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Vis ma vie: le doctorat

Ou j'explique comment ça se passe pour moi et pour les autres

Même si j’en avais déjà touché un mot dans mon interview, voilà deux ans que je poursuis un doctorat. Et comme c’est un monde que tout le monde ne connaît pas forcément, je vous offre une petite visite guidée. Au programme ? L’avant, le pendant et l’après. Je vais un peu parler de ce que je fais, mais surtout de comment ça fonctionne en tentant de rester général. Et c’est parti. ;)

Disclamer: j’effectue un doctorat en chimie, donc peux être que certaines choses ne s’appliquent pas à tout les doctorats (je n’ai qu’une vague idée de comment ça se passe en science humaine, par exemple). Par ailleurs, je suis doctorant en Belgique, et certaines choses varient légèrement d’un pays à l’autre. Je vais faire assez bien de référence à la situation de mes voisins français, mais c’est basé sur les discussions que j’ai pu avoir avec eux, faites-vous un plaisir de me corriger si nécessaire.

L'avant: qui veux bien me payer ?

Oncle picsou
Objectif financement !

Les raisons qui poussent à faire un doctorat peuvent être multiples. Un premier prérequis est tout de même de ne pas avoir trop été dégoûté de la recherche durant le mémoire généralement fraîchement présenté (même si certaines personnes font un doctorat après plusieurs années). Le second, c’est de trouver un promoteur qui accepte de vous encadrer (et qui dès lors, propose généralement un sujet de thèse en adéquation avec la politique du laboratoire dans lequel vous tombez, même si tout est possible). Et le troisième, c’est le nerf de la guerre, donc bien entendu l’argent.

Et ça me chagrine de commencer par là, mais c’est une dure réalité: un doctorat n’est pas gratuit. Déjà, il faut être payé pour pouvoir à minima se nourrir et se loger (les études universitaires sont déjà bien assez longues comme ça sans devoir en plus rajouter du temps à ne pas être payé et vivre aux dépens de papa-maman). Ensuite, et ça dépend de la discipline, mais il faut souvent acheter du matériel ou des livres (et des produits, quand vous êtes expérimentateur), et il est dans l’ordre des choses que le doctorant participe aux frais (souvent pas directement, heureusement). Finalement, il faut financer les déplacements (voir plus bas).

Au niveau du salaire, je n’ai pas trop à me plaindre. Je suis incapable de trouver une étude sérieuse comparant le salaire des doctorants européens ou dans le monde, mais j’ai cru comprendre que mes collègues français étaient relativement mal payés en comparaison (je compatis sincèrement, d’ailleurs). De plus, balancer des chiffres est toujours dangereux puisque le coût de la vie1 entre en ligne de compte (par exemple, dans les pays nordiques, c’est complètement abusé).

Or, les financements, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un promoteur, tant s’en faut. Dès lors, il existe différentes sources de financements possibles:

  • Le doctorat en collaboration avec une entreprise. Je connais au final assez peu cette option, mais elle existe et est relativement courante. Bien entendu, l’entreprise ne le fait pas par pureté d’esprit, et s’attend à des "retours sur investissement". Ça implique souvent des clauses de confidentialités, des brevets potentiels, et des sujets avec une orientation très "pratiques". Bref, quelques années de recherche et développement.
  • Les financements "publics": insérez ici tout ce que compte votre pays d’origine ou de destination d’institutions publiques, en plus de l’Union européenne si ça s’applique à votre cas. En Belgique, on a par exemple le FNRS (l’équivalent du CNRS en France). Ces institutions possèdent de l’argent à investir, et les financements s’obtiennent via des concours (par exemple le FRIA ou le FRESH en Belgique) ou des appels à projets. Ça implique donc d’avoir un projet bien ficelé et de ne pas avoir peur de devoir le défendre. C’est assez stressant. Les sources de ces financements sont multiples. En Belgique, une partie de l’argent provient par exemple de la Loterie Nationale (organisme de gestion des jeux de hasard en Belgique) ou de téléthons (un des plus connu et me touchant à peu près directement est nommé le Télévie et est organisé pour aider la recherche contre le cancer et la leucémie).
  • L’assistanat2: petite particularité belge, et l’option que j’ai choisie. J’accepte d’utiliser 50% (théoriquement) de mon temps à enseigner (ou préparer mes cours, ou surveiller des examens) et en échange, l’université accepte de me payer mon doctorat (et me donne deux ans de plus pour réaliser mon doctorat alors que la durée normale en Belgique est de quatre ans). Un bon deal pour qui aime enseigner, donc, parce qu’en échange, le sujet de thèse est à peu près libre (tant qu’il n’est pas extravagant). Bien entendu, le nombre de places est limité, puisqu’un professeur n’a théoriquement qu’un seul assistant. Dans d’autres pays où cette option n’existe pas, les doctorants sont parfois obligés de donner des heures de cours (ça fait partie de leur contrat) ou elles leur sont proposées comme complément (comme en France ?). Le nombre d’heures est alors bien inférieur au mien (il est écrit quelque part que je dois faire 250 heures de cours par an, ce qui est à peu près le cas).

Bon, une fois l’argent trouvé (en général, les appels de postes se font avec un financement déjà disponible, donc le doctorant n’a pas à chercher lui-même son financement), la partie fun peut enfin commencer :pirate:


  1. Le prix du logement est probablement la plus grosse partie du budget du doctorant, et c’est très variable d’un pays (et d’une ville) à l’autre. 

  2. Notez que dans certains pays, le terme teacher’s assistant ne désigne pas cette situation. 

Le pendant: la recherche et ce qui va avec

Que fait un doctorant ? Il boit du café cherche, bien entendu.

The research cycle
Le cycle de la recherche, par le plus qu’excellent PhD Comics. En français dans le texte: "Lire, écrire, rincer, recommencer".

Chercher et trouver

J’ai parlé plus haut de projet de recherche. Au départ, ce n’est qu’un bout de papier plutôt vague, avec des deadlines qui ne seront jamais respectées (réaliste), dont la moitié des choses ne sera pas faite par manque de temps (véridique) et basé sur des "résultats prometteurs" dans un "domaine en pleine explosion" (lol) avec des "applications concrètes" (même s’il faudra encore 10 ans en pratique et une armée d’ingénieurs pour arriver à quelque chose). Bref, un projet de recherche, ça vend du rêve par paquets de douze. Et il faut mettre ça en pratique.

Et là, y’a pas de secret, il faut d’abord aller voir ce que les copains avant toi on fait. C’est-à-dire se plonger dans la fameuse "littérature scientifique". C’est un endroit génial ou tout ce que l’humanité à pu produire de résultats sur ton domaine de recherche se trouve. Enfin, à condition que ton institution aie payé les droits d’accès aux différents journaux scientifiques1, et que les publications ne soient pas trop anciennes2 (parfois, il faut aller à la bibliothèque, mais avec internet, ça devient rare). En général, à moins d’avoir de la chance et de tomber sur un livre, le résultat de cette recherche prend la forme d’articles scientifiques de 2 à … beaucoup de pages. Et bien entendu, il ne suffit pas d’en lire qu’un, car il fait références "aux découvertes de xxx", "à la théorie de yyy reformulée par zzz" et "en parallèle des travaux de aaaa, bbbb et cccc", ou toutes ses phrases pointent sur autant d’articles scientifiques différents. Et ça s’accumule.

Littérature scientifique
Image par @buddedited, décrivant de manière relativement réaliste comment peut se passer une recherche bibliographique. Mention spéciale à "cet article est en allemand" (qui est courant en chimie, même si je ne parle pas un mot d’allemand).

Plus sérieusement, la bibliographie, c’est pas marrant (du tout) mais c’est nécessaire. Pour ne pas réinventer la roue, par exemple, puis pour savoir ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Et les articles s’accumulent en général en pile sur le bureau (moi, je préfère lire du papier), et ça prend des semaines pour en faire le tour (en général, pour comprendre un article, il faut plusieurs heures ou jours). Et on apprend plein de choses pour la suite. :)

Puis, il faut faire des recherches à proprement parler, et donc mettre en application la fameuse méthode scientifique:

Source: Wikipédia

Je ne vais pas rentrer dans le détail ici (je le ferais un tout petit peu me concernant juste en dessous), mais le terme "expérience" renferme évidemment plein de choses (de l’observation ou de la mesure sur "le terrain" à la simulation sur ordinateur, en passant par les tests papier-crayon, in vitro, in vivo, etc). Bien entendu, tout ça ne va pas sans une certaine rigueur scientifique, qui consiste par exemple à faire de la statistique correctement, à tester les limites de ses hypothèses, à oser des approximations et des généralisations tout en les justifiant correctement, à effectuer des optimisations (il s’agit de modifier les paramètres d’un protocole expérimental, encore une fois tel qu’il soit, afin d’être le plus "efficace" possible), et autres.

Régression linéaire
Je ne pouvais pas faire un truc sur la science sans mettre un XCD… XDK… XKCD ;)

Il arrive donc à un doctorant d’effectuer la même expérience plusieurs fois (véridique3). Il arrive que cette expérience échoue (bon, même si ce n’est pas marrant, un échec est un résultat en soi). Il arrive qu’on fasse fausse route (véridique). Il arrive qu’une hypothèse soit fausse (véridique). N’oublions pas qu’après tout, on ne peut pas tordre les lois de l’univers à sa façon, parce que dans ce genre de bataille, c’est toujours l’univers qui gagne. Il arrive que l’expérience fonctionne, aussi, de temps à autre. Que les résultats affluent et soient cohérents entre eux (ou pas tout à fait, mais il faut bien une exception pour confirmer la règle), qu’une hypothèse se dégage et qu’on puisse enfin passer à la suite. ;)

Boire du café

On rigole, on rigole, mais on fait plein de rencontres intéressantes à la machine à café. D’ailleurs, je mets au défi quelqu’un d’être productif 4 heures d’affilée. Oh, et on peut boire du thé, aussi.

Communiquer ses résultats

Troisième partie du job: la communication. Qui, académiquement, peut plus ou moins prendre deux formes: la communication orale et la publication. Le but du jeu, c’est de partager ces découvertes avec le monde scientifique.

Les communications orales, c’est entre autres le classique Powerpoint à présenter devant plus ou moins de monde (qui en a plus ou moins quelque chose à faire) avec une séance de questions après, ce qu’on appelle un talk. C’est AFFREUSEMENT stressant, pour plein de raisons: il faut captiver le public, il faut parler correctement (souvent en anglais, et avec le stress, c’est jamais drôle), il ne faut pas aller trop vite, il ne faut pas aller trop doucement, il ne faut pas faire une présentation trop chargée ou trop longue, il faut avoir des questions après (bon, le chairman4 est censé toujours en avoir une de réserve), il faut comprendre la question et savoir y répondre … C’est bien entendu pareil pour toute présentation orale, mais voilà, je trouve ça stressant quand même :p

Il existe cependant une seconde forme de communication orale, c’est le poster: pour ceux qui n’ont pas la "chance" de pouvoir présenter un talk, il y a des sessions posters qui sont organisés, ou il s’agit de résumer son travail sur un poster au format ArchE (proche, mais pas exactement pareil, du format A0), et d’attendre qu’une personne intéressée vienne demander à ce qu’on présente le travail ou vienne poser des questions. Comme ça se fait en plus petit comité, c’est moins stressant, et encore une fois, ça permet de rencontrer des gens. Quand il y a des gens ^^

L'attente devant le poster
Votre serviteur en chair et en os, qui attend que quelqu’un vienne lui poser une question (bon, en vrai, cette fois-là, j’ai eu des échanges assez intéressants).

Ces communications orales se font lors de congrès (symposium, rassemblement, conférence …), ou on rassemble plusieurs scientifiques sur un thème plus ou moins précis (les conférences "générales" étant les plus complexes, parce qu’il est difficile de comprendre ou d’être compris par tout le monde, surtout sur des domaines pointus). Ces conférences ont très souvent lieu à l’étranger, et ceci explique une partie du cout d’un doctorat. En effet, ces conférences sont l’occasion de faire un peu de réseautage (je préfère networking), de discuter d’éventuelles collaborations (bon, ça, c’est surtout pour les promoteurs), de rencontrer des amis ou de discuter avec les auteurs d’une publication qu’on a récemment lue (très utile quand c’est le cas), et de voir ce qui se fait ailleurs. C’est donc un moment très important dans la vie d’un doctorant. Et parfois, ça donne l’occasion de visiter des endroits sympas en même temps5.

Et puis il y a la publication. Le Saint-Graal du chercheur, qui est prié d’en produire au moins une sur tout son doctorat (en tout cas, c’est noté dans mon règlement doctoral, ça peut changer d’un règlement à l’autre). Il s’agit donc de présenter ces résultats pour que le monde entier puisse les lire et les utiliser si nécessaire (voir plus haut). Bien sûr, on ne publie pas n’importe quoi, et l’article passe d’abord par le peer-review. Le principe est simple: une fois le manuscrit près, il est soumis à un journal scientifique. Ce journal est plus ou moins thématisé et possède un certain facteur d’impact (voir plus loin). Une fois le manuscrit reçu par l’éditeur du journal, il est envoyé à plusieurs scientifiques (au minimum deux) compétents dans le domaine (les peers ou reviewers) qui sont chargés de le relire, et de faire des remarques ou des suggestions6, qui sont transmis à l’auteur (de manière anonyme, donc on ne sait pas qui sont ces reviewers) avec une mention qui peut aller de "accepté" à "rejeté" en passant par "révision mineure/majeure". Dans ce dernier cas, l’auteur est prié de proposer une seconde version en tenant compte (ou pas) des remarques des reviewers, et c’est alors à l’éditeur de juger s’il accepte alors cette seconde version. Quand c’est le cas, c’est la fête (littéralement, parce que ce n’est pas une procédure facile), et le manuscrit est alors accepté et "en attente de publication" (certains journaux scientifiques sortent encore en format papier, et le manuscrit se trouvera donc dans l’édition suivante, quand d’autres publient les articles sur internet).

Pour ceux qui n’aurait jamais eu l’occasion de lire un article scientifique, voilà un peu à quoi ça peut ressembler:

Un article de journal
C’est de l’humour, hein ;) (en plus, en vrai, j’étais pas tout seul à l’écrire, celui-là, mais ça fait quand même du bien à l’égo).

Bon, il y a un but derrière. On résume souvent la vie académique par la phrase publish or perish, et c’est malheureusement vrai. Sur le CV, ça fait "bien" d’avoir publié plusieurs fois dans des journaux de qualités. Ce qui fait bien aussi, c’est d’avoir été souvent cité, car ça signifie que beaucoup de gens ont lu vos articles et les ont trouvé intéressants. C’est symbolisé par le "fameux7" h-index, qui mesure en gros le nombre de fois que l’ensemble des publications d’un chercheur ont été citées en moyenne. Avoir un h-index, élevé, ça fait bien sur le CV. Évidement, c’est un cercle vicieux, car pour être cité, il faut être lu, et donc publier dans des journaux scientifiques très lus, ou autrement dit "à haut facteur d’impact", le facteur d’impact étant la moyenne du nombre de fois qu’un article publié dans un journal donné est cité. C’est en fait ces journaux à haut facteur d’impact que le public connaît généralement. Vous pouvez trouver par exemple une liste ici, ou on retrouve par exemple le Lancet (journal de médecine), ou les fameux Nature, Science ou Cells, dont je suis certain que vous avez déjà entendu les noms8.

Une publication, c’est donc aussi un choix stratégique. Ce n’est vraiment pas un aspect marrant de la recherche, mais voilà, c’est comme ça que ça fonctionne, et malheureusement, il faut jouer le jeu. Ce n’est clairement pas la partie qui m’enchante le plus, mais encore une fois, ça fait plaisir de voir plusieurs mois (voir plusieurs années, pour certains) de travail concrétisés par une publication. Vraiment ^^

Boire du café

On en parle pas assez, je trouve.

Avoir cours

Keuuuuuwa ? Les doctorants on encore cours ? Je croyais que c’était fini les études !

Nan ;)

Doctorant, en anglais, se traduit par PhD student. On reste donc encore des étudiants9, avec un programme d’étude. En Belgique, j’ai 60 crédits à réaliser durant mon doctorat, et une publication, participation à une conférence ou encadrement d’un étudiant compte pour un certain nombre de crédits. Mais je peux (et je dois) aussi aller suivre des cours de master (par exemple aller suivre un cours en physique, parce que je ne l’ai pas eu durant ma formation en chimie). Il existe aussi des possibilités d’écoles doctorales, donc une semaine de cours réservés au doctorant (et organisé littéralement au milieu de nulle part) sur des sujets donnés, et qui comptent aussi pour des crédits.

Dans le même ordre d’idée, il arrive également d’encadrer des mémorants pour leur sujet de mémoire (ou des stagiaires). En général, c’est des sujets en rapport avec la thèse qui est en train d’être réalisée par le doctorant (et qui se retrouvera dans la thèse finale). C’est aussi toute une expérience que de transmettre son savoir à quelqu’un d’autre, vous pouvez me croire.

Boire du café

Promis, j’arrête.

En discuter avec son promoteur

J’ai la chance (et je ne dis pas ça pour le flatter, il n’y a aucune chance qu’il me lise) d’avoir un promoteur relativement accessible, ce qui me permet d’avoir des discussions avec lui et des retours sur ce que je fais (en plus du fais que j’ai globalement bon rapports avec lui). Ça aide vraiment. Je sais que ce n’est pas forcément le cas pour tout les doctorants.


  1. Coucou SciHub! Sérieusement, j’en parlerais pas trop ici, mais allez voir cet excellent vidéo de Datagueule qui explique l’hypocrisie qu’est l’édition scientifique. 

  2. En ce moment, je me promène globalement dans les années 70. Et tous les concepts théoriques ont été décrits avant les années 50, mais on n’avait pas les ordinateurs pour les appliquer. 

  3. Dans mon domaine, cette pratique porte un nom, c’est le benchmark. Et un nouveau projet commence à peu près toujours par cette étape. 

  4. Durant une session de plusieurs présentations, le chairman est la personne qui introduit chacune des personnes, qui veille à ce que le temps soit respecté, qui pointe les personnes qui ont le droit de poser des questions, et qui, comme je dis, en a toujours une de réserve. 

  5. Par exemple, j’ai deux de mes collègues qui vont à un symposium à Barcelone, en septembre. Je suis clairement jaloux :p 

  6. Il y a TOUJOURS un reviewer chiant dans le paquet (Damn you, reviewers #2). Dans les clichés, il y a aussi les reviewers qui te demandent de citer leurs propres papiers. Et ceux dont on voit clairement que t’as marché dans leurs plates-bandes et qui ne sont pas très contents. Et ceux qui n’ont pas lu l’article. 

  7. (in)famous 

  8. Du coup, quand quelqu’un "fait un Nature", c’est la grande classe. Même si je salue l’événement, je trouve ça un peu surfait: Nature, pour caricaturer, c’est un peu le "science et vie" de la recherche: les articles sont très courts et très généraux, mais c’est sensationnel. Et c’est la grande classe. 

  9. D’ailleurs j’ai toujours une carte d’étudiant. À moi les réductions <3  

#3615malife

Si c’est le doctorat plus que ma petite vie qui vous intéresse, vous pouvez vous rendre à la section suivante sans problème, je ne vous en voudrais pas. En plus il y a un (tout petit) peu de maths :-°

Je suis doctorant en chimie quantique (ou comme mes collègues aiment le dire, je suis "théoricien"). Ça signifie que je fais très peu d’expériences "en vrai" et que je me base en fait sur des simulations réalisées à l’aide de l’ordinateur pour prédire le résultat d’expériences pas encore réalisées ou tenter d’expliquer certains résultats déjà obtenus. Donc mon outil de travail, ce n’est pas tellement le laboratoire au contraire de mon collègue Blackline, mais plutôt mon bureau et mon ordinateur. Et d’autres ordinateurs.

Pour expliquer un peu sans trop vous perdre, je me base sur la résolution de l’équation de Schrödinger, qu’on pourrait par exemple écrire sous cette forme:

$$\hat{\mathcal{H}}\Psi = E\Psi$$

C’est théoriquement assez simple, en fait: on décrit le monde, c’est-à-dire le système qu’on considère, par $\Psi$ (qui s’appelle la fonction d’onde, et qui décrit par exemple un ensemble de particules), et on veut réaliser une mesure sur ce système. L’outil de mesure est représenté par $\hat{\mathcal{H}}$ (qui s’appelle un opérateur, ou aussi l’Hamiltonien, et qui mesure ici l’énergie du système), et quand on applique cet outil de mesure sur notre système, on obtient le résultat (ici $E$, c’est l’énergie) et le système, inchangé. Voilà en gros et en très simplifié ce que nous dit l’équation de Schrödinger1.

Donc, et à condition que je connaisse $\Psi$, qui dans mon cas représente souvent une molécule, je peux réaliser la mesure de n’importe quelle propriété dessus. Il se trouve qu’une molécule, c’est un gros paquet d’électrons, de protons et de neutrons (mais si, vous l’avez vu en secondaire), c’est-à-dire un système où, pour ce simplifier la vie, les noyaux atomiques sont figés avec des électrons qui voyagent dans tous les sens autour. Un peu comme une vache qui aurait un nuage de mouches autour de lui. En chimie, on ne s’intéresse en général qu’au comportement des électrons, et on laisse le reste au physicien. Et pourtant même comme ça, connaître le $\Psi$ correspondant à cette situation demande un peu de travail, parce que ce n’est pas un problème "simple" en physique (comprendre qu’il n’existe pas d’expression exacte pour une situation donnée dès que le problème compte plus de deux corps).

Heureusement, on a réussi à formuler ça de manière à ce que les ordinateurs, eux, puissent nous donner une solution à ce problème (qui ne sera pas exacte, mais approximée, ceci dit, mais je ne vais pas entrer dans les détails). Et comme on ne fait pas les choses à moitié, on aime lancer plusieurs calculs à la fois, ce qui fait qu’en pratique, nos machines de bureau ne suffisent pas, et qu’on est "obligé" d’utiliser des supercalculateurs. D’ailleurs, je ne sais pas ce que vous avez en tête quand vous entendez "supercalculateurs", mais n’allez pas imaginer trop de trucs. En fait, il s’agit dans mon cas de processeurs avec la même capacité de calcul que des processeurs d’ordinateurs actuels (voire un peu plus vieux), sauf qu’il y en a beaucoup. Avec ça, on met assez bien de mémoire vive, et des disques durs de grande capacité, mais c’est tout, et on obtiendrait à peu près le même résultat si on mettait un certain nombre d’ordinateurs de bureau en réseau (sauf que ce serait pénible à gérer ^^). Pour exploiter tout ça, soit on lance beaucoup de calculs exploitant un faible nombre de processeurs, mais en même temps, soit on utilise des programmes qui sont extrêmement bien parallélisés (grâce, par exemple, au protocole MPI).

Voici un exemple d’un supercalculateur que j’utilise régulièrement, donc une grande armoire avec plein de machines dedans, qui on la forme (pas l’odeur) de boites à pizza. C’est exactement la même chose que dans un service d’hébergement internet, et ça coûte très cher en électricité et en climatisation :p

Bon, ça, c’est pour la technique. En pratique, je ne développe pas de nouvelle méthode de calculs2, je me base sur des implémentations existantes pour calculer les propriétés de molécules que je trouve intéressantes. En particulier je m’intéresse à un certain type de spectroscopie, qui mesure la réponse d’une molécule à son interaction avec la lumière (issue d’un laser).

Comme on peut le voir sur cette image, la réponse de la molécule (représentée par la longueur et l’orientation des flèches) n’est pas la même en fonction de l’orientation de la lumière (en fait de la composante électrique de celui-ci), et est plus forte dans un certain sens. Cela a des conséquences sur le signal qui est mesuré expérimentalement, et le calcul aide ici à comprendre pourquoi.

Dans mon cas, je reste très proche de la recherche dite fondamentale, ce qui signifie que les applications éventuelles de mon travail pour "monsieur tout le monde" (il y a des applications possibles dans le stockage de données ou dans la réalisation de transistors au niveau moléculaire et utilisant la lumière) demanderaient en pratique des années de développement. Je ne dis pas que ce n’est pas important, mais c’est un peu difficile à expliquer à des personnes qui ne sont pas dans le domaine et qui s’attendent à ce que la recherche ait une application immédiate dans le quotidien. Loin de là me concernant, et c’est pour ça que j’ai très difficile à vous expliquer ici ce que je fais ;)

Et l’assistanat, alors ?

Vraiment une composante de mon doctorat qui me plaît. Ça fait maintenant 2 ans que je suis assistant, et mon enthousiasme n’a pas encore décru, donc j’imagine que je suis maso et que j’aime ça. On vit avec, j’imagine ^^

Ça demande du temps. Les 50% de mon contrat sont peut-être exagérés (encore que je ne compte pas), mais clairement, préparer une séance d’exercice sur une matière que tu n’as plus vue depuis 5 ans (véridique) demande un peu de temps. Même la "chimie de base", qui représente mon fonds de commerce en temps qu’assistant (puisque j’ai systématiquement un a deux groupes de premières années) demande de bien se rappeler les concepts, leurs tenants et leurs aboutissants. En plus de ça, il faut faire un peu de psychologie inversée et voir ou l’étudiant va probablement se planter, pour prévenir et éventuellement sévir.

Et mon travail ne se limite pas qu’aux séances d’exercices (TD, principalement des maths4 en ce qui me concerne), il y a aussi des séances pratiques (TP), où l’étudiant est invité à faire quelque chose de ces 10 petits doigts. Étant l’assistant associé au cours de chimie quantique, j’apprends aux étudiants à se servir d’un ordinateur. Littéralement. C’est fou comme un étudiant, de nos jours, sais aller sur Facebook les yeux fermés et sur à peu près n’importe quel appareil, mais a un problème manifeste à ce servir d’un outil de traitement de texte pour sortir quelque chose de correct3 (bon, après, je leur apprends à ce servir de LaTeX, pour leur laisser le choix). Je m’occupe donc des travaux pratiques du cours de "logiciel scientifique" (10 séances, un logiciel par séance, et on voit comment on peut l’utiliser pour faire des trucs corrects) et des travaux pratiques du cours de chimie quantique (ou une petite partie du travail, puisque ça se passe sur des supercalculateurs, est de donner aux étudiants des rudiments de Bash et d’UNIX).

Et je le répète encore une fois, mais j’ADORE ça. Et ça va me poser un souci pour la suite.


  1. Pas taper, les physiciens, hein ? :-°  

  2. Par contre, je développe des outils permettant d’interpréter les résultats des calculs. La programmation reste donc une composante importante de mon doctorat. 

  3. Bon, après, je reconnais que Word rend pas la tâche facile non plus. Mais quand même :o 

  4. Bon, des maths de chimistes, hein. On fait ça bien comme des cochons et on obtient la bonne réponse quand même. La rigueur, c’est pour les matheux :p 

L'après: le futur et ce qui vient ensuite

Bien entendu, à la fin de la thèse, il y a un minuscule détail, c’est la présentation de la thèse. C’est à dire 3 à 6 mois d’écriture d’un manuscrit ou le doctorant devient en général très irritable et asocial, couronné par une présentation devant un jury dont le but est de te poser le plus de questions possibles pour être sur que tu mérites ton doctorat (d’ailleurs, petite subtilité belge ici, la présentation ce passe en deux fois: une défense privée et généralement assez longue, avec juste le jury et le doctorant, et une défense publique, quasiment du show, qui se fait avec le public et où il y a moins de questions posées). Ensuite, on fait la fête pour oublier.

Et ensuite, on profite du chômage cherche du travail.

Je pointerais ici les 3 possibilités "d’après" que j’aie en tête:

  • La reconversion. Parfois, les personnes qui font un doctorat ont développé des compétences transversales qui les rendent éligibles à certains postes en entreprise, souvent comme cadres ou chefs de projets. Par exemple, dans mon cas, je pourrais envisager une reconversion dans l’informatique. Il y a aussi des gens qui développent des spin-off pour exploiter des brevets basés sur leurs recherches. Bref, c’est la voie "monde de l’entreprise". Ça fonctionne aussi dans certaines administrations.
  • La recherche. Pour le docteur qui n’a toujours pas été dégoutté de la recherche (y’a des fous partout, hein), s’ouvre alors une période de temps communément appelée le postdoc. Enfin, plutôt LES posts-docs. Un postdoc, c’est un contrat sur une période de temps assez court (typiquement 6 mois à 2 ans) dans un laboratoire, souvent étranger. Le but, c’est alors d’engranger de l’expérience et des publications (voir h-index plus haut) pour pouvoir prétendre à une position permanente dans un labo, ou parfois créer son propre labo (parce que sinon, c’est CDD sur CDD, et c’est pas une vie). Et devenir Professeur (notez la majuscule) à l’université pour les plus tordus d’entre eux. ;)
  • Et puis finalement, l’enseignement. Une voie choisie par exemple par certains de mes collègues assistants, puisque le doctorat ouvre la porte à l’enseignement dans des sections de l’enseignement supérieur non universitaire (je pense que c’est un terme belge, mais le système éducatif français m’échappe totalement).

Je pense ne pas me tromper en me disant que c’est les trois seules possibilités qui s’offrent au futur docteur (bon, y’a aussi les reconversions totales en mode "f*** je lâche tout et je pars élever des lamas en Papouasie", évidement). Ce n’est pas un choix facile, notez (par exemple, les post-docs demandent souvent de partir à l’étranger, à l’âge où on a en général commencé à fonder une famille, ou on est en bonne voie de le faire). Et ça demande parfois des sacrifices.

#3615malife (oui, encore)

Bon. Même si j’ai encore 4 ans pour y penser, je n’ai aucune idée de ce que je vais choisir. Comme je l’ai dit, j’apprécie vraiment l’enseignement, mais je ne suis pas (encore?) dégoûté par la recherche. Du coup, je sens le gros dilemme arriver. Je vous dirais dans 4 ans ce que j’ai fini par choisir, j’imagine. ;)


Et voilà ! J’avais envie de vous parler de ça, parce que je reçois parfois des questions sur le sujet et que le format du billet s’y prêtait bien (ça m’a permis de le faire sur un ton plus décontracté et parfois moins objectif). N’hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé.

Et si vous faites, aller faire ou avez fait un doctorat et que vous voulez partager vos expériences, n’hésitez pas. Je suis très curieux de savoir comment ça se passe dans un autre pays ou dans une autre discipline ;)

64 commentaires

Ben de toute façon il faut être honnête, le corps d’une thèse ne sera lu que par le prochain masochiste à se pencher sur un problème connexe au tien.

adri1

En effet. :)

+1 -0

Pour avoir une idée du nombre de page dans ton domaine, tu vas sur HAL et tu regardes. Celle de psycho pure dépassent les 400 pages régulièrement.

Si je puis te donner deux conseils :

  • Cherche un bon encadrant. Il vaut mieux commencer sa thèse plus tard (décalée de 6 mois ou d’un an), mais être bien encadré, surtout en SHS : ces thèses sont plus longues que ce qu’on a en science.
  • Fait gaffe au financement. Les thèses de SHS ne sont pas toujours financées. Lorsqu’elles le sont, c’est parfois pour 3 ans, sauf que dans certains domaines, on refuse de donner des thèses au bout de 3 ans, il faut au moins 6 ans et 400 pages. C’est très con.

D’où l’intérêt d’être financé correctement et d’avoir un bon directeur (qui saura t’envoyer assez tôt, ne pas te lâcher avant la fin, qui sait ce qui est attendu…).

+4 -0

Ben de toute façon il faut être honnête, le corps d’une thèse ne sera lu que par le prochain masochiste à se pencher sur un problème connexe au tien.

adri1

(C’est aussi valable pour la plupart des articles.)

Pour ce qui est du salaire, je gagne à peu près 1900€ net par mois (je vais pas le cacher, de toute façon c’est public, et c’est à peu de chose près pareil pour tout doc en Belgique depuis 2 ans, avant c’était 1600€). J’ai de la chance de vivre dans une petite ville et que le coup de la vie en Belgique soit pas trop déconné. Moi, ce qui me fait peur, c’est vraiment les doctorant Français dans des grandes villes comme Paris, avec les chiffres que Gabbro a donné. Ouille –"

Y a quand même certaines niches en France. Mais c’est vrai que, de ce que j’ai vu, globalement être doctorant ça suffit difficilement pour vivre dans une grande ville.

?

On peut quand même imaginer qu’après 6 ans dans la recherche tu puisses décrocher un emploi stable plus facilement. Là où un doctorant français lambda va probablement faire 2-3 ans de post-doc avant de décrocher un poste à vie (pas très bien payé là non plus, mais ce n’est pas la question).

Donc 30 ans ce n’est pas un âge si différent d’ici. En France si on part du principe que l’âge typique pour finir son master c’est 25 ans, il faut 3 ans de plus pour le doctorat et 2 à 5 de plus en post-doc (généralement, même s’il y a des exceptions en tout genres).

Je sais qu’en Suisse le système est un peu différent d’après ce que je sais. T’es obligé de faire X heures d’assistanat sur ton doctorat (dans mes souvenirs c’est 300h sur 4 ans mais je suis pas sûr). La durée est fixée à 4 ans avec une première année "test", c’est-à-dire que tu passes un examen après une année devant un petit jury (interne) qui décide si tu peux continuer.

Les doctorants ne se plaignent pas trop de leur salaire ici, je sais pas à quel niveau il s’élève mais c’est pas si mal je pense. Ah oui, pas de financement à chercher par contre - c’est la formule assistanat pour tous (sauf rares exceptions). Seul gros défi c’est de trouver un prof qui t’accepte… pas toujours donné apparemment! Dommage que Mathias ne soit plus là, il aurait pu en dire beaucoup plus sur son retour d’expérience!

ZDS_M

Tout ça dépend énormément des institutions. D’une université à l’autre, ça varie. D’un domaine à l’autre, tout change. L’obligation de faire de l’assistanat n’existe pas vraiment. Les doctorants que je connais dans l’informatique dans des petites universités suisses gagnent vraiment pas mal plus de 3000CHF (plus proche de 5000 que de 3000), ton chiffre me surprend. Dans les domaines techniques je connais pas de doctorant qui ait dû suivre des cours ou passer un examen à la fin de sa première année.

Bref ça change énormément. En revanche on peut certainement s’accorder sur le fait qu’il y a moins de différences entre un doctorat en france et en belgique qu’entre france ou belgique et suisse.

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Ouuaah le clash, M. Champagne tu l’as défoncé avec la publication du JACS mdr :p


Bien sur je connaissais déjà une bonne partie de tout ce que tu décrit ici Pierre. Mais ça fait plaisir de mettre les mains plus profondément dans le cambouis. J’suis pas mal d’accord avec tout ce que tu présentes car il y a vraiment plein de subtilité entre la Belgique et la France et c’est important qu’on soit moins ego-centré.

C’est pas en France qu’on parle de "toute la Francophonie"…


Sinon pourrais-tu nous en dire plus sur le milieu du Professorat ? Il faut être Chef de Laboratoire pour avoir le droit à ce titre si je ne me trompe pas ?

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Juste pour apporter une perspective différente, même si c’est assez similaire, quelques points sur la Suède (ou tout au moins sur KTH).

  • le financement est trouvé par l’université. Si il est perdu pendant le doctorat, l’élève est toujours payé, et le département qui l’emploie doit de l’argent à l’université. On en est à un peu plus de 3000€ par mois avant les taxes. Conférences, classes d’été, livres, etc sont payé. On a même un bonus quand on voyage, selon le pays (même pour un voyage en Suède). On a aussi un petit bonus quand on prend nos vacances, pour pouvoir profiter plus. On a aussi 200€ de dépenses relatives à la santé (sport ou yoga par exemple) remboursés.

  • Le doctorat prend trois ans de recherche, 1 an pour prendre des cours, et 6 mois pour enseigner. En vrai, on peut être gardé 5 ans sans trop de soucis. Pour enseigner, c’est environ 15% du temps sauf la dernière année.

  • les thèses (dans mon domaine) font rarement plus de 100 pages.

  • dans mon département, il fallait 4 articles en tant que premier auteur. Les journaux de conférences ne comptaient pas.

  • on est autorisé à une mobilité de 6 mois dans un autre labo. J’ai choisi de n’aller que quelques semaines en Allemagne, mais des collègues sont allés au Japon ou aux USA. On est bien entendu payé plus dans ce cas.

  • dans l’année qui suit la fin du doctorat, on est invité dans la salle de réception de Stockholm pour la remise des diplômes. White tie ou costume traditionnel suédois obligatoire.

En gros, différent mais semblable.

Le cas de la Suède donne assez envie :o

Tu te plais en Suède ? (je pense notamment aux conditions climatiques en hiver)

Ah oui, et c’est comme la Suisse avec un coût de la vie presque deux fois plus cher ?

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Si ça intéresse des gens, j’ai donné il y a quelques années (aux élèves de l’Épitech) une présentation sur ce que c’est que la thèse et la recherche en informatique, et en particulier dans le domaine des langages de programmation.

PhD, Research, and Programming Languages, 2013

Au sujet du salaire, c’est vrai que dans certains pays les doctorants sont franchement bien payés (c’est un salaire intéressant qui permet de mettre de l’argent de côté), et ce n’est pas le cas en France. Mais ce n’est pas non plus la catastrophe : pendant ma thèse j’étais payé 1640€ net par mois, c’est nettement au dessus du SMIC mensuel (1150€ net en 2017), et assez proche du salaire médian (1770 euros en 2015) en France. Une personne qui n’a pas d’enfants ou conjoint à charge peut vivre confortablement avec ça, même en région parisienne (ou le salaire médian est plus élevé, légèrement au-dessus de 2000 euros).

Au sujet du salaire, c’est vrai que dans certains pays les doctorants sont franchement bien payés

Je me demande si il y a des comparaisons avec le salaire d’opportunité qui serait perçu dans le privé. Je ne sais pas trop pour vos domaines mais dans le mien (la finance) vouloir faire une carrière académique revient à diviser sa rémunération par au moins deux en début de carrière et par un facteur entre 5 et 20 par la suite par rapport à ce que propose le privé. Autant dire qu’il faut avoir un certain amour de la recherche (après on peut s’arranger avec un prix Nobel pour les plus doués ou avec un peu de conseil pour les autres :D ). Surtout que le secteur privé offre en plus de la paye des challenges intellectuels sympa (comme provoquer une nouvelle crise, arnaquer le régulateur à coup de modèles internes etc.). Ce qui explique probablement la forte capillarité entre les milieux académiques et professionnels dans la finance, avec les risques que cela pose.

Dans vos secteurs il y a aussi un gros écart de rémunération par rapport à des camarades de promo qui sont dans le privé ? Pensez-vous faire partir un jour dans le privé ? Pour quelles raisons ?

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?

On peut quand même imaginer qu’après 6 ans dans la recherche tu puisses décrocher un emploi stable plus facilement. Là où un doctorant français lambda va probablement faire 2-3 ans de post-doc avant de décrocher un poste à vie (pas très bien payé là non plus, mais ce n’est pas la question).

Donc 30 ans ce n’est pas un âge si différent d’ici. En France si on part du principe que l’âge typique pour finir son master c’est 25 ans, il faut 3 ans de plus pour le doctorat et 2 à 5 de plus en post-doc (généralement, même s’il y a des exceptions en tout genres).

Holosmos

C’est là que (et je peux me gourer puisque je suis pas dans la situation) je pense que tu te trompe. Je débarque à 30 ans avec "juste" un doctorat, et l’expérience qui va avec. Comparé a un doc’ avec 2 post-docs en poche, je suis nul part :p


Juste pour apporter une perspective différente, même si c’est assez similaire, quelques points sur la Suède (ou tout au moins sur KTH) [....]

Je vois, ça confirme certaines discussions que j’ai eue avec des doctorants suédois durant ma dernière école d’hiver. Bon, par contre, le salaire reste à mettre en perspective avec le coup de la vie (+1 ZDS_M) :-°

  • Le doctorat prend trois ans de recherche, 1 an pour prendre des cours, et 6 mois pour enseigner. En vrai, on peut être gardé 5 ans sans trop de soucis. Pour enseigner, c’est environ 15% du temps sauf la dernière année.

Du coup, je serai intéressé de savoir comment on gère ce cas du "30 ans et juste un doctorat", puisque c’est exactement la situation à laquelle je vais être confrontée.

  • dans mon département, il fallait 4 articles en tant que premier auteur. Les journaux de conférences ne comptaient pas.

Même moi, je trouve que c’est chaud. Et je suis dans un domaine ou publier n’est pas trop complexe.

  • on est autorisé à une mobilité de 6 mois dans un autre labo. J’ai choisi de n’aller que quelques semaines en Allemagne, mais des collègues sont allés au Japon ou aux USA. On est bien entendu payé plus dans ce cas.

Ça, c’est franchement sympa, même "seulement" en Allemagne. C’est vraiment intéressant de voir comment ça se passe ailleurs.


Ouuaah le clash, M. Champagne tu l’as défoncé avec la publication du JACS mdr :p

Je répète quand-même : humour, hein :p (surtout qu’à l’époque ou tu l’as rencontré, j’avais déjà publié, le JACS en question, et je répète que pour une bonne partie, c’est lui qui l’as écrite sur base des résultats de mon mémoire).

Sinon pourrais-tu nous en dire plus sur le milieu du Professorat ? Il faut être Chef de Laboratoire pour avoir le droit à ce titre si je ne me trompe pas ?

Blackline

… Et passer une thèse en didactique (un écrit et 2 heures de cours), de ce que j’ai compris. Donc c’est même pas une montée en grade "automatique".


[…] Mais ce n’est pas non plus la catastrophe : pendant ma thèse j’étais payé 1640€ net par mois, c’est nettement au dessus du SMIC mensuel (1150€ net en 2017), et assez proche du salaire médian (1770 euros en 2015) en France. Une personne qui n’a pas d’enfants ou conjoint à charge peut vivre confortablement avec ça, même en région parisienne (ou le salaire médian est plus élevé, légèrement au-dessus de 2000 euros).

gasche

Ok, peut être que je sur-réagis, merci pour le témoignage :)


Dans vos secteurs il y a aussi un gros écart de rémunération par rapport à des camarades de promo qui sont dans le privé ? Pensez-vous faire partir un jour dans le privé ? Pour quelles raisons ?

Demandred

Il y a probablement un bon écart de salaire avec mes collègues dans le privé (après, à partir d’un moment, je considère que ça sert plus à grand chose d’être payé autant, mais ça doit être mon côté économe). Mais comme je suis dans le domaine de la recherche fondamentale, j’ai pas grand chose à espérer du privé. Pire encore si je me tourne vers l’enseignement :-°

Je vais répondre en vrac, vu que sur téléphone je ne trouve pas ça pratique pour citer. Désolé.

La Suède, j’y suis depuis 7 ans, j’aime bien. L’hiver ne m’a jamais gêné, mais les gens qui c’est plus compliqué, en général ça vient plus de l’obscurité que de la température, à laquelle on s’habitue somme toute assez rapidement.

Le coup de la vie, mesuré à l’apeupresmetre, je dirai que c’est 30-40% plus qu’à Grenoble. Je n’ai jamais habité à Paris, donc je ne saurai comparer.

Comparé à mes collègues qui sont partis dans l’industrie, je gagnais environ 15% de moins. Après le doctorat (fini à 28 ans pour moi, donc pas loin des 30 évoqués), je suis parti en R&D dans une entreprise. Salaire augmenté de quelques centaines d’euros par mois, environ 15%.

Je me demande si il y a des comparaisons avec le salaire d’opportunité qui serait perçu dans le privé. Je ne sais pas trop pour vos domaines mais dans le mien (la finance) vouloir faire une carrière académique revient à diviser sa rémunération par au moins deux en début de carrière et par un facteur entre 5 et 20 par la suite par rapport à ce que propose le privé. Autant dire qu’il faut avoir un certain amour de la recherche […].

Ou simplement une absence d’amour pour l’argent (ça existe, même chez les gens qui étudient la finance). Si on est assez bien payé pour vivre confortablement (ce qui à mon avis est le cas pendant la thèse; c’est parfois plus difficile en début de carrière, et ça redevient confortable pour les chercheurs en milieu/fin de carrière), le fait qu’il existe d’autres choix de vie qui permettent de gagner beaucoup d’argent n’est pas forcément un problème.

Je pense que la finance est structurellement le domaine qui paie le plus (si on brasse les flux financiers comme métier, on peut ponctionner une toute petite quantité comme frais de fonctionnement et ça fait tout de suite beaucoup d’argent¹). Mais oui, en informatique l’écart des salaires entre public et privé peut être important.

¹: d’ailleurs le fait de remarquer que les métiers de brasseurs d’argent sont mieux payés que les autres permet de comprendre que les salaires ne sont pas directement liés (comme une théorie capitaliste de l’utilité pourrait suggérer, à une première interprétation un peu trop naïve) aux mérites des individus dans la société, et donc en particulier pas forcément une marque de réussite personnelle.

+1 -0

Je me demande si il y a des comparaisons avec le salaire d’opportunité qui serait perçu dans le privé. Je ne sais pas trop pour vos domaines mais dans le mien (la finance) vouloir faire une carrière académique revient à diviser sa rémunération par au moins deux en début de carrière et par un facteur entre 5 et 20 par la suite par rapport à ce que propose le privé. Autant dire qu’il faut avoir un certain amour de la recherche […].

Alors évidemment les places de prof d’uni sont rares, mais si c’est ton but et que t’y parviens je connais presque pas de postes dans le privé qui paient mieux, ici. (En 2012 le salaire mensuel brut moyen des profs d’uni était de 17’000. OK coûT de la vie blabla ça reste énorme.)

Remarque c’est difficile de devenir prof comme je dis, mais c’est pas forcément plus difficile que d’atteindre un poste dans le privé mieux rémunéré que ça.

+1 -0

Merci beaucoup pour ce billet, hyper intéressant.

Des thèses j’en ai lues deux quand j’étais en stage dans la recherche, (comme quoi y’a des gens qui les lisent ! 2 fois, 3 fois, 4 fois pour bien comprendre) et j’ai pas mal d’admiration pour les doctorants pour être honnête.

Partir à l’assaut d’un sujet de 3 (jusqu’à 6 !!!!) ans, comme ça, sans avoir énormément de repères, ça m’aurait vraiment foutu les jetons.

Du coup, chapeau et surtout bon courage :)

+6 -0

Des thèses j’en ai lues deux quand j’étais en stage dans la recherche, (comme quoi y’a des gens qui les lisent ! 2 fois, 3 fois, 4 fois pour bien comprendre) et j’ai pas mal d’admiration pour les doctorants pour être honnête.

Ou tu es simplement fou. :P

+1 -0

Alors évidemment les places de prof d’uni sont rares, mais si c’est ton but et que t’y parviens je connais presque pas de postes dans le privé qui paient mieux, ici.

Tu parles de quel secteur ? IT ? En France c’est entre 3000€ et 5000€ selon les échelons (Ca commence même à 2000€ en première classe), quel que soit le domaine d’enseignement. Sachant que c’est rare d’atteindre ce grade avant 40 ans, je trouve que c’est assez mal payé par rapport à ce qu’offre le privé, même pour des secteurs où le privé est moins attractif financièrement parlant que dans la finance.

Je me rappel avoir récemment vue un graphique éclairant qui montrait l’évolution du rapport entre la rémunération d’un jeune maitre de conf et le salaire minimum depuis les années 80. Et la conclusion était sans appel : on est passé de quelque chose comme 2.5 à 1.5. Si on tient compte du prix du logement dans les grandes villes universitaires, je pense que le résultat est encore plus catastrophique.

Cela pourrait être intéressant de comparer avec les autres pays pour voir si le pouvoir d’achat des universitaires à évoluer de façon identique ou pas.

+0 -0

Sachant que c’est rare d’atteindre ce grade avant 40 ans, je trouve que c’est assez mal payé par rapport à ce qu’offre le privé, même pour des secteurs où le privé est moins attractif financièrement parlant que dans la finance.

Déjà je pense qu’il s’agit des salaires en Suisse.

Et il n’est pas si rare d’atteindre ce rang avant 40 ans. D’ailleurs en maths la plupart du temps, ceux qui atteignent ce rang l’atteignent assez tôt. (Enfin de ce qu’on m’a dit, j’ai pas été vérifié puisque ça correspondait au peu que je voyais.)

Alors évidemment les places de prof d’uni sont rares, mais si c’est ton but et que t’y parviens je connais presque pas de postes dans le privé qui paient mieux, ici.

Tu parles de quel secteur ?

Demandred

Tous secteurs confondus.

Salaire mensuel moyen des professeurs dans les universités publiques.
(12 salaires brute, en CHF, ajusté au pouvoir d’achat local et pré-tax/avant impôts.)

Donc ~15’680€ en CH, ~6’580€ en FR. Et comme je disais, vraiment, ici, très peu de gens atteignent ce niveau de salaire dans leur vie. Dans le secteur bancaire et financier, le salaire moyen est ici de moins de 10’000CHF. Très loin des 17’000CHF, donc.

+1 -0

D’ailleurs en maths la plupart du temps, ceux qui atteignent ce rang l’atteignent assez tôt.

Ce n’est clairement pas le cas en économie, j’ai pas souvenir d’avoir rencontré de prof d’universités de moins de 40 ans au cours de mes études et j’ai toujours eu des indications dans le sens contraire. Je trouve ça rigolo car ça me fait penser à la logique de distribution des médailles Fields et prix Nobels. En maths on récompense les jeunes chercheurs (moins de 40 ans) alors qu’en économie on récompense surtout les vieux. L’explication qui court serait que en récompensant les "vieux" chercheur cela incite plus à faire un effort constant de recherche plutôt qu’à se reposer sur ses lauriers une fois la récompense obtenue (ou devenir député :D). J’avoue dans les deux cas ma "jalousie" par rapport a votre mode de fonctionnement qui me semble bien plus sain et plus dynamique.

Et il n’est pas si rare d’atteindre ce rang avant 40 ans.

Il semblerait qu’il existe bien des différences selon les disciplines si on regarde les données au delà de l’intuition. En maths vous recrutez assez jeune (moyenne 40ans pour prof contre 45 ans pour les économistes (départements 5 et 2 respectivement). Cela semble une tendance plutôt récente (pour peu qu’on puisse en juger, les données étant données pour l’ensemble des sections "droit" et "sciences" sans le détail précis).

@Victor : plutôt sympa votre petit pays en fait. :D

+2 -0

Je trouve ça rigolo car ça me fait penser à la logique de distribution des médailles Fields et prix Nobels. En maths on récompense les jeunes chercheurs (moins de 40 ans) alors qu’en économie on récompense surtout les vieux.

C’est parce que la médaille Fields est pensée pour encourager un jeune chercheur. Si tu cherches un équivalent au prix Nobel il faut plutôt regarder le prix Abel.

@Victor : plutôt sympa votre petit pays en fait. :D

Demandred

Pour expliciter, ce que je trouve bien ("sympa") c’est que le métier de prof (à tous niveaux, de l’instit primaire aux profs universitaires) soit rémunéré de façon extrêmement compétitive par rapport au secteur privé. C’est un investissement dans l’éducation qui me semble très rentable pour la société. (Sur le tableau que j’ai posté plus haut on ne s’en rend pas compte parce qu’il ne concerne que les unis, mais ce sont des salaires compétitifs à tous les niveaux d’étude obligatoire et post-obligatoire.)

Ce serait dommage que les gens qui sont bons et qui ont le feu sacré nécessaire pour enseigner renoncent pour des raisons financières et deviennent banquiers ou trédeurs.

+2 -0

Pour expliciter, ce que je trouve bien ("sympa") c’est que le métier de prof (à tous niveaux, de l’instit primaire aux profs universitaires) soit rémunéré de façon extrêmement compétitive par rapport au secteur privé.

Oo en France aussi on à ce genre de logique. Mais en sens inverse. Du primaire à l’université, tout est fait pour que seuls ceux qui ont le feu sacré osent envisager de devenir prof. Et ce n’est pas uniquement la rémunération, mais bien l’ensemble des conditions de travail et les perspectives qui sont concernés. En valeur absolue on est bien plus fort que vous je pense. :D

Ce serait dommage que les gens qui sont bons et qui ont le feu sacré nécessaire pour enseigner renoncent pour des raisons financières et deviennent banquiers ou trédeurs.

Tout à fait d’accord. Mais la finance présente le gros avantage d’avoir assez de liens entre recherche et pratique pour pouvoir mettre du beurre dans les épinards si jamais on le souhaites. Quitte parfois à vendre un peu son âme quand on aime vraiment trop le beurre… C’est en fait assez rare d’être à 100% chercheur dans le domaine publique dans ce domaine là, ne serait-ce par ce que le privé offre des challenges sympa et un accès a des données non publiques, ce qui attire les chercheurs (en plus des zéros sur le chèque ofc).

+0 -0

Bon, concernant la géo, j’ai discuté avec mes profs plusieurs fois. Tous me recommandent de passer l’agrégation pour avoir un plan B (et la garantie de l’emploi), parce que même avec un post-doc, en géographie, pire dans sa branche SHS, c’est le parcours du combattant. Tout le monde s’en fout des sciences sociales. Pire, un (ancien) ministre, député maintenant, a dit qu’expliquer c’est excuser.

Quelques ressources sur le sujet :

Le monde universitaire, c’est pas tout rose.

+3 -0

Bon, concernant la géo, j’ai discuté avec mes profs plusieurs fois. Tous me recommandent de passer l’agrégation pour avoir un plan B (et la garantie de l’emploi), parce que même avec un post-doc, en géographie, pire dans sa branche SHS, c’est le parcours du combattant.

Il me semble d’ailleurs qu’il est courant que dans les sciences humaines l’agreg soit requise par l’école doctorale pour avoir une bourse de thèse …

Tout le monde s’en fout des sciences sociales. Pire, un (ancien) ministre, député maintenant, a dit qu’expliquer c’est excuser.

Il y a beaucoup de méprise, c’est très triste (pour tout le monde). Je doute que ça change avec la place trop importante qu’on laisse aux sciences « dures », et surtout celles qui ont des applications à court terme.

La pire phrase que j’ai entendue, c’était lorsque j’expliquais pourquoi je voulais faire un master de philo des sciences, et un directeur d’études en maths m’a dit "de toute façon les philosophes des maths, c’est un peu comme les critiques de films : ils commentent mais font jamais rien".

Tous me recommandent de passer l’agrégation pour avoir un plan B (et la garantie de l’emploi), parce que même avec un post-doc, en géographie, pire dans sa branche SHS, c’est le parcours du combattant.

Pour situer, dans un domaine considéré comme pas trop mal doté (science des matériaux), la situation est la suivante :

  • Gel des embauches complète (non remplacement du personnel) depuis 3 ans du côté de l’école d’ingé, et ce jusqu’à redressement des finances (jusqu’à nouvel ordre, quoi).
  • Limitation des embauches du côté de la fac (remplacement si le poste est nécessaire pour assurer les cours, ou bien pour les techniciens s’il y a plusieurs départs en peu de temps). En pratique, ça fait un départ sur deux qui est remplacé.
  • Côté CNRS, il y a à peu près remplacement.

En 3 ans, mon groupe de recherche aura formé une quinzaine de docteur, pour une ouverture de poste, due à un départ. Pour les rares à vouloir partir dans le public, certains ont du bol et y arrive après un seul post-doc, mais c’est rare, d’autre trainent 4 post-doc déjà et ne voient pas d’ouverture. Sachant que seul une minorité souhaite partir dans le public (ceux qui partent dans le privé mettent max 6 mois pour trouver un bon boulot, même s’ils n’ont cherché qu’une fois le doctorat en poche).

Je n’ose même pas imaginer dans des domaines sous tension, ou dans lesquelles le privé est peu présent…

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