Pour ce second billet de la série1, j’aimerais vous parler de Stockholm. Oh Stockholm…
La Venise du Nord selon certains. Je ne connais pas Venise, mais j’ai visité tant de villes qui s’en réclament (Colmar, Bruges, Amsterdam, etc.) que je commence à en comprendre le principe. Une ville + de l’eau = Venise.
Bref, Stockholm. Je l’avais aperçue lors de mon arrivée en Suède en août. Et encore, « aperçue » est un bien grand mot : n’étant pas sorti de l’aéroport faute de temps, je n’ai vu Stockholm que par la fenêtre du train me menant vers Linköping. Je me souviens très bien du coucher de soleil sur la ville.
C’est finalement fin octobre que j’ai eu l’occasion de m’y rendre.
L'appel de la capitale
Je commençais à être lassé par mes visites des alentours en vélo, et la météo ne s’y prêtait plus forcément. Surtout, je voulais en découvrir plus sur le pays qui m’accueillait. Mais Linköping était un peu reculée, et l’idée de voyager seul me rebutait.
Ce passage éclair par Stockholm en août m’avait laissé un goût amer. Celui de ne pas avoir pu visiter la ville pour en voir plus. Il me fallait y retourner, le plus vite possible. Mais les cours ont commencé et prenaient une bonne partie de mon temps. Une virée sur un week-end ? Ça aurait sûrement été possible, mais ça me paraissait court, et ça demandait un minimum d’organisation en amont.
Au final, j’ai attendu la période de la Toussaint. Sans qu’il n’y ait officiellement de vacances, j’ai remarqué un certain relâchement dans le planning.
J’avais trois jours consécutifs sans cours, du lundi 21 au mercredi 23 octobre. C’est donc cette période que j’ai choisie pour mon voyage.
Ça me réjouissait, j’allais pouvoir fêter mon anniversaire à Stockholm !
Seul, mais à Stockholm.
J’ai commencé à préparer mon voyage début octobre.
Stockholm était à un peu plus de 2h de train de Linköping, mais je trouvais les tarifs des billets assez élevés.
J’ai finalement opté pour une liaison en bus : aussi simple, bien plus abordable et pas tellement plus longue (3h de trajet).
Question logement, j’avais trouvé l’adresse d’une auberge de jeunesse en centre-ville qui me semblait bien sympathique. Il faudrait juste que je pense à prendre mes draps.
Je commençais aussi à regarder ce que je pourrais faire une fois sur place, quels lieux visiter.
J’ai bouclé tout ça le vendredi soir, à 3 jours du départ.
Et c’est donc le lundi matin vers 9h que je pris la direction de la gare routière de Linköping. Un trajet de bus plus tard j’arrivai à Stockholm. Je passais premièrement déposer mes affaires à l’auberge puis me mis en quête d’un casse-croûte, avant de réellement débuter ma visite.
Je marche seul
Peut-être ne le savez-vous pas, mais le « holm » de « Stockholm » signifie « île », et cela n’a rien d’anodin.
Aux abords de la Baltique, Stockholm est en effet le nom d’un archipel constitué d’environ 24000 îles.
La ville de Stockholm s’étend sur quatorze d’entre-elles, reliées par cinquante-sept ponts. C’est cinquante de plus qu’à Königsberg !
Cet intermède géographique vous aidera à contextualiser mes déambulations dans la ville.
Stockholm est une ville plutôt vaste mais dont le centre reste assez restreint.
Pourtant, la disposition de la ville et de ses ponts fait qu’il est parfois nécessaire de marcher un bon moment pour rejoindre un point relativement proche à vol d’oiseau.
Je n’ai pas été confronté à ce problème le premier jour parce que je suis resté aux alentours de la vieille-ville (Gamla stan).
Ce centre historique se répartit sur trois îles : Stadsholmen, Helgeandsholmen et Riddarholmen. Il est surtout connu pour sa grande place (Stortorget) aux façades colorées et ses rues sinueuses (dont la rue la plus étroite de la ville, Marten Trotzigs).
Stadsholmen est la plus importante île de la vieille-ville, parsemée de nombreuses boutiques pour touristes, de cafés et de restaurants. Elle concentre plusieurs monuments remarquables de la ville, notamment le palais royal et le musée Nobel. On y trouve aussi la dernière demeure de René Descartes, mort à Stockholm en 16501.
Le Parlement (Riksdaghuset) pour sa part est situé sur la petite île voisine d’Helgeandsholmen (littéralement « île du saint esprit »). L’église de Riddarholmen surmonte enfin la troisième île (île des chevaliers).
Aujourd’hui, le centre de la ville s’est un peu déplacé vers le Nord, dans le quartier de Norrmalm. On retrouve dans ce dernier beaucoup de commerces (grands magasins), théâtres et cinémas, ainsi que plusieurs parcs assez agréables à traverser. C’est aussi dans ce quartier que sont situées la gare et mon auberge de jeunesse.
J’ai d’ailleurs rejoint celle-ci après une dernière balade nocturne en toute fin d’après-midi. Là-bas, j’ai pu profiter des pâtes gratuites et ai probablement2 passé la soirée dans les guides touristiques à organiser ma journée du lendemain.
Où est-il l'été ?
Tiens, v’là la pluie.
J’y avais échappé la veille, mais le mardi a été moins agréable question météo. Il faut se rendre à l’évidence, c’est l’automne depuis un mois déjà. De toute manière, j’avais prévu des visites en intérieur.
Mardi martin, je suis parti sur Kungsholmen (l’île du roi) visiter l’hôtel de ville (le bâtiment rouge au clocher bleu que l’on aperçoit sur la photo précédente, et mieux sur la suivante).
D’inspiration italienne, l’édifice a été conçu par Ragnar Östberg et construit dans les années 1910. Cet hôtel de ville est internationalement connu pour accueillir tous les 10 décembre le banquet de la cérémonie des prix Nobel. La majeure partie est ouverte au public, mais les intérieurs ne se font qu’en visite guidée. J’ai pris part à l’une d’entre-elles en fin de matinée. Il est aussi possible de grimper au clocher, mais je n’en aurai pas eu l’occasion lors de ce voyage.
Depuis la cour, on profite d’une belle vue (même par temps pluvieux) sur le reste de la ville.
J’ai ensuite repris ma route vers la vieille-ville, afin de trouver un petit restaurant pour fêter dignement mon anniversaire. Je crois que c’était la première fois que je mangeais seul dans un restaurant, ça a son charme aussi.
Une fois repu, j’ai continué mon chemin vers l’île de Djurgården (« jardin des animaux »).
Une promenade d’une quarantaine de minutes sous la pluie, pour rejoindre le musée Vasa.
Djurgården fait en effet partie de ces îles qui peuvent nécessiter un « petit » détour pour être rejointes.
Le musée Vasa est consacré au bateau du même nom, qui a longtemps reposé au fond de la Baltique avant d’être renfloué en 1961.
En effet, construit comme navire de guerre au XVIIème siècle, il n’aura jamais été plus loin que la sortie du port de Stockholm lors de son voyage inaugural en 1628 : probablement trop étroit, il n’aurait pas résisté au vent et a chaviré au bout de quelques centaines de mètres.
Il aura fallu plus de trois siècles pour le sortir de l’eau, mais le trois-mâts était miraculeusement bien conservé et accompagné de nombreux accessoires (canons, sculptures en bois telles que des figures de proue, cloche de plongée1, etc.).
Après presque trente ans de restauration, le Vasa fut placé dans un musée et rendu accessible au public.
Le bateau en lui-même ne se visite pas (on ne rentre pas à l’intérieur), mais on peut en faire le tour depuis l’extérieur et l’observer sous toutes ses facettes, admirer ses sculptures peintes.
Des salles sont aussi reconstituées dans l’enceinte du musée pour se rendre compte des dimensions des aménagements intérieurs.
Le soir, je suis retourné à l’auberge, où j’ai pu me joindre à un groupe qui se dirigeait vers le bar. Une ou deux bières plus tard, vanné par ma journée, je retrouvais mon lit.
Héro des temps moderne
Le mercredi fut un peu plus clément question météo, mais ce n’était pas l’extase non plus. Ayant apprécié le quartier d’Östermalm et la promenade de la veille le long du port pour rejoindre Djurgården, je décidai d’y retourner par meilleur temps et de plus m’y attarder.
En début d’après-midi, j’ai visité le musée Nobel. Je vous en parlais plus tôt, c’est un musée située en vieille-ville, sur la grand place. Je pensais à l’origine trouver un musée dédié à la vie et l’œuvre d’Alfred Nobel. Génial, j’allais pouvoir recaser ce que j’avais appris dans mon livre de suédois !
Mais il n’en était rien, ou si peu. Le musée est plutôt consacré aux lauréats des différents prix Nobel, évoquant donc entre-autres l’inventeur de la dynamite, mais aussi d’autres grands noms comme Nelson Mandela, Ivan Pavlov ou Marie Skłodowska-Curie.
Une exposition temporaire permettait à chacun de s’exprimer en épinglant les noms de ceux et celles à qui on verrait bien décerner un prix Nobel de la paix. C’est là que j’ai pu faire la connaissance du message d’un de mes compatriotes, dédié à Edward Snowden.
En sortant du musée, j’ai effectué un dernier tour de Gamla stan, avant de repasser à l’auberge prendre mes affaires puis de me rendre à la gare routière pour prendre le bus retour.
Quelques heures plus tard, j’étais à nouveau dans ma chambre de Linköping. La tête pleine de souvenirs, et déjà l’envie d’y retourner.
Merci d’être parvenus à la fin de ce second billet. Dans le suivant, j’aborderai l’hiver suédois. Vaste sujet, avec sa neige, ses problématiques et ses coutumes.