Pour ma part, je te conseille d’éviter les réseaux militants sur les sites de microblogging, quelle que soit l’idéologie. Non seulement à entendre parler des gens qui parlent tout le temps des mêmes sujets, tu n’apprends pas grand chose à la longue, mais en plus ça avilit : la taille des messages empêche d’exposer des raisonnements développés, mène aux propos péremptoires, ce qui fait que les utilisateurs, au lieu d’essayer d’interpréter ce qu’ils ne comprennent pas, ont des réactions épidermiques envers tout ce qui paraît extérieur, méprisent, bloquent, restent entre eux.
Les réseaux sociaux deviennent un outil de propagation des idéologies parce qu’ils sont attrayants, faciles à prendre en main et pour d’autres raisons relatives à la densité de contenu. Mais ce sont de mauvais outils pour creuser en profondeur un sujet.
Le mieux, c’est de t’instruire avec du vrai matériau fait pour ça : si tu veux t’intéresser à une science humaine quelconque (au hasard, la sociologie), commence par te renseigner sur un historique du domaine et les différents courants qui ont existé. L’humanité ne s’est pas créée hier. Quand tu penses que tu as une vision un peu globale des grandes lignes d’un sujet, tu peux te mettre à te documenter plus en détail et lire des ouvrages sur le sujet, en commençant par les auteurs connus, par exemple.
Surtout, ne pars pas du principe qu’une idéologie est meilleure que les autres sans la connaître en détail et connaître les idéologies opposées. Confronte-les. Le discours contradictoire aide à forger l’esprit critique, à contrario du fait de parler toute la journée avec les mêmes gens qui affirment les mêmes chose.
Considère aussi qu’un discours politique ou idéologique va presque systématiquement ignorer une partie des considérations qu’il juge peu utiles pour se concentrer sur d’autres, quand celles qu’il ignore seront probablement centrales d’un autre discours tenu par autres gens. Considère aussi que le langage d’une personne qui cherche à te convaincre d’un point de vue en particulier sera presque toujours composé d’éléments de langage mélioratifs ou péjoratifs, etc.
Au niveau Français/Européen, ce n’est pas l’extrême droite qui défends la liberté sur internet. Clairement, même si c’est un sujet qu’il essaye de récupérer. C’est plutôt la Quadrature du net.
En t’insérant dans un cercle militant de la Quadrature, tu te mets en relation avec des gens qui prennent le parti que les problématiques liées aux réseaux doivent être analysées sous un angle essentiellement technique, au-delà de considérations sociales approfondies. Je le précise car ce n’est pas neutre et pas juste une question défense de la « liberté ». D’ailleurs, le terme est tellement galvaudé et utilisé pour convaincre qu’il est utilisé dans le nom de nombreuses idéologies sans rapport les unes avec les autres : le libéralisme (économique, à droite), le mouvement libertaire (autre nom pour l’anarchisme, recherche d’égalité sociale par l’absence de pouvoir), le libertarianisme (recherche de liberté à la fois économique et sociale par la minimisation de l’État, proche de ce qu’on appelle « anarchisme de droite »), le librisme, le « liberalism » américain qui ne désigne rien d’autre que les courants politiques de gauche chez eux… Tous prétendent défendre une forme de liberté ou une autre, même quand ils se contredisent frontalement.