En entendant causer de fraude publicitaire sur Internet (pratique aussi répandue que fascinante), j’entendais mentionnée en passant la technique des arbitrage sites, littéralement les sites d’arbitrage.
L’arbitrage est une des tactiques les plus basiques du trading, à tel point qu’il n’est presque plus possible d’en profiter sur les grands marchés (vous seriez pris de vitesse par des tas de gens qui ont 1’000x vos moyens techniques). Voici dans quelle condition elle est applicable et en quoi elle consiste :
- ZdS est présent sur au moins deux marchés, disons à la bourse de Pommeville et à la bourse de Viandecité. On peut acheter des actions de ZdS sur ces deux marchés, chacune de ces actions valait à la base une clémentine.
- À Pommeville, un tas de gens aiment les agrumes et achètent du ZdS. Le prix du ZdS monte (offre < demande).
- À Viandeville on préfère (se cacher, faire) le steak haché. Le prix du ZdS reste assez stable.
- Il est donc possible d’acheter du ZdS à la bourse de Viandeville et de le revendre instantanément à la bourse de Pommeville, en se faisant donc un tas de pognon puisqu’on vend là où ça s’achète cher un truc acheté là où ça se vend bon marché. Ça, c’est l’arbitrage.
- Rapidement divers mécanismes feront que le prix du ZdS est identique à Pommeville et à Viandeville, on peut même se dire que le mécanisme de l’offre et de la demande suffit à équilibrer le jeu : en arbitrant on crée une demande à Viandeville, en vendant à Pommeville on crée de l’offre, au final tout s’égalisera.
C’est un mécanisme important sur les marchés (boursiers, des devises, les plateformes d’échange de cryptomonnaies, etc).
Quand on parle de fraude à la publicité sur Internet, il s’agit principalement d’acheter ou de vendre du trafic. Il est évident que placer une publicité sur une page à fort trafic coûte plus que de la placer sur une page à faible trafic. Un fort trafic profite donc au webmaster et au vendeur de publicité.
Pour contrer ça, on peut payer les services d’entreprises spécialisées dans la détection de fausses visites, de faux trafic1. Ces entreprises iront chez les vendeurs de faux trafic pour acheter du trafic, puis apprendront à détecter ce qui ressemble à ce qu’ils ont acheté. Donc les fraudeurs qui veulent acheter du faux trafic seront mécontents du vendeur de faux trafic puisque le trafic qu’il vend est détecté comme faux. Donc le vendeur de trafic s’abonnera aux services du détecteur de trafic et lui enverra du trafic à analyser de sorte à voir ce qui passe entre les gouttes (les faux positifs), et se mettra à ne vendre plus que ce qui est faux positif. Vous le voyez, c’est le jeu du chat et de la souris, et tout le monde y gagne sauf vous. Mais je diverge.
Je parlais d’arbitrage. Un site d’arbitrage, c’est l’idée marrante suivante :
- Créer un site web
- Acheter un nom de domaine bateau genre
zidane-plage.ca
- Mettre du contenu pourri (pompé ailleurs, généré automatiquement, le but c’est d’avoir un peu de contenu, pas de perdre du temps à faire du journalisme d’investigation de qualité supérieure, oubliez pas que c’est
zidane-plage.ca
, pas le NYTimes)
- Acheter un nom de domaine bateau genre
- Vendre des pubs sur le site web en question (ça c’est la partie que vous connaissez parce que 99% des sites que vous visitez2 vend des pubs, presque toujours par le biais d’une agence, exemple type : Google Adwords)
- Acheter du trafic pour que les pubs s’affichent et donc rapportent du pognon.
Voilà. Si afficher 1000 pub sur le site rapporte 0.1\$ et qu’acheter 1000 visite sur la page coûte 0.09\$, quelqu’un va se faire du pognon frauduleusement.
Le reste du jeu, c’est simplement les boites de pub qui doivent faire croire à leurs clients que ces derniers ne paieront pas pour les pubs affichées sur le faux trafic. Pour ça la boite de pub doit payer le détecteur de faux trafic. Si le détecteur de faux trafic détecte trop de faux trafic, la boite de pub perd du fric. Donc la boite de pub a intérêt à avoir un détecteur pas trop bon. Le vendeur de faux trafic de son côté s’adapte au détecteur. Il y a donc 4 acteurs dans ce business :
- La personne qui veut faire de la pub, et qui est généralement de bonne foi (c’est une boite qui vend des tasses à café faites à la main à base de fromage frais, et qui peine à se faire connaitre)
- L’agence de placement de pub (ci-avant “boite de pub”), qui prend l’argent du pseudo-artisan en échange d’une promesse de placer sa pub sur des tas de sites
- Le détecteur de bots, qui vend ses services à la boite de pub (service peu performants parce que s’il réussit à filtrer trop de faux trafic le volume d’affaire de l’agence de pub chute)
- Le vendeur de trafic (pour des raisons évidentes).
Trois de ces quatre vont se faire un tas de fric. Trouvez lesquels. Bonus : parmi ceux qui se font du fric dans cette affaire, lesquels le font légalement et lesquels illégalement. Bonunus : parmi les 4 acteurs en question, lesquels font un truc éthique. Ne répondez pas à la dernière question, votre avis m’intéresse pas réellement.