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Dans ce chapitre, nous allons aborder les outils qui nous seront utile par la suite. Nous commencerons par rappeler les définitions et interprétations graphiques des conditions de continuité et dérivabilité. Puis nous donnerons une définition rigoureuse du terme « voisinage » fréquemment utilisé dans ce qui suivra.
Il est nécessaire d’insister sur l’importance de ce chapitre. Le lecteur doit bien le comprendre avant de passer à la suite, sous peine d’être perdu dans le formalisme à venir.
Pourquoi des développements limités
Avant même d’aborder le sujet, on peut se demander pourquoi lire un tel tutoriel. Que va permettre un « développement limité » ?
La continuité
Nous aurons la possibilité de définir par des voisinages la notion de continuité. Mais avant celle-là, rappelons brièvement la définition la plus courante de la continuité.
Définition
Soit une fonction numérique où est un intervalle de . Soit . On dit que est continue en si la limite :
existe, est finie et elle est alors nécessairement égale à .
Cela signifie exactement qu’il existe telle que
et où tend vers quand tend vers .
Vous connaissez certainement beaucoup de fonctions continues. En voilà une :
C’est la fameuse fonction « valeur absolue ». Cette fonction est continue partout sur (montrez-le à partir de la définition !). En particulier, elle est continue en .
Ainsi, si je prends un réel assez proche de (par exemple ) alors sera assez proche de .
Graphiquement cela se voit très bien :
En bleu nous avons la courbe représentative de et en rouge l’application identiquement nulle.
On observe que plus la distance entre et est petite, plus la distance entre et est petite. C’est ce que dit la définition.
La dérivabilité
La dérivabilité est une condition plus forte que la continuité. Cela signifie que si est dérivable en alors elle est continue en .
Plus formellement, soit avec un intervalle de .
Définition
Soit . On dit que est dérivable en si la limite
existe et est finie. On définit alors comme étant la valeur de cette limite. C’est le nombre dérivé de en .
Mais tout comme on a une autre définition de la continuité, on a en a une autre pour la dérivabilité.
Définition équivalente
est dérivable en s’il existe et tels que
avec qui tend vers quand tend vers .
En effet, si on suppose cette égalité, on a pour tout de :
mais comme tend vers quand tend vers on a bien la définition de par la limite précédente.
Réciproquement, on peut poser et la première définition nous assure que tend vers quand tend vers .
Interprétation géométrique
Graphiquement, on peut tracer l’application . C’est une droite affine de « pente » qui passe par .
Vous connaissez probablement un tas d’applications dérivables. En voilà une :
est bien dérivable en et . On a la figure suivante :
En bleu, la courbe représentative de et en rouge celle de .
La droite définie par a un nom particulier : la tangente à la courbe représentative de en . Cela signifie, qu’autour de , la courbe représentative de ressemble beaucoup (beaucoup !) à sa tangente.
En effet, regardez si je prend entre et , on a :
Il ne manque aucune courbe, c’est juste que la différence est tellement petite qu’on ne la voit pas.
C’est un fait qui n’arrivait pas toujours avec la continuité. Dans l’exemple de la valeur absolue, on verra toujours une différence entre les deux courbes, même en prenant des petits. C’est parce que la valeur absolue n’est pas dérivable en .
Et après ?
Nous avons donc vu deux méthodes d’approximation. Pourquoi essayer d’en dégager une autre ?
Regardons l’exemple suivant. On prend la fonction et on l’étudie au voisinage de . On peut tout à fait tracer la tangente en , cela donne :
On remarque que l’approximation par en n’est pas trop mauvaise mais rapidement insuffisante. Si je prends j’ai deux résultats sensiblement différents.
Maintenant, regardez si à la place de l’application je prenais , j’obtiens la chose suivante :
C’est beaucoup mieux !
Comment obtenir de telles fonctions ? Est-ce qu’on peut faire encore mieux ? Toutes ces questions auront une réponse dans la suite ce tutoriel.
Les voisinages de la droite réelle
Il sera souvent question dans ce tutoriel du voisinage d’un point . Il va s’agir d’expliquer rapidement ce qu’est un voisinage de .
Cas où
Supposons donc que soit réel.
Définition
Un voisinage de est une partie de contenant une boule ouverte centrée en , c’est-à-dire qu’il existe tel que
Exemples
Prenons les ensembles :
- ;
- ;
- ;
sont des voisinages de . Cependant, les ensembles :
- ;
- ;
- ;
ne sont pas des voisinages de .
Cas où
Définition
Un voisinage de est une partie de telle qu’il existe tel que
Je vous laisse étudier le cas où .
Exemples
L’ensemble est un voisinage de et l’ensemble est un voisinage de .
Application à la définition de la limite
À partir de cette définition des voisinages, on peut facilement formuler la définition d’une limite. Soit une application définie sur , une partie de qui contient un voisinage de chacun de ses points (on dit que c’est un ouvert).
On dit que tend vers quand tend vers si pour tout voisinage, , de il existe un voisinage, , de inclus dans tel que . En d’autres termes,
Maintenant que vous connaissez la continuité, la dérivation et les voisinages, nous pouvons commencer à construire de nouveaux objets : les développements limités.