Voilà, il s’agit de la baronne Pannonica de Koenigswarter, fille de la branche britannique de la famille Rothschild, et qui a été mariée pendant un temps à Jules de Koenigswarter, aux côtés duquel elle a combattu les nazis au sein de l’armée française libérée.
Sauf qu’en fait, Nica, c’était une femme plutôt indépendante et probablement bien fêtarde, et elle a été faire sa life un peu toute seule à New York, où elle est devenue une amie très chère et mécène de très nombreux jazzmen (beboppers) de renom, et notamment Charlie Parker et Thelonious Monk, ce qui explique qu’elle apparaisse dans le film de Clint Eastwood, Bird et le documentaire Straight, No Chaser qui racontent la vie de ces deux musiciens.
Et ce n’était pas juste "l’aristo qui s’engaillardissait" : le fait qu’elle fréquente ce milieu (faut resituer le contexte, c’était une blanche parmi ces "dégénérés de Noirs"), vive en totale indépendance de son noble mari, et en plus, fume des pétards, lui a valu un divorce et que sa famille lui coupe les vivres, en la laissant se débrouiller (avec un grand appart à New York et une Bentley, quand même). Elle était vraiment passionnée par ce milieu et ces artistes à propos desquels elle a sorti un livre super intéressant où elle leur avait posé à tous la question "si tu avais trois voeux à réaliser là tout de suite, ce serait lesquels ?", et en a sorti plus d’un de la merde (par exemple elle a pris la totale responsabilité juridique, une fois où elle avait été arrêtée avec Thelonious Monk en possession de cannabis : si elle ne l’avait pas fait, il aurait pris cher et aurait probablement été privé d’exercer de la musique en public, et donc de gagner sa vie, parce que c’était la punition à l’époque). Autre fait notoire, c’est chez elle que Bird et Monk sont morts. Le second y a passé d’ailleurs les dernières années de sa vie. C’est en son honneur qu’on été composés les morceaux Pannonica (de Monk), Nica’s tempo, Nica’s dream, Thelonica…
Bref, si on faisait un biopic de sa vie, y’aurait beaucoup de thèmes intéressants abordés, et c’est quand même assez incongru d’imaginer une baronne franco-britannique être super-pote des cats de Harlem. Et la BO serait oufissime.