Acheter des livres (français) en ligne, sans passer par Amazon

Besoin: commander des livres en ligne

Commander des livres en ligne c’est bien pratique. Souvent quand j’ai envie de me procurer un ligne précis, je souhaite le commander sur le moment, maintenant tout de suite; pas envie de devoir aller voir dans telle librairie de mon quartier s’ils l’ont en magaison ou pas, ou de devoir téléphoner (brr…).

Avant j’utilisais Amazon; c’est très pratique, on s’en sert pour plein d’autres objets que les livres: site commode, commentaires des acheteurs, service de paiement en ligne au poil, livraison qui marche, politique de retour pratique en cas de soucis (moins pertinent pour les livres). Mais j’y vois aussi des inconvénients forts, par exemple:

  • Ça fait grossir une entreprise en situation de quasi-monopole.

  • Passer par la livraison pour des livres ne se justifie pas forcément, si on pense par exemple au coût écologique (emballage individuel important, transport du livre etc.). Autant je veux pouvoir commander le livre simplement, autant je suis prêt à passer le chercher près de chez moi quand je sais qu’il est disponible — j’espère que les libraires se font expédier les livres groupés plutôt qu’individuellement.

  • Point le plus important, j’aime bien les librairies de quartier (je vais y flâner quand je ne sais pas ce que je veux, pour trouver des idées cadeaux etc.) et c’est un métier qui est continuellement en détresse financière. J’aimerais mieux les soutenir que financer Amazon (ou la Fnac).

Ma solution: leslibraires.fr

Après avoir un peu cherché et surtout demandé à des libraires, j’ai trouvé un site pour remplacer Amazon pour les achats de livres distribués en France: leslibraires.fr.

logo du site leslibraires.fr
logo du site leslibraires.fr

C’est un site qui fonctionne comme un réseau de plein de librairies indépendantes mises ensemble. Il y a un catalogue de livres disponibles, la fonction de recherche marche bien, et ensuite pour chaque livre on peut voir quelles librairies le propose (en stock ou en commande), payer (ça marche bien aussi) et demander une expédition à domicile ou aller le chercher sur place (ma préférence).

Limites

Sur tous ces trucs "alternatives à Amazon", il ne faut pas s’attendre à une expérience aussi léchée que sur Amazon. Franchement leslibraires.fr ce n’est pas mal du tout (mais, par exemple, je n’y enregistrerais pas mes numéros de carte bleue).

Un autre inconvénient est qu’on est limité aux livres distribués en France. Si vous n’êtes pas en France, il vous faut vous renseigner sur l’équivalent chez vous (n’hésitez pas à les indiquer en commentaire). Si vous êtes en France mais que vous voulez commander un livre qui est édité à l’étranger, Amazon va beaucoup mieux marcher. Je suis passé parfois par des réseaux de libraires étrangers (IndieBound.org aux États-Unis), mais ils ne livrent pas souvent à l’international, donc ça devient du cas-par-cas.

Autres réseaux de libraires

Je n’ai pas trouvé leslibraires.fr tout de suite. Une première recherche m’avait amené chez lalibrairie.com. C’est du même genre, mais quand j’étais allé tout fier chez mon libraire pour récupérer ma commande il m’avait expliqué qu’en fait ils ne touchaient presque rien en servant de point de vente sur ce site, et qu’il préférait leslibraires.fr. J’ai trouvé un article de journal qui explique essentiellement la même chose.

L’idée d’encourager les utilisateurs de petites librairies à commander en ligne n’est pas très originale, et il existe en fait plusieurs sites qui fournissent ce genre de services en expliquant sauver le monde du livre. En rédigeant ce billet je suis tombé sur librairiesindependantes.com qui est sur le même créneau, qui ressemble à un méta-agrégateur de réseaux de libraires, et dont la liste des partenaires contient les deux sites cités précédemment et pas mal d’autres. Dans le flou ambiant, je fais confiance aux libraires que je connais, mais si vous avez des informations sur les modes de fonctionnement de telle ou telle initiative (surtout en terme de reversement des maigres bénéfices), je suis intéressé.


30 commentaires

Tu pars du principe tout au long de ton message que le nombre de livre vendu diminue. As-tu des sources ? J’ai passé 10 minutes à chercher des sources sur le long terme, et j’en trouve peu. J’ai ça pour 2017–2018 et ça pour 2008–2009.

Le nombre de livre vendu hors fascicule passe de 436 millions à 430 millions. Donc, c’est plutôt stable su 10 ans. Idem sur le chiffre d’affaire, quasi-constant.

J’ai les chiffres avant 2007 ici. Page 4 : entre 300 et 350 millions de livres vendus par an entre 1986 et 2000, puis une augmentation entre 2000 et 2007. Mais les parts de marché changent (page 7).

Donc, sur 10 ans, stable, sur 20 ans, forte augmentation, sur 35 ans (on atteint le génération, là), forte augmentation aussi (puisque à peu près stable entre 1986 et 2000).

+3 -0

Je veux bien qu’il y ait eu une augmentation des ventes de livres dans les années 2000. Ce n’est pas invraisemblable (le rapport Gaymard que tu as cité donne plusieurs pistes : forte augmentation de l’offre, voire surproduction, multiplication des canaux de distribution, rien qui ne soit à associé à une augmentation du nombre des lecteurs).

Ce qu’il faut regarder, c’est la courbe avant et après : l’explosion de la télévision dans les foyers, c’était dans les années 50–60–70 (et quand tu regardes par là, il faut refaire attention car les Fnacs et la grande distribution alimentaire sont apparues au même moment, ce qui a pu faire grossir la demande tout en phagocytant un peu certains commerces - voir aussi la page 9 du même rapport qui suggère qu’il se vend plus de livres dans la grande distribution principalement alimentaire que dans les petites librairies depuis un moment - sans compter les machins comme France Loisirs). Quant à Snapchat et Netflix dans toutes les fratries, c’est maintenant, ça fait moins de cinq ans.

La courbe, aujourd’hui, est descendante et à toutes les raisons de continuer à descendre.

Quelques bons outils pour extrapoler les tendances (toujours sourcés par le Ministère de la Culture ou le SNE pour la plupart).

https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/culture-loisirs/en-25-ans-deux-fois-plus-de-livres-publies-mais-de-moins-en-moins-lus_AN-201512250031.html

Car les Français lisent globalement de moins en moins. En 2008, 70% des Français déclaraient avoir lu au moins un livre dans l’année, contre 79% en 2005. En pratique, cela reste un loisir pour les plus aisés: "Les cadres supérieurs comptent trois fois plus de forts lecteurs que les ouvriers", indique une étude du ministère de la Culture. Mais les lecteurs sont de plus en plus vieux. "Depuis 1973, la lecture de livres a connu un profond changement: elle s’est progressivement féminisée, tout en perdant le lien privilégié qu’elle entretenait avec la jeunesse".

La partie correspondante dans le rapport Gaymard, qui marque les changements structurels dans le lectorat (non liés à la transformation des moyens de vente, de diffusion ou de la production) :

Les principales tendances d’évolution qui se dégagent des enquêtes 1973 à 1997, et que l’on retrouve dans la plupart des pays développés, sont :

  • une augmentation de la proportion de lecteurs entre 1973 et 1981 (de 69% à 73%) qui atteint un palier entre 1981 à 1997 ;
  • une augmentation de la proportion de « faibles lecteurs » (de 1 à 9 livres par an) et une diminution presque symétrique de la proportion de « forts lecteurs » (25 livres et plus) ;
  • une féminisation croissante du lectorat ;
  • un recul net et régulier de l’intensité des pratiques de lecture dans les jeunes générations.

http://www.observationsociete.fr/modes-de-vie/loisirs-culture/lecture-livre.html

La lecture de livres décline en France, selon le ministère de la Culture. Après avoir diminué dans les années 1970 et 1980, la part de personnes n’ayant lu aucun livre dans l’année s’est remise à progresser dès le début des années 1990 (la courbe verte de notre graphique). La part de lecteurs moyens (en violet, entre 10 et 19 livres l’an) évolue peu, aux alentours de 15 %. À l’origine, dans les années 1970, le phénomène est surtout marqué par la chute des gros consommateurs de livre (courbe bleue), divisée par deux en cinquante ans. Entamée dès les années 1970, elle s’accélère dans les années 1990 et s’est stoppée ces dix dernières années. Le phénomène vraiment nouveau depuis les années 2010 est la chute des « petits » lecteurs (courbe rouge), ceux qui lisent entre un et neuf ouvrages par an, alors qu’elle augmentait auparavant.

Plusieurs facteurs s’entremêlent. L’élévation du niveau de diplôme, la diffusion des collections de poche, l’amélioration de la présentation des livres et leur diversification ont joué un rôle favorable, de même que l’élévation du niveau d’éducation. Mais la population vieillit et les plus âgés, à partir de 70 ans, ont tendance à moins lire. Surtout, la lecture de livres est concurrencée par de nouvelles activités de loisirs : la télévision – dont la durée d’écoute explose dans les années 1980 –, les jeux vidéos, puis l’usage des nouvelles technologies.

https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/ledition-confrontee-a-une-baisse-de-44-de-son-chiffre-daffaires-1033860

Directeur général du Syndicat national de l’édition (SNE), Pierre Dutilleul a désormais un ennemi en ligne de mire : « Netflix est notre principal concurrent », lâche-t-il mercredi, dans le grand jardin de l’hôtel de Massa, à l’occasion de la publication du rapport d’activité du SNE pour 2018–2019. Le temps est caniculaire mais les chiffres refroidissent illico les éditeurs présents.

[…]

L’affaissement de 5,70 % de la littérature générale - et donc des romans, piliers de l’édition -, qu’aggrave encore la crise traversée par les livres de sciences (-4,99 %), les ouvrages d’art et les beaux livres (-4,94 %), ou encore les dictionnaires (-18 %) démontre le caractère structurel de la crise. Même si la quasi-stabilité de la BD (-0,46 %) et la progression des documents d’actualité et des essais (+6,15 %) comme d es livres destinés à la jeunesse (+2,13 %) atténue l’amertume du constat.

« Sur les plates-formes, mais aussi les acteurs historiques comme Canal+, TF1 et M6, nous avons affaire à des 'produits’ - et je dis bien des 'produits’ - écrits, scénarisés et marketés à la perfection, reprend Pierre Dutilleul. Des séries comme 'Game of Thrones’ , 'Le Bureau des légendes’, 'Baron Noir’… atteignent la même qualité, voire une qualité supérieure à celle de certains longs-métrages. »

Tu remarqueras que dans les rapports réguliers des syndicats d’édition, ou des syndicats d’industrie en général, il y a une tendance à donner des éléments d’analyse à court-terme (par exemple 2–3 ans, le temps de se retourner et de rebondir sur autre chose en cas de soucis). Ce n’est pas l’angle d’analyse que j’utilise.

Tu remarqueras qu’une grosse partie du lectorat qui consomme le plus a encore la cinquantaine : ça veut dire que s’il y a une fin à retardement à prévoir, elle n’est pas pour tout de suite non plus.

Personnellement j’essaie d’avoir une approche raisonnée de mes propres habitudes, ici d’achat: réfléchir à ce que je veux, ce qui est important pour moi, y compris dans les impacts indirects de l’achat (comment sera utilisé l’argent que je donne à cet acteur, etc.). L’idée n’est pas de dire qu’Amazon est responsable des difficultés des libraires, mais plutôt que moi, individuellement, après réflexion je préfère soutenir mes libraires qu’Amazon, et que je partage mes tentatives en la matière au cas ou ça intéresse d’autres gens.

Est-ce que ça va guérir la cause profonde des difficultés financières des libraires ? Sans doute pas. Mais au moins je peux me donner les outils pour ne pas aggraver les choses, voir les améliorer un petit peu à mon échelle.

Je souhaiterais évidemment que beaucoup de gens aient cette hygiène de vie, et je pense que ça aurait, ça a déjà des effets positifs notables au niveau collectif. Mais dans ce billet l’idée était seulement d’échanger des outils, pas de changer les habitudes des gens qui ne le souhaitent pas.

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