Chose promise, chose due.
J’avais envie d’écrire sur la Suède, depuis longtemps.
Déjà avant de m’y rendre, et encore plus quand j’étais sur place.
Mais de quoi aurais-je bien pu parler ? Je ne me voyais pas raconter ma vie au jour le jour.
Je savais qu’un blog de voyage ne tiendrait pas la route à la longue : j’aurais écrit quelques articles le premier mois, et puis plus rien.
Et je manquais peut-être aussi de temps.
Bref, l’aventure s’est terminée il y a déjà plus de 3 ans. Tout est passé très vite. Et l’envie de relater cette année de voyages et de découvertes ne s’est pas tarie. J’ai alors réuni mes souvenirs, mes photos (quand c’était possible), et ai imaginé 6 billets. Pas un de plus, pas un de moins.
6 billets, par ordre chronologique, qui évoquent des aspects différents de mon année passée en Suède. Je ne peux pas vous promettre un rythme de publication, j’espère faire cela assez vite. Peut-être un par mois ? Le plan des suivants est déjà établi, mais leurs contenus demeurent bien vides au moment où j’écris ces lignes.
Sur ce, je vous propose de découvrir le premier écrit de cette collection, dédié à mon arrivée en Suède, et aux éléments qui l’ont précédée.
- C'est pour ça que j'irai là-bas
- Les préparatifs et le départ
- Un tout nouveau monde de rêves et d'aventures
- Linköping, Östergötland, Sverige
- L'Université
C'est pour ça que j'irai là-bas
Depuis longtemps j’en rêvais, de la Suède et de ses secrets. Depuis quand et pour quelles raisons, d’ailleurs ? Je ne le sais trop. On m’a souvent posé la question avant mon départ : « Pourquoi la Suède ? », et je n’avais pas vraiment d’éléments à apporter en réponse.
J’étais attiré par les pays nordiques, par le froid, la neige et les lacs. J’ai dû faire le choix de la Suède un peu par hasard, parce que j’en avais plus souvent entendu parler, pour ses paysages boisés, ses 90000 lacs1 ou que sais-je encore. Et puis pour les couleurs de son drapeau, qui me rappellent celles du schtroumpfissime, de Python, de l’Union Européenne ou encore du logo de Pokémon ! Ce n’est pas rien.
Toujours est-il qu’au début de mes études, en 2010, j’étais convaincu que je choisirais la Suède comme destination pour mon année à l’étranger, trois ans plus tard. J’avais d’ailleurs pris les devants en m’inscrivant par avance sur un site de file d’attente pour l’accès aux logements étudiants. En effet, il faut atteindre un certain nombres de points pour obtenir un logement, points qui s’accumulent par jour d’activité sur le site.
Ces 3 années avant le départ allaient me permettre de me renseigner sur les destinations disponibles et leurs universités.
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Ça fait un peu plus que la vingtaine de lacs du Jura, qui ont tout de même ma préférence. ↩
Les préparatifs et le départ
Les années passèrent, et le moment de formuler les choix de destinations se présenta assez vite. Le procédé est plutôt simple : on a une liste d’universités partenaires, aux quatre coins du monde, et on nous demande d’en choisir 4 par ordre de préférence, en joignant des éléments pour attester notre motivation et préciser quels sont les cours qui nous y intéressent. Ensuite, les choix sont validés (ou non) selon les résultats scolaires et autres critères opaques.
Mes choix comportaient donc 3 universités en Suède (Linköping, Stockholm et Jonköping) et une en Finlande (Laurea, à proximité d’Helsinki). J’étais assez décidé.
Après étude des différents programmes, seul celui de Linköping m’intéressait, car était vraiment axé sur l’informatique, là où ceux des 3 autres avaient tendance à dériver vers du management ou du business. Je comptais donc vraiment sur mon premier choix, et n’avait qu’un intérêt géographique dans les suivants. C’est bien cette première destination qui a été retenue lors de la validation des choix, courant février 2013. Cette première étape passée, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.
Déjà, il ne s’agissait que d’une présélection. Il allait maintenant falloir remplir un vrai formulaire d’inscription auprès de l’université d’accueil, sélectionner les cours, et ne pas oublier de cocher la case pour demander à avoir un logement étudiant (sous réserve des places disponibles), puis en attendre la validation.
Parallèlement, il était question de démarches administratives. Cession de bail pour l’appartement, coupures d’abonnement, ouverture de compte international dans une banque. Tant de choses amusantes et agréables. Ainsi que les réservations de billets d’avion et de train pour arriver jusqu’à Linköping. Ma date de départ était maintenant fixée. Je partirai le 26 août 2013.
La période qui précédait le départ à l’étranger était un stage de fin de 3ème année, qui se terminait pour ma part le 23 août. Ça laissait tout le week-end pour boucler la valise !
La valise, donc, limitée à 23kg par la compagnie aérienne, pour laquelle il fallait trier le strict nécessaire du superflu. Entre-temps j’avais eu la réponse pour le logement : une chambre m’étais bien réservée dans un corridor1, mais je ne savais pas si celle-ci était équipée en linge de lit. J’emportai avec moi principalement des vêtements, une serviette et un sac de couchage, mais aussi un PC, un appareil photo et pas mal de bricoles.
Les bagages bouclés, ce fut le temps des adieux. Mes parents me déposèrent en gare de Lorraine TGV d’où j’allais rejoindre l’aéroport de Roissy, puis m’envoler pour Stockholm. En gare je retrouvai un ami de ma promo, lui aussi sur le départ, mais en direction de Dublin. Nous avons pu casser la croûte ensemble avant de rejoindre nos portes d’embarquement respectives pour le grand saut.
L’avion s’envole, la terre s’éloigne. La France s’éloigne. Je ne prévois pas de revenir avant l’été prochain. Ce n’est qu’un au-revoir, pour un long voyage.
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Je reviendrai plus loin sur ce terme, qui désigne un type de logement étudiant. ↩
Un tout nouveau monde de rêves et d'aventures
Lundi 26 août 2013, aux alentours de 18h30, je pose enfin le pied en Suède, à Stockholm.
Le voyage s’est bien passé, et très vite. Ce n’est pas si loin, la Suède.
Je ne prendrai pas le temps de visiter la ville pour le moment, un train m’attend pour rejoindre ma destination finale : Linköping.
De là, il ne me resterait plus qu’à attraper un bus vers le quartier de Ryd, quartier grandement étudiant où se trouve ma chambre.
Mais ça ne sera pas pour tout de suite. Ma chambre est bien réservée, mais il faut arriver à une heure décente et passer à l’université pour en obtenir les clefs. C’est à dire pas à minuit… Je le savais avant de partir, et m’étais arrangé avec une connaissance parisienne qui passait lui aussi son année à Linköping pour avoir une place sur un canapé et passer la nuit. Nuit où j’ai très mal dormi.
J’ai découvert avec joie le goût des suédois pour les volets, c’est à dire simplement des stores qui laissent passer toute la lumière, et ai pu me réveiller au lever du soleil, soit à 5h45. Après cette longue nuit de sommeil, il était temps de prendre la direction de l’université pour régler les formalités administratives, et obtenir mes clefs ! L’occasion de trouver en chemin des camarades de Toulouse, qui avaient aussi des affaires administratives à régler.
Je vous passe les détails inintéressants de cette journée pour aller directement à la découverte du corridor et de ma chambre.
C’est quoi, au fait, un corridor ?
Je n’ai pas trouvé ailleurs de référence au terme de « corridor », donc j’imagine que c’est quelque chose de propre au quartier de Ryd, à Linköping.
C’est un type de logement en colocation, où chacun loue une des 8 chambres disposées autour d’un couloir commun. Les chambres sont équipées d’un lit, d’un bureau, d’une étagère et de placards, ainsi que d’une salle de bain privative avec WC. En plus de cela, on trouve une pièce de vie et une cuisine collectives, suffisamment équipées pour 8 personnes.
Dans l’après-midi, je pénètre donc enfin dans mon logement, pour y déposer mes affaires. Je prends alors possession des lieux, défais ma valise et range tout cela dans les placards. J’avais lu que certaines chambres étaient équipées en linge de lit (le précédent locataire ayant laissé le sien), ça ne sera pas mon cas1.
C’est calme, je ne vois personne. Ah si, tiens, j’entends quelqu’un passer l’aspirateur dans sa chambre. Je prends donc mon meilleur accent anglais pour aller saluer mon voisin et me présenter. J’aurai l’occasion au cours de la semaine de rencontrer mes différents colocataires, pour la plupart suédois. Nous sommes en effet 3 étudiants étrangers sur les 9 locataires actuels. Actuels parce que je remarquerai assez vite qu’il y a pas mal de roulement dans les locations, certains n’étant là que le temps de trouver un « meilleur » logement, d’autres ne faisant qu’un semestre, etc.
Plusieurs ont pris soin de m’expliquer les règles en vigueur pour la vie en communauté, notamment la prise en charge à tour de rôle de l’essuyage de vaisselle, la descente des poubelles et l’arrosage des plantes2. Un porte-clefs se déplace de casier en casier chaque semaine, désignant la personne élue pour l’accomplissement des tâches ménagères.
Je reviendrai dans un autre billet sur la vie en corridor et ses traditions.
Le quartier de Ryd
Pour le moment j’aimerais vous parler un peu plus du quartier, Ryd (prononcer « rude »), quartier étudiant par excellence de Linköping. Il est situé au nord-ouest de la ville, à un kilomètre et demi de l’université.
C’est un quartier principalement résidentiel, composé de bâtisses plutôt moches, et comportant tout de même une école et une galerie commerciale (avec un supermarché et quelques petits commerces), et notamment un vendeur de vélos.
Le vélo, c’est le moyen de transport inévitable, qui permet de faire en 5 minutes le trajet jusqu’à l’université (là où 15 minutes sont nécessaires à pieds).
Il y en a partout, chaque immeuble est équipé de nombreux range-vélos, couverts ou non.
Dans le coin, il n’y a qu’un seul vendeur de vélos (les autres étant plus proches du centre-ville), mais réputé pour arnaquer les clients.
C’est tout de même chez lui que je me rendis pour obtenir le mien, un tas de ferraille dont j’ai préféré oublier le prix, avec l’attirail nécessaire (antivol et feux).
J’étais maintenant équipé comme un vrai étudiant suédois !
Je n’avais pas fait de vélo depuis un moment, donc j’étais un peu rouillé. Mais ça revient vite : le vélo, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas !
Pour finir sur le quartier, il disposait aussi d’espaces verts entre les immeubles, où trônaient lavomatics ou coins pique-nique suivant les endroits. C’est d’ailleurs à l’un de ces derniers qu’était organisé la première semaine un barbecue d’accueil des étudiants étrangers, permettant de faire plus ample connaissance avec nos semblables.
Linköping, Östergötland, Sverige
Linköping (prononcer « line cheu ping ») est une ville de taille moyenne du sud de la Suède, plutôt paisible et agréable.
J’ai profité de mes premières semaines pour la découvrir, et m’extirper du quartier de Ryd qui n’en est pas le plus fameux, et probablement un des plus excentrés.
Heureusement, un sentier à travers les bois permet de rejoindre assez vite le centre-ville en vélo.
Oui, un bois – pas juste un parc, vraiment de la forêt avec des arbres – qui traverse la ville, c’est aussi ça la Suède !
Outre son université, Linköping est surtout connue pour sa cathédrale, au toit de cuivre qui lui donne un teint vert/bleu. Chose « amusante » que j’ai remarquée dans plusieurs églises suédoises, elles sont souvent équipées d’un coin jeux pour enfants et de toilettes. C’est pas idiot, mais je n’avais jamais vu ça avant.
Architecturalement, les villes suédoises, c’est avant tout des bâtiments imposants aux couleurs pastels. Style commun aux autres pays nordiques que j’ai eu l’occasion de voir. La grand-place est le point central de la ville, d’où partent les principales rues commerçantes. On y trouve des hôtels, restaurants, toutes sortes de boutiques, et des vélos. Beaucoup de vélos.
En continuant encore notre route vers l’est de la ville, on tombe sur le Kinda Canal, qui se jette dans le lac Roxen plus au nord. Ce canal donne souvent l’occasion de croiser quelques péniches qui naviguent sur les flots et se confrontent aux écluses. Entouré d’espaces verts et en retrait, il est aussi une destination privilégiée pour les promenades à bicyclette.
Désireux de découvrir les environs et de profiter des derniers jours ensoleillés (l’automne commençant à bien se faire sentir, nous sommes fin octobre au plus tard de ce récit), je cheminais de piste cyclable en piste cyclable à la recherche de nouveaux horizons.
L'Université
Il convient tout de même d’exprimer quelques mots sur ce qui a occupé le plus clair de mon temps en Suède, l’université. Je ne vais pas non plus m’éterniser sur le sujet car ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus de raconter ici, et que de plus amples informations peuvent être trouvées sur le site de l’université.
En arrivant devant elle, je me suis senti tout petit. Habitué à une petite école provinciale de 100 âmes, je ne connaissais pas vraiment la notion de campus. Là, je me retrouve face à une dizaine de bâtiments universitaires, et encore d’autres alentours appartenant à diverses organisations (laboratoires, instituts). L’université ne représente pas seulement quelques bâtiments, mais pratiquement tout un quartier. C’est grand.
Finalement, dans tous ces bâtiments, je n’aurai affaire régulièrement qu’à 4 ou 5 d’entre-eux, où se concentreront la majorité de mes cours. Ça ne m’empêcha pas d’avoir occasionnellement des cours dans des salles cachées au fin fond du campus.
L’accès à l’université se fait par une pente imposante, qu’il me sera toujours fatiguant de grimper à vélo, même avec l’habitude. Cet effort surhumain à chaque montée me faisait avoir très chaud, et m’obligeait à retirer mon manteau pour me mettre en t-shirt avant même d’entrer dans le bâtiment. Ce qui me donnait droit à des regards de travers lors des températures négatives, même par les locaux.
Revenons aux vélos, j’en parlais plus haut, il y en a partout. l’université n’échappe pas à la règle, elle en est remplie : tout le monde ou presque vient à vélo et il y a de nombreux parkings pour les garer.
Je suis arrivé à Linköping dans la nuit du 26 au 27 août, mais les cours ne débutaient que le 2 septembre. Cette première semaine était une semaine de rentrée, dédiée à l’intégration, et donnant l’occasion d’assister à différentes activités. Outre les présentations en amphi et dernières formalités administratives, j’ai pu prendre part à différents barbecues de rentrée. Dans mes tous premiers jours, j’ai aussi vu se dérouler une course de caisse à savons sur la grande pente pré-citée, un événement qui a lieu tous les ans à la rentrée, où chaque filière de l’université est représentée par une équipe à ses couleurs.
Tant qu’on est dans les coutumes locales, j’ai été un peu intrigué par le fait que de nombreux petits cafés / snacks étaient intégrés à l’université, au détour des couloirs. De quoi agrémenter gustativement les petites pauses entre deux cours, en profitant d’un kanelbulle. Certains endroits étaient aussi à thématiques, comme un café-librairie à l’ambiance très chaleureuse, formé de gros fauteuils et de bibliothèques.
Enfin, je vais quand même vous parler un petit peu des cours, puisqu’ils ont motivé mon choix de destination.
Ceux qui m’ont le plus attiré portaient sur la théorie des langages, la calculabilité et la compilation, de quoi approfondir ces domaines que j’avais juste eu l’occasion de survoler. D’autres étaient consacrés aux programmations concurrente et parallèle, là encore des sujets très intéressants. Et les travaux pratiques de ces modules couvraient des exercices plutôt complexes, de l’écriture d’un compilateur à celle d’un petit système d’exploitation.
Aussi, pour le folklore plus que pour le pratiquer réellement, j’ai suivi des cours de suédois. J’en ai d’ailleurs perdu une grande partie aujourd’hui, mais j’ai toujours les livres pour m’y replonger. Et ces cours ont aussi été l’occasion de découvrir des musiques suédoises : l’une de mes professeures aimait beaucoup terminer ses cours en chanson, nous faisant étudier les paroles des tubes du moment.
Je touche maintenant à la fin de ce premier billet, servant à poser les bases de mon récit. Dans le prochain, je vous raconterai mon premier voyage à Stockholm.