Roth est un économiste qui s'intéresse à ce qu'on appelle en économie les marchés répugnants (repugnant markets) et qui va prolonger les travaux de Shapley et Gale tout en les popularisant. Les marchés répugnants sont des marchés où il serait possible en théorie d'avoir une régulation par les prix mais où celle-ci est impossible en pratique pour des raisons culturelles, éthiques ou religieuses. Un exemple classique est le don d'organe. On sait qu'il existe une pénurie de donneurs et qu'autoriser la vente d'organes serait une façon efficace de lutter contre ce problème. Mais les sociétés se refusent à l'autoriser.

le don d'organe, un exemple de marché "répugnant"

Au lieu de s'énerver comme certains de ses collègues sur le fait que les gens sont trop conservateurs, Roth décide d'accepter ces limites posées par la société et réfléchit à une façon de rendre ces marchés plus efficaces, sans passer par un mécanisme de prix.

Il va alors avoir l'idée de reprendre les travaux de Shapley et Gale et d'utiliser leur façon de procéder pour arranger les mariages afin de résoudre des problèmes bien plus concrets. Il va perfectionner l’algorithme pour le rendre plus efficace et l'adapter à des situations réelles un peu plus complexes que le problème des mariages stables. Voici quelques illustrations qui montrent comment ces travaux ont été appliqués :

  • L'affectation des médecins dans les hôpitaux : chaque médecin préférerait travailler dans certains hôpitaux plutôt que dans d'autres. Un hôpital lui aimerait avoir les meilleurs médecins possibles. En 1995 le système de répartition des médecins dans les hôpitaux américains, le National Resident Matching Program (NRMP) fait appel à Roth pour améliorer son système de répartition. Roth découvre alors que le systéme utilisé par les hôpitaux depuis les années 1950 est quasiment identique à un algorithme de Gale-Shapley. Il va perfectionner l’algorithme[^note4] pour prendre en compte de nouvelles contraintes, comme le fait que souvent les jeunes médecins en couples veulent être au même endroit.

  • La répartition des étudiants dans les universités : si vous avez connu le site Admission Post Bac, (APB) sachez qu'il fonctionne exactement sur le principe de l'algorithme de Gale-Shapley. Il suffit à chaque étudiant de classer ses différents vœux et le système va répartir les étudiants entre les universités en fonctions des places disponibles et du niveau des étudiants de la façon la plus performante possible. Si vous n'avez pas eu de place dans la classe préparatoire de votre rêve à cause d'APB, vous savez qui est le responsable maintenant ! :p

  • Le don d'organe, en particulier le don de rein : Le don de rein est particulier car souvent on accepte de donner à un proche, mais on refuserait de vendre son rein ou de le donner à une autre personne. Malheureusement un donneur et son proche sont souvent incompatibles entre eux pour des raisons génétiques. Le donneur n'est pas prêt à donner son rein à une autre personne, sauf s'il a l'assurance de voir son proche bénéficier lui aussi d'un don d'une autre personne. Alvin Roth a alors l'idée d'organiser des chaines de dons : A n'est pas compatible avec B. A donne alors son rein à C qui lui a un proche prêt à donner, qui donne à D, qui a un proche qui est compatible avec B. La boucle est bouclée, tout le monde finit par trouver un rein ! Et quoi de mieux qu'une version améliorée[^note5] de l'algorithme de Gate-Shapeley pour organiser ces chaînes de dons de façon optimale à grande échelle? Ce système sera testé dans un premier temps en nouvelle-Angleterre, et sera par la suite étendu partout aux états-unis où il sauvera de nombreuses vies chaque année.

Ce mécanisme n'est pas utilisé en France, où on autorise uniquement les dons croisés (2 couples) et non les chaînes de dons (plus de deux couples). La raison est que le don altruiste est interdit en France, on doit donner uniquement à un proche, le don croisé étant une exception à cette règle depuis seulement 2012.

Comme vous le voyez, de nombreuses situations réelles peuvent être améliorées par un système de ce genre. On pourrait aussi citer des sites de rencontres qui utilisent en général des algorithmes plus ou moins proches pour proposer des partenaires aux gens.

Shapey est considéré comme le fondateur théorique du market design (avec Gale, mais étant décédé celui-ci n'a pas pu recevoir le prix Nobel), et Roth à poursuivit ses travaux pour leurs donner une portée pratique et les adapter à la réalité du terrain. Il parcourt maintenant le monde pour donner des conférences et travail en temps que "market designer", c'est à dire qu'il est sollicité pour améliorer des mécanismes d'allocation existant comme il a pu le faire avec le systéme hospitalier américain.

Shapley et Roth ont reçu en 2012 le prix Nobel d'économie[^note2] pour leurs travaux en market design qui ont permis d'imaginer de nouvelles façons de réaliser des allocations efficaces de ressources là où on ne peut utiliser un mécanisme de prix.


À travers ce petit exemple de l’arrangement des mariages, vous avez pu découvrir un mécanisme fondamental de la recherche en économie moderne et ces applications. Le market design, qui consiste à imaginer des solutions pour allouer des ressources entre différents acteurs en l’absence de prix est une discipline qui a encore de beaux jours devant elle. Par exemple certains économistes suggèrent de s'en inspirer pour résoudre les problèmes migratoires en Europe, en particulier le souci de la répartition des migrants6 entre les différents pays d'accueil…

89 commentaires

Je ne comprends pas l'absurdité total du titre. Outre le fait que l'économie m'intéresse (je préfère ne pas parler du contenu de l'article, d'autres le feront sans doute bien mieux), lorsque je vois un lien comme ça, qui a priori ne parle pas du tout d'un sujet qui m'intéresse, je n'ai aucune raison de cliquer. Je ne comprends pas du tout ce qui peut pousser une personne qui s'intéresse à l'économie à cliquer sur une URL qui ne montre absolument pas que ça en parle. Le titre, et donc l'URL, n'est-il pas le premier truc qui oriente un lecteur vers ce qu'il veut lire ?

Je ne suis venu qu'en pensant venir lire un article absolument sexiste (autant que le titre quoi, pourquoi genrer alors qu'une femme peut aussi quitter son mari ? Pourquoi penser hétérosexualité ? On ne sait pas, c'est juste pour le plaisir d'exclure).

Cornichon, tu ne l'as peut-être pas lu, mais le sous-titre explicite clairement de quoi va parler l'article avant même de cliquer dessus. On ne peut pas dire qu'on est pas prévenu. Après, faut-il inverser le titre et le sous-titre dans cette situation ou pas, le débat a déjà eu lieu ailleurs.

Demandred, merci pour cet article, j'ai bien aimé et j'ai appris des trucs intéressants. :)

+9 -6

Salut Cornichon :)

Tu es le premier à me faire un retour négatif de ce genre, la majorité des gens à qui j'ai fait lire l'article trouvent au contraire le titre bien choisit. J'imagine que c'est une question de sensibilité. Comme on est sur un site qui a vocation à rendre le savoir accessible, je préfère utiliser des titres rigolos pour introduire un contenu plus sérieux.

De plus il existe une certaine "tradition" en économie qui consiste à donner des titres plus ou moins humoristiques aux articles universitaires. Par exemple un des articles les plus connus en finance commence par la phrase "Il y à des idiot autour de vous, regardez".

Pourquoi penser hétérosexualité ? On ne sait pas, c'est juste pour le plaisir d'exclure).

Je "penses" hétérosexuel car c'est la norme et ainsi cela permet d'être mieux compris par l'ensemble des lecteurs. De plus historiquement dans l'article de 1956 on parle bien sur des couples hétéros donc je n'ai aucune raison de ne pas faire de même. Le but est de présenter les mécanismes sous-jacents et les théories en questions, c'est tout. Si tu veux tu peux remplacer "homme" par "femme" (et vis versa) dans ta tête quand tu lis l'article si ça corresponds mieux à tes sensibilités personnelles.

J'aurai fait un titre inverse qu'on aurait pu me dire que le titre était aussi orienté. Je ne vois pas en quoi mon titre est "sexiste" mais si tu veux tu peux me l'expliquer en mp. :)

PS : Pourquoi PG06 ce prend un -3 sur son message ? Vous me faites un peu peur des fois la communauté de sdz quand je vois ce genre de réactions…

+9 -5

Salut Cornichon :)

Tu es le premier à me faire un retour négatif de ce genre, la majorité des gens à qui j'ai fait lire l'article trouvent au contraire le titre bien choisit. J'imagine que c'est une question de sensibilité. Comme on est sur un site qui a vocation à rendre le savoir accessible, je préfère utiliser des titres rigolos pour introduire un contenu plus sérieux.

Demandred

Je ne trouve pas ce titre spécialement sexiste, et j'approuve globalement l'idée d'utiliser des titres plus accrocheurs, MAIS ici on n'a absolument aucune idée de ce que contient l'article à la lecture du titre.

Un bon compromis serait peut-être : Le market design, ou « devez-vous quitter votre femme pour celle du voisin ? ».

+18 -0

De plus il existe une certaine "tradition" en économie qui consiste à donner des titres plus ou moins humoristiques aux articles universitaires. Par exemple un des articles les plus connus en finance commence par la phrase "Il y à des idiot autour de vous, regardez".

Ça, c'est pas de l'humour mais de la condescendance… :-°

Personnellement, je pense également qu'on aurait pu choisir un titre humoristique mais ayant un lien plus fort avec le contenu de l'article comme le suggère nohar.

+8 -0

On s'embete on s'embete avec toutes ces histoires alors que les validateur n'ont rien dit. De plus c'est un article qui appartient à l'auteur s'il a envie de donner ses informations accrochées à un tel titre, que grand bien lui fasse.

Personnellement je vois ca comme un choix, et j'aime bien.

+2 -2

Ce n'est pas une question de choix mais de pertinence. C'est difficile de faire un titre accrocheur tout en étant pertinent mais ici, en lisant le titre, on aucune indication que ça parle d'économie.

+7 -0

Juste pour preciser ce que Demandred n'a pas dit. La veritable raison pour laquelle il est presente un groupe d'hommes et de femmes, heterosexuels, c'est pour coller au probleme mathematique resolu par l'algorithme presente par l'article. La raison n'est pas historique ou sexuellement discriminante, c'est juste un exemple pour faire coller une situation presque plausible de la vie reelle, a un probleme abstrait mathematique.

En l'occurrence le probleme consiste a faire des paires d'elements dans deux groupes distincts d'elements. Par definition du probleme, les deux groupes sont distincts. Si l'on se refere a l'exemple pseudo-concret des marriages, on exclut l'homosexualite car si l'on autorisait l'homosexualite, on pourrait faire des paires dans un meme ensemble, ce qui n'est pas, par definition le probleme que peut resoudre l'algorithme presente. Du coup, point de sexisme, juste un exemple qui peut perdre un peu de sa pertinence aujourd'hui ou si la norme au sens naturel est l'heterosexualite, le nombre d'orientation sexuelles libres et reconnues meme devant le marriage ne se cantonne plus a cette derniere.

Pour les plus ouverts d'entre nous, l'algorithme d'Irving permet des associations dans plus de deux ensembles distincts. Autrement dit, on peut resoudre le meme probleme mais pour les marriages a 3, 4 ou $n$.

+9 -0

Ça n'empêche pas que le titre indique que l'article s'adresse à un groupe d'homme, puisqu'on part du postulat de l'hétérosexualité et que "votre femme", comme si la connaissance partagée dans cet article n'avait pas vocation à être partagé avec des femmes, Höd.

C'est bien ça qui me donne l'impression d'un caractère excluant dans ce titre, pas par rapport au contenu, mais par rapport à qui il s'adresse, de facto, uniquement à des hommes.

C'est egalement quelque chose de relatif au probleme.

Le probleme mathematiques consiste en deux ensembles d'elements et un profil de preference pour chaque element (c'est a dire une relation d'ordre stricte sur les elements de l'ensemble auquel il n'appartient pas).

Or, dans une situation reelle, comme celui ou l'on demande a des humains d'etablir leur preference, tout en sachant qu'ils vont etre appareilles, alors il se produit, avec l'algorithme decrit, une situation disymetrique : le groupe qui se voit proposer peut changer ses preferences de sorte a s'assurer, au final, un appareillage qui lui conviendrait mieux. La fonction d'affectation est manipulable pour ce groupe. Dans l'exemple donne, il s'agit du groupe des femmes (qui dans l'imaginaire collectif est le membre du couple a qui l'on propose de se marrier – tu sais, les declarations a genou avec la bague –).

En fait, cela fonctionne de la meme maniere avec le titre 'Devez-vous quitter votre mari pour celui de la voisine' en partant du postulat que ce sera dans l'application decrite le groupe des femmes qui propose.

Mais la encore, je ne crois pas que le but de l'article est de pinailler sur les representations sociales.

+10 -0

on aurait pu choisir un titre humoristique mais ayant un lien plus fort avec le contenu de l'article

En fait j'avais peur de faire un titre trop long, et je pensais que le sous titre serait suffisant.

Je voyais les choses un peu comme ça : - titre qui est là pour accrocher le lecteur - catégorie qui indique de quoi on parle (économie) - sous-titre plus sérieux qui précise le sujet "réel" de l'article Surtout que sur la page d'accueil le titre n'est pas lisible en entier.

Je penses que je vais par contre dans un premier temps changer le sous titre pour "présentation des travaux des prix nobel d'économie de 2012", ou quelque chose comme ça qui sera plus juste.

@Höd : Non l'article original ne parle justement pas de mathématiques et il ne s'agit pas d’illustrer un problème mathématique, mais bien de partir d'une situation réelle et de trouver une solution qui fait appel le moins possible aux mathématiques. Je sais que tu vois les choses d'un point de vue de mathématiciens mais c'est rarement celui des économistes (il n'y à pas une seule formule dans l'article de 1962 !). On parle de mariages hétéros simplement car c'était la norme et il aurait été impensable de proposer autre chose c'est tout, rien à voir avec des raisons mathématiques c'est tout. Pas d'explication mathématique à aller chercher, même si tu as raison de dire que mathématiquement ça changerait le problème.

D'un point de vue mathématique, le problème des marriages gay, c'est à dire de former des couples dans un seul ensemble de personnes avec des préférences ordonnées (on parle en général de problème de colocataires ou roommates) est qu'il n'existe pas toujours de solution stable, donc on serait dans une situation différente, et les économistes aiment bien quand il y à toujours une solution stable ^^

EDIT : d'ailleurs plus le nombre de roommates augmente, plus le nombre de cas instables augmente, ce qui laisse supposer que à partir de n suffisamment grand il n'existe quasiment aucune solution stable. Irving n'étudie pas cela dans son article, donc je ne sais pas si une limite à été trouvée ou non mais clairement ça montre qu'on est pas du tout sur le même type de problème (pas toujours de solutions, et de moins en moins de solutions quand il y à beaucoup de participants).

+4 -1

Pour en revenir à l'article, si vous m'autorisez cette digression, j'ai bien aimé le sujet, qui est bien présenté. Je conseille également de cliquer sur le lien de la première référence, qui peut aider à la compréhension de l'algorithme.

En parlant de l'algorithme, je suppose que ça n'en est qu'un parmis plusieurs qui offrent une solution stable. Dès lors, la question qui me semble pertinente, c'est celle de la complexité temporelle, qui (à vue de nez) me semble être n! dans le pire des cas ici. Y aurait-il un algorithme en présentant une meilleure ? Si oui, il pourrait être intéressant de le présenter dans un autre petit article.

Non, il s'agit d'un pur probleme de mathematiques qui a ete resolu. Qu'il modelise minablement la realite, ce dont on etait tres content dans les annees 60, ne change rien au fait que le probleme est avant tout et restera mathematiques.

La seule question interessante est 'quelle est la distance entre la realite et ce modele' et 'est-ce que cette distance est acceptable pour que le remplacement du modele pour decrire la situation reelle soit justifiee'.

Peut etre que le jour ou les economiste commenceront par adopter la demarche scientifique, le monde entier arretera de les prendre pour des escrocs qui pratique de la magie noire et s'enorgueillir de leur inaptitude scientifique.

+7 -7

In this thread :

  • Un auteur propose un contenu avec un titre imprécis et provocateur
  • On lui fait remarquer au premier commentaire, nonobstant l'article complet, que son titre est excluant (On parle de mari et femme ! Ciel !)
  • Toute opinion dans le sens de l'auteur prend -5 directement
  • Après 15 messages pour s'écharper sur les putes à clic (ce n’est pas excluant ça peut-être ?) on a droit à UN commentaire sur l'article, l'auteur du commentaire se sent obligé de s'excuser et se prend -1.
  • La discussion reprend avec un bon petit de toute façon, l'économie c'est de la merde.

Vous imaginez une seconde ce que ça fait aux auteurs qui vous lisent ?


Au sujet de l'article : j'ai trouvé ça cool. J'ai lu ça ce matin sans avoir le temps de commenter, mais je trouve l'approche drôle et intuitive. Je reste un peu sur ma faim par contre, j'aurais aimé avoir plus de développement sur ce qu'il en est aujourd'hui. Je suis aussi d'accord avec la suggestion toute simple de nohar.

Merci Demandred.

Non, il s'agit d'un pur probleme de mathematiques qui a ete resolu. Qu'il modelise minablement la realite, ce dont on etait tres content dans les annees 60, ne change rien au fait que le probleme est avant tout et restera mathematiques.

La seule question interessante est 'quelle est la distance entre la realite et ce modele' et 'est-ce que cette distance est acceptable pour que le remplacement du modele pour decrire la situation reelle soit justifiee'.

Peut etre que le jour ou les economiste commenceront par adopter la demarche scientifique, le monde entier arretera de les prendre pour des escrocs qui pratique de la magie noire et s'enorgueillir de leur inaptitude scientifique.

Höd

Merci de rester courtois.

L'algorithme de Gale-Shapley est clairement sexiste. En 2015, il serait bon que l'on commence à réfléchir à des versions plus égalitaires. Par exemple, on pourrait lancer le même algorithme en parallèle en échangeant les deux groupes, et renvoyer l'intersection des résultats (on aurait ainsi un véritable algorithme intersectionnel).

Par ailleurs, quid des relations amoureuses qui ne sont pas des couples ?

Merci pour ton soutient Stranger :) Hum j'avoue que je n'ai pas trop d'idées sur ce qu'il en est de ce types de travaux aujourd'hui en détail, mon idée était surtout de présenter les travaux de ces deux Nobels et de montrer quelques applications ! A mon avis les extensions de ces travaux sont surtout techniques : complexité et efficacité de l'algorithme, cas où les préférences des agents sont particulières ou incomplètes etc…

Concernant le titre, j'ai décidé de ne pas changer par l'espace est trop restreint pour garder le titre d'origine + apporter un supplément d'information dont le rôle est pour moi celui du sous-titre. De plus j'aime bien les articles putaclic, je vendrais ma grand-mère pour 10 vues supplémentaires donc je ne compte pas changer de ce coté là et je compte même écrire d'autres articles dans le même ton (je préviens par avance :p ).

@Katana : L'idée est simplement de réfléchir à comment organiser des couples/duo dans deux populations différentes. Les hommes/femmes pour les mariages est l'exemple de l'article fondateur c'est tout, il est inutile d'y voir un quelconque "sexisme". Ca marche comme je le dit aprés avec des donneurs/receveurs, des étudiants/universités et plein d'autres cas où tu as une demande et une offre du même genre : entreprises/employés, etc.

Quel rapport avec les relations amoureuses qui ne sont pas des couples ? Je me demande si tu as vraiment lu l'article ou si tu ne t'es pas arrêté uniquement au titre.

+8 -3

Finalement, c'est bien les mathématiques fondamentales, personne ne t'accuse de sexisme. Par contre, il faudrait pas t'accuser de discrimination parce que tu as nommé un groupe A et l'autre B. Quid des autres lettres de l'alphabet ? Non à la hiérarchisation des lettres ! Toutes les lettres se valent ! Pareil pour les nombres, il y en a marre que 1 soit toujours le premier et 2 toujours le deuxième. Je demande que l'ordre entre les nombres soit aboli par la loi.

Blague à part, j'aime bien les systèmes d'allocation de ressource. A l'école, on avait un système assez amusant pour l'attribution des cours électifs (qui sont à places limitées). On avait un capital de crédits pour l'année, qu'on misait sur les cours proposés lors de chaque demi-semestre. Ceux qui misaient le plus remportaient le cours. C'était parfois un peu frustrant, parce qu'il fallait estimer la demande sur le cours pour ne pas gâcher de points, et ça aurait pu être intéressant d'avoir quelque chose de mieux.

Du coup ce système était l'inverse de l'article, il avait été collé un système d'enchères sur une allocation a priori sans prix. Et ça marchait pas mal parce qu'il y avait un compromis à faire grâce au capital limité.

Mes 2 francs :

Merci à l'auteur, c'est certainement le premier article lié à l'économie en tant que tel que je lis.

Pour le titre, s'il avait été moins original (genre Introduction au market design en économie), jamais je n'aurai lu l'article. Puis l'introduction a su m'accrocher, bravo.

Question hommes/femmes/hétérosexualité/homosexualité/bisexualité/… (la liste peut-être très longue), crier au scandale lorsqu'on ose parler d'hétérosexualité, c'est de l'hypocrisie.

Merci :)

+12 -0

L’article est bien et j’en félicite l’auteur.

Pour rebondir sur les différents points dans les commentaires :

Comme souvent Höd est abrasif dans ses propos mais ne manque pas de pertinence sur le fond. Il s’agit effectivement d’un problème de mathématique comme c’est explicitement dit dans la conclusion de l’article original de 1962 (on peut le consulter ici pour les curieux). Le fait que les auteurs soient parti d’un problème concret au lieu de raisonner directement abstraitement ne change rien (d’ailleurs l’article à été publié dans The American Mathematical Monthly). Au demeurant le problème concret n’est pas celui du mariage stable mais justement celui de la répartition des étudiants dans les universités, le cas du mariage ne sert que d’illustration pour un cas simplifié avec exactement autant de demandes d’inscriptions que de places.

Pour la polémique sur le titre : oui il est sexiste. Il renforce le schéma traditionnel du couple avec un homme une femme, pareil pour le voisin (et probablement tout quartier…). La partenaire est évidemment objectifié puisque c’est nous qui lisons (il n’y a que des hommes qui lisent de toute façon) qui décidons de piquer la femme du voisin, comme on prendrait sa tondeuse à gazon. C’est ironique en plus parce que dans le problème du mariage stable la femme a son mot à dire, et d’ailleurs on peut parfaitement dérouler l’algorithme en commençant par les préférences des femmes. On trouve également une solution stable même si ce n’est pas nécessairement la même ( c.f. article original). Maintenant est-ce grave ? Je ne sais pas trop, en tout cas le fait que ça ne donne aucune information sur le contenu de l’article (qui je répète est bon) est, à mes yeux, plus problématique.

+10 -0

Blague à part, j'aime bien les systèmes d'allocation de ressource. A l'école, on avait un système assez amusant pour l'attribution des cours électifs (qui sont à places limitées). On avait un capital de crédits pour l'année, qu'on misait sur les cours proposés lors de chaque demi-semestre. Ceux qui misaient le plus remportaient le cours. C'était parfois un peu frustrant, parce qu'il fallait estimer la demande sur le cours pour ne pas gâcher de points, et ça aurait pu être intéressant d'avoir quelque chose de mieux.

Du coup ce système était l'inverse de l'article, il avait été collé un système d'enchères sur une allocation a priori sans prix. Et ça marchait pas mal parce qu'il y avait un compromis à faire grâce au capital limité.

Aabu

Dans ce cas c'est un systéme d’enchère et c'est une solution un peu différentes ! De plus il est possible que cette solution soit moins efficace : tu as misé beaucoup sur un cours A que tu n'as pas obtenu et tu te retrouve finalement dans un cours D qui ne plait pas, alors que tu es plus intéressé par un cours B que certains étudiants qui y sont. Je ne sais pas trop si je suis très clair. :D

Par contre il y aurai un article à faire sur les différents types d’enchères et leurs avantages ainsi que leurs utilisations dans la vie réelle (attribution de licence publique de téléphonies, marché des fleurs etc.). J'ajoute cette idée à la liste de mes idées pour mes prochains articles, merci de ton intervention.

Et je suis content de voir des retours indiquant que justement le titre à été un élément motivant pour lire l'article !

PS : J'ai partagé l'article sur les réseaux sociaux de la Sorbonne, ça ferait peut-être venir du monde sur site, et pourquoi pas de nouveaux contributeurs avec un peu de chances. :)

+4 -1
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