Apprendre une langue étrangère fait partie des bonnes résolutions que beaucoup se fixent en début d’année. Que ce soit pour le travail, les vacances, les amitiés, la vie amoureuse ou bien même le plaisir, de nombreuses personnes se motivent à apprendre des langues, plus ou moins proches de leur langue maternelle. Mais cette motivation s’éteint vite au fil des jours qui passent et de la difficulté qui croît1 et leur livre ou application préféré finit par être mis de côté, faute de temps, de partenaire, de fatigue, etc.
Apprendre une langue étrangère serait donc un don, une faculté rare, une capacité réservée à une chanceuse minorité ? Le commun des gens est-il condamné à ne savoir bafouiller que quelques mots dans un digne accent franchouillard ? Nous allons voir dans ce billet que les clichés ont la peau dure.
Pourquoi apprendre une langue ?
C’est vrai ça, pourquoi s’embêter à parler plusieurs langues, moins bien que sa langue maternelle ? Pourquoi se ridiculiser devant d’autres ? Pourquoi se soumettre à de rigoureux efforts ? Il existe plusieurs réponses à ces interrogations.
Déjà, pour apprendre une langue, il faut que cela représente un intérêt pour vous. Que ce soit pour accéder à du contenu dans cette langue, comme un film ou une série que vous pourriez regarder dans sa langue originale, que ce soit pour mieux comprendre vos origines ou celle de votre famille, mieux intégrer et comprendre la culture de vos amis ou du pays dans lequel vous vivez, pour le travail ou même, tout simplement, pour le plaisir d’apprendre, les raisons de se lancer ne manquent pas. Seulement voilà, êtes-vous motivés ?
Si vous n’avez pas une bonne raison, une raison qui vous motive, qui vous soutienne, lorsque la motivation faiblira et que les difficultés commenceront, vous allez abandonner. Ne nous mentons pas, apprendre une nouvelle langue étrangère n’est pas simple, l’envie de procrastiner ou de remettre à plus tard est constamment présente, les difficultés, la grammaire ou autre sont parfois décourageants comme pas possible.
Dans ces moments là, se rappeler pourquoi vous voulez apprendre telle ou telle langue va vous aider à tenir bon et à vous redonner le souffle nouveau dont vous avez besoin pour repartir. Vous n’avez pas à chercher une raison qui soit valable aux yeux des autres, ou à la justifier. Tout ce qui compte, c’est que cette raison soit importante pour vous et vous motive. Apprendre pour parler dans la langue de cœur de votre conjoint, c’est parfaitement valable. Une langue que vous avez entendu dans un film sonne agréable à vos oreilles ? Foncez l’apprendre. Il existe autant de raisons que d’individus, le tout est de trouver celles qui vous pousseront à l’action.
D’accord, mais laquelle ?
Que vous en soyez à votre première ou bien que vous soyez un polyglotte chevronné, il faut choisir dans quelle langue se lancer. Dans certains cas, la réponse est toute trouvée. Votre famille a émigré du Portugal et vous voulez vous rapprocher de vos racines ? Alors le portugais semble tout indiqué. Votre cœur bat pour cette jolie néerlandaise ? La langue officielle des Pays-Bas n’attend que vous !
Dans d’autres cas, vous ne savez pas vers quoi tendre. La question semble d’autant plus compliqué s’il s’agit de votre toute première langue étrangère. Vous n’avez pas de base avec laquelle comparer, tout vous semble étranger, rien ne semble simple. Sachant qu’il existe plusieurs milliers de langues, vous n’avez que l’embarras du choix.
Un premier conseil serait de tester plusieurs langues. Apprendre une nouvelle langue, ce n’est pas un contrat, vous n’êtes pas obligés de continuer si ça ne vous plaît pas. Écoutez du contenu dans plusieurs langues qui vous plaisent, feuilletez plusieurs livres d’apprentissage, téléchargez plusieurs applis. Vous en détecterez surement une qui vous plaira plus que les autres.
Deuxièmement, choisissez une langue qui a des ressources disponibles. Apprendre le warlpiri, aux vues du peu de locuteurs, risque d’être très difficile, bien plus qu’apprendre l’anglais ou l’allemand, deux langues possédant une musique, une littérature et une cinématographie abondantes. De même, cherchez des supports en français. Apprendre une langue est compliqué, encore plus si la langue utilisée n’est pas une langue que vous maitrisez bien. Apprendre l’allemand avec un livre en français est ainsi plus simple qu’apprendre l’allemand avec un livre écrit en russe (sauf si vous êtes de langue maternelle russe, bien entendu).
Troisièmement, sachez que pour un locuteur francophone, toutes les langues ne présentent pas les mêmes difficultés. Si vous commencez totalement dans l’apprentissage des langues, certaines vont vous donner plus de fils à retordre que d’autres. Le français, faisant partie de la famille des langues latines, est ainsi assez proche de l’espagnol ou l’italien. Cela signifie que le vocabulaire ou la grammaire présentent des points communs.
Tenez, le roumain, étant une langue latine, présente de nombreuses caractéristiques communes à notre idiome français : les mêmes temps (passé simple, futur simple, imparfait, etc), du vocabulaire commun ou proche, des sonorités par trop compliquées à reproduire pour notre bouche, le même alphabet, etc. Cela ne veut pas dire qu’apprendre le roumain se fait en claquant des doigts, bien entendu. Mais son apprentissage est plus abordable que celui de l’arabe ou du chinois, par exemple.
Enfin, et sans doute le plus important, choisissez quelque chose qui vous plaît. Ce n’est pas qu’une question de ressources disponibles ou de proximité avec le français. Il faut aussi que cette langue vous plaise, vous émerveille, vous motive, vous donne envie. Que ce soit l’anglais, l’ukrainien ou le quéchua, cette langue doit vous accrochez et vous devez vous faire un plaisir de la pratiquer.
Grammaire leçon 1…
L’une des erreurs que font beaucoup de gens est de se lancer directement dans des exercices de grammaire compliqués, afin de faire de belles phrases. Mais si l’on réfléchit une seconde, est-ce ainsi que vous avez appris votre langue maternelle ? Non, loin de là. En fait, un enfant apprend d’abord en écoutant, en s’efforçant de répéter et surtout sans gêne ni honte. Combien d’enfants de 3 ans avez-vous vu se taire parce qu’ils ne savent pas décliner parfaitement tel ou tel nom ? Au contraire, les enfants sont plein de spontanéités, direct, pas vraiment timides.
Attention, cela ne signifie pas que la grammaire ne sert à rien. Au contraire, si vous voulez passer au niveau supérieur et bien parler une langue, il faut y passer. Mais cela ne doit pas occulter l’écoute, la lecture et surtout la pratique. Comme dans tout apprentissage, pratiquer est indispensable pour progresser.
Au début, vous aller mettre 10 min à faire une phrase basique, en violant au passage un bon nombre de règles de cette chère grammaire. On s’en fout ! C’est justement à force de parler et à force d’entendre les natifs vous corriger que vous allez retenir les mécanismes et règles de la langue. Puis, au fur et à mesure, vous parlerez plus vite, avec plus d’aisance, de confiance, jusqu’au jour où l’on vous dira qu’on vous a pris pour un natif2.
Comment apprendre ?
Il existe quatre compétences à acquérir pour bien maîtriser une langue ; quatre axes de progression sur lesquels il faut travailler pour arriver à un bon niveau.
- L'écoute. Il s’agit de la capacité à comprendre ce qu’on entend.
- La parole. Cette fois, il s’agit de communiquer, de formuler des idées dans la langue en question.
- La lecture. Comprendre tout document ou support écrit. Cela peut signifier connaître plusieurs alphabets ou bien plusieurs graphies.
- L'écriture. L’opposé, il s’agit de savoir écrire, maîtriser l’orthographe des mots, éventuellement un alphabet manuscrit assez différent de l’alphabet d’impression.
Tout support pour pratiquer ces aspects est bon à prendre. Vous pouvez ainsi regarder un film dans la langue cible, lire un livre bilingue langue apprise / langue maternelle, ou un livre que vous connaissez, écrire un SMS à un contact parlant la langue, faire une vidéo-conférence ou se retrouver autour d’une bière avec des amis natifs.
Pourtant, je mettrai la parole comme tout premier dans l’ordre de priorité. En effet, parler et répéter les mots est le meilleur moyen de les imprimer dans la mémoire à long-terme. En plus, on vous corrige vos fautes et votre accent, c’est du 100% progrès garantis.
Peu importe votre niveau, lancez-vous, parlez, faites des fautes, massacrez la langue. Les natifs eux-mêmes le font, ce n’est pas à vous qu’ils en feront le reproche. Une langue qu’on ne parle pas ne reste qu’un projet, qu’une idée, qu’une brume. C’est comme un croquis qu’on ne dessine pas pour de vrai, ou un POC qu’on ne développe jamais pour de bon (comment ça c’est la norme ?).
Surmontez vos craintes, c’est vital. Et rassurez-vous, la plupart des gens qui vous entendrons seront heureux que vous fassiez l’effort de parler dans leur langue, et ils ne demanderont qu’à vous aider. Ceux qui se moquent ne le font que par jalousie et, bien souvent, sont eux-mêmes apeurés. Faites le test, vous verrez, une majorité de ceux qui se moquent sont des monolingues.
Apprendre une langue, c’est pas pour moi
Ce discours est très fréquent. Que la personne soit sincère ou non, on voit souvent des gens se mettre eux-mêmes des bâtons dans les roues. Ils sont persuadés qu’apprendre une langue requiert un don, que seuls les enfants peuvent s’y mettre, qu’ils sont trop vieux, qu’ils n’ont pas le temps, que ça ne sert à rien, etc. Ah, c’est ce que vous pensez aussi ?
Il faut un don
C’est souvent ce qu’on entend quand, de manière générale, on voit quelqu’un d’extrêmement doué dans un domaine où l’on est soit même médiocre. On entend ainsi parler du don du dessin, du don de l’informatique, du don des langues. Les langues n’y échappent pas. C’est sûr que quand on voit des hyperpolyglottes parler cinq, six, dix langues, on se dit qu’ils ne sont pas du même monde que nous et que eux ont été bénis par le don des langues.
Pourtant, quand on voit de plus près ce qu’ils font, on se rend compte qu’ils sont surtout prêts à faire des sacrifices pour apprendre toutes ces langues. Là où la plupart veulent rentrer chez eux mater une série, eux font des exercices, appel un locuteur, lisent un livre de langue, etc. Ici réside la différence : le travail qu’ils sont prêts à fournir.
Et pour vous donner plus de motivations, allez lire leurs biographies. Vous apprendrez ainsi que, par exemple, Benny Lewis a longtemps été monolingue, alors qu’il parle plus de 10 langues aujourd’hui. Son exemple se retrouve par dizaine sur Internet.
Seuls les enfants peuvent
Ou la variante qui lui ressemble, « je suis trop vieux. » Certains pensent que les enfants seuls peuvent apprendre d’autres langues, qu’eux sont déjà trop vieux pour ça. La vérité, c’est que les enfants ont un avantage sur nous, c’est vrai. Ils sont moins sensibles au qu’en dira t-on, ils ont moins peur de parler aux autres. La preuve, regardez comme ils jouent avec d’autres enfants qui ne parlent pas leur langue.
Par contre, les enfants sont plus difficilement motivables. Dur de leur expliquer l’intérêt de tel ou tel exercice de langue, dur de les mettre à la tâche, dur de leur expliquer que les bienfaits ne seront que futurs. Nous, adultes, avons cette capacité qu’il suffit de mettre au service de l’apprentissage des langues. Nous sommes capables d’efforts, capables de retarder la gratification, capables de voir plus loin que le moment présent.
Ainsi, nous sommes plus avantagés que les enfants, à condition de les imiter quand à leur facilité à se lancer dans des conversations.
Pas le temps
Ah, le grand classique. D’ailleurs, cette excuse se retrouve souvent dès qu’il s’agit de faire un effort, une chose sortant de l’ordinaire, même en dehors de l’apprentissage des langues. La réponse, c’est qu'on trouve toujours le temps quand on veut. Combien de temps par jour passez-vous à trainer sur le téléphone d’application en application, sur les séries TV, sur les réseaux sociaux ? Vous seriez surpris du résultat dans certains cas.
Apprendre une langue est un exercice qui demande du temps certes, mais personne ne vous force à rester 1h30 par jour le nez dans vos livres. Une quinzaine de minutes sont une bonne base et on les trouve facilement. Tout est une question de volonté et de savoir si apprendre une langue est vraiment important pour vous ou non.
Vous pouvez trouver plusieurs conseils sur Internet.
Tout le monde parle anglais de toute façon
En France, nous sommes pourtant réputés être nuls dans la langue de Shakespeare. Et ce n’est pas parce que l’anglais est la lingua franca du tourisme que tout le monde la parle à la perfection. Déjà, tout les locuteurs anglophones ne l’ont pas comme langue maternelle. Ensuite, parler anglais à l’étranger dans un pays non anglophone vous fait repérer directement comme le touriste. Gare aux prix plus élevés.
Et surtout, parler la langue du pays vous ouvre la porte sur la culture, la mentalité, la vie quotidienne de ses habitants. C’est bien sûr possible en anglais, mais tellement plus simple dans la langue du pays.
Ça ne sert à rien !
Pourquoi lis-tu encore ce billet du coup ?
Quelques témoignages
Ici sont rassemblés plusieurs polyglottes et passionnés de langues de Zeste de Savoir. Ils ont accepté de se prêter à l’interview pour témoigner de leur apprentissage d’une ou plusieurs langues étrangères. N’hésitez pas à leur poser des questions supplémentaires dans les commentaires.
Quelles langues parles-tu ?
@informaticienzero — Le français est ma langue maternelle. J’ai appris, au fil du temps, l’anglais (comme beaucoup), l’espagnol (LV2), le russe (par amour pour cette langue), le roumain (pour la belle-famille). En ce moment, je suis sur le portugais (pour les origines) et l’allemand (pour des projets personnels et par intérêt pour la langue et la culture).
@FougereBle — Je parle le français, comme tout le monde ici. C’est ma langue maternelle. Je suis en train d’apprendre l’espagnol, donc je sais le parler un petit peu. Pas couramment comme le français, mais je me débrouille plutôt bien. Selon les tests que j’ai passé, j’ai un niveau entre B1 et B2 du CECRL (voir l’article Wikipedia).
@Rockaround — Comme tous les interrogés, le français est ma langue maternelle. J’ai mis très longtemps à pouvoir le parler correctement, avec l’aide d’une orthophoniste dévouée. Ensuite, chemin classique : anglais langue vivante 1, latin, espagnol langue vivante 2. Sorti du lycée, j’étais bon en français, mauvais dans le reste. Un succès qu’on vous dit. J’avais un accent horrible en anglais, et les quolibets de mes camarades se sont poursuivis presque jusqu’à la fin de la prépa. Ensuite, tout s’est enchaîné: anglais pour les divertissements vidéoludiques (et le travail maintenant), espagnol pour les beaux yeux d’une demoiselle, suédois parce que j’y vis. J’ai eu une petite période d’apprentissage autodidacte de l’allemand, mais ça n’a rien donné. J’ai aussi appris le toki pona quand on avait un tuto sur ZdS, mais par manque de pratique, je l’ai presque complètement oublié. Et maintenant, je lorgne du coté du quéchua.
@Jérôme Deuchnord — Actuellement, le français (langue natale), l’anglais (pas couramment, mais pas loin) et l’allemand (j’ai le bagage pour tenir des conversations, mais il me manque de l’entraînement )
@Le Gigot — Ça va peut-être sonner un peu snob, mais je pense qu’on ne parle jamais complètement une langue. Par ailleurs, j’ai une vision particulière dans mon apprentissage des langues : je préfère apprendre davantage de langues, quitte à les parler moins bien, plutôt que de parler moins de langues que je maîtriserais davantage. En effet, je me dis que si je me retrouve dans une situation où je dois me débrouiller dans une langue étrangère, je préfère avoir déjà quelques bases dans cette langue. Donc je dirais qu’en plus du français, qui est ma langue maternelle, et de l’anglais, que je maîtrise bien, je me suis intéressé à l’espagnol, au portugais brésilien (c’est plus mélodieux, et surtout, plus facile que celui du Portugal ), l’italien, le japonais et l’espéranto. J’avais aussi appris un peu de toki pona sur le tutoriel de ZdS, mais je ne compte pas vraiment ça parmi les langues que je parle. Et puis, je ne connais pas du tout la grammaire du latin, mais grâce à ma passion pour la taxonomie je dirais que je commence à connaître pas mal de mots dans cette langue.
D’autres langues prévues ?
@informaticienzero — Oui, trop certainement.
Actuellement, dans les langues qu’il me plairait d’apprendre un jour ou l’autre, il y a le polonais, le hongrois, le japonais, le biélorusse, l’ukrainien et l’azéri. Du très varié, comme vous le voyez.
@FougereBle — Si j’arrive à aller jusqu’au bout de mon apprentissage de l’espagnol, alors oui. J’hésite entre l’anglais, qui ne m’attire pas vraiment mais me sera utile dans mon travail, ou l’allemand qui ne me sera pas forcément très utile, mais que j’aime bien. Cependant, la langue que j’aimerais vraiment apprendre par dessus tout, c’est le Japonais, mais je ne pense pas m’y remettre de sitôt car ma première tentative d’apprentissage de la langue nippone à échouée.
@Rockaround — Oui. J’ai un tout début de quéchua, que je voudrais poursuivre. J’ai déjà les livres, et j’ai rassemblé des ressources audios pour m’entraîner l’oreille, puisque je n’aurai pas de partenaire de conversation dans le futur proche. Ce qui m’a attiré, c’est la grammaire, avec toutes les fonctions grammaticales ajoutées en suffixe sur les mots. J’aimerais bien un jour aussi connaître une langue asiatique. Le chinois ne me dit pas trop, mais le japonais et le coréen, beaucoup plus. Je pense que le japonais serait plus facile, tout simplement parce qu’il existe plus de ressources, mais je peux me tromper. Il faudra que je fasse quelques recherches avant de commencer.
@Jérôme Deuchnord — Beaucoup. Cette année, j’aimerais démarrer des cours pour apprendre le japonais. Mis à part ça, je m’intéresse également pas mal au mandarin et au russe, ainsi qu’au grec et à l’arabe. Je ne pense pas que j’aurai assez de toute une vie pour toutes les apprendre, mais j’aimerais bien !
Sinon, en langues plus exotiques, j’aime beaucoup l’idée derrière le toki pona, mais je venais à l’apprendre, ce serait parce que je m’ennuie.
@Le Gigot — Je crois que je veux apprendre un peu trop de langues. En effet, chaque été, j’essaie d’apprendre une langue différente. Je crois que je vais continuer à essayer d’apprendre des langues toute ma vie. Les prochaines langues sur ma liste sont, dans l’ordre, l’allemand, l’arabe (standard + un dialecte), le russe et le mandarin. Je me suis dit qu’après ça, je vais arrêter d’essayer d’apprendre une langue par été et je vais me concentrer sur la pratique de ces langues. Puis un jour, peut-être, j’aimerais bien apprendre le grec, le néerlandais, l’hindi, le tagalog, l’ourdou, le farsi, l’afrikaans, le vietnamien, le coréen, le sanskrit (pourquoi pas) … Il faut bien rêver!
Qu’est ce qui t’a poussé à apprendre une nouvelle langue ?
@informaticienzero — Plusieurs raisons. Pour l’anglais et l’espagnol, c’était l’école. Je n’avais pas le choix. À cette époque, j’étais passionné par la série The Clone Wars. Je m’étais mis à fond dans l’anglais.
Puis est venu le russe. J’étais attiré par cette culture et cette langue. Quand l’occasion s’est présentée, j’ai commencé mon apprentissage.
Ensuite, le roumain, la deuxième langue de Moldavie, le pays de ma femme. Pour mieux connaître son pays et ses origines, je me suis lancé dans une quatrième langue.
Puis, par simple envie et pour le plaisir, j’ai commencé l’allemand. Contrairement à l’avis commun, je trouve cette langue très belle et cette culture attirante. Et pour pimenter le tout, j’apprends en parallèle le portugais, pour me rapprocher de mes racines.
@FougereBle — Au départ, je n’était pas partis pour apprendre l’espagnol. En fait, je ne m’intéressais pas du tout aux langues étrangères. Je parlais français, et c’était bien comme ça. Mais un jour j’ai joué à un jeu en japonais sur ma PSP et j’ai tout de suite été séduis par l’écriture ! J’ai donc commencé mon apprentissage du japonais, mais comme dit plus haut, ce fut un échec. Malgré ça, je me suis découvert une passion pour les langues étrangères, et particulièrement pour l’espagnol. J’ai donc décidé de l’apprendre (je suis quelqu’un qui aime beaucoup acquérir sans cesse de nouvelles connaissances).
Quand j’ai commencé le Japonais, je n’avais pas de méthode en particulier. Je ne savais pas du tout comment apprendre une langue. J’avais essayé avec des livres, mais je n’ai jamais réussi. C’est maintenant, après plus d’un an avec l’espagnol, que j’ai enfin compris pourquoi : je n’avais pas de méthode bien structurée qui m’accompagne, ni de CD audio. Pour l’espagnol, j’ai appris pendant environs un an avec l’application Busuu (une sorte de Babbel). Par la suite, je suis passé à la méthode ASSIMIL, et c’est encore aujourd’hui que j’apprends via cette méthode.
@Rockaround Très rapidement, j’ai eu besoin du français ; en effet, mes parents me parlaient dans cette langue. Ensuite, anglais et espagnol commencés au collège pour un gain proche de zéro. C’est en fin de prépa et école d’ingénieur que mon anglais s’est beaucoup développé, au début p0our pouvoir regarder des séries et films en version originale, plus tard pour pouvoir parler aux élèves internationaux qui ne parlaient pas bien le français. J’ai moi-même fait une année Erasmus en Suède, et j’y suis resté. Apprendre la langue était pour moi une question de respect pour la population locale, et aussi une manière (en plus d’autres) de comprendre la culture : l’origine, ou la formation de certains mots, est révélatrice d’une façon de penser. Je me suis remis à l’espagnol après avoir rencontré celle qui deviendrait ma femme, et le choix du quéchua vient de l’envie d’apprendre une langue complètement différente, tout en renforçant ma compréhension de la culture sud-américaine, ainsi que sur les enjeux de la préservation des langues.
@Jérôme Deuchnord — Pour l’anglais, c’est facile, je n’ai pas eu le choix, c’était la LV1 imposée au collège. Pour la LV2, j’avais le choix entre l’allemand et l’espagnol. J’étais pas mal intrigué par certaines choses que j’avais remarqué avec la langue d’Einstein, notamment les mots extrêmement longs ou la fameuse lettre ß. Je n’ai pas été déçu.
Pour les autres langues, c’est uniquement par curiosité, notamment à cause du système d’écriture.
@Le Gigot — Pour être franc, j’apprends vraiment par pur plaisir. Je trouve que l’apprentissage des langues est une façon formidable de s’ouvrir au monde et de partager avec d’autres cultures. Ça nous oblige à être ouvert d’esprit et ça a vraiment changé ma façon de voir le monde : je réalise que j’ai plus en commun avec les autres que je le pensais. Je me suis fait plein d’amis grâce à ça, et j’ai découvert des musiques étrangères géniales, etc. Ce qui est magique c’est que quand un locuteur d’une langue étrangère devient un ami, c’est beaucoup plus motivant d’apprendre ensuite et l’apprentissage de langue devient le quotidien. Pour ce qui est des langues en particulier, j’ai appris l’anglais et l’espagnol à l’école. Ensuite, pour les autres langues, l’ordre était surtout dû à une « nécessité » dans mon quotidien. J’avais appris le japonais pour le plaisir parce que j’avais des collègues de travail japonais. Même chose pour le portugais. J’ai des amis qui parlaient l’espéranto et l’italien, donc j’ai décidé d’apprendre ces langues pour cette raison. L’allemand c’est juste pour le plaisir, mais j’aimerais bien apprendre l’arabe dans un avenir pas trop éloigné étant donné que j’ai plusieurs amis arabes. Sinon, je me suis fait des nouveaux amis japonais, ce qui m’a donné envie de me remettre au japonais. Donc bref, mon apprentissage dépend vraiment du contexte dans lequel je me trouve. Étant donné que je ne connais présentement aucun russophone, c’est pour ça que je préfère attendre un peu plus longtemps avant de m’y mettre : je préfère apprendre des langues qui me seront plus utiles dans un avenir proche. En conclusion, en plus de me faire rencontrer de nouvelles personnes, je dirais que l’apprentissage des langues a même contribué à renforcer des amitiés que j’avais déjà. En effet, les gens aiment quand on s’intéresse à leur culture et à leur langue et ça crée des échanges uniques.
Comment apprends-tu ?
@informaticienzero — Je ne suis pas trop le genre à ouvrir un livre de grammaire et me lancer dans une série d’exercices. Je suis plutôt du genre à prendre un dictionnaire puis le consulter dès qu’un mot me manque et, surtout, à essayer de parler le plus possible et le plus tôt possible.
Je massacre toutes ces langues, à différents niveaux (la plus amochée étant le français je pense), mais j’ai du feedback rapide et de qualité sur les erreurs que je fais, sur les fautes d’accord, de déclinaison, de prononciation, etc. C’est une fois que j’ai suffisamment de recul et que j’ai pu pratiqué un certain temps que je m’attaque à mes lacunes.
Exemple, même si j’ai commencé l’apprentissage du russe il y a trois ans, ce n’est que récemment que j’ai téléchargé un tableau des déclinaisons, afin de comprendre et fixer une fois pour toute les règles de cette langue dans mon esprit. La pratique m’a aidé à me faire un certain schéma, une certaine compréhension. C’est une fois que j’ai cette affinité que j’essaye de la consolider avec des exercices et des cours de grammaire sur des points précis.
Côté ressources, j’utilise Assimil pour le papier et DuoLingo comme application, pour l’allemand uniquement pour l’instant. J’apprécie de pouvoir transporter mon support de langue partout grâce au téléphone, mais je dois avouer aussi que j’aime le papier, donc dur de choisir.
@FougereBle — Au début, la première difficulté à été de savoir par où commencer. Après une rapide recherche sur Google, je suis tombé sur l’application Busuu. J’ai commencé mon apprentissage avec, mais après un an d’utilisation et autant d’argent dépensé chaque mois, je me suis retrouvé à avoir fait tout les cours et le niveau obtenu de m’a pas du tout satisfait. J’ai alors perdu toute motivation. Et c’est je pense la plus grande difficulté lorsqu’on apprend une langue : garder sa motivation. Je n’ai pas vraiment trouvé de moyen pour surmonter cette difficulté. Je fais donc quelques pauses d’une semaine ou deux quand je vois que je perd ma motivation. Après, je regarde une vidéo en espagnol et elle reviens aussitôt. Cependant, cela me fait quand même perdre du temps dans mon apprentissage, et il n’est donc plus régulier, ce qui est très déconseillé. Il vaut mieux faire un peu chaque jours que beaucoup tout les trois jours.
@Rockaround — Au contraire d'@informaticienzero, je vais commencer par ouvrir un cours. Lire en diagonale le chapitre obligatoire sur les salutations, et passer directement à la conjugaison du verbe être au présent, qui est en général le second chapitre. J’aime faire comme ça, parce que je trouve que ça ouvre le champ des possibilités directement. Il suffit d’apprendre du vocabulaire (adjectif, métiers, etc) et on peut déjà dire plein de choses. Là où je me rapproche de la réponse précédente, c’est que je vais en effet passer aussitôt que possible à l’oral, compréhension et expression. Pour le suédois, j’avais essayé la série Solsidan après quelques mois. J’avais du abandonner rapidement, malgré des sous-titres. Ce n’est qu’à ma 3ème tentative, après 18 mois environ que j’ai pu comprendre. Ensuite, je n’hésite pas à aller voir un bon livre de grammaire quand quelque chose me chiffonne, mais très rapidement, ce besoin diminue.
@Jérôme Deuchnord — Ayant appris l’anglais et l’allemand à l’école, c’est donc de façon purement scolaire. J’imagine que ce ne sera pas très différent pour le japonais, puisque je passerai par une association.
@Le Gigot — Je suis d’accord avec tous les autres qui disent qu’il est important de varier ses sources. C’est essentiel. J’ai trouvé une technique que je trouve vraiment efficace. Quand je veux apprendre une langue, je commence d’abord par apprendre les quelques phrases de bases les plus importantes (par exemple « Comment dit-on (mot) dans cette langue ? ») ainsi que la grammaire de base pour pouvoir me débrouiller le plus tôt possible. Dès que c’est acquis, j’essaie d’utiliser la méthode monolingue. Je suis un grand partisan de cette méthode, comme le suggère Daniel Everett. Elle consiste à ne parler que la langue étrangère sans jamais revenir dans sa langue maternelle (sauf en cas de réelle nécessité). En effet, ça force de penser dans l’autre langue au lieu de toujours traduire les mots dans sa tête, ce qui n’est pas une bonne chose à faire. Bref, je commence par faire ça et en même temps, dans ma vie quotidienne, j’écoute de la musique dans la langue que j’apprends, et j’essaie de lire des textes dans cette langue, ou écouter des films, etc. Comme je l’ai dit, j’aime découvrir des chansons dans des langues étrangères. Il y a des chansons que j’aime tellement que je finis par répéter le refrain dans ma tête, et après ça aide beaucoup pour se rappeler des mots dans la langue que j’apprend. Mais le plus important, j’essaie de pratiquer le plus souvent possible, car c’est essentiel. J’aime beaucoup parler sur Skype car ça permet de parler à des gens qui sont dans d’autres pays et ça ouvre vraiment sur d’autres cultures. Sinon je participe souvent à des événements qui s’appellent Mundo Lingo, je vous recommande vraiment, c’est gratuit et il y a en dans plusieurs villes dans le monde. Ça consiste en des rencontres où les gens mettent des petits drapeaux sur leur chandail qui montrent leur langue maternelle ainsi que les langues qu’ils parlent ou désirent apprendre. C’est une super façon de se faire des amis.
Quelles sont quelques difficultés que tu as rencontré et comment les as-tu surmontées ?
@informaticienzero — Les phénomènes de plateau. On progresse vite, puis, pendant un temps, on se sent bloqué, on prend conscience de ses lacunes, on ne voit plus de progrès, on est coincé. Ces phases sont décourageantes et c’est là que je suis le plus tenté d’abandonner. C’est comme à la montagne : on a déjà grimpé beaucoup, on fatigue, et là on voit l’immensité de ce qu’il reste à gravir et ça peut démotiver gravement.
Pour y remédier, j’ai plusieurs choses. D’abord, je varie les supports. En fonction de l’humeur et de la forme, je vais travailler sur tel ou tel aspect. Si je vois que je suis fatigué, plutôt révision. Quand je suis en forme, plutôt apprentissage de nouveaux et concepts. Varier les langues aide aussi. Le portugais étant une langue latine, proche du français, il me sert de support les jours où me frotter à l’allemand, langue germanique, me semble trop fatiguant.
@FougereBle — Au début, la première difficulté à été de savoir par où commencer. Après une rapide recherche sur Google, je suis tombé sur l’application Busuu. J’ai commencé mon apprentissage avec, mais après un an d’utilisation et autant d’argent dépensé chaque mois, je me suis retrouvé à avoir fait tout les cours et le niveau obtenu de m’a pas du tout satisfait. J’ai alors perdu toute motivation. Et c’est je pense la plus grande difficulté lorsqu’on apprend une langue : garder sa motivation. Je n’ai pas vraiment trouvé de moyen pour surmonter cette difficulté. Je fais donc quelques pauses d’une semaine ou deux quand je vois que je perd ma motivation. Après, je regarde une vidéo en espagnol et elle reviens aussitôt. Cependant, cela me fait quand même perdre du temps dans mon apprentissage, et il n’est donc plus régulier, ce qui est très déconseillé. Il vaut mieux faire un peu chaque jours que beaucoup tout les trois jours.
@Rockaround — Les moqueries, principalement au collège, mais ça a continué au lycée et pendant une partie de la prépa. Mon accent en anglais était horrible, et je croyais naïvement que c’était important. Ce problème, je l’ai surmonté en gagnant en maturité, donc pas grand chose à faire à part attendre. J’aurais cependant aimer entendre quelqu’un me dire qu’on s’en foutait complètement ! Ensuite, pour le quéchua (et aussi un peu pour le suédois), l’absence de ressources m’a aussi gené. Et ça, c’est plus compliqué à résoudre. Pour le suédois, j’ai fini par trouver tout ce qu’il me fallait (ou presque, certains points de grammaire un peu obscures sont toujours compliqués à élucider), et pour le quéchua, j’ai acheté des livres au Pérou (en espagnol donc), et on verra ce qu’ils valent.
@Jérôme Deuchnord — Ce qui m’a pas mal posé problème en allemand, c’est la lecture des mots longs. Ils sont construits à partir de petits mots qui ont été collés ensemble, il faut donc développer une espèce de gymnastique mentale consistant à re-découper le mot. Ça aide non seulement à le lire, mais en plus on comprend mieux son sens. Par exemple, der Deutschsprachige (le germanophone) est constitué de deux mots principaux : Deutsch (la langue allemande) et sprachig, lui-même composé du verbe sprechen (parler) et du suffixe -ig qui en fait un adjectif. Le e final transforme le tout en nom commun. Donc, le mot Deutschsprachige signifie littéralement celui qui parle allemand.
@Le Gigot — Une difficulté est peut-être le manque de motivation, mais j’ai trouvé des moyens de me motiver (me faire des amis, écouter de la musique, etc.). Bon, après, c’est sûr que la grammaire et la prononciation sont des difficultés que rencontrent tout le monde. Je ne suis toujours pas capable de rouler mes r… Bref, je dirais que la façon dont j’ai surmonté mes erreurs a simplement été de pratiquer souvent et d’être persévérant.
Quels conseils donnerais-tu à un agrume qui veut apprendre une langue étrangère ?
@informaticienzero — Je lui dirai de foncer et qu’il ne le regrettera pas. Et surtout, il ne doit pas se décourager. Apprendre une langue étrangère est difficile, mais tellement gratifiant. Rien ne vaut la sensation d’épanouissement et le plaisir de parler à quelqu’un dans la langue de son cœur, les nouveaux amis qu’on se fait, les cultures, la nourriture qu’on découvre. Tout ça ne se découvre pas si on ne parle que français ou bien qu’on se contente de l’anglais à l’étranger.
@FougereBle — Je dirais aux agrume qui veulent se lancer : N’ayez pas peur ! Lorsqu’on apprend une langue et que l’on doit parler avec un locuteur natif par exemple, on à toujours peur de faire des erreurs. De mal prononcer un mot, voir même de se tromper de mot. Cependant, il ne faut pas avoir peur de cela. Si vous faite une erreur (et vous en ferez), votre interlocuteur vous le dira et cela vous permettra de progresser encore plus vite. Je pense que pour vraiment parler une langue correctement, il faut pratiquer. Et même si cela implique de faire des erreurs.
@Rockaround — Deux choses : être consistent, et se moquer de son accent et des ânonnements inévitables. Plus haut, il est mentionné 15 minutes par jour : j’irai jusqu’à dire que 5 minutes pour les journées très occupées, c’est incroyablement mieux que rien du tout. Je vous promets que ça fait une grosse différence, le jour d’après, quand vous avez 30 minutes ou plus à y consacrer. Les concepts sont toujours frais, le cerveau a eu plus de chances de comprendre, et aussi, vous avez créé une routine, qu’il vous sera d’autant plus facile à poursuivre. Et avoir peur de son accent, c’est le meilleur moyen de ne pas parler, et de ne pas progresser. Exprimez-vous, répétez 10 fois votre phrases s’il le faut, trompez-vous de mots, mais parlez ! Personne ne se moquera de vous parce que vous massacrez légèrement ou complètement la langue, c’est une étape obligatoire de l’apprentissage.
@Le Gigot — La pratique! C’est essentiel. Et n’hésitez pas à demander à vos amis quels langues ils parlent, vous pourriez avec des surprises. Il faut également se montrer ouvert d’esprit et ne pas avoir peur de faire des erreurs. Aussi, essayez de faire des activités que vous aimez dans la langue que vous voulez apprendre, et essayez de rencontrer des gens, c’est beaucoup plus motivant que d’apprendre seul. Il ne faut jamais abandonner! Mais surtout, mon conseil le plus important : avoir du plaisir! On apprend beaucoup mieux en s’amusant.