Zeste de Calligraphie #3 : le Serment d'Elendil

Au tour du Gondor :3

Ces billets font partie d’une série appelée "Zeste de Calligraphie". Voici les autres épisodes :
ZdC #1 : Prise en main ; anamnèse et perspectives.
ZdC #2 : Premier travail ; calligraphie en tengwar et alphabet latin, et un soupçon d’illustration.

Les derniers épisodes ayant suscité un certain nombre de réactions (notamment grâce à la mise en une, merci le staffpapouilles), on est reparti pour un nouvel opus :3 . Comme je suis totalement irrepentant par rapport à ma passion pour Tolkien, je continuerai sur le thème de la Terre du Milieu.

Réfléchissons, qu’y a-t-il comme citation de l’œuvre de Tolkien qui soit connue et appréciée ? Écartant la formule sur les portes de la Moria, ainsi que l’épitaphe de Balin dans ladite Moria (je n’ai pas les bonnes plumes pour calligraphier en cirth − runes naines), j’ai pris le serment d’Elendil.

Ça ne vous dit rien ? Pourtant, vous l’avez sans doute entendu dans le Retour du Roi (c’est-à-dire le troisième film de Peter Jackson), quand Aragorn chante juste après son couronnement :

Le serment d’Elendil, chanté par Aragorn

L'histoire du Serment d'Elendil

Cette partie raconte l’histoire de la formule calligraphiée. Si vous n’en avez rien à faire ou si vous connaissez déjà, vous pouvez passer à la partie suivante. Plus de détails sur la chronologie de la Terre du Milieu sont disponibles sur un de mes articles (j’y ai mis des références).

Voici le texte originel de la scène dans le Seigneur des Anneaux (traduction par Francis Ledoux) :

[La couronne] était toute blanche, et les ailes de part et d’autre étaient faites de perles et d’argent à la ressebmlance des ailes d’un oiseau de mer, car c’était l’emblème des rois venus d’au-delà de la Mer ; sept joyaux de diamant étaient sertis dans le bandeau, et au sommet se trouvait un unique joyau dont la lumière s’élevait comme une flamme.
Aragorn prit alors la couronne et, la tenant élevée, il dit :
Et Eärello Endorenna utúlien. Sinome maruvan ar Hildinyar tenn’ Ambar-metta ! 1
C’étaient les mots qu’Elendil avait prononcés quand il était venu de la Mer sur les ailes du vent : « De la Grande Mer en Terre du Milieu, je suis venu. En ce lieu, je me fixerai, moi et mes héritiers, jusqu’à la fin du monde. »

Le Seigneur des Anneaux, Édition Pocket, p. 1255

Comme indiqué à plusieurs reprises dans le texte, Aragorn et ses ancêtres viennent de la Mer, plus précisément d’une île nommée Númenor. Cette île a été submergée par la divinité suprême, Eru Illúvatar, à cause des crimes de ses habitants. L’un des seuls rescapés, Elendil, a pris avec lui ses fils (Isildur et Anárion) et a sauvé un arbre, symbole du prestige de Númenor 2. Posant le pied sur la terre ferme, il a prononcé ledit Serment et a fondé les Royaumes d’Arnor et de Gondor.
Par la suite, l’Arnor est tombé et le Gondor, sur le point de tomber, a été relevé par Aragorn, le seul descendant de la lignée d’Elendil. Ce dernier a donc été couronné roi et a re-prononcé le Serment.

Le Serment a donc une grande signification symbolique et historique pour les royaumes númenoréens.


  1. J’ai corrigé l’erreur dans le livre pour avoir la formule correcte. 

  2. Si ma mémoire est correcte, il s’agit de Nimloth, rejeton d’un Arbre de Valinor (les ancêtres du Soleil et de la Lune, qui sont leurs fruits). 

Brouillon et illustration

J’ai décidé que le centre de la feuille serait occupé par l’enseigne royal du Gondor : j’ai pour ce faire utilisé l’image de Kaiser 16 sur Wikimédia (CC-BY-SA). Pour me familiariser avec l’image, j’ai fait une version au brouillon :

Brouillon

Comme vous le voyez, l’arbre prend la majeure partie de la feuille, tandis que le Serment occupe les côtés hauts. Même si cette configuration ne me satisfaisait pas tout à fait, j’ai commencé l’arbre au propre. Je me suis d’abord occupé des traits de construction (disponible à échelle 1/2 en cliquant sur l’image) :

Traits de construction : Arbre du Gondor

Vous observez la sorte de toit, qui sera utilisé pour dessiner les étoiles, le conteneur rectangulaire pour la couronne, la forme grossière du tronc (avec les points de fixation des branches) et l’emplacement pour les racines.

Les étoiles

Il s’agit d’étoiles à 8 branches, réalisées selon la méthode suivante :

Création des étoiles

Sur l’image d’origine, leurs branches sont dans un autre sens, mais je les ai orientées de sorte à ce que ce soit plus facile pour le traçage.

La couronne

Étapes de construction de la couronne royale

L’arbre

Plutôt que d’écrire pour ne pas dire grand-chose, j’ai préféré, comme pour la couronne, mettre le processus de construction en image :

Construction des racines
Étapes de construction des branches

Enfin, j’ai repassé à l’encre de Chine (diluée, pour obtenir du gris) sur les traits de l’emblème, ce qui a donné :

Fini !

Calligraphie en tengwar et alphabet latin

Comme pour la calligraphie précédente, j’ai choisi de faire une version bilingue : le texte original, et sa traduction. Et, comme l’autre fois, on commence par les lignes de construction :

Lignes de construction pour le tengwar
Tracé des consonnes en tengwar

Notez que, par bêtise, j’ai fait deux fautes : les vaguelettes au-dessus des "i" (lignes 1 et 3) ne devraient pas exister. C’est que les lettres ne correspondent pas au même son, selon la langue utilisée (ici du quenya).

Au tour des voyelles

Voilà ! Il ne reste plus qu’à faire l’autre côté, en français

Traits de construction
Traduction française

Vous observerez que la police est différente par rapport à celle utilisée pour l’Œil : inspirée de la police Copperplate, elle est plus élancée et plus fine. Non seulement pour rendre le texte plus agréable, mais aussi parce que c’est le type de police adapté pour les plumes dont je dispose (plumes fines).

Après cela, j’ai rajouté, de part et d’autre du tronc, les noms d’Arnor et de Gondor (les royaumes fondés par Elendil − avec des fautes, my bad :'( ), en bleu clair. Voici donc le résultat final :

Le Serment d’Elendil, agrémenté des noms de ses royaumes

Bonus : "Rohirrique" au brouillon

Pendant le même temps, j’ai écrit un texte en Anglo-Saxon (qui correspond, dans les romans de Tolkien, à la langue des Rohirrims1) : il s’agit d’un court poème que j’ai tenté de calligraphier. Comme je l’ai fait avec une plume fine (et pas biseautée), le rendu est très mauvais, mais meilleur que rien :

Brouillon de strophe en Anglo-Saxon

Allez, la première personne qui me traduit ça à vue de nez, je lui fais une calligraphie sur demande :D − c’est simple, il faudrait moins de quelques heures à un débutant pour traduire ces lignes.

Je referai ça au propre, avec des plumes biseautées (que j’ai maintenant achetées).


  1. Bon, promis, un jour je ferai un tuto sur les langues de la Terre du Milieu.... 


C’en est fini du Serment d’Elendil ! J’espère que cette forme de billet, avec un peu de contexte et moins de texte inutile, vous a plu.

On se retrouve très bientôt pour la suite de cette série avec un texte latin et une enluminure (que je trouve, ma foi, avoir réussie :D).

N’hésitez pas à me faire part de votre ressenti ou de vos suggestions dans les commentaires.

Namarië !

6 commentaires

Reprenons dans l’ordre (#Maniaque) :

Super boulot!

ToxicScorpius

Merci :3

Dommage, je n’ai vu aucun film, juste les livres (et encore, en FR), un jour peut-être ^^ .

ToxicScorpius

Ah, ça c’est intéressant : tu es l’un des premiers que je rencontre à avoir découvert Tolkien dans ce sens…
C’est une recommandation un peu tordue, mais je te conseille, avant de voir les films de P. Jackson (que je te recommande absolument, quoiqu’ils ne soient pas parfaits, loin de là − mais ces musiques, mon Dieu <3) ; je disais donc que je te conseille de faire un travail d’introspection avant de regarder les films, car tes représentations mentales, formées à la lecture du livre, sont uniques (à moins que tu aies eu des illustrations) et donc précieuses, et elles risquent d’être à jamais modifiée par le visionnage des films.
Je ne sais pas si je suis très clair, mais demande-toi à quoi ressemble Gollum, Sauron, Elrond, Galadriel, etc. − car les films ont uniformisé et donc appauvri les représentations de ces personnages.

La prochaine fois, tu nous fais une citation de Gandalf?

Vous ne passerez pas ;) !

ToxicScorpius

Eh bien… Oui, mais non ; je m’explique.

Premièrement, il s’agit de savoir quelle langue a été utilisée pour prononcer cette phrase : selon toute vraisemblance, il s’agit du Westron (c’est-à-dire du langage commun) − à moins qu’il ne s’agisse du quenya, qu’un Balrog est sans doute plus à même de comprendre (auquel cas, c’est faisable).
Si, donc, il s’agit du Westron, je ne peux pas l’écrire, car on n’a à peine que quelques mots de Westron (l’essentiel des répliques en Westron ont été traduites en anglais moderne, puisque c’est cette langue qu’utilisent la plupart de protagonistes1). Je ne pourrais donc pas traduire la phrase de Gandalf, à mon plus grand dam.

Mais si cependant tu traduis le poème ci-dessus, je n’aurai d’autre choix que de m’exécuter :D

Note à moi-même : il faut vraiment que je le fasse, ce tuto sur les langues de la Terre du Milieu. J’y mettrai justement des références pour apprendre ces langues.


  1. Le Rohirrique, dérivé du Westron, a été traduit également en Anglais dans le livre, mais en ancien Anglais, c’est-à-dire en Anglo-Saxon. D’où le fait que le poème "rohirrique" soit en Anglo-Saxon. 

+1 -0
Connectez-vous pour pouvoir poster un message.
Connexion

Pas encore membre ?

Créez un compte en une minute pour profiter pleinement de toutes les fonctionnalités de Zeste de Savoir. Ici, tout est gratuit et sans publicité.
Créer un compte