Conclusion
" NEWTON Qui genus humanum ingenio superavit "
(Newton, dont le génie a surpassé le genre humain)
Socle de la statue de Newton au Trinity College
En ce 4 avril 1727, la foule se presse à l'abbaye de Westminster (Londres). Parmi elle, on peut reconnaître Edmond Halley et Voltaire. Il faut dire que l'événement est de taille : l'homme qu'on y enterre, à côté des plus grands du Royaume, est connu à travers toute l'Europe, et les Lords anglais se bousculent pour avoir l'honneur de porter son cercueil. Voltaire dira que "ses funérailles valent, par la pompe et les honneurs, celles d'un roi"1.
Cet homme, vous l'aurez compris, c'est Isaac Newton. Il laisse un héritage exceptionnel à l'humanité : un monument scientifique, une oeuvre insurpassable.
Mais, nous l'avons vu, cette oeuvre est très difficile à lire, car utilisant un outil (la synthèse géométrique) que peu de personnes en cette fin de XVIIème siècle arrivent à utiliser. Il est d'ailleurs admirable que Newton soit parvenu à ériger ce monument qu'est la mécanique classique à l'aide de "cet outil si pesant", comme le note le savant anglais William Whewell en 1837 :
"Depuis, cet outil si pesant qu'est la synthèse, si efficace dans les mains de Newton, n'est plus utilisé par personne à de telles fins ; et nous le regardons avec une curiosité admirative, telle une énorme arme de guerre qui gît abandonnée au milieu des vestiges antiques, et qui nous oblige à nous demander quel genre d'homme était celui qui pouvait brandir une telle arme, que nous pouvons à peine soulever."
Mais une autre révolution est en marche, en ce XVIIème siècle : celle des mathématiques, avec l'invention du calcul différentiel et intégral. Révolution à laquelle d'ailleurs le nom de Newton est aussi rattaché. La réunion de ces deux révolutions donnera la mécanique analytique, inventée par Joseph-Louis Lagrange (1736-1813), qui se vantera d'ailleurs "qu'on ne trouvera point de figures géométriques dans son ouvrage".
On a déjà plusieurs Traités de Méchanique, mais le plan de celui-ci est entièrement neuf. Je me suis proposé de réduire la théorie de cette Science, et l'art de résoudre les problèmes qui s'y rapportent, à des formules générales, dont le simple développement donne toutes les équations nécessaires pour la solution de chaque problème. J'espère que la manière dont j'ai tâché de remplir cet objet ne laissera rien à désirer. […]
On ne trouvera point de Figures dans cet ouvrage. Les méthodes que j'y expose ne demandent ni constructions, ni raisonnements géométriques ou méchaniques, mais seulement des opérations algébriques, assujetties à une marche régulière et uniforme. Ceux qui aiment l'Analyse verront avec plaisir la Méchanique en devenir une nouvelle branche, et me sauront gré d'en avoir étendu ainsi le domaine.
Joseph-Louis Lagrange, Méchanique Analitique, 1788
En espérant pouvoir un jour vous raconter cette histoire…
En attendant,
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Peut-être agacé par tant d'admiration, le marquis de l'Hôpital a quant à lui eu cette phrase : "Il mange, boit et dort ? Est-il donc comme les autres hommes ?" ↩