C’est parti !
Mais avant de m’y attaquer, je vais faire un détour, car ça va sous-tendre toute ma réponse.
L’espéranto possède une grammaire totalement (ahem, disons 95% car je suis tatillon) régulière, ce qui facilite son apprentissage. Mais elle possède de nombreux autres avantages qui en font une excellente langue propédeutique (qui facilite l’apprentissage d’autres langues) :
- Tout nom commun se finit par un -o, tout adjectif se finit par un -a, tout adverbe se finit par un -e, et tout verbe se finit par un i
Je pinaille ici
En réalité, il y a les adverbes primaires qui se finissent en -aŭ et les adverbes dérivés qui finissent en -e. Voir après, tu devrais mieux comprendre.
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On peut sauter d’une classe de mots à une autre en changeant la terminaison. Ca peut paraître artificiel, mais ça permet de stocker une quantité absurde de mots dans sa tête avec très peu de ressources. Ainsi, en français, on devra retenir : aider, aide, auxilliaire (remarquons l’absence de liens de racines), et à l’aide de. Alors qu’en espéranto, tu te souviens de help- et tu as (respectivement) helpi, helpo, helpa, et helpe (de).
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Le système de constructions des mots est tout aussi puissant. C’est un peu comme en allemand où on peut faire des mots composés, sauf que là il n’y a pas de règles absurdes (savoir si on met un -s-, si le mot existe, etc.). Ce qui rend l’espéranto très vivifiant. Prenons : interkompreniĝo : inter (entre), kompreni (comprendre), -iĝ- (suffixe pour dire "devenir" ou assimilé (un performatif passif en quelque sorte)), et -o le mot. Tous les petits bouts que je viens de te donner sont dans le vocabulaire de base. Et interkompreniĝo se déduit tout seul : "intercompréhension. Alors qu’en français on a été obligé de passer par comprendre -> compréhension et entre -> inter*.
Bref, tes structures neuronales adorent ça car elles n’ont pas des règles absurdes à retenir.
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Ce système de constructions est appuyé par un formidable système d’affixes. Quelques exemples : mis- signifie "rater quelque chose" (miskompreni : mal comprendre), mal- signifie "le contraire de" (bela : beau -> malbela : moche), -ej- signifie "le lieu de" (lerni : "apprendre", lernejo : apprendre) etc. (il y en a une trentaine en tout) Ici la liste des préfixes, et ici les suffixes.
Je pense qu’à ce stade tu commences à comprendre où je veux en venir : on apprend très vite et on retient bien, même des énormes bouts, car tout est fait à base de système très simple. Et si tu oublies du vocabulaire, il est beaucoup plus simple grâce à ce système de contourner le problème, et si tu oublies des bouts de grammaire, quelques heures à pratiquer suffisent à remettre la machine en marche.
Sur l’Esperanto, du coup je suis allé lire la discussion précédente avant de répondre.
Je suis content, mes pavés n’auront pas été vains :3
C’est intéressant ce que tu dis. Si j’ai bien compris ton argumentaire et que je le résume, les quatre points principaux sont :
- Facilité d’apprentissage pour tout le monde
- Avantage économique injuste pour les anglophones natifs
- Inégalité de la capacité à s’exprimer
- Réduction des coûts de traduction
Moui, ça doit être ça. Très honnêtement, je vois tellement d’avantages dans l’espéranto que je suis incapable de tous les exprimer d’une traite.
1) S’il est facile d’apprendre l’esperanto, est-il facile de maintenir son niveau, étant donné le peu de locuteurs et le peu d’occasions auxquelles on y est confrontés, donc le manque de pratique, en comparaison notamment à l’anglais ?
C’est là où je constate l’effet de distillation lié à l’espéranto . L’espéranto ne se voit pas mais possède une communauté bien vivante et encore plus depuis internet : il y a une dizaine d’énormes mensuels ou bimensuels très intéressant, un site scientifique en espéranto plus que correct, tu peux parler avec d’autres espérantistes via Telegram (c’est l’application canonique chez les espérantistes xD) ou autres. Bref : tu peux pratiquer.
Et même si tu ne pratiques plus : pour obtenir le niveau C1, il faut 10 fois moins de temps. Une fois atteint, même si tu ne pratiques pendant plusieurs années, ça se réactive très vite du fait que c’est très régulier et donc que les connexions neuronales se font super bien. (pour te donner une idée, j’ai pratiquement pas pratiqué l’espéranto pendant un an, et je me suis abonné à une revue il y a deux semaines : j’ai douillé durant les deux premières pages, puis c’est assez bien revenu).
Evidemment, il y a du vocabulaire à apprendre. Mais comme il est moindre (i mean, voir mon pavé au début de ce pavé), c’est plus facile à (ré)apprendre si besoin.
Bref, en résumé, mon sentiment c’est que la réponse est oui. [sans parler que le fait que la règle "une lettre = un son" fait que tu ne perds pas trop ta prononciation si tu ne pratiques pas]
2) Sait-on quantifier le gain de facilité à apprendre l’anglais, et les économies sur les cours d’anglais, du fait que le monde baigne de toute façon déjà beaucoup dedans notamment avec internet et les produits culturels ?
Je n’ai pas de sources là-dessus. Mais j’ai une théorie que je pense être pas loin de la vérité. L’anglais est une langue très difficile. En Inde, on a observé que l’hindoustani (la langue véhiculaire de l’Inde entre autres) tendait à être de moins en moins parlé au profit de l’anglais même au sein d’une même communauté linguistique.
J’aurais tendance à penser que si l’exigence linguistique n’était pas aussi haute, les gens préfèreraient parler leur langue natale, et donc l’espéranto ne devrait pas autant phagocyter les autres langues comme le fait l’anglais pour l’hindoustani.
Pour étayer un peu ces questions, je pense qu’on peut comparer les niveaux des gens en anglais LV1 et en allemand / espagnol LV2. Le volume de cours est quasiment le même, pourtant je ne connais quasiment personne qui ait gardé des traces de la LV2 au bout de quelques années, alors qu’énormément de monde sait, plus ou moins bien, parler anglais, suffisamment pour soutenir une conversation, en particulier avec un autre anglophone non-natif, et ce même après des années et en vivant dans un milieu non-anglophone.
En fait, il y a une énorme illusion (alors qu’énormément de monde sait, plus ou moins bien, parler anglais) qui est lié au niveau de conversation.
Quand deux non-anglophones parlent, il arrive souvent qu’ils ne fassent que baragouiner : ils veulent se comprendre tous les deux. Cette volonté de compréhension leur permet d’échanger. Mais c’est au prix d’un effort titanesque pour la plupart d’entre eux. Je sais qu’il y a des études à ce sujet (typiquement cité dans le livre de Claude Piron, mais il commence à dater et les études sont vieilles donc) qui quantifient le niveau en anglais des gens. Et il est en réalité assez catastrophique. L’écart entre un non-natif et un natif est dans 80% des cas (au moins) stratosphérique.
Alors que pour le même temps investi, ils pourraient disserter des dernières nouveautés littéraires et de la profondeur de leur poésie (bon, là, c’est cliché :3). Je ne sais plus si c’est à l’ONU, à la SDN ou à l’UE que l’expérience que je vais te décrire a été faite : trois commissions devant abbattre le même travail : une via interpréteurs, une via langue véhiculaire non-commune (anglais allemand ou français je sais plus), et une via espéranto.
La seule cohorte où on a observé que les commissaires parvenaient à blaguer (oui oui, ils sont parvenus à faire des blagues) étaient en espéranto. Ca avait sidéré ceux qui s’occupaient de l’expérience.
Bref, en fait, quand je lis ta phrase, je ne peux m’empêcher de penser exactement le contraire : l’univers linguistique est imprégné d’anglais et pourtant je suis incapable de lire le moindre article du Times par exemple. Et mon cas est la généralité.
Je ne sais pas de quand ça date, mais il y a une illusion de transparence au niveau sociétale, aidé par les politiques linguistiques (ou leur absence, et donc la soumission aux lois du marché de l’offre linguistique) qui est absolument colossal.
Concernant l’avantage économique aux anglophones, je me doutais qu’il y en avait un mais je ne savais pas qu’on pouvait le quantifier. Et une langue neutre comme l’Esperanto permettrait en effet forcément de gommer cette inégalité.
Le rapport Grin date (2003~4) et son estimation était faite à la louche en extrapolant des chiffres à coup de stats. Je sais que des potes à moi (aidé de François Grin, le chercheur suisse) tente de faire le taff sur des données actuelles mais je sais pas où ils en sont.
Dans son rapport, il explique la démarche, et il prend systématiquement les bornes inférieurs des estimations. Et il arrive quand même à une dizaine de milliards.
Concernant l’inégalité de la capacité à s’exprimer, je n’y avais jamais prêté attention, mais en y réfléchissant en effet j’ai déjà observé ce genre de choses en milieu professionnel. Quand les gens ne maîtrisent pas, ou maîtrisent trop bien, la langue majoritaire, ils sont de fait un peu à l’écart et ça peut avoir de subtils impacts. Concernant ce point si je ne me trompe pas tu as donné un exemple, mais est-ce que des chercheurs ont déjà essayé de quantifier ces impacts ?
Je pense que oui mais je n’ai aucune idée de comment trouver ça. Je vais essayer de pinger des potes espérantistes ou des vieux qui ont connu Piron (il est mort ), peut-être qu’ils sauront.
Concernant la réduction des coûts de traduction, ils sont essentiellement liés à l’utilisation d’une lingua franca, quelle qu’elle soit. En dehors d’un coût moindre de formation à la langue, et d’une meilleure accessibilité par exemple pour les asiatiques, l’Esperanto a-t-il d’autres avantages spécifiques sur ce plan ? J’ai vu que tu as mentionné des textes russes qui étaient sortis de leur langue par l’Esperanto, car les traduire dans d’autres langues était trop coûteux. Mais avec une autre langue comme lingua franca ce serait la même chose, non ? Sachant qu’à l’époque l’anglais n’occupait peut-être pas encore autant ce rôle qu’aujourd’hui ?
Non, ce ne serait pas la même chose. L’espéranto est facile. Quand je parle de traductions en espéranto je parle de traductions en freelance en quelque sorte. Des gens qui de chez eux se sont dits que ce serait bien de traduire des trucs qu’ils aiment bien et ils s’y sont mis. Et surtout : la qualité de leur traduction est comparable à un traducteur professionnel. Leur niveau est suffisant dans l’espéranto (qui n’est pas leur langue maternel) pour rendre leur langue maternel aussi bien qu’initalmeent en espéranto (je suis pas forcément très clair, j’espère que tu comprends).
Ensuite, l’espéranto a un rôle très spécifique. Voici ce qu’en dit L.L. Zamenhof dans le premier livre (en français dans le texte) :
- Que la langue soit extrêmement facile, de manière qu’on puisse l’apprendre, comme qui dirait, en passant.
- Que chacun qui apprendra cette langue, puisse aussitôt en profiter pour se faire comprendre des personnes de différentes nations, soit qu’elle trouve l’approbation universelle, soit qu’elle ne la trouve pas, c’est-à-dire, que cette langue puisse servir d’emblée de véritable intermédiaire aux relations internationales.
- Trouver les moyens de surmonter l’indifférence de la plupart des hommes, et de forcer les masses à faire usage de la langue présentée, comme d’une langue vivante, mais non pas uniquement à l’aide du dictionnaire.
Source : La unua libro, L.L. Zamenhof, grâce à la bibliothèque nationale d’Autriche
Toute langue qui satisferait ça conviendrait. Or, il se trouve que beaucoup de langues ont essayé. Et la seule qui ait parvenu à trouver un équilibre entre régularité/expressivité/liberté est l’espéranto. L’Ido est considéré comme un chouïa trop rigide. Le Volapük trop difficile, et parlons du toki pona qui est surtout fun
En conclusion, l’Esperanto a visiblement des avantages extrêmement intéressants par rapport à la lingua franca de fait qu’est l’anglais. Mais mon interrogation initiale demeure.
Je le déplore un chouïa. Pour tenter de te convaincre, je vais faire la même remarque que Claude Piron et François Grin : le domaine des politiques linguistiques où on se permet de ne pas choisir la direction que l’on aimerait prendre.
Malheureusement, dans plein de domaines, la solution qui finit par s’imposer et être adoptée n’est pas toujours la meilleure mais bien souvent celle qui s’est présentée en premier, celle dans laquelle on avait déjà mis des moyens, celle qui a su atteindre le coeur des gens, etc.
L’anglais ? Atteindre le coeur des gens ? Il y a surtout une énorme pression sociale, liée à la nécessité de trouver un travail, dans un contexte libéral. In fine, on a retiré aux gens le choix de l’anglais et on leur a imposé. A ce stade, vu l’énorme dissonance cognitive qui peut s’imposer : ou bien on apprécie l’anglais ou bien on devient légèrement anti-système. (je te laisse deviner où je suis ).
L’Esperanto pourrait-il rattraper l’anglais en tant que langue internationale ? Si oui, comment ?
La piste explorée par François Grin est celui de la politique linguistique. D’ailleurs, sache que même au sein de l’UE, l’espéranto est prise au sérieux (surtout dans la communauté des traducteurs). Ils voient l’effet pesant qu’a la structure multilingue et l’espéranto et la langue des signes sont les deux pistes sérieuses qui reviennent souvent pour réduire ce poids. (Je tiens ça du directeur d’un think thank proche des hautes sphères du parlement européen , et beaucoup d’autres gens me l’ont dit)
Cela pourrait-il se passer de décision politique, et si non comment pourrait-on initier et coordonner une telle politique, et qu’est-ce qui pourrait la motiver ? Est-ce que la multipolarisation du monde pourrait jouer un rôle ?
La question est complexe. Plusieurs points qui pourraient à y voir plus clair :
- Sans décision politique, c’est compliqué.
- Il y a une omerta journalistique au sujet de l’espéranto. Je ne compte plus le nombre d’articles qui cite l’espéranto comme une langue morte alors qu’il leur suffirait de 30 secondes pour check leur information.
- Le réseau espérantiste est très bien structure en associations (reliquat du temps où c’était nécessaire pour exister, avant l’existence d’internet) en tout genre. UEA est souvent cité comme "l’association universelle d’espéranto". De fait, dans les années 20, elle a pris le statuts "d’apolitique". Ce qui lui permet d’exister encore aujourd’hui (tiens, d’ailleurs, ça lui a permis de faire passer des messages entre parti prenantes durant la 1ère guerre mondiale ). C’est l’association apolitique qui chapeaute la plupart (pour ne pas dire toutes) les associations apolitiques nationales (JEFO pour les jeunes en france, UFE pour les adultes (la limite est fixé à 36 ans, et ça fonctionne en poupée russe)). Mais il y en a d’autres. en plus politique je pense à EDE (Europe Démocratie Espéranto en français) qui est un parti européen. Et il y a d’autres think thank lié à l’espéranto.
Quoiqu’il en soit : est-ce qu’on peut faire quelque chose au niveau personnel ?. j’ai envie de répondre avec l’histoire du colibri
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "
Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
Pour moi, c’est tout simplement : apprendre l’espéranto à autant de gens qui le veulent, et tabasser en grand coup de pavés les idées reçues sur le sujet.
Pour donner un exemple, on pourrait dans une certaine mesure comparer ça en informatique à la diffusion de l’IPv6. L’IPv6 existe depuis une vingtaine d’années mais il reste toujours marginal, malgré sa supériorité évidente sur l’IPv4 et la pénurie grandissante d’adresses. Pour prédire l’avenir, il faut prendre en compte l’inertie, qui est démultipliée quand elles concerne des réseaux décentralisés, qu’ils soient informatiques ou humains. Si c’est si dur d’imposer un nouveau protocole IP, malgré une pénurie annoncée, c’est a fortiori au moins aussi dur d’imposer une langue pour laquelle le changement demandé à l’ensemble de la société est plus important et pour laquelle il n’y a pas particulièrement de menace à long terme, non ?
/mode pessimiste : on/ même les menaces à court terme (40 ans) on a du mal à les prévenir ( #changementclimatique ) donc bon … /mode pessimiste : off/
Je me contente en disant que personnellement, je me suis fait des dizaines de potes en Europe, et que j’ai eu la joie de découvrir les Lángos hongroises avec une vieille dame hongroise très gentille. Si des crétins veulent s’enlever eux-mêmes des libertés, qu’ils se démerdent.
Bref, passez ce pic égoïste (et surtout fait pour résoudre ma dissonance cognitive hein), c’est rigolo que tu me fasses penser à ça car je me suis fait exactement la même réflexion avec l’IPv6/4 en vérifiant les configs ipv6 de mes PC lundi
Mais c’est ainsi que sont faits les changements sociaux non dirigés : par vague
Ah, et sur le fait que "il n’y a pas de menaces à long terme". On parle de la disparition croissante de langues régionales ? Si l’espéranto était accepté comme langue auxilliaire, elles n’auraient pas forcément à disparaître …
Et du coup, est-ce qu’à l’échelle individuelle, apprendre l’Esperanto peut avoir un réel impact sur sa diffusion, ou est-ce que c’est voué à rester de la simple curiosité intellectuelle ?
Oui, ça peut avoir un réel impact sur sa diffusion. Je vais prendre mon exemple, mais c’est surtout une histoire de propagation exponentielle.
J’ai découvert l’espéranto au lycée par hasard. J’ai gardé ça dans un coin de ma tête et je m’amusais mentalement avec. Arrivé en grande école après ma prépa, j’ai décidé que j’allais m’y mettre. On a réussi à ouvrir un cours d’espéranto et à trouver un prof malgré les réticences de l’administration. Rien que ça, ça permet d’assurer de au moins se faire questionner tous ceux qui devront tamponner le "autorisation de cours d’espéranto".
Ensuite, l’existence de ce cours, bah, ça crée un public Des gens sont venus par curiosité et sont restés.
Bon, là, ça peut paraître surhumain et beaucoup plus que "simplement apprendre". Anecdote. J’étais avec une amie en train de faire mes courses de Noël quand j’ai un appel d’un pote qui me dit qu’il a eu des problèmes de train, mais qu’une pote espérantiste à lui qu’il devait accueillir à la gare de l’est arrive et que du coup il sera pas là. Concrètement, il voulait que j’aille la récupérer car elle parlait pas français.
J’y suis allé, et j’ai même réussi à embarquer ma pote dans l’histoire, à laquelle j’ai fait un cours d’espéranto express à l’oral en trois heures tout en finissant nos courses, et elle venue boire un verre après ça avec nous même si ça faisait trois heures qu’elle le parlait, et elle comprenait un peu ce qui se passait malgré tout. En trois fuck*ing heures.
Par suite, le simple fait d’en parler autour de moi faisait remonter les idées reçues (que je m’empressais de baffer à coup d’arguments). J’ai donné des cours (car j’adore ça) d’espéranto à plusieurs dizaines de personnes maintenant, ai "converti" au moins une vingtaine de personnes de mon entourage direct ou indirect, qui font de même etc.
Bref, je crois que tu comprends où je veux en venir : j’ai provoqué l’apprentissage de l’espéranto dans mon entourage, et j’ai appris l’espéranto à de nombreuses personnes.
Seulement la première partie rentre dans ta réponse. Et du coup je répondrai : oui.
Ah et pour l’argument "curiosité intellectuelle", rien que pour lire la Infana Raso (un poème de william auld) en V.O. (espéranto), ça vaut le coup.
Voilà. Débizoux