- Ce n'est pas parce que ce n'est pas arrivé que ça n'arrivera pas.
Cela n'arrivera pas parce que le progres est conditionne par la disponibilite de l'energie. Le PIB est lie a la quantite d'energie disponible, pas l'inverse.
Cela n'arrive donc pas sans volonte politique et des decisions qui vont a l'encontre du progres ou de l'elevation du niveau de vie de gens qui ne sont pas dans la situation des pays europeens et nord-americain.
- La consommation d'énergie par habitant à tendance à stagner malgré l'augmentation du PIB dans les pays riches grâce à l'efficacité énergétique.
C'est faux. Si l'on considere les depenses energetiques directes, c'est vraie et c'est du au fait que l'on n'arrive a la limite d'exploitation des energies qui sont disponibles actuellement. Si demain tu decouvres un moyen d'exploiter de l'energie qui permettent de produire un changement d'ordre de grandeur d'un facteur 10, 100 ou 1000 alors je peux te garantir qu'a l'instant meme ou cette source est exploitable industriellement, la consommation individuelle repartira a la hausse.
Si l'on considere les depenses secondaires mais lies aux individus, comme le cout energetique des produits que tu achetes en supermarche, alors on a clairement une augmentation d'annee en annee, beaucoup moins rapidement qu'avant, c'est certain. Mais la encore, cela renforce le propos: stagnation du pouvoir d'achat, croissance ralentie, donc consommation energetique dont l'augmentation ralentie.
Je ne vois pas ou la consommation d'energie par habitant stagne:
Quand au PIB, vu l'arnarque intellectuelle de cet indicateur, il est evident qu'on ne peut pas en tirer grand chose, encore moins sur les questions d'energie dont justement il s'est fait la specialite d'oublier ! Cf ma reponse a la question ci-apres.
- Les bénéfices obtenus par la non exploitation d'une ressource polluante peut améliorer le niveau de vie (maladies respiratoires dues au charbon etc.)
Il n'y a pas de ressource polluante et non polluante. L'energie est par definition la quantite qui permet de modifier un systeme et donc par nature, l'exploitation de l'energie modifie un systeme, notre environnement en particulier. De ce fait, ce n'est pas tellement source d'energie qui est importante mais la dose. Pour reprendre la phrase de Jean-Marc Jancovici, c'est la dose qui fait le poison.
C'est donc un probleme politique que de reduire ou supprimer une source d'energie. Or, on voit bien que rien n'est fait si ce n'est quelques rustines ponctuelles. Lorsque les couts collectifs dus a la pollution ne sont pas integres directement la ou ils sont produits, on ne s'attaque pas au probleme. Lorsque l'on constate que le cout de la pollution en terme de sante et d'environnement est de l'ordre de 2000 milliards par ans pour les pays de l'OCDE, cela est avoisinant au PIB de la France et represente globalement 15% du PIB de ces pays la, on peut etre que plus que sceptique sur la capacite de nos societes a faire ce qu'il faut - ne serait-ce qu'en reallouant les couts sanitaires en amont pour les eviter.
Je peux te donner l'exemple de la ville ou je vis. Il y a encore 3 jours, et pendant presque une semaine, on a depasse la norme en PM2.5, les pires merdes pour le systeme cardio-vasculaire de plus de 10 fois la norme. Principalement du aux emissions des diesels (proche de 20%) et des combustions partielles des chauffages antiques (environ 70%). Ce n'est donc meme pas l'industrie mais l'urbanisme et le comportement des gens. Resultat, impossible de sortir dehors, nausees, maux de tete, yeux et gorge qui piques, sur le court terme, et cancers, maladie cardio-vasculaire sur le long terme.
Sans des investissements financiers et legaux demeusures (transports publiques intelligents et bannissement de la voiture, aides massives au changement des systemes de chauffage et bannissement des anciens voire amendes en cas d'utilisation), rien ne changera et rien n'a jamais change malgre les annees qui passent et les troubles qui s'aggravent. Il a fallu plus de 10 ans pour que l'interdiction des systemes de chauffage polluants ne soit plus jugee inconstitutionnelle et il faudra 3 ans de plus pour que la loi entre en vigueur, puis au moins 15 ans pour que l'on ait une transition vers les nouveaux moyens de chauffage.
De plus, mon pays exploite principalement du charbon, qu'il exporte en grande quantite. Sachant que le secteur energetique est crutial pour garder son niveau de developpement ET peser sur les negociations du marche des energies, cela fait 10 ans qu'il fait des gros bras d'honneur, et a raison, a Bruxelle qui rale sur cela. Chaque pays a un besoin d'importation d'energie, parce que toutes les sources d'energie ne sont pas disponibles dans chaque pays. Se couper d'une source d'energie comme moyen de negociations c'est se tirer une balle dans le pied. Aucun pays ne peut se le permettre et ne voudra y consentir, et ce, malgre les couts sanitaires qui finalement seront toujours moindres. Sans le fait que bruler un litre de petrole produit plus d'energie que 100 pairs de bras qui travaillent pendant 8h, toi et moi, on serait en train de sucer des caillous pour survivre, au service d'un maitre ou d'un seigneur. La situation actuelle est donc toujours mieux, malgre des couts sanitaires croissants et l'inviabilite sur le long terme.
Gaz, petrole et charbon, c'est aujourd'hui 80% des sources primaires d'energie. En general on entends pas mal le francais se gargariser d'emettre deux fois moins de CO2 qu'un allemand et 4 fois moins qu'un americain, mais c'est de la foutaise. Il s'agit de chiffre d'emissions par rapport a la production d'energie finale et pas par rapport a la consommation d'energie. Or, s'il est vrai que la France fabrique beaucoup d'electricite par le nuclaire, ce qui fait proportionnellement aux centrales au charbon allemandes moins d'emission de CO2, les energies etant hautement specialisees, c'est le mode de vie qui conditionne l'utilisation de l'ernergie et donc les quantites d'emission. Hors quelques variations pas tres significative (bon y a le facteurs taille de l'urbanisme en amerique du nord qui joue - raison historique -), la part de CO2 emise par un francais et un italien en brulant du petrole (en gros pour faire avancer sa voiture) est la meme. Dans tous les pays de l'OCDE, la part pour le chauffage, pour le deplacement, pour l'eclairage est la meme. Or, a priori un francais se deplace rarement avec de l'electricite produite par du nuclaire, donc il importe, donc il pollue autant.
Conclusion, non seulement chaque pays est interdependant des autres pour assurer son niveau de vie, mais tant qu'il n'existe pas d'alternative energetique moins polluante pour une meme activite sociale, le constat est simple: soit on renonce a cette activite sociale, soit on continue tant que l'on peut le supporter.
Pourtant, la qualité de vie s'est grandement améliorée grâce à la baisse de la pollution (en particulier dans les grandes villes industrielles) depuis au moins 50 ans, alors que la consommation énergétique a augmenté. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui on devrait diminuer notre consommation. On peut, mais ce n'est pas obligé.
La pollution n'a pas diminuee. Ce qui a diminue c'est la concentration de certains agents nocifs pour l'Homme dans son environnement le plus proche localement. La pollution, comme quantite modifiant notre environnement de maniere negative, elle n'a cesse de croite. La difference c'est qu'il y a 50 ans, on consommait de l'energie dans une quantite qui ne mettait pas en danger l'equilibre du cycle energetique et de notre environnement par cette pollution.
L'energie n'a jamais ete aussi peu chere que maintenant, ce qui ne sera pas le cas dans 15 ans - sauf changement majeur. Donc outre la pauperisation plus rapide des differentes couches sociales, des differents pays, on va assister en plus du probleme environnemental, qui n'est qu'un symptome, a des changements radicaux et forces de certains pans de nos societes.
Je suis septique sur ton argumentation.
Source:Aabu
Je t'invite a suivre les cours d'energie de Jean-Marc Jancovici a l'ecole de Mines, il aura certainement plus de credits, de sources et d'exemples que moi.
Les cours sont accessibles sur le site de l'ecole des Mines ou sur la page de l'enseignant.