Juste avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais vous donner les données du problème et un résultat d’analyse.
Puis, nous allons établir la méthode de Newton, nous en étudierons ensuite les différents comportements en variant progressivement les hypothèses auxquelles on soumet la fonction, , étudiée.
Les hypothèses et le cadre utilisé
Théorème d’inversion locale
Nous allons utiliser un théorème très fort d’analyse : le théorème d’inversion locale. L’énoncé général a un sens dans mais nous nous limiterons au cas qui correspond au contexte utilisé jusqu’alors. Je vais donner ici la forme utilisée de ce théorème, mais pour les plus curieux de nombreuses ressources existent à ce sujet (nécessitant la plupart du temps des notions de calcul différentiel).
Donnons-nous une fonction d’un voisinage, , de . On va supposer que est dérivable sur .
Théorème
Si est non nul alors il existe un voisinage de (plus petit ou égal à ) tel que est une bijection de dans et tel que est dérivable sur .
On appelle l’inverse local (« inverse » est masculin !) de au voisinage de .
Cela signifie notamment que localement autour de et .
Ce n’est pas un résultat généralisable à toutes les fonctions dérivables ! La fonction est de dérivée nulle en et n’est pas une bijection autour de (on a toujours ). Et la réciproque est également fausse : la fonction est une bijection mais est de dérivée nulle en .
Fonction étudiée
Dans la suite, nous supposerons que est une fonction numérique de classe définie au voisinage d’un zéro simple, .
On suppose que est un zéro simple, c’est-à-dire et
Ainsi, par le théorème d’inversion locale, il existe une application définie dans un voisinage de suffisamment petit tel que l’on a :
Ce que l’on va faire
Étant donnée une première approximation de , disons , on va étudier et au voisinage de et . Comme , on va commencer par développer l’expression au voisinage de en puissances de puis nous prendrons afin d’avoir une expression qui donne une meilleure approximation de .
Construction de la méthode
Commençons donc par un premier développement de l’expression au voisinage de et en puissances de (nous gardons les notations précédemment données).
avec le reste à l’ordre du développement limité.
Puisque , on a , d’où :
En , c’est-à-dire , on a donc :
On va maintenant calculer et on obtiendra la méthode de Newton. Pour rappel, on a la formule :
d’où :
et donc :
à condition que soit non nul au voisinage du point dont on évalue .
Mais comme est une racine simple, cette dernière condition est vérifiée et on obtient :
Finalement, on a :
On appelle méthode de Newton l’application :
Dans la suite, il va s’agir de montrer que cette application permet bien d’approcher efficacement . Intuitivement, on peut comprendre pourquoi ça marche : sera très petit devant les autres termes et on devrait donc s’approcher de .
Analyse de la méthode
Nous allons montrer, qu’étant donné proche de , la méthode de Newton permet effectivement d’obtenir une meilleure approximation de en l’évaluant en .
Plus symboliquement, nous noterons la méthode de Newton et nous allons montrer qu’au voisinage de on a :
ce qui montre que pour assez petit, on a :
et donc pour on obtient effectivement une meilleure approximation. On dit que cette convergence est quadratique car le terme majorant est de l’ordre de .
L’hypothèse de va se révéler nécessaire à l’existence de que nous ne calculerons pas mais qui existe bien.
Calcul de
Calculons au voisinage de . Pour rappel :
on a alors :
mais en on a et par hypothèse. Ainsi, on a bien et l’égalité énoncée :
Sous des hypothèses plus faibles pour
Supposons plus largement que est de classe avec un d’ordre en de sorte que . En d’autres termes, au voisinage de on a :
où est un polynôme de degré non nul en . En particulier, on a :
Nous n’allons pas reconstruire mais simplement analyser son comportement dans un tel cas. Il faut en fait calculer (si possible) le terme :
Nous ferons d’une pierre deux coups en montrant que cette expression a du sens et qu’elle vaut .
Commençons par le calcul de et avec le développement limité en fonction de donné :
C’est bien pour le calcul de que l’on a besoin d’avoir de classe avec . Pour plus de lisibilité, on va oublier d’écrire les termes , et qui n’ont pas d’importance puisque bien plus petits que les autres pour un voisinage de assez petit.
On remplace dans (pour rappel, ) et on arrange les termes pour éliminer ceux en :
Donc cette expression a bien du sens en . Mais en on a , d’où :
Cela montre que dans un voisinage suffisamment petit de on a :
et donc la méthode converge également pour une telle application . Cependant cette convergence n’est plus quadratique (sauf dans le cas déjà traité), elle est linéaire.
Maintenant que nous savons manipuler la méthode de Newton en connaissant ses divers comportements, on peut prendre plaisir à donner quelques exemples dans lesquels elle est, ou non, efficace.