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Acheter des livres (français) en ligne, sans passer par Amazon

Besoin: commander des livres en ligne

Commander des livres en ligne c’est bien pratique. Souvent quand j’ai envie de me procurer un ligne précis, je souhaite le commander sur le moment, maintenant tout de suite; pas envie de devoir aller voir dans telle librairie de mon quartier s’ils l’ont en magaison ou pas, ou de devoir téléphoner (brr…).

Avant j’utilisais Amazon; c’est très pratique, on s’en sert pour plein d’autres objets que les livres: site commode, commentaires des acheteurs, service de paiement en ligne au poil, livraison qui marche, politique de retour pratique en cas de soucis (moins pertinent pour les livres). Mais j’y vois aussi des inconvénients forts, par exemple:

  • Ça fait grossir une entreprise en situation de quasi-monopole.

  • Passer par la livraison pour des livres ne se justifie pas forcément, si on pense par exemple au coût écologique (emballage individuel important, transport du livre etc.). Autant je veux pouvoir commander le livre simplement, autant je suis prêt à passer le chercher près de chez moi quand je sais qu’il est disponible — j’espère que les libraires se font expédier les livres groupés plutôt qu’individuellement.

  • Point le plus important, j’aime bien les librairies de quartier (je vais y flâner quand je ne sais pas ce que je veux, pour trouver des idées cadeaux etc.) et c’est un métier qui est continuellement en détresse financière. J’aimerais mieux les soutenir que financer Amazon (ou la Fnac).

Ma solution: leslibraires.fr

Après avoir un peu cherché et surtout demandé à des libraires, j’ai trouvé un site pour remplacer Amazon pour les achats de livres distribués en France: leslibraires.fr.

logo du site leslibraires.fr
logo du site leslibraires.fr

C’est un site qui fonctionne comme un réseau de plein de librairies indépendantes mises ensemble. Il y a un catalogue de livres disponibles, la fonction de recherche marche bien, et ensuite pour chaque livre on peut voir quelles librairies le propose (en stock ou en commande), payer (ça marche bien aussi) et demander une expédition à domicile ou aller le chercher sur place (ma préférence).

Limites

Sur tous ces trucs "alternatives à Amazon", il ne faut pas s’attendre à une expérience aussi léchée que sur Amazon. Franchement leslibraires.fr ce n’est pas mal du tout (mais, par exemple, je n’y enregistrerais pas mes numéros de carte bleue).

Un autre inconvénient est qu’on est limité aux livres distribués en France. Si vous n’êtes pas en France, il vous faut vous renseigner sur l’équivalent chez vous (n’hésitez pas à les indiquer en commentaire). Si vous êtes en France mais que vous voulez commander un livre qui est édité à l’étranger, Amazon va beaucoup mieux marcher. Je suis passé parfois par des réseaux de libraires étrangers (IndieBound.org aux États-Unis), mais ils ne livrent pas souvent à l’international, donc ça devient du cas-par-cas.

Autres réseaux de libraires

Je n’ai pas trouvé leslibraires.fr tout de suite. Une première recherche m’avait amené chez lalibrairie.com. C’est du même genre, mais quand j’étais allé tout fier chez mon libraire pour récupérer ma commande il m’avait expliqué qu’en fait ils ne touchaient presque rien en servant de point de vente sur ce site, et qu’il préférait leslibraires.fr. J’ai trouvé un article de journal qui explique essentiellement la même chose.

L’idée d’encourager les utilisateurs de petites librairies à commander en ligne n’est pas très originale, et il existe en fait plusieurs sites qui fournissent ce genre de services en expliquant sauver le monde du livre. En rédigeant ce billet je suis tombé sur librairiesindependantes.com qui est sur le même créneau, qui ressemble à un méta-agrégateur de réseaux de libraires, et dont la liste des partenaires contient les deux sites cités précédemment et pas mal d’autres. Dans le flou ambiant, je fais confiance aux libraires que je connais, mais si vous avez des informations sur les modes de fonctionnement de telle ou telle initiative (surtout en terme de reversement des maigres bénéfices), je suis intéressé.


30 commentaires

Ça fait grossir une entreprise en situation de quasi-monopole.

Je relativise un peu ce point, car il y a un aspect quand même très positif que l’on peut lui attribuer. Amazon sert de marketplace à beaucoup de librairies (pas forcément françaises) qui se spécialisent dans les livres d’occasion. Il y a certes des librairies de quartier spécialisées, mais à moins d’avoir un chance inouïe, elles n’ont pas l’ouvrage que l’on rechercherait en particulier. Un marketplace comme Amzon ou la Fnac, ici, prend donc beaucoup d’intérêt pour trouver et acheter des livres d’occasion qui auront une seconde vie.

Point le plus important, j’aime bien les librairies de quartier (je vais y flâner quand je ne sais pas ce que je veux, pour trouver des idées cadeaux etc.) et c’est un métier qui est continuellement en détresse financière. J’aimerais mieux les soutenir que financer Amazon (ou la Fnac).

Je te rejoins à 100 % sur ce point. Le plaisir de flâner dans cette ambiance de librairie et de pouvoir feuilleter des livres, parfois au hasard, c’est une expérience qui n’aura peut-être jamais son équivalent sur Amazon ou autre concurrent.

En revanche, tu fais bien d’avoir précisé que tu parlais des livres en français. Trouver des livres en anglais n’est pas chose aisée, dans les librairies. Je ne connais qu’une exception, à savoir la librairie Eyrolles à Paris. Même dans mon Furet du Nord local (qui pourtant n’est pas la petite librairie de quartier), on trouve son bonheur tant qu’on cherche du livre en français uniquement.

Du coup, j’utilise Amazon uniquement pour commander des livres en anglais. Quand je vivais à Paris, j’essayais quand même d’aller voir à Eyrolles.

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Si les librairies d’occasion voulaient se constituer en réseau, avec un catalogue de l’offre, on pourrait passer par ce réseau sans utiliser Amazon comme intermédiaire. Malheureusement souvent les vendeurs sont très lents à s’équiper de possibilités de commande en ligne, et le temps qu’ils ou elles s’y mettent le marché est déjà monopolisé par quelques gros distributeurs, sans vraiment de diversité.

Pour moi l’idéal c’est un réseau fédéré de vendeurs, et c’est ce qu’il me semble avoir trouvé ici — en espérant que les coûts d’entretien du réseau sont plus faibles que la marge prise par Amazon, ce qui n’est pas gagné.

Mais même en-dehors de l’argument strictement financier, je ne crois pas que les petites librairies, qui sont ici de "petits distributeurs" avec un ancrage physique, puissent espérer survivre en s’appuyant sur un "gros distributeur" en ligne. Ceux qui font ce paris risquent de disparaître du jour au lendemain quand le gros distributeur décidera d’avoir ses propres points de vente. (Aux États-Unis, Amazon a racheté Whole Foods et s’est donc offert plein de points de vente dans les quartiers riches. À quand la même logique dans le reste du monde ?)

Salut,

Pour moi l’idéal c’est un réseau fédéré de vendeurs, et c’est ce qu’il me semble avoir trouvé ici 

On trouve des informations selon lesquelles l’initiative serait à l’origine une coopérative initiée par une grosse librairie, mais à ce que je constate, les CGU expliquent que ta seule relation contractuelle s’effectue avec une société privée (une SAS basée à Tours).

Fnac, Cdiscount ou Amazon ont également tout une grande partie de ce qu’ils vendent de fournie par des entreprises (souvent des acteurs déjà implantés en physique dans le marché, par exemple des librairies qui cherchent un poste pour diversifier la chute de leur activité, donc pas trop de différences avec le cas présent) indépendantes (c’est la partie « Marketplace », comme l’a dit sgble).

Je veux bien que le nom du site paraisse rassurant, mais de la même façon, qu’un supermarché colle un autocollant « Produit de nos régions » sur ne le fait pas moins sortir d’une usine que d’un terroir.

(Aux États-Unis, Amazon a racheté Whole Foods et s’est donc offert plein de points de vente dans les quartiers riches. À quand la même logique dans le reste du monde ?)

Ils essayent quand même plus souvent de faire ça pour les activités de transport/distribution physique, puisque c’est le cœur de métier (par exemple, en France avec leur tentative de rachat intégral de Colis Privé/Adrexo, qu’ils ont abandonné suite aux exigences de l’Autorité de la concurrence qui leur paraissaient trop élevées).

En France, on pourrait s’imaginer une incursion dans la grande distribution via des partenariats (c’est ce qu’ils font avec la livraison de produits Monoprix), mais une incursion sur le marché de la grande distribution physique semble très compliquée vu la forte consolidation du marché (des groupes comme Carrefour, Casino ou Mulliez (Auchan) pèsent beaucoup y compris à l’international) et l’exigence de nos autorités en la matière (par exemple, la récente reprise de Bio’c'Bon suite à sa liquidation a été attribuée à Carrefour, d’abord parce que c’est un groupe énorme avec de bonnes garanties d’emploi et qu’il est national, pas trop de mystère là-dessus). Et pour le développement en physique en dehors des villes, on a des zones commerciales surétendues, des enseignes spécialisées dans tout et n’importe quoi (jusqu’à Électrodépôt qui fait de l’électronique discount par exemple) donc on ne peut pas dire que l’insertion sera simple et rapide.

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Je veux bien que le nom du site paraisse rassurant, mais […].

Ça me paraît quand même assez réducteur de dire à partir des GCU qu’une offre est aussi "grande distribution" qu’une autre. En l’occurrence je suis surtout parti de conseils d’un petit vendeur (un libraire de quartier) qui m’a conseillé cette option plutôt qu’une autre (et une recherche rapide sur internet montre d’autres libraires d’autres villes qui donnent le même conseil quand un-e journaliste leur pose la question), c’est un peu plus sérieux. Mais je suis d’accord qu’une explication claire sur le modèle commercial serait très bienvenue pour y voir un peu plus clair parmi toutes ces offres.

Pour moi l’important est de trouver un mode de commande en ligne qui ne met pas en danger les petits libraires de quartier. J’ai l’impression que leslibraires.fr est substantiellement meilleur qu’Amazon ou la Fnac selon ce critère.

Il n’y a pas que les CGU. Le site est particulièrement opaque et ne donne pas d’information sur le fonctionnement interne ni les modalités d’adhésion. Le site de l’éditeur confirme bien qu’il se définit comme une place de marché comme une autre. https://kamael.com/pages/nous.html

La SAS Kamael a été fondée en janvier 2020 pour poursuivre de façon indépendante les activités de société de service informatique de la SAS Les Libraires entre 2013 et 2019 :

–  la place de marché leslibraires.fr, fondée en 2011, qui met en relation les clients avec les librairies indépendantes,

Le modèle commercial est détaillé en deux phrases : https://kamael.com/pages/faq/leslibraires.html

Notre commission sur le portail est de 7% sur le PVHT des livres vendus. Les 93% restants vous sont reversés par virement tous les mois en début de mois.

Elle a peut-être l’avantage d’être moins grande et moins commercialement agressive qu’un Cdiscount, mais sur ce genre d’aspect, il n’y a pas tellement de surprise, tu fais un compromis entre la taille ou la renommé du vendeur correspondant et la confiance que tu peux lui accorder sur le traitement de tes données bancaires, du support, le choix, etc.

Merci pour le pointeur, c’est intéressant. On a au final une offre assez classique mais avec une commission (7%) plutôt faible, et née d’un projet initial qui intégrait un peu mieux les libraires. Une recherche rapide sur Google donne des informations un peu contradictoires sur les commission des autres distributeurs, mais par exemple ce lien parle de commissions de 12% à 15% en général, 15% pour la Fnac par exemple, donc la commission ici est plus faible. Par ailleurs mon autre argument était "éviter de faire grossir un acteur ayant un quasi-monopole", et je pense que c’est réussi aussi.

Ces nouvelles informations me donnent l’impression que leslibraires.fr reste le meilleur choix disponible pour commander des livres en ligne en essayant de ne pas nuire aux libraires. (En rognant un peu sur le confort du service côté utilisateur mais, pour avoir utilisé plusieurs fois, c’est en fait très bien.)

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(Aux États-Unis, Amazon a racheté Whole Foods et s’est donc offert plein de points de vente dans les quartiers riches. À quand la même logique dans le reste du monde ?)

gasche

Ça commence doucement aussi avec les "Morissons" au Royaume-Uni et j’irais même jusqu’à dire qu’Amazon gagne du terrain.

D’accord, mais quelle raison de choisir l’une de ces offres plutôt qu’une autre ? Placdeslibraires.fr par exemple a l’air intéressant (mais très porté sur les DRMs…), mais je ne trouve aucune information sur leur structure, modèle commercial (ou non), éventuelles commissions, etc.

D’accord, mais quelle raison de choisir l’une de ces offres plutôt qu’une autre ? Placdeslibraires.fr par exemple a l’air intéressant (mais très porté sur les DRMs…), mais je ne trouve aucune information sur leur structure, modèle commercial (ou non), éventuelles commissions, etc.

gasche

Concernant la N-A je crois que ce sont les librairies qui se sont regroupé en un site commun. Tu paye chez ton libraire (en mode « drive » ?)

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Ça commence doucement aussi avec les "Morissons" au Royaume-Uni et j’irais même jusqu’à dire qu’Amazon gagne du terrain.

Morrissons au Royaume-Uni c’est comme Monoprix en France, un partenariat sur la livraison alimentaire. Ce n’est pas un rachat comme pour Whole Foods.

Chez nous, Amazon est surtout en train de développer activement une infrastructure transport/logistique pour remplacer les prestataires privés qu’elle utilisait jusqu’à là sur la majorité du pays (principalement le groupe Adrexo/Colis Privé, historiquement spécialisé dans la distribution publicitaire, et La Poste).

Encore une fois, nos marchés de la grande distribution en Europe sont très consolidés, la structure des coûts ne correspond pas au modèle économique d’Amazon (Amazon fait beaucoup plus d’économies d’échelle en concentrant les exemplaires de ses produits dans quelques entrepôts à l’échelle d’un pays, nos zones commerciales ont déjà tout et n’importe quoi à côté) et surtout les autorités de la concurrence sont très protectrices, ce n’est pas la même situation qu’aux États-Unis où ils sont sur leur marché intérieur, les rachats sont plus libéraux et il y a aussi moins d’acteurs que chez nous.

D’accord, mais quelle raison de choisir l’une de ces offres plutôt qu’une autre ?

Je pense qu’elles ont des chances de fonctionner de la même manière, le site que tu as partagé n’est pas la seule place de marché spécialisée dans les livres ni la plus grosse.

Sur la raison pour lesquelles les gens l’utilisent, tu utilises celle que tu as sélectionné parce qu’elle t’a été recommandée par ton libraire et qu’un achat s’est passé sans encombre, j’imagine qu’ils font de même.

Pas mal de plateformes de vente indépendantes essaient de se légitimer aussi avec des modules de type Avis-Vérifiés ou TrustPilot.

On a au final une offre assez classique mais avec une commission (7%) plutôt faible

C’est probablement parce qu’elle a moins de notoriété à vendre (remonte peu sur les moteurs de recherche, etc.) et supporte aussi ses coûts autrement comme expliqué sur le site de la PME qui l’édite.

Ça me paraît quand même assez réducteur de dire à partir des GCU qu’une offre est aussi "grande distribution" qu’une autre.

L’analogie ne me paraît pas déplacée : il y a aussi de la "petite" grande distribution : G20 contre Carrefour, etc. Le modèle technique et fonctionnel est le même.

Alors j’ai eu l’occasion récemment de repasser dans la librairie qui m’avait recommandé leslibraires.fr, et.. leur recommandation a changé ! Excitant le monde des distributeurs de livre. Maintenant ils me disent "il vaut mieux nous téléphoner pour nous demander de commander", ou alors placesdeslibraires.fr — mentionné par @qwerty ci-dessus. Si j’ai bien compris, avec ce site, on ne paie pas en ligne, on fait juste la commande et ensuite on paie quand on va chercher l’ouvrage à la librairie — ce qui me convient très bien.

Pour résumer ma compréhension:

  • Amazon, Fnac, lalibrairie.com: ce n’est pas mes libraires de quartiers qui vendent sur ces places de marché + commission assez lourdes. Commande en ligne, livraison à domicile (ou en point relai) ou dans une librairie pour lalibrairie.com.
  • leslibraires.fr: on choisit la librairie chez qui on achète (et on voit le stock), commissions un peu moins lourdes. Commande en ligne, livraison à domicile où dans une librairie.
  • placedeslibraires.fr: on choisit la librairie chez qui on achète (et on voit le stock), pas de commissions. Commande en ligne mais on paie sur place, retrait en librairie.
  • téléphoner à la librairie: le plus direct, pas de vision des stocks, retrait en librairie.

L’aspect "on voit le stock" peut paraître anecdotique mais c’est important quand on est pressé, typiquement pour faire un cadeau à date fixe. Je préfère aller dans une autre librairie de quartier pas trop loin qui l’a en stock, plutôt que de la faire commander à ma librairie habituelle et devoir attendre plus longtemps.

Maintenant il va falloir que je modifie mon billet…

Note que si tu as une vision des stocks sur une plateforme, tu peux juste appeler la librairie pour leur demander de te le mettre de côté sans commander directement sur le site et ainsi éviter la marge.

Edit : et sinon, je suis plutôt adepte de demander conseil au libraire pour les cadeaux de dernière minute ^^

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Note que si tu as une vision des stocks sur une plateforme, tu peux juste appeler la librairie pour leur demander de te le mettre de côté sans commander directement sur le site et ainsi éviter la marge.

Phigger

Éviter une marge à tout prix, c’est quelque chose que j’ai assez de mal à comprendre.

Je crois comprendre que certains d’entre vous jouissent d’un certain temps libre pour aller visiter des librairies de quartier. Honnêtement c’est tout à votre honneur (sans parler de la situation actuelle avec la pandémie, le couvre-feu etc.).

Pour ma part, je me dis que l’argent, ce n’est rien de plus qu’un moyen de transférer le temps (et la richesse, évidemment).

Pour certains, passer deux heures à visiter des librairies pour trouver un ouvrage leur paraîtra moins intéressant que de passer deux heures à faire d’autres choses. Pour d’autres, aller dans des librairies, ça peut être un plaisir véritable : flâner devant des étagères, faire des rencontres fortuites, humer l’odeur de certains livres…

J’ai l’impression que le souci consiste davantage à être près de ses comptes / mettre un caillou dans la chaussure d’un géant qu’autre chose. Je me trompe ?

Pour ma part, l’expérience d’un achat en ligne est plus intéressante que de me déplacer à la librairie pour qu’on me dise qu’ils ne possèdent pas tel ouvrage et qu’ils vont le commander pour que je revienne le chercher la semaine prochaine. Et je préfère la 1re option quitte à payer un peu plus. Surtout si je considère qu’en une heure j’aurais pu faire autre chose de plus productif. Mais bon, comme on le dit dans le monde anglo-saxon, "YMMV".

Il n’en reste pas moins que j’ai de la sympathie pour les petits entrepreneurs qui se battent becs et ongles pour faire tenir leur échoppe. Si Amazon fonctionne comme un revendeur et non comme un concurrent déloyal à ces librairies, alors je ne pense pas qu’il faille absolument se battre contre eux. Contrairement à Starbucks qui, lui, tue littéralement les cafés de quartiers et loue des emplacement à échéance de baux pour gagner du terrain.

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@Ge0 : sauf que le prix du livre est unique dont tu ne payes absolument aucune différence de prix selon là où tu le prends. Les 7% que prennent les plateformes, c’est sur la marge du libraire qui est déjà très faible, et c’est bien de cela que je parlais (et dont on parle depuis le début, en fait).

Si les conditions de travail chez Amazon ne sont pas de la concurrence déloyale pour toi, j’ai du mal à voir comment Starbucks l’est.

Je pense qu’il y a surtout une différence entre nos visions de la librairie : moi je souhaite les défendre, gasche aussi apparemment, toi c’est les cafés. Edit : pas de mépris là-dedans, pardon, mal écrit, je veux vraiment dire que moi je souhaite défendre les librairies, tu n’as pas l’air de penser que c’est nécessaire et c’est normal, c’est un avis (et je comprends qu’on préfère la vente en ligne). Tu préfères (enfin je crois) défendre les cafés, perso c’est beaucoup moins ma priorité.

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Il y a des entités commerciales qui passent par la plateforme Amazon pour vendre des livres (et qui méritent d’en vivre dignement aussi), mais à ma connaissance ce ne sont pas les petits libraires autour des endroit où je vis. Pour moi c’est important de soutenir les libraires de quartier, ça fait un point d’ancrage où les gens peuvent passer un moment pour s’intéresser aux livres, ça fait vivre (… pas très bien) des gens du milieu de livre. C’est aussi un lieu où des activités culturelles de quartier sont organisées (rencontre avec des auteurs, etc.); même si moi personnellement je n’y participe pas, j’aime que ce genre de choses existe près de chez moi.

Évidemment la démarche de passer par une librairie n’économise pas d’argent. En terme de confort par contre je trouve ça au final plutôt meilleur que la livraison à domicile. Il y a des endroits où la livraison marche super bien (des gros immeubles qui ont un-e concierge qui réceptionne les colis), mais chez moi c’est toujours du stress et du temps perdu, on est appelé par un livreur paumé, ou alors il faut aller chercher le paquet à la poste, etc. Là je reçois un email "votre livre est disponible", le lendemain je passe le chercher au détour d’une course, c’est 10 minutes et un moment agréable. (C’est spécifique à un mode de vie citadin, avec des commerces à proximité.)

D’un point de vue financier je pense que ça ne change presque rien pour l’acheteur (à vérifier mais je pense qu’Amazon prend ses marges sur la marge vendeur plutôt qu’en augmentant le coût pour le client), mais par contre ça peut changer les choses pour les libraires : si plus personne ne leur achète de livre ils vont finir par mettre la clé sous la porte.

(On peut aussi se poser des questions sur les risques inhérents à centraliser toutes nos informations d’achat sur une plateforme dominante unique. Nos choix de livres donnent aussi pas mal d’information sur notre personnalité, je ne sais pas si je souhaite passer par un acteur compétent de l’industrie de la surveillance. Je pense que ce n’est pas un argument majeur, le risque spécifique est faible, mais je trouve plus prudent de garder une diversité de petits acteurs plutôt que de tout centraliser.)

Autre argument pour les petites librairies : ça fait vivre le centre-ville au lieu des hyper-marchés en périphérique. C’est un partie pris de l’aménagement du territoire, mais le retour vers des centre-villes et des commerces de proximité semblent devenir le paradigme pour lequel on se redirige (« villes du quart d’heure » pour les curieux).

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Évidemment la démarche de passer par une librairie n’économise pas d’argent. En terme de confort par contre je trouve ça au final plutôt meilleur que la livraison à domicile. Il y a des endroits où la livraison marche super bien (des gros immeubles qui ont un-e concierge qui réceptionne les colis), mais chez moi c’est toujours du stress et du temps perdu, on est appelé par un livreur paumé, ou alors il faut aller chercher le paquet à la poste, etc. Là je reçois un email "votre livre est disponible", le lendemain je passe le chercher au détour d’une course, c’est 10 minutes et un moment agréable. (C’est spécifique à un mode de vie citadin, avec des commerces à proximité.)

gasche

Là encore ça dépend. Tu peux aussi te faire livrer sur ton lieu de travail (et ce même si ce n’est pas l’usage, en espérant que tu puisses le faire). Pour ma part, comme je travaille à domicile (comme certains sur ZdS), la question ne se pose pas. J’ai mieux compris où tu voulais en venir pour le coup.

C’est super si tu as des commerces de proximité sympathiques. Pour ma part je suis à cheval entre des quartiers populaires et à 10 minutes d’un endroit « chic » (aucune des deux options ne me conviennent), donc j’ai soit accès au boucher qui fait la gueule, soit au café trop achalandé.

Ça ne donne pas très envie de sortir…

(On peut aussi se poser des questions sur les risques inhérents à centraliser toutes nos informations d’achat sur une plateforme dominante unique. Nos choix de livres donnent aussi pas mal d’information sur notre personnalité, je ne sais pas si je souhaite passer par un acteur compétent de l’industrie de la surveillance. Je pense que ce n’est pas un argument majeur, le risque spécifique est faible, mais je trouve plus prudent de garder une diversité de petits acteurs plutôt que de tout centraliser.)

gasche

De toi à moi je pense que ce sont des statistiques de population plus que ta vie privée qui les intéressent.

Edit : pas de mépris là-dedans, pardon, mal écrit, je veux vraiment dire que moi je souhaite défendre les librairies, tu n’as pas l’air de penser que c’est nécessaire et c’est normal, c’est un avis (et je comprends qu’on préfère la vente en ligne). Tu préfères (enfin je crois) défendre les cafés, perso c’est beaucoup moins ma priorité.

Phigger

Non Phigger, je disais juste que contrairement à Starbucks qui remplace vraiment les cafés (extrait de reportage à l’appui, on croit ce qu’on veut ensuite), Amazon ne procède pas de la même manière.

De plus tu as fait une supposition sur mon point de vue sur les librairies alors que j’ai bien précisé que certaines personnes aimaient y aller pour flâner, faire des rencontres, etc. et que c’était très bien ! Même moi, pour le peu que j’y vais, ce sont les raisons pour lesquelles je m’y rends. Des fois j’aime bien flâner dans un endroit physique (pas tout le temps !). Ça peut me permettre de faire d’heureuses découvertes et ne pas avoir à attendre une livraison… Ou rentrer bredouille. Pour le reste je peux te citer d’autres raisons qui me donneraient envie d’y aller. Même si, en ce moment, les livres que je recherche sont spécifiques (j’ai même commandé l’enfer de la flibuste dont @Gabbro a parlé dans son billet) et donc non sujet à une découverte fortuite (comme ça a été le cas avec d’autres livres non moins intéressants).

Alors certes je préfère passer par Amazon, mais ça ne veut pas dire que je ne me préoccupe pas de la persistance des librairies quand je te dis que « j’ai de la sympathie pour les petits entrepreneurs qui se battent becs et ongles pour faire tenir leur échoppe » (désolé si ce n’était pas clair).

Pour ce qui est de la marge des 7 % qui est à la charge des libraires, eh bien, oui, c’est quelque chose qui me ferait aller sur place plutôt que de passer par Amazon (et je vais m’employer à réfléchir sérieusement dessus).

… Seulement voilà. Imagine un scénario (peut-être vrai, peut-être faux) où tu arrives à vendre 1 000 exemplaires avec 7 % sur tes marges grâce à un revendeur, plutôt qu’une centaine seulement parce que tu manques de visibilité. Qu’est-ce qui serait plus intéressant pour toi ? Ça peut-être un argument fallacieux selon certains cas, mais pour moi, ces 7 %, c’est de l’investissement dans l’espoir de gagner en visibilité et vendre plus. Là on peut se poser d’autres question davantage éthiques comme « mais ça tue le contact humain » ou « mais on n’a pas besoin de vendre tant », c’est sûr.

Enfin, pour la question de priorité, je ne défends pas particulièrement les cafés. Je défends juste les gens qui se battent pour faire fonctionner leur affaire et qui se retrouvent évincés par des géants par le genre d’astuce dont je t’ai parlé.

Si tu as un peu de temps je t’invite d’ailleurs à regarder ce reportage. Je gage que tu y retrouveras des idées qui iront dans ton sens. Après je suis un peu biaisé : je n’ai jamais été séduit par Starbucks et donc c’est assez facile pour moi de les éviter au profit d’un petit entrepreneur sympa avec qui tu peux discuter. La même logique s’applique aux libraires, aux restaurateurs qui sont menacés par les grandes chaînes, etc.

Pardon pour le malentendu.

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Il y a de mon point de vue pas mal de choses qui font que la librairie est mieux. Le conseil, que ce soit direct au client, ou dans la mise en avant. Je viens de passer sur Amazon pour comparer, et mon libraire fait mieux, je trouve. OK, pas sur son site web. Mais en boutique, tu as des catégories claires, des mises en avant, et la possibilité de voir d’un coup d’œil des centaines de titres. Et si c’est pas clair, tu demandes au vendeur. C’est incroyablement pratique, ça, demander au vendeur.

Si tu connais ta librairie, tu sais que les dernières parutions de rééditions en intégrale des auteurs de BD de plus de 20 ans de carrières sont toujours au même endroit (rigolez pas, c’est un vrai exemple). Quand je rentre dans une bonne librairie, je ressors rarement avec moins de 100 € de bouquins (et je les lis, je ne me contente pas de les empiler dans un coin1).

Et on peut y flâner.

Donc forcément, lorsque je commande, je le fais chez eux, même s’ils mettent jusqu’à deux semaines pour se faire livrer. Je pourrais avoir le meilleur des deux mondes, mais je préfère les favoriser malgré un moins bon service pour conserver à long terme la boutique. (Mais leur délai, sérieusement o_O )

Je fais pareil pour une boutique de figurine. Je suis sûr que je pourrais trouver moins cher sur le net. Sauf que tu peux venir travailler tes figurines en boutique, avec conseils des vendeurs et autres clients. Donc au choix, soit je joue le jeu et j’achète chez eux, soit ils ferment, soit ils se mettent à faire payer ces services annexes. En pratique, tout le monde joue le jeu, et ça marche très bien.

Et je découvre que je suis un influenceur. :ninja: Je veux bien ton avis lorsque tu l’auras lu.


  1. Et c’est très rare que je me dise que je me plante et que je n’aime pas ce que j’ai acheté. Sachant qu’à la bibliothèque, où j’essaie des trucs beaucoup plus facilement, ça m’arrive, donc ce n’est pas juste que j’aime tout.
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Non Phigger, je disais juste que contrairement à Starbucks qui remplace vraiment les cafés (extrait de reportage à l’appui, on croit ce qu’on veut ensuite), Amazon ne procède pas de la même manière.

Clair, le problème d’échelle c’est que les gens n’achètent plus trop de livres. Amazon complémente la vente physique de livres en proposent une offre qui n’a rien à voir en termes de volume et de diversité avec celle d’une librairie classique (ça sert souvent à pas mal de gens à trouver un ouvrage précis, écrit dans une langue étrangères, etc.). Pour faire subsister les librairies à long terme, il aurait fallu bloquer la télévision et Internet, et à bien moindre échelle les cinémas.

Pour le fait que la clientèle des librairies et d’autres commerces classiques décroissent, il ne faut pas essayer de voir des coïncidences avec l’apparition d’un acteur, en fait : il faut voir des décalages à l’échelle d’une génération, parce que globalement les gens gardent leurs habitudes. Ça vaut aussi pour comprendre les changements progressifs en matière de transports, etc. Par exemple, mes parents allaient déjà faire leurs courses en supermarché/hypermarché (ils ont respectivement grandis en zone rurale et périurbaine donc le monopole de fait est normal là-bas), mais lisaient encore parce qu’Internet était très loin d’avoir remplacé le papier, et que lire des romans pour s’occuper était un loisir nettement plus courant (j’ai des gens qui en achètent en volume dans ma famille), et que d’un des côtés leurs propres parents étaient réticents à les coller devant la télévision. Ils sont arrivés après l’hégémonie de la grande distribution qui a commencé avec son apparition dans les années 50–60, ils sont nés après et je suis né après également. Lire des romans pour s’occuper, par contre, était plus commun, au quotidien, le soir, dans les transports, et était donc beaucoup plus populaire que ça ne l’est aujourd’hui.

C’est pour ça que l’affirmation selon laquelle Amazon tue les librairies est douteuse : bien sûr, l’effet sur leur chiffre d’affaire ou leur volume de ventes ne peut pas être positif. Il a même toutes les raisons d’être négatif. Mais affirmer que c’est une cause non minoritaire, ou même une cause importante, est franchement compliqué à prouver, parce que la clientèle qui faisait de gros volumes d’achats dans les librairies peut avoir tendance à partir à la retraite, changer ses habitudes de consommation à la baisse, mourir, se mettre à se coller dans la télévision, elle a un peu moins de chances de se rediriger vers Amazon.

L’image du boucher qui ferme remplacé par une grande surface, par contre, est plus tangible, mais c’est juste le bout d’une courbe de report des habitudes qui a été amorcée dans les années cinquante, avec encore une fois la fin des achats d’une clientèle historique.

Si quelque chose a asséné un dernier coup fatal (et un coup fatal en décalage de phase) à la librairie, en fait, c’est le smartphone placé dans toutes les poches et pas Amazon. Mais la réaction contre la généralisation de nouvelles formes de divertissement ou d’information et le remplacement de l’écran par le papier est beaucoup plus compliquée pour diverses raisons (contrairement à Amazon, ça n’a pas de numéro de K-bis ou de comptes à contrôler, ni de nom et de visage pour le diriger).

le retour vers des centre-villes et des commerces de proximité semblent devenir le paradigme pour lequel on se redirige (« villes du quart d’heure » pour les curieux).

J’ai moi aussi déjà entendu ce terme être utilisé. Précisément, dans le cadre des campagnes et des attributions des fonctions des adjoints pour la mairie de Paris.

Sauf que, dans ce cas-là, il était question de planification de l’emplacement des services publics… ça n’a rien à voir.

L’idée de circonscrire une zone de chalandise par son temps d’accès plutôt que sa distance n’est pas nouvelle.

Si les grandes surfaces de périphérie sont moins chères que les supérettes de centre-ville, c’est pour des raisons de coût du foncier et d’effet de volume sur les marchandises.

Si les revenus des populations des centre-villes augmentent, c’est parce qu’une part croissante de la population se tertiarise et elle va donc s’installer au plus près de son travail, dans le centre, là où les loyers sont aussi les plus chers. Ce renouvellement est très progressif mais arrve à un certain terme dans nos grandes agglomérations.

Si on observe une tendance au délaissement des commerces de périphérie pour les commerces de proximité, c’est un résultat de cette gentrification (tu peux aller sur Street View et utiliser la fonctionnalité de voyage temporel, et constater comment en 10–20 ans presque tous les discounts à Paris ont été remplacées par des supérettes chères : c’est en grande partie dû au rachat et à la transformation en chaîne des Ed/Dia en des Carrefour City/Bio, et aux changements stratégiques induits par le rachat de Franprix et Monoprix par le groupe Casino, mais c’est juste le reflet d’une tendance de fond).

Les populations reviennent vers les commerces de proximité car leurs revenus reviennent au niveau de ceux-ci : ce n’est pas un effet de mode, ni une prise de conscience, c’est un effet économique très simple à analyser.

Tu pars du principe tout au long de ton message que le nombre de livre vendu diminue. As-tu des sources ? J’ai passé 10 minutes à chercher des sources sur le long terme, et j’en trouve peu. J’ai ça pour 2017–2018 et ça pour 2008–2009.

Le nombre de livre vendu hors fascicule passe de 436 millions à 430 millions. Donc, c’est plutôt stable su 10 ans. Idem sur le chiffre d’affaire, quasi-constant.

J’ai les chiffres avant 2007 ici. Page 4 : entre 300 et 350 millions de livres vendus par an entre 1986 et 2000, puis une augmentation entre 2000 et 2007. Mais les parts de marché changent (page 7).

Donc, sur 10 ans, stable, sur 20 ans, forte augmentation, sur 35 ans (on atteint le génération, là), forte augmentation aussi (puisque à peu près stable entre 1986 et 2000).

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