Bien le bonjour, amis du Zeste !
Cette fois-ci, nous faisons la rencontre d’un programmeur polyglotte avec qui nous parlerons de langues étrangères, j’ai nommé : @informaticienzero !
Je tiens à remercier @qwerty pour son aide lors de la préparation de l’interview.
- Qui es-tu donc et que fais-tu ?
- Quel est ton parcours linguistique ?
- Si tu parlais à informaticienzero plus jeune de 10 ans, que lui dirais-tu ?
- Les langues te sont-elles utiles à des fins professionnelles ?
- Apprendre les langues, qu’est-ce que ça te fait ressentir ?
- As-tu une langue préférée ? Pourquoi ?
- Y a-t-il une langue que tu n’aimes pas particulièrement ?
- Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent apprendre une langue ?
- D’où vient ton avatar de chat ?
- Un mot de la fin ?
Qui es-tu donc et que fais-tu ?
Je suis un jeune Français de 23 ans, développeur de profession. Je travaille pour une petite société de service, donc je suis amené à toucher à plein de technologies et de langages différents. Mon travail n’a rien de particulier, sortant de l’ordinaire. Je suis un développeur comme on en croise plein.
Sinon j’aime aussi dessiner, lire, la randonnée en montagne, tout ce qui touche aux infrastructures, transports et autres (je n’ai que trop joué à Sim City et Cities Skylines). Et surtout, j’aime apprendre et pratiquer des langues étrangères.
Quel est ton parcours linguistique ?
L’anglais a été la première langue, comme pour beaucoup d’élèves français, j’imagine. J’ai eu des profs très gentils, passionnés et motivants, ils m’ont donné envie de pratiquer de mon côté, de ne pas me contenter de ce que je voyais en cours. En plus, la série The Clone Wars a commencé à ce moment-là. Étant un grand fan de Star Wars, je ne voulais pas attendre la diffusion officielle sur les chaînes françaises, donc j’ai cherché à les regarder en VO1. Je me souviens que je me faisais même des fiches résumées après chaque épisode avec des expressions que j’avais retenues / envie d’apprendre.
Ensuite il y a eu l’espagnol, en LV2. J’ai là aussi eu la chance d’avoir une excellente prof, qui faisait des cours vivants, sur des thèmes variés, avec de l’écoute, de la prononciation. Les cours étaient loin d’être ennuyants, bien au contraire.
Après, on passe au russe. Il s’agit de la première langue que j’ai choisi d’apprendre par moi-même. Je ne me souviens plus d’où est venue cette passion. Peut-être que j’ai entendu parler russe quelque part, dans un film ou dans la rue. Le fait est que je suis tombé amoureux de cette langue ! Et cet amour ne m’a jamais quitté depuis. En plus, cette langue m’a ouvert les portes sur de nombreuses amitiés avec des gens venant de pays tels que la Moldavie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, où le russe reste la lingua franca malgré la chute de l’Union soviétique.
Continuons et franchissons le Prout pour passer en Roumanie, pays dont la langue officielle est la quatrième de ma liste. Une langue que j’ai du mal à parler dans sa forme standard, « de Bucarest », car j’ai appris le moldave, qui est un roumain teinté de mots locaux et/ou russes, le tout servi avec un fort accent. Le moldave est la langue maternelle de ma femme. Même si nous communiquons majoritairement en français, j’ai voulu l’apprendre pour mieux comprendre ses origines, sa culture, son pays. Et ça a l’avantage que je me sens moins largué quand on est avec des Moldaves.
Enfin, à l’heure où je vous parle, la plus grosse partie de mes efforts se porte sur l’allemand. J’aurais pu choisir cette langue au collège, en LV2, mais pour une raison inconnue, c’était dès la cinquième contre la quatrième pour l’espagnol. Par pure fainéantise, j’ai laissé la langue de Goethe de côté. Puis un jour, je me suis dit « Pourquoi tout le monde dit que l’allemand est une langue difficile à apprendre et moche ? » Je me devais de vérifier.
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Bien sûr, pas très légal, mais ne jetez pas la pierre à ce pauvre enfant de 12 ans.
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Si tu parlais à informaticienzero plus jeune de 10 ans, que lui dirais-tu ?
Je lui dirais de ne pas abandonner quand tu n’aimes pas ton prof et de continuer tes efforts de ton côté, avec du contenu qui te plait. Avec le recul, je me rends compte que, beaucoup trop de fois, juste parce que je ne m’entendais pas avec le prof ou n’aimais pas sa façon d’enseigner, je ne faisais plus rien, des fois pas même le strict minimum. Et ce pas uniquement en langues, mais dans plein de matières.
J’insisterais sur le fait que le plus important est de pratiquer et je lui retirerai les bouquins qu’il lisait sans jamais parler. À quoi bon lire les règles de déclinaisons du russe si tu ne pratiques jamais ? De toute façon, tu ne les retiens pas !
Ah, dernière chose, je lui dirais que plein de sites gèrent très bien l’UTF-8 et que rien ne t’empêche de t’appeler informaticienzéro.
Les langues te sont-elles utiles à des fins professionnelles ?
Non malheureusement. À l’exception de l’anglais qui est la langue de l’informatique, je n’ai jamais pu en utiliser une seule. J’aurais bien voulu, mais l’occasion ne s’est encore jamais présentée.
Après le challenge est différent s’il s’agit simplement de mettre à l’aise un client en parlant dans sa langue, ou bien de négocier un contrat avec.
Apprendre les langues, qu’est-ce que ça te fait ressentir ?
Déjà le fait de s’ouvrir à d’autres cultures, habitudes, mentalités, ça fait sortir de son cocon, de son schéma habituel de pensée. Exemple : alors que nous autres Français avons la manie de tourner autour du pot, d’être diplomates, de prendre des gants1, les russophones sont beaucoup plus directs. Ça ne veut pas dire qu’ils sont grossiers ou désagréables, mais simplement qu’ils vont dire les choses. Cette mentalité a transpiré sur moi, j’ai remarqué que je suis plus direct qu’avant.
En plus, c’est toujours merveilleux de voir quelqu’un s’écrier : « Mais, tu parles ma langue ? » Des gens qui parfois sont distants quand on parle français décrochent un grand sourire et commencent à converser avec toi dès que tu parles leur langue. D’un coup, cet inconnu l’est beaucoup moins, ça rapproche. D’ailleurs, c’est en parlant des langues étrangères que je me suis créé certaines de mes plus belles amitiés.
Et puis apprendre une langue est aussi satisfaisant sur le plan intellectuel. Se dire qu’on y arrive, qu’on surmonte les difficultés, les règles de grammaire, apprendre à prononcer de nouveaux sons. C’est comme pour beaucoup de domaines, apprendre nous fait grandir.
Enfin, je dirais que parler des langues étrangères renforce la confiance en soi, nourrit l’ego. C’est très important de se lancer, de pratiquer, de faire des fautes. C’est comme ça qu’on apprend. Et plus on a cette habitude, moins on se juge, moins on se retient, plus on se sent libre. On arrive à parler plus facilement avec des inconnus, on se complexe moins. C’est un très bon exercice, surtout pour des introvertis ou des timides, parce que les gens sont très souvent bienveillants et heureux d’aider à pratiquer.
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Littéralement, en cette période de pandémie.
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As-tu une langue préférée ? Pourquoi ?
Je pense ne surprendre personne si je dis le russe. Les Slaves sont des gens très gentils, humbles, restant souvent positifs face aux difficultés. Ils ont un mode de vie et des habitudes plus simples que chez nous pour la plupart (bien que dans les capitales et les grandes villes ça soit moins le cas). Tout ça rend le russe précieux, car, au-delà de la langue, c’est tout un tas d’amitiés, de rencontres, d’aventures que j’ai pu vivre et connaître.
Ça peut sembler bête à entendre, car une langue n’est qu’un simple moyen de communication, mais pour moi l’affectif joue beaucoup. Des expériences positives font influencer en bien les sentiments que j’ai pour telle ou telle langue.
En fait, si je ne devais plus parler qu’une seule langue étrangère (en dehors de l’anglais, j’ai besoin de comprendre StackOverflow), si je devais apprendre une seule langue de la façon la plus avancée et complète que je peux, ce serait le russe.
Y a-t-il une langue que tu n’aimes pas particulièrement ?
Hum… Il y a des langues qui ont des sonorités qui me plaisent moins, ou bien qui ne m’intéressent pas, mais je ne peux pas dire que je ne les aime pas, puisque je n’ai jamais essayé de les apprendre.
Comme je disais, l’aspect émotionnel joue chez moi. Peut-être qu’une de ces langues, qui me laisse indifférent aujourd’hui, va subitement me plaire et je me mettrais à l’étudier. C’est le cas du roumain par exemple. Mais comme je ne suis nullement forcé d’apprendre tel ou tel idiome, pour l’instant je n’ai pas rencontré ce problème.
Si un jour je dois par contre apprendre une langue alors qu’elle ne m’intéresse pas, mais dans un cadre forcé (professionnel par exemple), je serais sans doute moins à même d’en chanter les louanges.
Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent apprendre une langue ?
D’abord, de ne jamais se décourager. Apprendre une langue, c’est long, parfois ingrat, parfois fatigant, mais ça en vaut toujours la peine. Rappelez-vous toujours des raisons pour lesquelles vous avez voulu apprendre tel ou tel langage. Pensez à tous les amis que vous pourrez vous faire, les pays que vous pourrez visiter, les conversations enrichissantes que vous pourrez mener.
Ensuite, pratiquez, pratiquez, pratiquez. C’est le seul moyen d’apprendre. Enchainer les livres de grammaire ou les tutoriels sur YouTube c’est bien, ça donne l’impression de progresser, de travailler ses compétences, ça peut même aider, mais le plus important reste la pratique. C’est le seul moyen de fixer les connaissances dans la mémoire.
On vit dans une époque où le bruit et le divertissement sont omniprésents. Il est facile de tomber dans le piège de penser qu’on apprend en multipliant les livres, les cours, les tutoriels. La vérité c’est qu’apprendre une langue demande de la pratiquer, en parlant, avec de l’écoute active, en se jetant à l’eau, en faisant des fautes. Ça demande du courage, ce n’est pas forcément le conseil qu’on a envie d’entendre quand on est timide, ou fatigué, ou peu motivé, mais c’est pourtant le meilleur.
Enfin, prenez-y du plaisir. Si vous décidez d’apprendre une langue volontairement, sans y être contraint, il faut que ce soit un objectif qui vous tienne à cœur. Sinon on abandonne rapidement, ou bien on se force et on risque de se dégoûter. Ce serait dommage. On apprend bien mieux en s’amusant.
Pour d’autres conseils et astuces, je vous invite à lire ce billet écrit par d’autres polyglottes et passionnés.
D’où vient ton avatar de chat ?
Il s’agit du chat de mon frère. Un chat très gentil, très câlin, qui ne mord pas et ne griffe pas. Je voulais un avatar sympa, agréable à regarder, mignon même.
Un mot de la fin ?
Je ne sais pas qui est l’auteur originel de cette maxime, mais elle résume très bien l’apprentissage des langues.
Dans un voyage, ce n’est pas la destination qui compte, mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout.
Merci beaucoup à informaticienzero pour avoir accepté de répondre à cette interview.