Ça fait tellement longtemps qu'ils cherchent à la faire passer en force, cette réforme, que je suppose qu'on ne pouvait plus y échapper. On va dire que je m'en fous : ils n'ont pas touché à PACA, et si son tracé doit être touché, ce sera pour que le Gard nous rejoigne, ce qui n'est pas idiot.
Cela étant, je ne comprends vraiment pas pourquoi ils tiennent absolument à réunir Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. C'est déjà pas évident de se rendre à Montpellier quand tu vis en Lozère, alors si maintenant il faut aller à Toulouse pour accéder aux administrations régionales… Et en plus, merci l'Assemblée nationale : maintenant, les Catalans font faire chier deux fois plus de monde qu'avant !
Je n'aime pas le raisonnement bassement mathématique qui juge l'utilité d'une collectivité territoriale à l'aune de sa population : un territoire, c'est aussi une superficie. Je prendrai deux exemples.
L'an dernier, je travaillais pour une commune de Languedoc-Roussillon. Laquelle région organise régulièrement des formations dans mon domaine, qui pour des raisons évidentes d'économie regroupent des agents de l'ensemble de la région. Pour l'une d'entre elles, j'ai dû aller à Narbonne, alors que j'habitais et travaillais dans l'Est du Gard. Avec la fusion des deux régions, que vont devenir de telles formations ? Va-t-on obliger les agents gardois à aller se former dans les Hautes-Pyrénées ou va-t-on tout simplement refuser de mutualiser les formations entre les deux régions, réduisant ainsi considérablement l'intérêt économique de la fusion ?
Par ailleurs, c'est un problème récurrent de pas mal des communes que d'avoir une faible population et une grande superficie : les missions sont les mêmes que pour toutes les communes, avec des moyens réduits à presque rien. Par exemple, une vaste commune de montagne a les mêmes obligations de surveillance de son territoire qu'un chef-lieu de département… quand bien même elle n'a que 500 habitants et les revenus qui vont avec. Et fusionner deux vastes communes de 500 habitants ne fera que créer une immense commune de 1000 habitants avec deux centres concurrents, alors ce n'est pas la solution. C'est pour ça qu'il est indispensable de garder la collectivité territoriale « département ». Pour qu'une communauté de communes prenne en charge une mission, il faut que toutes les communes qui la composent soient parvenues à trouver un accord sur les limites exactes et les modalités de la délégation : c'est trop compliqué ! Alors qu'on pourrait plutôt décider que le département supplée les communes dans les missions qu'elles ne sont pas matériellement à même de remplir.
L'échelon du département existe sous une forme ou sous une autre depuis au moins 2500 ans, et il a traversé toutes les vicissitudes de l'histoire, toutes les périodes de déliquescence de l'État : ce n'est pas pour rien. Car il correspond à un groupe social suffisamment réduit pour qu'il y ait formation d'une identité ethnique.