De retour dans le Grand Nord !
Il me tardait d’y repartir, un an après mes vacances à Copenhague.
Après avoir envisagé un séjour en Finlande mêlant visite d’Helsinki et de la Laponie au mois de décembre dernier (pour espérer pouvoir profiter des aurores boréales), j’ai finalement réduit le voyage à la capitale seule mais conservé la date. C’est donc début décembre 2018 que je me suis envolé pour Helsinki.
- Encore une histoire de canards
- Il est où l'soleil, il est où ?
- Le pays aux 1000 musées
- C'est ce sacré Mannerheim
Encore une histoire de canards
La Finlande est peut-être le premier pays d’Europe du Nord auquel je me suis intéressé.
Plus jeune, j’étais lecteur de Picsou Magazine que je lisais chaque mois. Certaines bandes dessinées s’y démarquaient par un petit quelque chose en plus, les histoires étaient plus prenantes et les dessins plus travaillés. Je finissais par découvrir que toutes provenaient d’un auteur en particulier, Don Rosa. Et je me suis alors détourné du magazine général pour m’intéresser aux hors-série consacrés à ce dessinateur.
Au détour de l’un d’eux j’ai lu « La quête du Kalevala », une histoire où Picsou et ses neveux se rendent en Finlande sur les traces d’Elias Lönnrot afin de chercher le sampo, selon la légende du Kalevala. L’histoire met en scène les personnages de l’univers de Picsou en les mêlant aux héros mythologiques finlandais, et Donald se retrouve téléporté dans les rues d’Helsinki.
Don Rosa s’est souvent rendu en Europe à la rencontre de ses lecteurs, et notamment en Finlande où il constatait que Donald Duck (Aku Ankka localement) et plus généralement les canards de Carl Barks étaient plus populaires qu’ailleurs, sans vraiment l’expliquer. Lors d’interviews, il raconte que des fans lui auraient inspiré l’idée de mélanger ces deux aspects de la culture populaire finlandaise, Donald et le Kalevala.1 En découvrant ce conte, il apprend que l’univers y est décrit comme étant né d’un œuf de canard. Peut-être le début d’une explication ?
À mon tour, j’avais très envie de me rendre à Helsinki pour y croiser Donald Duck et ses comparses. Les années ont passé et m’y voilà enfin.
À ma grande déception, je n’ai pas eu l’occasion de les rencontrer, pas non plus de monstre mythologique, mais j’ai pu voir les différents lieux croqués dans la BD.
L’imposante cathédrale luthérienne surplombe la ville du haut de ses marches, elle offre une belle vue sur la place du Sénat, et l’on devine la Baltique à l’arrière. À ne pas confondre avec la cathédrale orthodoxe Ouspenski, de brique rouge, quelques centaines de mètres plus loin.
En revanche j’ai rencontré le barde Väinämöinen !
Il est où l'soleil, il est où ?
Choisir le mois de décembre pour partir en Finlande, je pense que c’est plus ou moins faire une croix sur l’idée d’une météo clémente. J’en ai déjà fait les frais en Suéde.
Mais je dois dire que je n’ai pas revu le soleil entre l’atterrissage et le décollage, caché derrière une épaisse couche de nuages me faisant profiter de pluie ou de neige selon leur humeur.
Ça ne m’a pas empêché de visiter la ville en long et en large, j’avais quatre jours plein devant moi pour en faire le tour. Par contre je n’ai pas été jusqu’à m’aventurer dans les piscines d’eau glacée qui bordent les quais à Helsinki, j’avais oublié mon maillot. Mais en passant à côté j’ai pu croiser des gens plus téméraires.
Helsinki est une ville assez récente, fondée au XVIème siècle par les suédois (alors nommée Helsingfors) sur l’emplacement d’un village de pêcheurs. Elle fut incendiée plusieurs fois pendant les guerres entre la Suède et la Russie.
Elle ne deviendra la capitale du pays (ou plutôt du grand-duché à l’époque) que deux siècles et demi plus tard, suite à l’annexion de la Finlande par la Russie.
Cette nomination comme capitale amena à une reconstruction de la ville, qui fut confiée à Carl Ludwig Engel, architecte allemand. Il est à l’origine du plan actuel d’Helsinki et de nombreux de ses bâtiments tels que la cathédrale, les palais présidentiels et du gouvernement, ou la bibliothèque nationale.
D’autres architectes ont compté dans l’histoire de la ville, comme Eliel Saarinen début XIXème qui a réalisé le musée nationale et la gare centrale.
Je logeais en plein centre-ville d’Helsinki dans une auberge de jeunesse assez sympathique, The Yard. L’endroit était convivial, avec différents fauteuils agencés dans une pièce commune. C’est là que j’ai passé la majorité de mes soirées, quand je n’étais pas dans le bar à bières de l’autre côté de la rue à goûter les spécialités locales.
Le pays aux 1000 musées
Arrivé le jeudi 6 au soir, j’avais fait un premier tour en ville de nuit pour repérer les lieux. Je voyais déjà à l’agencement des rues très rectiligne qu’il serait facile de se repérer.
Le lendemain matin, je prenais part à une visite guidée du centre-ville, me permettant de faire le tour des principaux bâtiments et de noter des choses à faire pour la suite. Je continuai ensuite de mon côté pour arpenter les coins vers lesquels je n’avais pas encore eu l’occasion de passer.
En milieu d’après-midi je me suis rendu au musée d’histoire naturelle, très complet, arborant de nombreux squelettes d’animaux. J’enchaînais sur le Kiasma, musée d’art moderne situé dans le même quartier. La neige avait commencé à tomber quand j’en suis ressorti, j’ai donc rejoint les abords de mon auberge pour conclure la journée autour d’une bière bien méritée.
Face aux intempéries, il est agréable de pouvoir se retrouver en intérieur. Comme à Copenhague, je m’étais procuré une Helsinki card pour profiter au maximum des attractions de la ville. Et il y avait de quoi faire : d’après le Routard, Helsinki est la ville du monde qui concentre le plus de musées par habitant.
J’ai réparti mes visites entre le samedi et le dimanche, ayant déjà prévu un autre programme pour le lundi. Alors j’ai passé mon week-end à les écumer, passant par tous les genres. Je me suis par exemple rendu au musée du design, qui expose des œuvres allant de l’architecture aux objets de la vie courante. L’occasion de voir un exemplaire de vase Savoy ou encore les fameux ciseaux Fiskars.
À l’Ateneum, grand musée d’art classique faisant face à la gare, j’ai rencontré un tableau plutôt intriguant.
C’est enfin au musée municipal que j’ai achevé ma visite d’Helsinki. Celui-ci revenait sur l’histoire de la Finlande et de sa capitale, à l’aide de différentes fresques et maquettes. Le musée accueille aussi une exposition permanente, cette fois-là il s’agissait de la peur, plutôt bien illustrée.
C'est ce sacré Mannerheim
Longeant la côte le samedi midi, j’ai fait la rencontre d’une belle tempête de neige fondue. Il n’y avait rien à proximité directe et je devais encore continuer un bon bout de chemin avant de trouver un café où me réfugier. J’y suis arrivé littéralement gelé, mon pantalon imbibé de pluie ayant subi les températures négatives. Mais j’ai pu rester là un moment, le temps de déjeuner, sécher, me réchauffer, tout en écrivant quelques cartes postales pour passer le temps.
J’attendais une accalmie qui ne vint pas, mais je me décidai tout de même à reprendre mon chemin vers le quartier des ambassades pour y visiter la maison du maréchal Mannerheim. Il est un personnage important dans l’histoire de la Finlande du siècle dernier, et permet de mieux comprendre cette période un peu compliquée.
Longtemps sous domination suédoise puis russe, la Finlande obtient son indépendance en 1917 lors de la révolution russe, mais entre directement en guerre civile. À l’inverse de chez son voisin, ce sont ici les blancs (conservateurs, alliés à l’Allemagne) qui l’emportent sur les rouges. Mannerheim était alors un général finlandais officiant dans l’armée du Tsar, anti-communiste et donc ennemi de l’URSS. Il profite de l’aide allemande pour remporter la guerre civile.
En 1918, un prince allemand est un temps envisagé pour devenir roi de la nouvelle monarchie finlandaise, mais il renonce suite à la défaite de l’Allemagne à la fin de la première guerre mondiale. C’est Mannerheim qui devient alors régent de Finlande, avant de se retirer un an plus tard en proclamant la République de Finlande.
Le temps passe mais l’influence allemande reste assez présente en Finlande. En 1939 éclate la guerre d’hiver, suite à la revendication par l’URSS de terres finlandaises. Mannerheim est à l’origine de la résistance finlandaise contre les soviétiques (initiateur de la ligne de fortifications qui porte son nom).
Contre l’URSS, la Finlande se joint ensuite aux troupes de l’Allemagne nazie, avec laquelle elle est devenue alliée de facto. Mais elle finit par se retourner contre l’« allié » allemand en 1944, ce qui lui permettra de sauver son indépendance à l’issue de la seconde guerre mondiale. Cela n’a pas empêché quelques bombardements aériens d’Helsinki par les soviétiques en 1944. Mannerheim est resté au long de la guerre cordial avec l’Allemagne nazie sans jamais conclure d’alliance officielle.
En août 1944, Mannerheim est élu président de la République de Finlande et mène les négociations de paix, puis démissionne deux ans plus tard en raison de son état de santé. Il meurt en 1951 à l’âge de 83 ans.
Autre monument de l’histoire finlandaise, le Suomenlinna est une forteresse d’Helsinki, construite sur l’une de ses îles. On peut la rejoindre en bateau depuis les quais du centre-ville. Plusieurs musées se trouvent sur l’île et sont accessibles avec la Helsinki card, ce qui permet de bien occuper une journée.
Le fort a été construit au milieu du XVIIIème siècle à l’époque où la Finlande était suédoise, il portait donc un nom suédois : Sveaborg. Il avait pour but de protéger la région contre la Russie, en hébergeant des casernes militaires et un chantier naval.
Sveaborg résista à quelques batailles mais finit par être pris par les russes à l’issue du siège de 1808. La Finlande devenue territoire russe, le fort perd son nom suédois et adopte un nom finnois, Viapori.
La forteresse fut bombardée par les flottes anglaises et françaises pendant la guerre de Crimée, elle subit des dégâts mais ne céda pas, permettant ainsi aux russes de résister sur ce front. Elle fut restaurée après guerre et prit le nom de Suomenlinna suite à l’indépendance du pays en 1917.
Après avoir servi tour à tour de camps de prisonniers ou de base d’artillerie, elle perd son statut militaire en 1973. Elle est depuis 1991 inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, reconnue comme monument unique de l’architecture de guerre.
J’avais gardé la visite de la forteresse pour mon dernier jour, le lundi. Parti le matin en bateau, j’y avais passé la journée et étais rentré au centre en fin d’après-midi. Un dernier tour en ville à la nuit tombée me permettait de clore mon voyage, je repartais tôt le lendemain matin pour rentrer en France.
En conclusion je dirais qu’Helsinki était une ville agréable mais un peu austère, par son architecture très épurée et sa disposition rectiligne.
La saison choisie n’aidait probablement pas.
Même si comme on dit : les pays de l’est c’est mieux l’hiver, on voit bien mieux les bâtiments, les nuances de gris ça flashe sur le blanc.
Vient l’éternelle question du prochain voyage, mais cette fois-ci la réponse est facile : à l’heure où j’écris ces lignes, je suis déjà rentré d’Oslo.