bilan des 4 premières pages de la discussion
Salut !
Après avoir posté cette réponse je me suis mis à réfléchir deux minutes sur le fait que le militantisme soit devenu systématique de nos jours. En effet, il n’existe aucun sujet de société sur lequel il n’y ait pas de mouvements militants. Pire, quel que soit le sujet, ce sont d’abord et surtout les militants de tous bords que l’on entend dans le débat public. Et pour être tout à fait honnête, je trouve cela à la fois absurde et contre-productif.
Déjà, parce qu’étymologiquement parlant, militer et débattre sont deux antonymes.
Le premier est synonyme de « combattre » : il ne m’est pratiquement jamais arrivé de me battre dans la vie, mais ce qui est sûr c’est que si/quand ça arrive, mon but est de gagner, à tout prix. Au contraire, de mon point de vue, un débat a pour vocation de s’expliquer, raisonner, réfléchir, et d’aboutir à des compromis, une compréhension mutuelle, de manière à ce que la société, dans son ensemble, puisse avancer dans une direction saine, pour le bien de tous. Bref, quand on milite, on ne débat pas : on combat, et je ne vois aucun sujet de société, de nos jours, qui mérite d’en arriver là.
Pire encore, la plupart des grandes causes sur lesquelles on entend des militants aspirent à changer une mentalité établie, qu’il s’agisse d’écologie, de féminisme, de mouvements LGBT… ou même de mouvements politiques. Or, généralement, les positions des militants vont à l’encontre de ce changement de mentalité, en excluant tout ce qui ne va pas dans leur sens. Par exemple, une phrase que j’ai beaucoup entendu dire par des militantes féministes est « on n’est pas là pour faire ton éducation ». Il est légitime de se demander pour quoi elles sont là, dans ce cas, et ce qu’elles espèrent obtenir de cette façon, si ce n’est polariser le débat et exacerber des tensions sociales ?
Attention, je cite ici les féministes en exemple, et on me répondra d’ailleurs que ce sont « les extrémistes » qui se comportent de cette façon, mais on peut relever ce genre d’absurdité dans tous les milieux militants, et surtout, cela lève une première question : où faut-il situer la limite entre « militantisme » et « extrémisme » ?
Personnellement, je n’ai pas de réponse à cette question, ou plutôt, la limite est tellement floue à mes yeux que j’en viens à me demander si elle existe réellement, mais je suis ouvert au débat. C’est d’ailleurs pour ça que je crée ce sujet.
Je me suis ensuite demandé pourquoi. Comment on en est arrivé là ?
Une explication possible serait que par le passé, de nombreuses avancées sociales majeures ont été le résultat de confrontations violentes. Qu’il s’agisse des droits civiques des afro-américains dans les années 60, du droit de vote des femmes, ou encore plus loin dans le passé, de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il est donc relativement facile de se dire que l’on ne peut pas changer la société autrement qu’en passant par une forme ou une autre de violence, ou du moins que c’est connu pour marcher. Certes, mais il s’agissait alors de se battre pour faire reconnaître un état de fait qui n’était pas communément admis dans la société : les Noirs sont autant des humains que les Blancs, les femmes sont aussi capables que les hommes d’avoir des idées politiques pertinentes, tout être humain a droit au bonheur et est libre d’exprimer ses opinions… Est-ce réellement le cas en ce qui concerne les causes militantes de nos jours ? Je ne le crois pas. Peut-être est-ce parce que je suis naïf, mais je ne crois pas qu’il existe de nos jours une majorité de gens qui refusent d’admettre objectivement que les hommes et les femmes sont égaux, que les LGBT et les Noirs soient aussi humains que les autres, ou que l’on n’a qu’une seule planète et qu’il serait temps de s’inquiéter de ne pas la détruire.
Au contraire, il me semble que les enjeux de ces grandes causes visent plus à corriger une mentalité qui transparaît dans des habitudes et des coutumes bien établies, et je me demande comment on peut encore croire que le fait d’attaquer les gens de front (c’est un combat, une lutte, non ?) ou les faire culpabiliser a la moindre chance de les faire bouger dans le sens voulu.
Cela dit, je suis conscient que ma vision est partiale. Je m’en remets donc à vous.
Est-ce que le militantisme a réellement du sens de nos jours ? Est-ce que vous croyez que ce soit efficace, sinon nécessaire, pour une cause ou une autre d’être portée par des groupes de militants pour qu’il se passe quelque chose ? Est-ce qu’on ne pourrait pas imaginer un débat public plus sain que des affrontements stériles entre gens qui ne s’écoutent même plus les uns les autres ?