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Le sexe ce tabou

De l’école au lycée on nous apprend beaucoup de choses, mais pas cet essentiel. Ça risquerait de choquer les âmes sensibles après tout… mais parle-t-on ici des enfants ou de leurs parents ?

Ce billet a été publié sur mon blog en octobre 2019, puis republié ici pour tenter de lancer le sujet sur ZdS.

De l’école au lycée on nous apprend beaucoup de choses, mais pas cet essentiel. En cours de SVT on apprend la fécondation, ce qu’il se passe après un rapport sexuel, mais pas ce qu’il se passe avant ni pendant. Ça risquerait de choquer les âmes sensibles après tout… mais parle-t-on ici des enfants ou de leurs parents ?

Enfants on entend les adultes blaguer sur le sujet, sans trop comprendre. Ados on essaie de copier les acteurs pornos car c’est la seule référence disponible. Et puis on grandit, on a envie de mieux faire, alors on cherche… sans vraiment trouver comment.

Quelques questions posées sur les réseaux sociaux

N’ayant jamais reçu d’éducation sexuelle à proprement parler, que ce soit par mes parents où à l’école (après tout, dans des établissements catholiques, ça ferait désordre paraît-il), j’ai donc voulu savoir si j’étais seul dans ce cas. J’ai donc posé quelques questions sur Twitter et Instagram pour estimer (pas très scientifiquement, j’en conviens) l’état de notre éducation sexuelle globale.

Note : les résultats ont été rendus anonymes pour permettre à chacun de s’exprimer librement, même si certains participants ont peut-être hésité à répondre librement sur Instagram car les réponses ne sont par défaut pas anonymes.

Sondage Twitter — Résultats de la question 1 Sondage Twitter — Résultats de la question 2 Sondage Twitter — Résultats de la question 3 Sondage Twitter — Résultats de la question 4 Sondage Twitter — Résultats de la question 5
Sondage Instagram — Résultats de la question 1 Sondage Instagram — Résultats de la question 2 Sondage Instagram — Résultats de la question 3 Sondage Instagram — Résultats de la question 4 Sondage Instagram — Résultats de la question 5

Et les résultats confirment que je ne suis pas seul : peu de gens ont reçu une éducation sexuelle complète et beaucoup ont dû apprendre avec leurs partenaires (qui n’avaient également probablement pas plus de maîtrise) ou avec le porno (qui est rarement réaliste, soyons honnêtes).

Mais ce qui en ressort surtout c’est que peu de gens en parlent ouvertement, y compris avec leurs proches. Le sexe reste donc un tabou pour beaucoup.

Une logique déconnectée de notre époque

Nous vivons pourtant dans une époque parfaite pour briser ce tabou : libération sexuelle, plans d’un soir, applications de rencontre, féminisme, plateformes de discussion (également appelées réseaux sociaux)… nous avons tous les outils pour changer cet héritage et libérer la parole. Pourtant lorsque j’entends parler de plan d’un soir personne ne parle d’orgasme ou de communication pour savoir ce que chacun aime : on baise maladroitement et on se quitte, sans chercher à faire mieux ni savoir si l’autre a vraiment pris du plaisir.

Les applis de rencontre nous incite à discuter pour se rencontrer (certaines pour un soir, d’autres pour plus longtemps) en exposant nos métiers, nos hobbies, éventuellement notre orientation sexuelle… mais rarement nos préférences sexuelles.

Le savoir est à notre portée et pourtant la plus grande base de données disponible sur le sujet reste les sites pornographiques qui ne présentent qu’une vision déformée — et souvent normalisée — du sexe.

Le sexe fait pourtant partie des activités régulières d’un couple, une des plus pratiquées dans le monde tout en étant un moment des plus intimes qui soit, mais si personne ne communique comment en profiter pleinement ?

Encore plus : c’est la base de notre système de reproduction tout en étant une activité permettant de ressentir du plaisir les plus primaires, et pourtant on se contente du minimum sans chercher à faire mieux, alors que des chercheurs nous ont permis de découvrir que nous en étions capables.

Reprendre les choses en main pour briser ce tabou

Je ne parle pas de prendre votre chose en main, messieurs, refermez donc tout de suite cette braguette…

Alors, comment faire en sorte de libérer la parole sur ce sujet ? Peut-être faut-il d’abord comprendre pourquoi ce tabou existe

On pourrait montrer les religions du doigt (et je suis souvent le premier à avoir ce réflexe), mais ce serait — je pense — se tromper par souci de simplicité. C’est avant tout notre éducation qui nous inculque ces habitudes : nous imitons nos parents, en répétant bêtement ce que nous avons appris. S’ils nous disent que le sexe est un sujet tabou pour eux alors il le devient pour nous jusqu’à ce que l’on ose remettre en cause cet acquis.

Je ne vais pas prétendre avoir la solution pour tout changer : il faudra beaucoup de travail et de communication pour faire évoluer les mentalités. Mais on peut au moins travailler ensemble pour trouver des pistes et développer des outils pour mettre fin à ce statu quo.

Peut-être faut-il s’affranchir du cadre actuel d’éducation pendant un temps et mettre en place une plateforme ouverte pour permettre à chacun de s’éduquer librement, sans jugement ? Un site et/ou une application rempli(e) de ressources et conseils pour découvrir sa propre sexualité, mais aussi celle des autres.

Sans doute faut-il également lancer nous-mêmes le mouvement en évoquant le sujet avec nos amis voire notre famille, autrement que sous forme de blagues. Proposer de l’aide quand un couple autour de nous n’est pas épanoui alors qu’avec un peu de communication ils pourraient probablement sortir de cette impasse…

Préparer l'avenir

Admettons que nous arrivions à briser ces tabous pour notre génération… qu’en est-il pour les générations à venir ? Comment enseigner à nos enfants ce qu’il faut sans les (ou nous) mettre mal à l’aise ?

Il faudrait retravailler le système éducatif pour prendre en compte certains savoirs et les transmettre : se contenter de parler de fécondation n’est pas suffisant quand il s’agit de sensibiliser les enfants à tout ce qui entoure ce sujet.

Parler des principales IST et comment les prévenir est devenu nécessaire pour limiter leur transmission. Expliquer ce qu’est un orgasme peut aider à plus facilement comprendre comment l’atteindre — soi-même ou à deux — et le reconnaître.

Mais surtout parler de consentement et de communication est indispensable pour éviter les dérives et violences auxquelles beaucoup trop de gens sont confrontés.

Peut-être, alors, que quand ces bases seront acquises on pourra s’occuper de mettre à disposition ces outils dont je parlais juste avant, pour que nos enfants puissent apprendre grâce à nous tout en gardant une certaine distance pour éviter certains malaises.

Quelques autres ressources

Si vous ne connaissez pas la série Masters Of Sex je vous la recommande vivement : elle retrace (de façon romancée) les travaux du Docteur William Masters et son assistante Virginia Johnson lors de leur étude détaillée sur la sexualité humaine dans les années 1950.


Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont répondu aux sondages, que ce soit sur Twitter ou Instagram. Il y a même des inconnus dans le lot ! Un grand merci à vous, autrement je n’aurais pas pu alimenter cet article de la sorte.

Un grand merci également aux amis et inconnus avec qui j’ai pu discuter un peu du sujet, qui m’ont suggéré des pistes de réflexion. Vous êtes formidables !

73 commentaires

Je te rejoins sur le tabou provenant de l’éducation, mais je me demande si l’éducation en question n’est pas très fortement influencée par la religion au sens historique. En France, nous sommes un pays de culture majoritairement catholique, une religion qui condamne la recherche du plaisir sexuel (tout comme beaucoup d’autres plaisirs d’ailleurs) au profit d’une conception procréatrice de la sexualité. Du peu que je connais de la Grèce antique par exemple, il me semble que leur rapport à ce sujet est très différent et notamment parce que leur religion (et donc la morale qui en découle) ne la condamne pas.

Toutefois, je ne pense pas que ce soit la seule raison et en réfléchissant rapidement je vois au moins deux autres leviers sur lesquels il serait possible de jouer pour faire évoluer les mentalités :

  • la fierté qui vient de la pression que nous met la société pour être « un bon coup » (aussi bien pour les hommes que pour les femmes, contrairement à ce que certains pensent) et qui peut entraîner un sentiment d’échec personnel voire des moqueries si on ose admettre qu’on ne sait pas ou qu’on a besoin d’aide ;
  • la honte de certains qui ont des envies ou des fantasmes qui ne semblent pas rentrer dans la norme et qui les pousse à les garder pour eux, compliquant (voire empêchant) de ce fait leur accès à l’orgasme.

C’est effectivement une discussion importante : au-delà du plaisir (qui reste très important), une activité sexuelle régulière et épanouie a montré de nombreux bienfaits sur la santé.

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C’est en lisant un livre de fiction, qui décrivait un scène de sexe (je lis rarement ce genre de chose), avec un personnage qui glissait ses doigts dans l’entrejambe d’une femme, y trouvant un trou, puis un second, que j’ai appris que les femmes avait un trou vers la vessie, et un autre vers le vagin. J’avais 20 ans.

Je ne vois pas du tout le problème avec l’éducation sexuelle en France. :-°

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Alors ok, mais va falloir m’expliquer comment il fait pour trouver l’urètre comme ça ce monsieur.

Mais sinon, ça pour le coup je l’ai appris au collège en éducation sexuelle, en 6e, et pourtant j’étais dans un collège catholique. Mais je crois qu’il était pas mal ce collège. C’était surtout anatomique, mais c’était déjà intéressant comme introduction. Mais je ne saurais pas dire si les schémas sur le sexe féminin étaient correctes ou non, je ne m’en souviens plus.

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Alors ok, mais va falloir m’expliquer comment il fait pour trouver l’urètre comme ça ce monsieur.

C’est hors de mon champs de spécialité.

Sinon, les cours d’éducation sexuelle que j’ai eu, c’était orienté prévention (préservatif, MST…). En biologie, c’était plus la reproduction (gamète, embryogenèse…) que l’anatomie dans ce coin-là. Quand aux schémas… Si je parle de pénis-robinet, vous avez l’image ?

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C’est en lisant un livre de fiction, qui décrivait un scène de sexe (je lis rarement ce genre de chose), avec un personnage qui glissait ses doigts dans l’entrejambe d’une femme, y trouvant un trou, puis un second, que j’ai appris que les femmes avait un trou vers la vessie, et un autre vers le vagin. J’avais 20 ans.

Il a mis ses doigts dans le méat urétral ? Ça doit pas être agréable, c’est pas bien large comme trou. :o C’était pas plutôt le vagin et l’anus ?

C’était surtout anatomique, mais c’était déjà intéressant comme introduction. Mais je ne saurais pas dire si les schémas sur le sexe féminin étaient correctes ou non, je ne m’en souviens plus.

Les schémas omettent souvent de mentionner le clitoris puisqu’on a très longtemps cru qu’il n’avait aucune utilité dans la reproduction mais simplement dans le plaisir sexuel (et je suis sûr que beaucoup le croient encore d’ailleurs).

Mais c’est vrai qu’avoir des bases anatomiques, ça paraît essentiel pour aborder sereinement la question du plaisir.

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C’est en lisant un livre de fiction, qui décrivait un scène de sexe (je lis rarement ce genre de chose), avec un personnage qui glissait ses doigts dans l’entrejambe d’une femme, y trouvant un trou, puis un second, que j’ai appris que les femmes avait un trou vers la vessie, et un autre vers le vagin. J’avais 20 ans.

C’est dingue… o_O Je suis à peu près 100% sûr d’avoir eu en cours de collège (4 ème je crois ?) des cours d’anatomie sur l’appareil génital (et donc difficile de passer à côté de l’appareil urinaire). J’imagine qu’on n’a pas été tous aussi bien servis du coup…

Après, le problème de communication qui est pointé dans l’article va bien au-delà du plaisir sexuel je pense, c’est probablement le point névralgique de l’immense majorité des problèmes en relations humaines. ^^

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Moi j’ai lu "Love Story" au collège, ça m’as fait mon éducation à ce sujet (c’est donc plus ou moins ce que je recommanderais aux jeunes…). Les établissements scolaires n’ont pas été aussi pertinents de mon expérience.

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Les CDI de mon collège-lycée (mêmes bâtiments mais deux CDI différents) avaient des livres sur la sexualité destinés aux publics visés innocemment disposés dans les rayons, et une bonne partie des élèves savaient exactement où ils étaient sans jamais oser ni les emprunter directement1, ni en parler avec des adultes. Par contre ils étaient très lus en cachette (leurs emplacement facilitaient ça). Je suis certain maintenant que tout ça était très calculé de la part des documentalistes.

Sinon j’ai eu des cours sur la sexualité au collège et au lycée (4ème, 2nde et 1ère, de mémoire). Théoriquement très axés sur la tuyauterie et la technique sans aucune forme de sentiments, mais y’avait au moins cette approche fonctionnelle et au lycée sur les MST.

Je dis « théoriquement » parce que ça c’était le programme et ce qu’il y avait dans les bouquins. La prof de 1ère était par contre quelqu’un de très étrange, ancienne hippie (qui roulait en coupé Mercedes) et qui s’était mise en tête que parce qu’elle devait nous parler sexualité, elle allait parler de la seule qu’elle connaissait, à savoir la sienne. Ce qui a donné droit à une poignée de cours mythique, notamment cette citation :

Les filles, protégez-vous bien et faites-vous un maximum d’expériences avant le mariage.


  1. À cette époque, emprunter un livre impliquait d’avoir ton nom sur la fiche à la fin, probablement pour les 30 années suivantes vue la taille des fiches.

Alors là j’en découvre encore ! :waw:

Je ne peux qu’approuver le point d'@adri1 sur la communication, Ô combien essentielle pour des relations (qu’elles soient sexuelles ou non) épanouies.

J’ai volontairement évité de parler de religion (comme le souligne @Ekron) dans l’ensemble de mes billets pour éviter de m’énerver à chaque fois, vu les dégâts qu’elles ont causé à plein de niveaux, mais oui elles ont je pense laissé une bonne trace sur notre approche de la sexualité, on le voit avec les collèges/lycées catholiques (que j’ai également fréquenté) qui se contentent souvent du minimum vital sur l’éducation sexuelle…

@A-312 j’avais pourtant précisé que c’était pas un sondage scientifique :P

Peut être que mon avis va vous intéresser, puisque j’ai une vision assez différente de la votre. Vous en parler comme si tout était OK. :D

Déjà, rien que le sujet du billet me dérange. Alors attention, je ne dit pas que c’est mal d’en parler et qu’il faut jamais rien dire, mais quand je dit "ça me dérange", je veut dire "ça me met déjà très mal à l’aise rien que de lire le billet".

Et vous voir en parler si librement dans les commentaires de ce billet, je suis même très étonné.

Je ne suis pas croyant ou quoi ce soit, donc ma grande (extrême) gêne sur ce sujet très délicat et même… honteux (pour moi, et encore une fois, ce n’est pas un reproche que je fait au billet ou à qui que ce soit, attention - je ne voudrais pas que mon message passe mal) ne viens pas d’une quelconque croyance.

Et personnellement, dès l’instant ou j’entend que ce sujet est abordé près de là où je me trouve (en rigolade ou autre, peut importe), j’ai tendance à m’éloigner. Me faire oublier le temps de la conversation quoi.

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@FourgereBle: C’est une réaction normale. C’est celle qu’on nous apprend depuis l’enfance.
Et c’est bizarre car il n’y a pas de justification profonde à ça.

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Comme le sit ache, c’est le but du billet que de montrer ça. Et pourtant, en parler c’est important. Pour une grande partie de la population,avoir une vie sexuelle épanouie est important pour le bonheur, alors pourquoi se prive-t’on d’en parler alors que ça nous permettrait de mieux le gérer ?

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@FougereBle : Faut pas t’en faire, je connais beaucoup de gens dans le même cas. :)

Il n’y a pas de mal à ne pas en parler en public, au moins tu ne propages pas de fausses idées.

As-tu déjà cherché dans ton éducation/enfance ce qui pourrait être à l’origine de cette gène ?

J’ai moi-même mis un moment avant de pouvoir en parler librement — et encore, c’est pas toujours facile — mais plus on apprend plus on se sent à l’aise, surtout quand on trouve les bonnes personnes pour discuter en tout simplicité.

avec le porno (qui est rarement réaliste, soyons honnêtes).

Un film est un film, même si certains sont sans doute très influencés par ce contenu, beaucoup savent que ce n’est pas vraiment la réalité… Tout comme beaucoup de gens ne vont pas faire une fusillade après leur partie de GTA ou avoir visionné un film de guerre.

Le porno est souvent un exutoire et je dirais que cela a le mérite de montrer des pratiques plus variées que ce que des parents, l’école ou la société peut évoquer ouvertement.

Tout n’est pas à jeter dedans même si ce n’est pas la panacée.

Mais ce qui en ressort surtout c’est que peu de gens en parlent ouvertement, y compris avec leurs proches. Le sexe reste donc un tabou pour beaucoup.

En même temps je dirais que ce n’est pas forcément un mal. En tout cas dans notre société actuelle. De nombreuses pratiques sexuelles ne sont pas acceptées par la population, même des choses finalement banales comme l’homosexualité. Je pense que cela aide beaucoup à certains le fait que le sujet ne vienne pas sur le tapis car cela peut les gêner d’évoquer le sujet à cause des possibilités de discriminations qui s’en suivent.

Idéalement, cela ne devrait pas être nécessaire mais je pense que cela a du bon aussi pour protéger certains de la stigmatisation.

Il faudrait retravailler le système éducatif pour prendre en compte certains savoirs et les transmettre : se contenter de parler de fécondation n’est pas suffisant quand il s’agit de sensibiliser les enfants à tout ce qui entoure ce sujet.

Pourquoi ce serait le rôle de l’école de parler de ce sujet ? Non pas que ce soit une mauvaise idée, mais tout savoir ne doit pas passer par un enseignement en classe.

Il y a des tas de choses importantes à apprendre à l’école, le temps manque, les programmes déjà lourds, de nombreuses matières essentielles tapent aussi à la porte (numérique, droit, économie, etc.)

D’autant que là on est sur un sujet actuellement tabou, avec une bonne dose de subjectivité : est-ce que l’école est le meilleur endroit pour en parler ? Pas sûr.

Je pense qu’il faut arrêter le réflexe de refourguer tout apprentissage ou savoir à l’école. Elle ne peut pas tout faire, il faut réfléchir profondément pour savoir où est le lieu idéal pour l’apprendre. Cela pourrait être l’école finalement, mais je n’en suis pas convaincu.

D’autant que du savoir utile à tous mais qui n’est pas enseigné à l’école il y en a des tas finalement qu’on doit apprendre par nous même plus ou moins comme notre fameux système fiscal, les procédures administratives liées à un déménagement, etc. Je n’ai pas appris à l’école à payer mes impôts et à déclarer mes revenus. Que la sexualité en soit donc absente n’est finalement pas si surprenant, ce n’est peut être pas son rôle.

Parler des principales IST et comment les prévenir est devenu nécessaire pour limiter leur transmission.

Quand j’étais collégien, on a eu un cours dédié à ce sujet (pourtant école catholique, comme quoi). Donc je pense qu’il y a des mesures en place pour cela.

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Le billet est intéressant, mais je trouve qu’il passe sous silence le pourquoi justement on a tendance à en faire un sujet tabou : l'âge.

On fait des pieds et des mains (notamment le CSA pour la TV) pour éviter de montrer trop de choses aux enfants (violences, sexe, etc.). Du coup, ce n’est pas évident de savoir jusqu’où aller dans l’éducation sexuelle quand on est au collègue par exemple. Je ne sais pas s’il y a des travaux qui en parle.

Je sais pas si l’âge est la raison pour laquelle on fait pas d’éducation à ce sujet.

Au lycée, en cours d’arts appliqués, tout le monde avait 17 ou 18 ans et pourtant le prof censurait les parties génitales sur une photo de statue…

Je suspecte plutôt un cumul de religion qui en ont fait un sujet tabou et de manque de connaissance qui fait que les gens n’osent pas en parler de peur d’admettre leur ignorance (comme ceux qui ne posent pas de questions en classe, pour la même raison).

Après je me souviens en école d’ingé, dès que le mot bit (oui sans e) était prononcé, cela pouvait faire rire la classe. (Et je plaide coupable, j’ai déjà rigolé).

Donc qu’on évite le sujet pour éviter que la classe soit ingérable, je peux comprendre les profs aussi.

Le tabac sexe c’est tabou, on en viendra tous à bout !

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Cette question d’âge et une quasi-actualité me font poser cette question :

Quel est le bon âge pour parler de sexe aux enfants, et de quelle manière ?

Je pense qu’un des problèmes soulevés par le sujet est que, pour beaucoup trop de gens, la réponse est quelque chose comme « C’est un sujet exclusivement réservé aux adultes », ce qui est en fait un prétexte plus ou moins avoué pour ne pas en parler.

Or, l’adolescence c’est le moment ou le corps change, les hormones bouillonnent et où on découvre tout ça, attirance et désir compris. Refuser de parler de sexualité à des adolescents parce que c’est soit-disant pas de leur âge, c’est à la fois dangereux, irresponsable, nier ce qu’est l’adolescence et probablement ne pas se rappeler honnêtement de qu’a été la sienne.

D’autant que la question de la sexualité va avec plein d’autres questions qui sont tout aussi importantes et tout autant oubliées, notamment :

  • Le respect d’autrui
  • Les notions de différences
  • La tolérance
  • La reproduction et comment éviter de se reproduire par mégarde
  • Les IST et comment s’en protéger
  • La polysémie hallucinante du mon « amour »1 en français et tous les quiproquos qu’elle peut engendrer (et l’expression « faire l’amour » n’aide vraiment pas)
  • Les différences entre « je teste mon pouvoir de séduction naissant » et « je cherche une vraie relation »

Et ça me semble d’autant plus important qu’on vit dans des sociétés qui ont tendance à sexualiser tout et n’importe quoi (et surtout le corps des femmes).

Résultat, nos chers dirigeants nos pondent une ènième loi complètement absconse et inapplicable qui viserait à rendre la pornographie inaccessible aux mineurs avec des moyens complètement idiots2, mais surtout sans donner le moindre centime supplémentaire à l’éducation et à la prévention. Et puis surtout, toute la loi part du principe que les enfants et adolescent tombent par hasard sur du porno sur Internet. Mais, sérieusement, de quand date la dernière fois où vous êtes tombés sur ce genre de contenu par hasard3 ? Les adolescents cherchent du porno, et arrivaient très bien à en trouver avant internet, avec les magazines et tout.

Surtout que, comme on en parle pas et que le sujet est tabou, ça devient provocateur de regarder du porno quand on est jeune, et donc cool, et donc intéressant à faire.

Donc, de mon point de vue, il faut parler de sexualité au sens large aux enfants, soit dès qu’ils posent des questions, soit quand on sait qu’ils ont été exposé à des scènes qu’ils ne sont à priori pas armés pour comprendre, soit quand ils entrent dans l’adolescence. Les difficultés sont :

  1. De réussir à adapter son discours à l’âge et à la maturité de l’enfant. Et ça n’étant pas concerné, je n’ai pas de ressources à ce sujet.
  2. De réussir à concevoir que son enfant n’est par un ange parfait et pur – problème très commun mais que le confinement a un peu réduit, avec de la chance.

Parce que oui, si vous avez des enfants, vous avez sans doute envie d’avoir des petits-enfants dans le futur. Ce qui va inévitablement nécessiter que vos enfants, ils baisent. Désolé. Alors autant qu’ils fassent ça dans de bonnes conditions, non ?

Ce dernier point me fait dire que les parents sont probablement les pires personnes au monde pour parler de sexualité à leurs enfants, au moins dans la société française, et ce du point de vue des parents et des enfants.


PS : Comme @viki53 je pense que c’est le manque d’éducation qui provoque ces réactions grasses. Notamment parce qu’on rit beaucoup de ce qui gêne.


  1. Amour de son prochain (charité, etc), amour dans le plus pur sens érotique, amour-jeu comme la provocation et le flirt, amour obsessionnel de type manie, amour de soi, amour dans le sens affectueux et bienveillant, amour familial… autant de notions qui n’ont pas grand-chose à voir entre elles.
  2. Tout site porno accessible en France devrait n’être accessible qu’après connexion à France Connect, ou en rentrant sa CB. D’une part ça implique que nos dirigeants s’imaginent pourvoir découper Internet par pays. D’autre part, qui utiliserait sa connexion aux impôts pour se connecter à un site de cul ? Et nos sénateurs sont-ils vraiment naïfs au point de croire que les adolescents ne vont pas emprunter la CB de leurs parents ? Sans parler des blocages prévus, facilement contournables en changeant de DNS – mais qui vont enrichir les fournisseurs de VPN.
  3. Je mets de côté le cas des gens qui reçoivent des images à caractère sexuelles par messagerie, type dickpics, parce que ça relève généralement d’un autre problème, celui de l’exhibitionnisme, et donc d’autres problématiques légales.

1: Tout site porno accessible en France devrait n’être accessible qu’après connexion à France Connect, ou en rentrant sa CB.

Sources :

Idée récurrente mais qui redevient à la mode depuis le Digital Economy Act 2017.

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