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Terminons plus en douceur ce tutoriel avec une série de contre-exemples et exemples censés enrichir votre culture sur le sujet et vous donner une base de rédaction et de réflexion pour vos problèmes à venir.
Vous y trouverez également une série de développements très basiques et à connaître. À partir de ces derniers, comme vous le savez déjà, vous pourrez en construire bien d’autres.
- Contre-exemples et erreurs à ne pas commettre
- Développements limités de référence
- Études de cas
- Fonctions plates
Contre-exemples et erreurs à ne pas commettre
Comme nous l’avons vu précédemment, les développements limités ont des propriétés très agréables. Par exemple, les développements limités du produit, de la somme et de la composition sont respectivement les produit, somme et composition des développements limités.
Mais il y a certaines propriétés qui ne sont pas vérifiées. Par exemple, admettre un développement limité à l’ordre ne permet pas de dire que est de classe pour alors que c’est bien le cas pour ou .
Contre-exemples
Sur la relation « être négligeable devant »
n’est pas compatible avec l’addition. En effet, on a au voisinage de :
et
mais on a pas puisque ne tend pas vers en l’infini.
Un développement limité à l’ordre n’implique pas
On considère l’application au voisinage de définie par et
est bien continue en . En définissant par et
est continue en et on a
ce qui montre que admet comme développement limité à l’ordre en :
Maintenant il suffit de montrer que n’est pas dérivable en deux fois alors qu’elle y admet un développement limité à l’ordre .
On a
et donc est dérivable en et . De plus pour tout on a que est dérivable en et
Mais :
ce qui montre que n’est pas dérivable en puisque n’admet pas de limite en .
Développements limités de référence
Les développements limités qui suivent sont tous au voisinage de . Ils sont à connaître ou à savoir retrouver rapidement.
Soit et soit .
En principe, les autres développements limités usuels (fonctions hyperboliques par exemple) sont faciles à retrouver à partir de ces développements et des règles d’opérations sur les développements limités (pour former tangente par exemple).
Études de cas
Dans cette dernière partie, on va essayer d’appliquer tout ce que l’on a appris à des cas plus « concrets ».
Nous allons en aborder deux, une étude de limite et l’approximation d’un nombre.
Étude de limite
On va essayer d’établir l’existence et la valeur de la limite :
On remarque tout d’abord qu’il s’agit bien d’une forme indéterminée puisque et . On considère à partir de maintenant les limites en , ce qui permet d’alléger l’écriture.
Il va s’agir de faire un développement limité du second terme. Pour rappel
Si on ne développe qu’à l’ordre on va se retrouver à la situation suivante :
ce qui est encore une forme indéterminée puisque le numérateur et le dénominateur tendent vers .
On va donc développer à l’ordre en :
Ainsi :
Mais quand tend vers on a que tend vers et donc on peut faire un développement limité de en . Pour rappel quand est au voisinage de :
et donc au voisinage de
Ainsi,
Conclusion : on a établi que
ce qui est loin d’être évident a priori !
Approximation
On va donner une méthode d’approximation du nombre , la base du logarithme népérien. Pour cela on va utiliser l’encadrement du reste de la formule de Young-Lagrange.
On commence par développer au voisinage de à l’ordre . On a :
et on a qu’il existe entre et tel que
mais comme on a et donc finalement
ce qui très, très petit !
Pour vous donner une idée plus précise de l’ordre de grandeur de on a :
Une approximation grossière de donne . Ainsi, en développant à l’ordre on aurait un reste de moins de un millième !
Or, on peut calculer aisément :
cela donne :
et on sait que la troisième décimale est exacte.
Fonctions plates
Maintenant que vous savez faire des développements limités et que vous savez à quoi cela peut servir, on peut se poser une question simple.
Est-ce qu’un développement limité qui donne un polynôme nul à tout ordre, implique que la fonction développée est localement nulle ?
Nous allons voir qu’en analyse réelle c’est faux : il existe des fonctions dites « plates » dont le développement limité à tout ordre en un certain donne un polynôme nul sans que la fonction soit nulle localement.
Définition formelle
Soit une fonction numérique, supposée et où un voisinage de .
Définition
est dite plate si pour tout et tout suffisamment petit pour que on a :
Par exemple, le plus trivial qui existe, , la fonction identiquement nulle sur est plate.
Nous allons donner deux exemples non triviaux de telles fonctions. Le premier exemple doit vous rester à l’esprit, il est important dans d’autres problématiques en analyse.
Exemples
Premier exemple
On considère et la fonction définie par et
pour tout non nul.
Vous pouvez vérifier que est bien et que pour tout , . Ainsi, on a bien pour tout :
pour tout réel.
Cependant, remarquez que ne s’annule qu’en . En effet, pour tout non nul, ne s’annule pas.
Voici, graphiquement, à quoi cette fonction ressemble :
La dénomination « plate » devrait s’éclaircir : on a vraiment l’impression que la courbe s’aplatit sur .
Deuxième exemple
Une autre manière de faire une fonction plate est d’utiliser un objet qui n’a pas été présenté : la série de Taylor d’une fonction . Il m’est impossible de traiter de cet objet ici, cependant vous pouvez le penser comme une généralisation des développements limités à l’ordre .
Nous allons nous baser sur la fonction suivante :
qui est définie dans un voisinage de . En particulier, elle est bien définie sur .
Un simple calcul montre que pour tout et tout , :
On va considérer la « série entière » :
On dit que est simplement convergente en lorsque la suite de ses sommes partielles :
converge.
Or on peut montrer très facilement que converge simplement sur . En effet, vous connaissez sans doute la formule :
valable pour tout En particulier, on peut faire tendre vers , ce qui fait tendre vers et montre que :
pour tout .
Maintenant on peut se demander ce qui se passe en dehors de .
Par des outils d’analyse des séries numériques, vous pourriez montrer assez facilement que diverge très vite pour tel que . En effet, remarquez que ne tend pas vers quand tend vers . Cela empêche la suite des sommes partielles de converger !
Et pourtant, est bien définie pour . On arrive donc à une bifurcation : la série n’a plus de valeur finie pour et pourtant est bien définie pour et .
On peut regarder graphiquement ce qu’il se passe. Bien évidemment, je ne peux pas calculer pour . Je vais donc tricher un peu et considérer l’application :
et je prends .
Je trace en bleu l’application sur (une asymptote verticale bleue apparaîtra en ) et en rouge sur .
J’observe la chose suivante :
On se rend bien compte que est plate dans un voisinage de mais « explose » (elle part à l’infini) dès que .
Ce tutoriel se termine. Pour consolider votre apprentissage, n’hésitez pas à reprendre les exercices ci-dessus sans correction et à reconstruire la réflexion. Pensez également à prendre soin de la rédaction.
Vous avez appris de nombreuses choses, profitez-en :-)