Oh un topic de nombrilis… de témoignage ! Ahem. Nan bah j’me permets d’intervenir pour contribuer un peu au côté "classique". Je pense que les réponses précédentes ont bien abordé les différents chemins que l’on peut prendre pour devenir ingé en info sans faire le chemin "tradi" CPGE > école. Du coup, et pour ajouter à la réponse d’unidan, bah, moi j’ai fait bac S > prépa MP > Ensimag > KTH (double diplôme) en Suède > ENS en thèse, avec pas mal de stages (~5 en tout !) à côté qui m’ont fait voir du pays, même si je regrette un peu, rétrospectivement, de tous les avoir fait dans une poignée de grands groupes.
Alors, mon avis sur les formations que j’ai suivies. La prépa, c’était dur, moralement, en spé, mais c’est très très dépendant de la classe, des profs, l’âge du capitaine, etc. L’Ensimag les cours étaient très biens, je pense ; ça m’a permis d’apprendre plus d’info théorique, et ça c’était cool. KTH, c’était pas terrible, les cours ; je sais pas si c’était parce que j’étais en échange, mais bref. L’ENS c’était globalement chouette, mais bon la thèse, c’est à prendre au cas par cas, donc voilà. Personnellement, j’ai beaucoup aimé mes années étudiant ; évidemment on est sans le sou et on vagabonde beaucoup, physiquement et intellectuellement, mais bon, on a tout le temps de travailler après, faut pas s’en faire, avec la retraite à 90 ans pour tous bientôt. :] Les stages, comme j’ai dit plus haut, j’aurais dû plus varier. De fait, j’ai fait NetBSD en Google Summer of Code > Google > Microsoft > Google > Google > NVIDIA, et bon c’est au moins une fois Google de trop… m’enfin, il y a des raisons et des circonstances qui ont fait que.
Ce qui m’amène au sujet principal de mon message. Pour les stages comme pour le reste : j’ai pris le meilleur de ce qui se présentait à moi (dans la limite des stocks disponibles). Je vois beaucoup de gens sur ce topic et ailleurs (p.ex. le forum Études du SdZ) qui prônent la passion pour ses études, hum, et je dirais que ça peut être une façon, mais qu’il ne faut pas non plus hésiter à suivre le système "bêtement" si ça convient. On apprend à aimer ce pour quoi on est doué, et il y a plein de choses intéressantes dans la vie à découvrir durant ses études ; moi, à la fin de la prépa, je me suis dit que comme j’étais pas assez fort en maths ou en physique ou autre, c’était un bon plan de faire de l’info, où j’avais une bonne expérience d’autodidacte. Mais je me suis dit ça uniquement parce que je ne pouvais pas avoir une des top écoles, hein. La voie canonique offre beaucoup d’avantages si l’on veut une trajectoire "classique" dans des carrières (très) sélectives. Et je pense que c’est un plan comme un autre : "je veux avoir une carrière classique". Faut pas avoir honte juste parce qu’on lit partout dans les magazines pour gogoles que maintenant tout ce qui compte c’est la volonté, le désir, la passion ! Moi, quand j’étais petit, j’aimais bien l’informatique mais je ne comptais pas en faire mon métier du tout. Je voulais grandir et "réussir", avoir une vie stable, un "bon métier", à faire un truc intéressant, mais au fond, peu m’importait le domaine.
Au final, est-ce que je referais ça ? C’est pas clair, mais je dirais : sûrement. "Hindsight is everything" comme on dit. Si j’avais le recul que j’ai aujourd’hui, j’aurais bossé différemment en prépa. J’étais jeune et naïf, à l’époque. Mais est-ce que je regrette mes choix ? Bof, au final, je porte un regard critique sur mes performances passées (notamment en prépa), mais les choix, eux, étaient sans doute parmi les meilleurs que je pouvais prendre étant donné mes résultats, les circonstances, et le DÉTERMINISME social, ahem, je veux dire, l’âge du capitaine.
tl;dr : Dans le doute, suivre le système, c’est pas forcément un mauvais choix, si l’on peut. :’ L’important, à mon humble avis, c’est toujours d’essayer de porter un regard critique sur ce que l’on fait, le contexte, personnel et environnemental, qui nous pousse dans une direction… après, on peut l’accepter, le contourner, se battre contre. Parfois, ça vaut le coup… parfois pas. :]