Alors,
Préambule
@informaticienzero et @mehdidou99 m’avaient contacté pour des questions générales relatives au droit d’auteur et à l’édition.
Comme il est relativement habituel dans le domaine (en tous cas, avec un éditeur sympa), la réponse à ce point :
En fait, à partir du moment où le contenu est toujours disponible chez nous aux mêmes conditions qu’avant (licence en particulier, ici sous copyright), pour moi le reste est un arrangement entre l’éditeur et les auteurs, dans lequel Zeste de Savoir n’a pas son mot à dire. Et ici il faut prendre « éditeur » au sens large, que ce soit un éditeur commercial ou quinze autres sites de tutoriels.
est "oui". Aucun soucis ici. Aucun "éditeur vorace" prêt à tout pour phagocyter notre travail bénévole, en soi.
Ce post est plus court que ce que j’avais prévu à l’origine, mais j’espère qu’il apportera des éléments de réponses pouvant amener à une discussion basée sur quelques options matérialisées.
Après lecture de la discussion qui s’est déroulée jusqu’ici, il y a un élément important qui est passé inaperçu.
Le partenariat qui est proposé ici est entre D-Booker et l’association. L’association n’est pas le site web zestedesavoir.com. Elle en est son éditrice, oui, mais ce n’est pas le site. Ce point, important, est à garder en tête pour la suite.
Il faut également garder en tête que, si la proposition est faite envers l’association, elle porte uniquement sur l’ouvrage des auteurs, qui sont les premiers (et seuls interlocuteurs "de valeur" pour l’éditeur).
Ce qui est proposé jusqu’ici
Ce que la proposition soulève est un partenariat où le nom de l’association apparaîtrait et qu’un versement serait effectué pour chaque livre vendu.
Stricto sensu : l’éditeur n’a aucun intérêt à faire cela (déjà que les marges sont relativement faible dans le secteur). En effet, cela ne garantit pas que l’édition d’autres tutos aura lieu (car l’association n’est pas compétente sur ce point, cela relève uniquement des auteurs en général).
Il s’agit plutôt ici d’une "mise en valeur" pour le travail accompli par les auteurs, la communauté, l’association.
Par ailleurs, elle propose que le nom de l’association soit indiqué en couverture (intérieure, 4e de couverture,…à voir). Pas le logo. Pas de mentions publicitaires qui, par le truchement de son apparition, laisserait à penser qu’il y aurait un partenariat commercial. Rien n’interdit une phrase du type "Une version entièrement gratuite existe sur zestedesavoir.com, site édité par l’association Zeste de Savoir." ou quelque chose du genre.
En ce sens, ce ne serait pas si différent de notre relation — officielle, est-il nécessaire de le rappeler ? — avec Gandi.
On pourrait organiser un événement/un concours sur le site permettant de gagner un ou deux exemplaires.
Ceci, par exemple, serait de nature à créer un partenariat commercial (ou du moins, l’apparence d’un partenariat) et c’est, je pense, l’un des éléments qui pose problème.
Donc, aller jusque-là ? Peut-être pas. Et comme indiqué par @Amaury, nous n’en avons pas le besoin.
Et le livre pourrait être présenté sur le site.
Idem. Mais en soi, rien n’empêche les auteurs de le faire.
Enfin, D-BookeR pourrait adhérer à l’asso.
Ceci, par contre, est une option intéressante et offre, à mon sens, le meilleur équilibre entre ouverture vers l’extérieur (si l’on peut le dire ainsi) et les objections soulevées ici. Elle n’est pas nécessaire au regard de l’état de l’association.
Pour répondre à @Aabu : oui, c’est possible. Sauf disposition statutaire, n’importe qui peut devenir membre d’une association loi 1901, y compris donc une société.
Cette proposition nous offre une alternative : le partenariat pourrait se limiter à une participation "gracieuse", "symbolique" à l’association avec un certain degré de liberté :
- avec/sans forcément mentionner l’association sur les ouvrages (selon, le fil de la discussion)
- avec/sans visibilité majeure (logo, etc.) sur les ouvrages
Ce qui permettrait à l’éditeur de nous "remercier" sans qu’il y ait de risque de créer la confusion d’un partenariat entre ZdS et D-Booker (si, évidemment, il apparaît — au cours de cette discussion — que c’est ce qui coince).
La question n’est donc pas de savoir si nous trahissons l’esprit de la communauté (parce que la même question pourrait dès lors se poser quant à notre partenariat avec Gandi). Comme l’a relevé @Spacefox, il ne convient donc pas de renier tout en bloc. La question est : quel genre de partenariat pourrions-nous envisager ?
Je tiens quand même à soulever — pour revenir sur le point mentionné en préambule — que l’éditrice a demandé :
Est-ce que ce serait compatible avec l’esprit de la communauté ?
De part mon expérience en matière de propriété intellectuelle (et de rédaction de contrats, etc.), je peux vous affirmer que ceci n’est pas le genre d’interrogations que se pose un éditeur "vorace". Un éditeur vorace prend tout ce qui s’offre à lui et n’hésite pas à demander la suppression de toute publication antérieure. Bien que ce soit souvent subtil, un éditeur "vorace" a tendance à être juridiquement très contraignant pour l’auteur.
Je reviens désormais à ce que je disais précédemment sur le lien entre D-Booker et les auteurs, et D-Booker vis-à-vis de l’association.
Le post de @germinolegrand énonce plusieurs points intéressants (notamment quant au fait que l’on pourrait par exemple investir les sommes ou utiliser la cotisation de D-Booker si celle-ci souhaite rejoindre l’association pour du développement et du soutien éditorial). Je ne vais pas spécialement revenir dessus mais il est effectivement important que, si accord il y a entre l’association et D-Booker, celui-ci soit formalisé par un contrat (qui n’est pas forcément exclusif).
Vis-à-vis des membres, si le membre X veut publier chez un éditeur tiers, rien ne l’empêche. Il n’y a pas forcément un lien contractuel exclusif ni de promotion de D-Booker avec les membres désirant de publier leurs tutos en livres, par l’entremise de l’association.
Bien sûr, je pourrais tout à fait me dire "Moi, je trouve que cet éditeur soutient un site que j’aime. Si je veux publier ce tuto, je vais d’abord les voir". Mais ce n’est ni obligatoire, ni suggéré. Surtout si la participation de D-Booker se révèle "discrète" (participation à l’association).
Encore une fois, l’association n’est pas le site (ensemble des membres). Elle ne comporte d’ailleurs même pas le staff, puisqu’ici aussi, les deux sont séparés : je suis validateur mais je n’ai aucun lien avec l’association.
Donc, il y a (à mon sens) pas mal de questions à se poser avant de tout rejeter en bloc. J’en cite trois, mais l’on pourrait facilement en poser d’autres :
- Si nous voulons accepter l’idée, quel genre de partenariat envisageons-nous ? Quel genre de partenariat envisage D-Booker ? La proposition citée en première page est très largement ouverte.
- Désirons-nous une contribution financière symbolique ? (que l’on mettrait de côté par exemple pour développer du soutien éditorial/remercier les membres (vous vous souvenez, le truc dont nous avons discuté pendant 15 pages… pour ne rien faire au final ?)/financer des participations à des events
- Désirons-nous une visibilité ? Oui/non ? De quel type ?
Je ne vais pas me prononcer sur ces questions. Mais nous avons le choix. Nous pouvons refuser, nous pouvons accepter. Nous pouvons simplement leur proposer de rejoindre l’association et nous soutenir de la sorte (et le jour où ils souhaiteront partir, leur droit), nous pouvons discuter pour que l’association soit mentionnée sur les ouvrage ou non, nous pouvons attendre d’en savoir plus sur ce qu’ils proposent, etc.
Mais je ne crois pas qu’il soit pertinent de tout rejeter en bloc car l’on pourrait avoir, à l’avenir, d’autres propositions du type. Et, selon l’analyse que nous en ferons, il nous sera possible de déterminer le cadre dans lequel on accepterait ou refuserait telle ou telle proposition.
En tous les cas,
- La proposition est légale et légalement envisageable ;
- Quoi qu’il arrive, elle serait limitée à l’association ;
- On a la possibilité d’exclure tout ce qui pourrait créer un partenariat "trop" commercial ou une dépendance économique (bon, visiblement, on en est loin) ;
- Au niveau de l’édition de tout nouvel ouvrage, ce sera de toute façon une discussion entre l’éditeur et l’auteur en question, l’association n’intervient pas sur ce point ;
- On semble très loin de l’attitude d’un éditeur vorace, désireux d’éditer des ouvrages "facilement" (surtout qu’il y a toujours un travail d’édition et que les marges…voilà) ;
- Tout ce que nous avons franchement à faire, c’est prendre le temps de considérer la chose, de déterminer — selon nos idées et les options qui nous sont offertes — le genre de relation que nous voulons.