J’ai remporté le NaNoWriMo 2018 !

Et je vous partage un retour d’expérience

Tous les ans, le NaNoWriMo — mot valise signifiant « National Novel Writing Month » — se déroule du 1er novembre à minuit jusqu’au 30 novembre à 23 h 59. Il s’agit d’un défi annuel qui consiste à écrire un roman d’au moins 50 000 mots, pendant la période indiquée, dans une langue au choix et sur un thème aussi au choix.

La récompense ? Le plaisir d’avoir participé et d’être parvenu à un tel objectif tout en respectant les règles établies. On parle effectivement de « nano rebels » qui, par exemple, vont commencer l’écriture un peu avant novembre ou reprendre un roman inachevé pendant cette date. La triche est permise, c’est à la discrétion de chacun, mais l’objectif est vraiment de se dire :

J’ai écrit un roman complet de 50 000 mots en un mois et dans les règles.

Dans ce billet, je vais pous parler de mon projet de roman, du déroulement de l’écriture (notamment les apports personnels) et ce que j’envisage pour la suite.

Je dédie ce billet à @SpaceFox et à @lthms dont je me revendique être un humble successeur. ^^

Sauf mention contraire, les illustrations sont soumises à la licence du billet, à savoir CC0.

Un attrait (un amour ?) pour le Japon

Certains qui me connaissent bien — voire très bien savent que j’aime le pays du Soleil Levant et sa culture. Rien d’étonnant puisque nous sommes très nombreux à l’apprécier.

Ajoutez à cela un penchant pour l’écriture (à cause du même penchant pour la programmation ?), un penchant pour les arts martiaux (l’informaticien qui essaie de faire quelque chose de son corps et de son esprit ?), un penchant pour l’Histoire (la curiosité du programmeur qui pousse à explorer d’autres domaines ?)…

Tout cela m’a mené à m’intéresser à une époque au Japon que l’on appelle le Bakumatsu 「幕末」. Cet idéogramme signifie, en gros, « fin du gouvernement sous la tente », où « tente » ici fait référence à la « tente militaire », au « pavillon ». On parle donc de la fin d’une dictature militaire.

En effet, de 1853 à 1869, le Japon traverse une période de doutes, de révoltes, d’escarmouches qui vont conduire à la guerre avec la déstitution du gouverneur militaire, ou shōgun 「将軍」 au profit de l’Empereur qui n’avait jusque là qu’un pouvoir symbolique.

En ce qui concerne les anecdotes de cette période, j’ai été très ému (et je le suis encore) de découvrir qu’il existait un groupe de jeunes rōnin 「浪人」 — des samouraïs sans suzerain — qui se sont rangés du côté du shōgun afin de le protéger jusqu’à la toute fin, tel de vrais samouraïs alors qu’il n’en avaient pas le véritable titre, tout en appliquant dans une rectitude exemplaire le code de chevalerie que les guerriers étaient tenus d’observer : le bushidō 「武士道」. Ce groupe en question, c’est le shinsengumi 「新選組」.

L’un des membres proéminents de ce groupe, Hijikata Toshizō 「土方歳三」 était le vice-commandant de ce groupe. Sur sa page wikipédia, je suis tombé au hasard sur cet extrait :

Dans un post-scriptum intéressant à propos de son implication dans la guerre du Boshin, l’officier français Jules Brunet fait l’éloge du vice-commandant Hijikata. Louant sa capacité de leader, il indique que s’il avait été en Europe, il aurait certainement été promu général.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hijikata_Toshiz%C5%8D

Un officier français qui reconnaît la valeur d’un Japonais. C’était beau.

Entre temps, j’ai appris que ce personnage avait inspiré le personnage principal du film « Le Dernier Samouraï » et que Napoléon III avait envoyé des Français au Japon pour instruire des samouraïs aux techniques de guerre occidentale.

Des Français. Au Japon. Qui cotoyaient des samouraïs.

Il fallait que j’explore tout cela. Après quelques voyages au Japon et quelques recherches bibliographiques, au fur et à mesure que j’en apprenasse davantage, j’était de plus en plus séduit par ce que je découvrais.

J’étais cependant assez contrarié d’admettre que Brunet avait davantage de popularité au Japon qu’en France, en plus d’être connu grâce à un film qui ne fait que s’en inspirer (très grossièrement). Et s’il n’a pas fait de choses aussi « grandes » que d’autres de nos sommités, fût-ce Jeanne d’Arc ou encore De Gaulle, je me suis quand même dit : et si on essayait de le faire connaître à notre manière ?

Ça, c’est la partie « amour du Japon ». Maintenant, qu’est-ce qui m’a donné envie d’écrire un roman ?

« L’art est la seule chose à laquelle on survit »

Écrire un roman, pff, quelle galère !

D’abord parce qu’il s’agit d’un projet de longue haleine, ensuite parce que, me connaissant trop bien, je ne stagne jamais très longtemps sur le même projet. Je me lasse vite. C’est un défaut qu’il m’est difficile de corriger malgré mes intentions de le faire.

Écrire un roman, c’est possiblement laisser une trace de son passage sur Terre, dans la petite Histoire ; laisser son nom, quelque part, dans les méandres du fonds de la Bibliothèque nationale de France. C’est résister contre l’ordre établi, contre la bienpensance générale qui fait croire qu’on n’en est pas capable, contre les codes, la honte, les idées reçues. C’est résister contre le constat qu’on a mieux fait d’adhérer à notre routine déjà toute tracée.

Écrire, c’est nourrir son esprit. Comme peindre. Comme jouer de la musique. C’est exprimer ce qu’on a en soi, au moyen de détours artistiques en tout genre. @nohar sait de quoi je parle.

Vous et moi, on écrit beaucoup. Des tutoriels, des articles, ou simplement pour aider notre prochain sur les forums. Cela n’a pas l’air d’un travail en soi parce que ça nous passionne, mais cela représente beaucoup pour moi. Peut-être pour vous aussi.

Face à ces constats que celui d’avoir des difficultés à me tenir à un projet, en plus d’aimer l’écriture… C’était sûr, il fallait que je m’essaie à quelque création littéraire. Et si mes prédecesseurs susmentionnés s’y sont prêtés, pourquoi pas moi, après tout ?

Le NaNoWriMo était tout indiqué.

Un travail de préparation sommaire

Ainsi, je me suis donc dit : « il faut que je dore le blason de la France et que je romance une amitié entre Jules Brunet, officier français, et Hijikata Toshizō, membre notoire du shinsengumi. »

L’Histoire ne décrit pas bien leurs échanges. À vrai dire, elle est très sommaire sur ce qu’a pu faire Jules Brunet là-bas. Je me suis dit que je tirerai parti de ces zones d’ombre.

Pendant mes recherches, j’ai appris qu’un Français nommé Christian Polak avait fait un travail ineffable sur la documentation des différents échanges franco-japonais, tant commerciaux que militaires.

À titre indicatif, saviez-vous qu’il a existé une route de la soie entre Lyon et Yokohama ? Les canuts avaient besoin des vers à soie du Japon, plus résistants que les vers français ! Si Lyon est la capitale de la soie, c’est grâce au Japon !

En effet, la première source d’information que j’ai consultée, non sans peine, c’est l’ouvrage « Soie et Lumières » de Christian Polak. J’ai dû me rendre à la salle Richelieu de la BnF.

Soie et Lumières de Christian Polak, tous droits réservés
Soie et Lumières de Christian Polak, tous droits réservés

Pour ceux qui s’en souviennent, j’avais lancé une discussion sur le forum à cause de ce livre et vous avez été très nombreux à m’aider.

Dans ce livre, j’avais les grandes lignes sur la présence de militaires français au Japon, ce qui faisait office de plan pour mon roman.

La source qui m’a le plus aidé n’est autre que l’ebook « L’engagement des officiers français dans la fin du shogunat et la restauration de Meiji (1867–1869) » d’Emmanuel Faubry. Il s’agit d’une resource plus complète, et c’est cet auteur qui m’a révélé ses sources, dont l’ouvrage de Christian Polak.

Le Service Historique de la Défense, souvent abrégé SHD, renferme les archives militaires des différents corps d’armée. Dans son ebook, M. Faubry communiquait, au travers d’une impressionnante bibliographie, des cotes (des numéros de dossiers) du SHD qui renfermaient un grand nombre de correspondances écrites des Français de l’époque au Japon.

Vous voulez voir la gueule de la cote ? Admirez :

Cote du Service Historique de la Défense
Cote du Service Historique de la Défense

Ce carton renferme un nombre impressionnant de billets de correspondances, de lettres, toutes manuscrites, qui datent de 150 ans environ ! C’est de la folie.

J’aurais aimé vous faire voir quelques photographies, mais il me faut disposer d’un accord exprès du SHD. Ce que je n’ai pas… Il faut dire que ces braves gens exigent un courrier postal là où un email arrangerait tout le monde. Cela étant, je ne suis pas déçu d’avoir fait le chemin jusqu’au château de Vincennes pour avoir visité les lieux.

Il ne me restait plus qu’à travailler sur quelques détails en ce qui concerne mon roman : les personnages, les scènes où ils se trouvent, le déroulement général de mon histoire, etc.

J’y ai passé tout le mois d’octobre au point de m’écarter volontairement de mes projets personnels d’ordre informatique. C’est dire si j’y croyais, à ce roman ! :D

Le déroulement

50 000 mots en trente jours, cela fait, en moyenne, 1 667 mots par jour.

Comme le premier novembre est un jour férier en France (la Toussaint), cela m’a permis d’avoir le temps de m’y mettre. Je savais déjà que mon prologue porterait sur une anecdote de 1864, la fameuse rebellion des portes Hamaguri où Hijikata, qui se bat corps et âmes avec un sabre, constate que les armes à feux et l’artillerie sont bien plus efficaces pour supprimer les adversaires en nombre.

De quoi lancer la grande question du roman : est-ce la fin de la chevalerie et des hommes au sabre ?

Bref, je ne suis pas là pour vous gâcher la surprise. Figurez-vous juste que j’ai écrit cette première scène dès minuit jusqu’à… 3 h du matin, je crois ?

Et comme le 1er novembre était un jeudi et que le lendemain était un jour non travaillé jusqu’au week-end, j’avais quatre jours pour écrire le maximum de mots. En effet, dans le NaNoWriMo, l’objectif n’est pas la qualité, mais la quantité. Il faut écrire sans se corriger. Je ne parle pas de l’orthographe mais du remaniement de certaines tournures de phrases, de certains paragraphes, etc. car c’est un travail de plus grande ampleur qui saurait venir après… :'(

Et parce que la qualité primait, j’ai réussi à carburer à 5 000 mots par jour dès mes débuts. Sans compter de ma fainéantise, de mon manque d’imagination et de motivation sur certaines scènes, du remaniement de ma succession de scènes, de mes pauses pour réfléchir et m’aérer…

Je me suis rendu compte que j’avais surtout envie d’écrire des dialogues que des descriptions. J’ai donc admis que ce dernier point était à travailler. Faire le NaNoWriMo, c’est se découvrir, mettre en évidence ses forces mais aussi ses faiblesses.

Et les encouragements de mon entourage, aussi. C’est quelque chose qui m’a beaucoup motivé. Sans parler de ceux qui font aussi le NaNoWriMo, avec qui on partage, en plus d’un objectif commun, des émotions, des craintes, des questionnements, etc. J’ai même demandé à être parrainé pour cette année. C’était rassurant d’entendre que j’étais sur la bonne voie et que j’avais, semble-t-il, assez bien préparé mon NaNoWriMo.

Je me suis rendu compte que j’aurais pu le préparer mieux que ça. Car en m’attardant sur des scènes, j’ai dû revoir certains détails historiques qui m’ont incité à connaître un peu plus en profondeur certains détails de l’Histoire jusqu’à certaines anecdotes. C’est pour moi l’un des gros points positifs de cette expérience.

J’avais atteint les 50 000 mots en onze jours. Mon brouillon final fait autour de 60 000 mots, terminé en deux semaines, le tout sur un clavier orthogonal « bépo » que j’avais commencé à apprivoiser quelques mois plus tôt. Il ressemble à ça :

Clavier TypeMatrix avec agencement « bépo », image empruntée à TuxFamily, tous droits réservés
Clavier TypeMatrix avec agencement « bépo », image empruntée à TuxFamily, tous droits réservés

Qu’on se le dise, c’est un investissement double :

  • le prix du clavier est assez élevé (au-delà de la centaine d’euros),
  • il m’a fallu apprendre une nouvelle disposition de clavier.

J’en suis extrêmement content ! Je fais encore quelques fautes de frappe, certes, mais l’acquisition d’automatismes se fait vite si on fait le choix de se soustraire une fois pour toute aux dispositions archaïques « qwerty ». Ce que j’ai fait !

Bilan : j’ai écrit autour de 60 000 mots pour narrer les péripéties d’un Français qui, parti au Japon pour instruire des Japonais aux génies de l’armée française et autres techniques occidentales, s’est tellement épris pour ce pays qu’il a démissionné de l’armée pour se battre jusqu’à la fin avec les rebelles qui refusaient que les impérialistes aient la main mise sur l’archipel tout entier.

Et la suite ?

Pfiou ! J’ai envie de faire plein de choses. Mais s’il y en a une que je ne veux faire de suite, c’est retravailler mon roman en profondeur. Pourquoi ?

Car, je l’avoue, c’est mon côté flemme, mon inhibition face à la difficulté qui reprend le dessus. J’en ai parlé comme un défaut au début de mon billet et j’ai même sous-entendu que je travaillerais bien à le corriger ! :-°

En vérité, cela m’a énormément motivé à achever mon œuvre — si tant est que cela soit qualifiable d’œuvre…

Sauf qu’entre temps, cela m’a donné envie de me remettre à l’apprentissage du japonais ! D’autant plus que j’ai découvert qu’un certain romancier nippon, Kenichi Satō de son état, aurait écrit un roman en japonais sur Jules Brunet. Le livre s’intitule 「ラ・ミッション 」 et se lit ra misshon, où le « r » se prononce comme un claquement de langue et ressemble au « L » français. Vous l’aurez compris : le titre se traduit par « La mission ».

「ラ・ミッション」 ;  « La mission » de Satō Kenichi, tous droits réservés
「ラ・ミッション」 ; « La mission » de Satō Kenichi, tous droits réservés

Sur la couverture, il s’agit d’une représentation de Jules Brunet.

Vous vous doutez bien que j’ai une envie irrésistible de le lire ! D’où mon souhait de me remettre à l’apprentissage du japonais. Qui veut la fin, veut les moyens.

Vous voulez savoir à quoi ressemblait Jules Brunet, au fait ? Vous pourrez le voir sur la photo ci-dessous. Je l’ai grossièrement entouré, en espérant tout de même que, avec un peu de référencement, on amène des curieux sur Zeste de Savoir !

Jules Brunet et la première mission militaire française, Wikipédia, tous droits réservés
Jules Brunet et la première mission militaire française, Wikipédia, tous droits réservés

J’ai aussi envie de retenter le NaNoWriMo l’an prochain avec plusieurs idées :

  • raconter une péripétie parallèle à mon roman, cette fois du côté des opposants ;
  • écrire un roman dans une langue étrangère (anglais, espéranto, japonais…) ;
  • m’essayer à la science fiction ;
  • utiliser des contraintes formelles.

Ce ne sont pas les idées qui manquent !

Et quand on aura repris du poil de la bête, on essaiera d’aller jusqu’à la publication de mon roman sur Brunet.


Ainsi s’est achevé le NaNoWriMo de l’année 2018. Une expérience inoubliable que je recommande chaudement à chacun d’entre vous.

Eh, tu crois que je me suis tapé toute la lecture de ton billet pour ne pas pouvoir profiter de ton manuscrit ?

C’est que, j’en rougis un peu, de mon brouillon. :honte:

Mais si vous y tenez vraiment… Eh bien, tout est là : https://github.com/Ge0/un-petale-dans-la-braise

J’ai en effet utilisé github pour sauvegarder mes travaux même si ça n’est pas très approprié. On a bien vu un lama se prêter au même exercice sur un livre de programmation ! Punaise, je parle encore de lui, vous allez croire que je lui voue un culte sans limites, à force. En tout cas, l’informaticien que je suis ne se refait pas.

N’oubliez pas que je n’ai, volontairement, rien corrigé. Il y a donc des fautes d’orthographe, de typographie, des tournures de phrase capillotractées et des scènes à remanier…

Je vous remercie pour le temps que vous aurez passé à lire ce billet. À vrai dire je doute que beaucoup le fassent, car j’ai vraiment trop parlé.

Je remercie également tous ceux qui ont cru en moi, trop nombreux pour être cités. Je ne me pardonnerais pas d’en oublier.

J’espère vous avoir convaincus, au moins. Je vous quitte sur cette dernière note qu’est le potentiel quatrième de couverture de mon roman !

Jules Brunet est un jeune Français accompli : diplômé de l’École polytechnique avec des résultats brillants, son début de carrière militaire est prometteur. Son parcours semble tout tracé, au vu de ses nombreux atouts et de ses exploits passés.

Seconde moitié du XIXe siècle : appelé par le ministre de la Guerre dans le cadre d’une mission militaire au Japon, Brunet et ses camarades y sont envoyés afin de moderniser l’armée nippone. Le contexte est délicat et la guerre civile sévit. La course à l’armement tient en haleine le gouverneur militaire du Japon, en proie au renversement par les partisans de l’Empereur.

Sur place, Brunet va s’éprendre d’un pays et d’une culture dont il ne semblait réaliser la profondeur. Cet homme du monde, archétype du parfait soldat du Second Empire, saura-t-il tirer parti de ses innombrables qualités au service des deux pays ?

Votre humble serviteur

À l’année prochaine !

12 commentaires

C’est un gros travail d’écriture et de motivation, félicitation à toi ! J’aimerai bien pouvoir en être capable un jour ! Il n’est pas possible d’avoir une version pdf ou autre de ton livre ? Même si c’est une version avec encore des fautes et non finale, juste pour pouvoir lire ce que tu écris sans avoir un installer un dual bot. :D

tel de vrais samouraïs alors qu’il n’en avaient pas le véritable titre, tout en appliquant dans une rectitude exemplaire le code de chevalerie que les guerriers étaient tenus d’observer : le bushidō

Comme tu sembles intéressé par la partie historique, je me permet quelques remarques. ;)

le Bushido n’a jamais vraiment existé, c’est un terme "moderne" qui date de l’ére edo. En fait, tous les termes en "do" sont des termes modernes, qui n’ont jamais utilisés par les véritables pratiquants sur le champ de bataille. Ils ne sont apparus que dans un Japon pacifié, où le guerrier n’avait plus d’utilité social véritable et était désœuvré. C’est là que certains guerrier de plus ou moins de talents ont commencés à vendre leurs services à des notables et bourgeois, en leur vendant des techniques édulcorées et simplifiées (qui donnerons ce que la plupart des gens considèrent de nos jours comme des arts martiaux). C’est aussi à ce moment qu’on invente le mythe du code l’honneur et du samouraï poète, qui défend la veuve et l’orphelin, qui fait passer son honneur avant tout, etc.

Dans la réalité de la guerre :

  • Le samouraï était fidèle tant qu’il était payé. Si la paye ne tombe plus…
  • Le viol et autres pillages étaient monnaie courante.
  • La seule chose qui compte est la survie et la technique martial associée. On a par exemple l’histoire d’un samouraï qui pour entrainer ses techniques allait massacrer les révolutions chrétiennes. La mort à l’époque signifiait probablement voir ta femme violée et tuée, idem pour tes enfants. Cela aide à relativiser l’importance d’un combat loyal et honorable. :p
  • Le suicide rituel n’a jamais vraiment existé. C’était plutôt "tu as perdu, soit je te massacre toi et ta famille, soit tu te suicide pour reconnaitre ta défaite et j’épargne ta famille te prendrais tes fils en otages". Le choix est vite fait, et n’était réservés qu’aux chefs de guerres et guerriers de hauts rangs. Les guerriers de rang plus faible avaient plutôt le choix entre la mort ou la fuite.
  • Le viol homosexuel était courant chez les samouraïs, à l’âge de 15 ans.

Bref, il y a souvent une énorme différence entre la réalité historique et les belles histoires qu’on aime se raconter sur le sujet. Si jamais tu veux discuter plus en détail de ce genre de choses, n’hésite pas à venir en mp !

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Génial ! Je le confesse, n’ai pas encore pris le temps d’aller le lire, mais te connaissant je sais à quel point tout l’aspect meta est important pour toi, et ta démarche est vraiment super belle à voir.

Toutes mes félicitations Geogeo. T’as fait un sacré bout de chemin !

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Merci pour ton message, Demandred !

Point par point :

le Bushido n’a jamais vraiment existé, c’est un terme "moderne" qui date de l’ére edo.

Cette phrase est à mon sens une oxymore. Pour moi, l’époque Edo ne signifie pas "moderne". Elle date de 400 ans environ. S’il n’a jamais vraiment existé, ça, c’est tout à fait possible. En tout cas je peux t’assurer qu’il a existé au moins sous un nom différent. Rien que la règle 「一、士道ニ背キ間敷事」 du shinsengumi contient les sinogrammes 「士道」 — la voie du guerrier. S’il s’agissait de croyances ou de superstitions quant à un code qui n’a jamais été formalisé, c’est selon moi erroné de dire que le Bushidō n’a jamais vraiment existé.

Si des gens se sont mis à intellectualiser autour de ce sujet il y a plusieurs siècles, c’est qu’il y avait des raisons de le faire. Tout comme il y a eu des raisons pour écrire la Bible, le Coran, etc.

En fait, tous les termes en "do" sont des termes modernes, qui n’ont jamais utilisés par les véritables pratiquants sur le champ de bataille. Ils ne sont apparus que dans un Japon pacifié, où le guerrier n’avait plus d’utilité social véritable et était désœuvré.

Je pense là aussi que tu confonds un peu tout.

Attention à ne pas inclure « tous les termes en dō » quand il est, je pense, question de « tous les budō » qui sont traduits à tort en « arts martiaux (japonais) ». Je vais y revenir sur ton histoire de « viol homosexuel ».

Effectivement, aux époques où le Japon était déchiré par la guerre puis unifié sous la dictature militaire, on parlait de « bujustū », ou « arts de la guerre » qui constituait les arts martiaux adaptés aux époques qui allaient bien : tirer à l’arc sur le champ de bataille, duel au sabre en temps de paix pour défendre son honneur et celui de son école, etc.

L’apparition des « budō » au détriment des « bujutsū » ne se fait qu’à partir de l’ère Meiji (1868). Le Japon était déjà pacifié pendant plus de deux cents ans avant cette date, si l’on omet que le pays a connu une guerre civile qui a marqué l’ouverture de l’archipel au monde.

La seule chose qui compte est la survie et la technique martial associée. On a par exemple l’histoire d’un samouraï qui pour entrainer ses techniques allait massacrer les révolutions chrétiennes. La mort à l’époque signifiait probablement voir ta femme violée et tuée, idem pour tes enfants. Cela aide à relativiser l’importance d’un combat loyal et honorable. :p

C’est là que certains guerrier de plus ou moins de talents ont commencés à vendre leurs services à des notables et bourgeois, en leur vendant des techniques édulcorées et simplifiées (qui donnerons ce que la plupart des gens considèrent de nos jours comme des arts martiaux). C’est aussi à ce moment qu’on invente le mythe du code l’honneur et du samouraï poète, qui défend la veuve et l’orphelin, qui fait passer son honneur avant tout, etc.

Je suis le premier à dire que pratiquer les arts martiaux en 2018 n’a rien à voir avec le fait de pratiquer les arts martiaux en 1600.

Toutefois je considère ma pratique comme un art martial, même si, il est vrai, nos comportements occidentaux se reflètent dans notre pratique (on n’est pas aussi discipliné que les Japonais), la compétition dénature toute la pratique (on peut de moins en moins parler d’art…) et les techniques enseignées ne servent pas à se battre ou à tuer. Car ce n’est pas le but. L’important est de pratiquer un art, de devenir une meilleure personne après l’étude dans le dōjō. Pour ma part, cela me permet de stimuler ma concentration (j’ai des problèmes avec ça dans la vie de tous les jours) et de me reconnecter avec mon corps (nous sommes des nomades à la base ; en nous sédentarisant on fait de moins en moins d’exercices).

Pour le terme « martial », certes je ne vais pas en guerre, mais j’étudie comment entrer, me maintenir et sortir d’un conflit.

Un peu ce que je suis supposer gérer au quotidien si ça arrive. :) C’est pour ça qu’en aikidō on parle de tuer dans l’œuf l’agression adverse. C’est de la résolution de conflit comme on devrait tous savoir faire. Et puis Sun Tzu ne disait-il pas : « l’art de la guerre, c’est soumettre l’ennemi sans combat » ? Certes, ici, il n’est pas question d’ennemi, mais je pense que ça en dit long pour une citation tirée d’un ouvrage étudié par des managers d’entreprise (dont mon ancien chef, à qui j’adresse mes respectueuses salutations si tant est qu’il voie ce message).

Enfin, le mythe du code de l’honneur et du samouraï poète n’est pas un « mythe » dès lors qu’il y a eu des guerriers comme Hijikata appliquer un règlement calqué sur ce même code de l’honneur, en plus d’écrire des haikus. Quand bien même cet homme n’était pas un samouraï de titre, il le voulait à tout prix, ce titre de noblesse.

Un peu comme un paysan qui se cassait le cul à s’instruire. Bercé par un mythe qu’il a rendu réel. :)

Le samouraï était fidèle tant qu’il était payé. Si la paye ne tombe plus…

Quoi de plus logique ? Déjà qu’il offrait sa vie à un suzerain qui n’était pas nécessairement exemplaire… C’est un peu comme quand un pays subventionne son armée.

Le viol et autres pillages étaient monnaie courante.

Majoritairement à l’époque Sengoku. Possiblement à l’époque Edo (rien n’est parfait) Mes travaux, comme cité dans le billet, s’articulent autour du bakumatsu cela dit.

La seule chose qui compte est la survie et la technique martial associée. On a par exemple l’histoire d’un samouraï qui pour entrainer ses techniques allait massacrer les révolutions chrétiennes. La mort à l’époque signifiait probablement voir ta femme violée et tuée, idem pour tes enfants. Cela aide à relativiser l’importance d’un combat loyal et honorable. :p

Là aussi, au risque de me tromper, je doute qu’il s’agisse de la même époque.

Le suicide rituel n’a jamais vraiment existé. C’était plutôt "tu as perdu, soit je te massacre toi et ta famille, soit tu te suicide pour reconnaitre ta défaite et j’épargne ta famille te prendrais tes fils en otages". Le choix est vite fait, et n’était réservés qu’aux chefs de guerres et guerriers de hauts rangs. Les guerriers de rang plus faible avaient plutôt le choix entre la mort ou la fuite.

Faux. Le suicide rituel a existé. Bergasse Du petit-Thouars décrit un seppuku dans ses notes. Alors certes, tu peux remettre en question l’Histoire, mais si l’on accorde du crédit à cette source — et d’autres que je n’ai pas envie de déballer, sinon j’y passe trop de temps, tu en conviens — alors tu as tort.

Le viol homosexuel était courant chez les samouraïs, à l’âge de 15 ans.

Peut-être est-il question de viol ? Je préfère ne pas m’aventurer sur ce terrain pour éviter de détourner la discussion au profit d’une certaine catégorie de personnes qui n’attendent que le moment opportun pour parler de viol.

Moi j’appelle ça de la pédérastie, la même pratique connue chez les grecs, où il était question d’affermir le caractère du jeune adulte, de l’endurcir (15 ans étant l’âge adulte de l’époque).

Et tu sais quoi ? Cette pratique avait un nom : le shūdō. Un terme en « dō » qui existait depuis l’époque médiévale. Ce qui fausse ton affirmation sur le fait que « tous les termes en "do" sont des termes modernes ».

Cette notion de « voie » est bien plus ancienne et remonte jusqu’au Tao, qui signifie la même chose ; les kanji viennent de Chine, en cela que ce dernier terme signifie « caractère chinois ».

Je suis curieux de connaître tes sources sur la réalité historique. Car, de mon point de vue, je crois que tu te trompes sur beaucoup de choses, en plus de manquer de rigueur dans ton argumentation.

Je t’envoie un PDF par MP !

Génial ! Je le confesse, n’ai pas encore pris le temps d’aller le lire, mais te connaissant je sais à quel point tout l’aspect meta est important pour toi, et ta démarche est vraiment super belle à voir.

Toutes mes félicitations Geogeo. T’as fait un sacré bout de chemin !

nohar

Merci ! Je suis désormais au pied de la montagne. :D

+1 -0

Epoustouflant, l’histoire de ton samouraï me fait un peu penser au film Le dernier samouraï que j’ai du voir il y a de celà 6 ans au moins, surtout la partie où l’innovation technologique militaire finit par prendre le dessus sur les samouraïs.

En tout cas quel challenge de relevé!

Mes respects

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