@Renault : Moi j’appelle notre système une oligarchie. À partir du moment où tu élis des représentants, ceux-là font déjà partie d’une caste particulière, ils ne représentent plus le peuple.
Tu trouves que Poutou et Fillon ont grand chose en commun ?
Rien n’empêche d’élire de simple citoyens pour nous représenter, d’ailleurs énormément de maires de communes ou de députés ne sont pas des politiques de professions. Les conseils municipaux sont très diversifiés.
Athènes a donné le pouvoir le peuple. Ce n’est pas sa définition de démocratie qu’il faut attaquer mais sa définition de peuple. Les esclaves n’étaient pas citoyens, inutile de les compter dans les 2/3. Par contre, il faudrait que je vérifie le statut des femmes.
Cela pose un soucis malgré tout, car une petite partie de la population pouvait gérer la cité pour tout le monde, même ceux qui vivaient sur place n’avait pas forcément leur mot à dire.
Le système de la démocratie grecque était un réel système démocratique, ou plutôt l’aurait été si il avait accepté toute la population comme citoyens. Il n’y a pas d’idéalisation : en faisant un tirage aléatoire suffisamment grand, on obtient un échantillon représentatif. Après, la méthode de débat aux assemblées peut être discutée : est-ce qu’un vote majoritaire est démocratique dans le sens moderne du terme, qui est de respecter les minorités ?
Il y a un problème d’échelle que justement le modèle grec a contourné.
Déjà, avec des esclaves et des femmes à la maison qui n’intervenaient pas, cela signifiait que le citoyen avait beaucoup de temps à consacrer à la politique. Sans femmes ou esclaves, comment tu gères chez toi ? Qui fait la cuisine, le ménage, l’entretien, s’occupe des gosses pendant que tu planches sur la société ?
Bon, après, allons plus loin, l’État grec de l’époque n’a pas grand chose à voir avec les États européens modernes. L’État traite bien plus de sujets qu’avant, que ce soit la sécurité sociale, la diplomatie internationale plus vaste et complexe qu’à l’époque, l’État règlemente et contrôle des tas de choses que la Grèce ne connaissait pas à l’époque (ou ne faisait pas, car l’État restait peu interventionniste, que ce soit la règlementation du travail, de l’environnement, de la sécurité).
Comment veux-tu faire ça avec un tirage au sort proprement ? Je passe beaucoup de temps à m’informer, à étudier la science et le numérique mais j’ai des loisirs aussi. Je sais que je suis totalement incompétent pour pas mal de sujets. Je n’ose imaginer pour l’ensemble de la population. Déjà que la population râle d’aller voter le dimanche car c’est chiant, je n’ose imaginer si elle devait y consacrer 40h/semaine pour juste suivre les dossiers. Cela me ferait chier aussi, j’élis des représentants pour m’octroyer plus de temps libre et discuter avec des experts sur les sujets dont je m’estime vraiment mauvais (et il y en a pas mal).
Et le problème que cela pose est le suivant : de nombreux métiers ne pourront être représentés correctement car cela pourrait être un frein pour une carrière (et oui, 2 ans à faire autre chose que ton boulot ça peut de freiner), certains cela pourrait mettre un terme à l’entreprise qu’ils font vivre (en particulier les TPE). Comment tu règles ça ? Soit tu admets qu’il faut emmerder les gens, voire gâcher leur vie pour qu’ils participent à l’État, soit tu laisses des voies de sorties mais tu auras un biais de représentation très ciblé.
Puis on oublie le risque de discrimination. Tu penses bien que dans ce cas il sera facile de voir quel citoyen a voté / proposé / discuté telles ou telles lois. Déjà que les syndicalistes / syndiqués souffrent d’un soucis de discrimination, tu ne crois pas que ces citoyens vont en subir aussi ? Que ce soit vis à vis des autres citoyens comme pour trouver un travail. Jusqu’ici, tous les partisans que j’ai croisé d’une démocratie directe mettent sous le tapis ces problématiques.
On peut faire mieux avec notre système hein, mais il ne faut pas occulter les défauts du tirage au sort non plus.