Par rapport à l'Italie et aux renseignements, je ne connais pas trop la situation, mais ne penses-tu peux pas que cela peut être lié aussi à la faible prise de position à l'internationale de l'Itale ?
Pas vraiment. On en parle moins, mais l'Italie a un poids considérable et agit énormément dans sa sphère d'influence (Afrique du nord, en Orient). Elle agit cependant plus discrètement que la France et l'Allemagne, y compris sur le dossier iranien. Elle a d'ailleurs favorablement influé sur la compréhension par les Iraniens des "exigences européennes/internationales" même si elle a quelque peu échoué en essayant de convaincre Israel que le rapport a changé depuis que l'arrivée au pouvoir du nouveau Président en Iran qui arrive quand même à tirer son épingle du jeu par rapport au chef spirituel.
en Pologne les services de renseignement sont faibles, technologiquement, en savoir faire et en moyen, en comparaison avec les grandes puissances (disons celles du Conseil de Sécurité de l'ONU). Dès lors, il serait bien plus facile de réaliser des attentats en Pologne. Cependant, cela n'arrive pas, et ceux, malgré une certaine islamophobie clairement visible qui grandit et pourrait attirer les foudres de certains islamistes radicaux.
J'ai eu vent de projets d'attentat (mais sans confirmation) déjoué, mais ce n'était probablement que des rumeurs (et il se peut aussi que j'ai mal compris ) C'était pas la Pologne. Il ne faut pas oublier que l'information circule désormais en Europe (pas encore optimal mais c'est mieux que rien), l'état des renseignements en Belgique n'est guère mieux qu'en Pologne (je pense, mais c'est pas fameux fameux chez nous) et on a quand même réussi à déjouer des attentats. On parle de plus en plus d'améliorer encore l'échange de données, même si une agence de renseignement européenne est hors de propos pour la plupart des Etats (souveraineté nationale, etc.), il s'agit surtout d'ouvrir des canaux spéciaux pour les échanges en matière de terrorisme.
J'analyse cette absence plutôt par l'absence de position sur le plan international dans les divers conflits au Moyen-Orient ou Afrique du Nord. Probablement également par l'Histoire non-coloniale du pays.
Je pense que tu es plutôt dans le bon, je connais peu la politique extérieure polonaise mais je sais que, même si les regards sont fortement tournés vers l'Ukraine, ils gardent un oeil sur le flux de données en provenance de Méditerranée, surtout sur le dossier des migrants et les implications éventuelles.
Qu'en est-il de l'Italie ? Parce que peut être que la presse française n'a pas fait le relais des positions italiennes mais il me semble qu'elles sont bien moins marquées. Pas sur dès lors que la justification, sans analyse des sources, soit des plus pertinentes :
Officiellement, l'Italie suit le dossier et soutient la position française. Mais comme dit précédemment, ce n'est pas devant les caméras que les discussions évoluent, mais une fois dans la discrétion d'un bureau et là, l'Italie est assez active. Puis, grâce à Mogherini, elle est aussi indirectement active au niveau européen. D'une manière générale, il n'est pas dans la mentalité du gouvernement italien de s'exprimer publiquement, ils préfèrent les canaux officieux, discrets.
Pour avoir parlé avec des (amis) hauts gradés des différents corps et comparer avec ce qui se fait chez nous en Belgique, ça circule bien (bien mieux par exemple que lorsqu'on avait une gendarmerie en Belgique), les bases de données sont communes et l'accès aux données de l'AISI/AISE est facilités par des juges anti-terroristes qui disposent d'une certaine autonomie. Le fait est que - même si la presse française (ou belge d'ailleurs) en parlent peu - ils sont très actifs et tendent en effet à agir derrière le rideau notamment pour former un gouvernement central en Libye, sur les personnes en provenance/partance des territoires à risque (Libye, Syrie,…). Fondamentalement, ils ont conscience que la rhétorique d'EI a une part de "sincérité" : ils se prennent pour des croisés, et Rome est une cible idéale. Ils ont aussi conscience des forces et faiblesses du système sécuritaire italien (ce qui est important quand on affronte un ennemi peu identifiable) et - à vos dépens et ceux des britanniques pour Londres - ont appris ce qu'il se passait quand on perdait de vue certaines personnes. Ils ont eu, entre guillemets, le temps de constituer un réseau centralisé. Ils s'appuient par ailleurs sur l'expérience sur la lutte anti-mafia qui - bien que différente dans ses objectifs - se présente de la même manière (identification peu aisée, etc.).
De plus, en Italie, la surveillance est assez importante bien que discrète et contrôlée depuis certaines dérives. Ça aide. Bref, à cause des intérêts italiens en Libye et dans d'autres pays (Liban, etc.), à cause du fait que ces régions sont dans sa sphère d'influence, de ce qui s'est passé à Londres, à Madrid, Paris, Verviers/Bruxelles, et de nombreux attentats déjoués en Allemagne, ils savent que ça ne tardera pas (et ça a déjà commencé, puisque des projets d'attentat ont été déjoué depuis 2001, grâce aux renseignements français aussi par ailleurs), on ne peut pas tout déjouer et vu ce qui se passe en Libye, si l'Italie n'a pour l'instant fait de requête qu'auprès de l'ONU, bloqué par la Russie), ils savent qu'ils ne peuvent juste pas permettre qu'EI prenne le contrôle de la Libye et que cela passe par des interventions clandestines (ce qu'ils font avec d'autres pays dont la France, sans que les médias en aient conscience) et par la formation et la solidification d'un appareil étatique qui n'a pas été mis en place après l'intervention en 2011. Quitte à intervenir en dernier recours, même de manière isolée, si les intérêts sont en danger (mais je n'y crois pas, faudrait vraiment y aller, ça servirait de plus la propagande d'EI, il serait difficile d'identifier les milices alliées ou ennemies et, si les italiens ont les moyens militaires d'organiser des frappes et une opération au sol, ils n'apprécient pas trop intervenir sans mandat ONU/OTAN).
Il y a déjà eu un attentat au consulat italien y a pas si longtemps et plus récemment ils ont arrêtés deux sympathisants à EI (un Pakistanais et un Tunisien), ils savent ce que cela implique et ne sous-évaluent pas la menace.
Ouais, on aurait pu éviter au moins que ça prenne cette ampleur. :/
De plus, à ma connaissance, de nombreux attentats ont aussi été déjoués par la France. Ce qui serait intéressant d'analyse c'est également les motivations, l'intensité du symbole visé, tout autant que les nombres.
Bien sûr, la France est une cible inhérente à son passé, ses valeurs (même si, ça diminue parfois/souvent/à vous de juger) et sa politique interventionniste mais l'Italie est aussi le berceau européen de la chrétienneté, est assez interventionniste depuis 2003 (Irak, A-stan, Liban, Libye, Somalie, etc.) comme la France et, comme la France, a une image et un rôle au Moyen-Orient, en Afrique (Centrafrique, Somalie, Ethiopie, etc.). Globalement, les raisons d'attaquer la France ou l'Italie sont les mêmes vu que ce sont deux pays européens dont la politique étrangère est assez commune et on retrouve d'ailleurs la France et l'Italie dans les mêmes zones de conflit (Centrafrique, Liban, mission antipiraterie en Somalie ou A-stan pour ne citer que ceux-là).
Et heureusement, btw, que la France a quand même une grande efficacité en matière de surveillance. Je n'en attends pas moins. Mais comme les évènements récents le montrent, ça ne marche pas tout le temps et il en sera de même pour l'Italie et le reste de l'Europe. On ne peut que se préparer au mieux, améliorer nos échanges et anticiper tout risque.
On sait tous que la majorité des attentats en Europe sont majoritairement des attentats d'indépendentistes, mais entre faire sauter une maison au Pays-Basque pour revendiquer l'indépendance de cette région et une attaque à la bombe ou fusillade au Parlement par exemple, il y a une différence de symbole et « d'intensité » non-négligeable.
Bien sûr, mais la grosse majorité des attentats ou des tentatives est en train de tourner malheureusement. Le motif "religieux", culturel ou ethnique gagne en importance. Suffit de voir la fusillade au Musée Juif de Bruxelles par exemple, les attentats déjoués en France ces 5 dernières années. C'est un point où les médias n'exagèrent pas vraiment, les volontés indépendantistes, bien que présente, diminuent en intensité, en symbolique comparé au terrorisme actuel.
PS : J'ai mal aux doigts, je poste plus !
PPS : après, on s'éloigne légèrement du sujet et papoter de renseignement et terrorisme en public ne me plait pas spécialement, même s'il n'y a rien de "confidentiel" dans mes propos ici.