La sécurité dans le nucléaire en péril ? Un témoignage

a marqué ce sujet comme résolu.

Le fait est l’irrégularité, la falsification est une qualification.

Le processus de qualification n’est pas sujet à l’appréciation de chacun mais par une institution reconnue compétente pour le juger.

Ces deux informations sont complètement contradictoires. Si on se préoccupe de l’environnement, on garde ces réacteurs. Du coup, il est possible et pas fou d’interprêter que les français ont été trompés par Greenpeace, EELV et autres pour faire croire que le nucléaire est un problème environnemental. En effet en avril 2019, 69% des français se trompaient.

Alors quelle majorité on suit ? Celle d’environ 50% ou celle d’environ 80% ? Ce n’est pas une question rhétorique, j’accepte la réponse que même si les français votent pour un programme qui fait le contraire de ce qu’ils souhaitent par ignorance, il faut suivre. Je ne suis pas d’accord, mais je comprendrais le point de vue.

Rockaround

Il me semble que tu vas un peu vite en besogne. Si je te comprends bien, pour toi : se soucier de l’environnement -> accepter le nucléaire, et ça c’est un argument assez court.

Aussi, on peut se moquer des gens qui pensent que le nucléaire est mauvais pour le climat, alors que ça n’émet pas de gaz à effet de serre (en tout cas moins que les autres technologies dominantes). Mais ça peut être mauvais pour l’environnement sans être mauvais pour le climat. Et en fait, l’enjeu central c’est le stockage des déchets. C’est pour ça que quand tu dis que les gens ont été simplement trompés par, en gros, les méchant écolos ignorants et technophobes adeptes de la bougie, ben en fait c’est très simpliste et réducteur.

On peut avoir de bonnes raisons, documentées, liées à l’environnement (et non le climat) de combattre le nucléaire.

Puisqu’on parle un peu de zététique, je me permet de faire la remarque que très souvent, à propos des activités écologistes (très diverses et hétérogène) on se trouve dans ce genre de débat en présence de sophismes type "homme de paille".

Je sais que certains ici ont participé à un précédent topic que j’avais ouvert, à propos des fournisseurs d’énergie dite verte. Il y a pas mal de réponses à propos du nucléaire (en France) et ça peut en intéresser d’autres. Je me permets donc de vous mettre le lien du topic en question si vous voulez voir les réponses qui parlent du nucléaire : intralien.

Aussi, on peut se moquer des gens qui pensent que le nucléaire est mauvais pour le climat, alors que ça n’émet pas de gaz à effet de serre (en tout cas moins que les autres technologies dominantes). Mais ça peut être mauvais pour l’environnement sans être mauvais pour le climat. Et en fait, l’enjeu central c’est le stockage des déchets. C’est pour ça que quand tu dis que les gens ont été simplement trompés par, en gros, les méchant écolos ignorants et technophobes adeptes de la bougie, ben en fait c’est très simpliste et réducteur.

Sauf que selon un sondage récent, le français moyen pense que le nucléaire est néfaste pour le climat.

Ce n’est pas aidé par Greenpeace qui ment aussi à ce sujet, ou les politiques qui lient lutte contre le climat avec la question de l’abandon du nucléaire ce qui est absurde.

Je n’ai pas de soucis personnellement à considérer que le nucléaire est néfaste pour l’environnement sur certains points. Mais le consensus est clair : si le climat est la priorité, le nucléaire doit être valorisé au moins comme solution de transition pour ce siècle et toute remise en cause de cette énergie pourrait gravement nuire à cet objectif (c’est le GIEC qui le dit après tout).

Or pour moi le sujet environnemental prioritaire, c’est celui-ci. Je peux comprendre que certains pensent que d’autres sujets priment, mais il faut l’assumer et l’afficher clairement. Je pense notamment aux ONG et aux partis politiques écolos en particulier où leur positionnement n’est pas clair et finalement nuisible au regard de cet objectif climatique.

+7 -0

Puisqu’on parle un peu de zététique, je me permet de faire la remarque que très souvent, à propos des activités écologistes (très diverses et hétérogène) on se trouve dans ce genre de débat en présence de sophismes type "homme de paille".

Je pense que la mauvaise foi des écolos antinucléaires les plus audibles n’est pas un homme de paille (malheureusement).

Si c’est uniquement les déchets le problème, il faut le dire. Mais même là, il y a de la mauvaise foi, notamment lié à l’arrêt de projets liés à leur recyclage, transport et stockage. On a ces déchets, on ne peut pas pas réécrire le passé.

Souvent les arguments se concentrent sur le nucléaire, mais quand il s’agit de critiquer les autres industries dangereuses, on n’entend plus personne. En particulier, en France, ces dernières années, on a eu de grosses défaillances sur l’exploitation d’usines chimiques qui ont conduits à des rejets (Lubrizol par exemple) et des morts (AZF). Plus récemment, une usine de retraitement d’eau de Paris a pris feu, et donc incapable de retraiter des eaux d’orage, ce qui a tué en quelques heures/jours des dizaines de tonnes de poissons et il y a des risques similaires sur les années à venir le temps de la reconstruction. Personne n’est entrain de crier qu’il faut arrêter toutes les usines chimiques de France.

Souvent, ils cherchent pleins d’argument non spécifiques contre les nucléaire, comme la sécurité ou la non rentabilité ou les risques industriels, etc. Le jour où un intrus sur une centrale sera fera tirer dessus à vue, les écologistes ne pourront plus hurler à l’insécurité des installations… Mais les équipes de sécurité ne sont pas des bourrins, et savent reconnaître des militants.

Et en fait, l’enjeu central c’est le stockage des déchets.

Je n’en ai pas parlé ici parce que ce n’e´tait pas le sujet, mais je l’ai fait dans un autre sujet il y a quelque jours. Je me permets de m’auto-citer.

Combien de gens sont morts à cause des déchets nucléaires ? Combien ont dû déménager ? Ont vu la valeur de leurs économies être dégradée ? Ont subi un quelconque désagrément ? Je conçois que le sujet fasse peur, mais les conséquences des déchets nucléaires sont nulles pour l’instant. Aucune raison de penser que ça change dans le futur. Le coût du stockage à long terme est très faible (démantèlement et stockage estimés à environ 5€ par MWh).

Même question pour les déchets chimiques du renouvelable. Combien de temps avant que ces déchets ne soient plus dangereux ?

Et j’y ajoute, vu qu’aujourd’hui la remarque est plus centrée sur l’environnement que sur la dangerosité, combien de fois des déchets radioactifs issue de la filière électrique française ont-ils été néfastes pour l’environnement ?

À propos de l’homme de paille, il me semble que tout ce qui a été dit dans ce sujet sur les diverses associations écologiques est que Greenpeace et EELV propagent des mensonges sur l’impact du nucléaire sur le changement climatique.

Pour Greenpeace, l’image suivante. Certes, ils ont donnés des explications alambiquées pour expliquer que en fait non mais un peu si. Calomniez, il en restera toujours quelque chose.

image.png
image.png

Pour EELV, ce tweet de leur secrétaire national par example. Comme dans le message suivant, il indique que c’était "sans compter la question des déchets", c’est donc qu’il parlait de l’opération en disant que le renouvelable est plus "vert".

"Homme de paille" disais-tu ?

Je regarderai de plus près le lien que tu donnes sur Greenpeace, Renault, mais si ça concerne la question du Co2 je me souviens, de l’époque où je me documentais plus, qu’il y avait des discussions sur ce qu’on doit prendre en compte : juste la production de l’énergie en bout de chaine, ou tout ce que ça requiert du début à la fin, y compris la construction, l’approvisionnement, la maintenance, etc.

Mais comme je dis, je connais pas bien l’état du débat aujourd’hui, et il a l’air de s’être passé pleins de choses côté EELV et Greenpeace. J’irai voir, merci pour les liens !

Je regarderai de plus près le lien que tu donnes sur Greenpeace, Renault, mais si ça concerne la question du Co2 je me souviens, de l’époque où je me documentais plus, qu’il y avait des discussions sur ce qu’on doit prendre en compte : juste la production de l’énergie en bout de chaine, ou tout ce que ça requiert du début à la fin, y compris la construction, l’approvisionnement, la maintenance, etc.

Selon le GIEC (pas le rapport sous la main, mais tu trouveras facilement), le nucléaire est au niveau du CO2 proche de l’éolien, et mieux que le solaire photovoltaïque. En tenant compte du cycle complet, donc de la mine d’uranium, à la construction et destruction de la centrale, à l’enrichissement de l’uranium, et à la gestion actuelle des déchets. La France est même globalement mieux placée car l’étape d’enrichissement (très gourmande en énergie) est faite avec de l’électricité décarbonée aujourd’hui.

Donc même s’il y a une incertitude (à cause des déchets mais aussi par toute méthodologie qui analyse un cycle de vie), au niveau climatique le nucléaire fait aussi bien que ce qui est promu par ces mêmes personnes pour le cycle complet. Après le nucléaire a ses défauts propres que personne ne conteste mais il n’y a pas besoin de mentir sur les faits pour des raisons idéologiques.

+5 -0

À titre personnel, je serais moins embêté si certaines associations comme Greenpeace étaient ouvertement antinucléaires par principe, au lieu de chercher à se justifier avec trop de sophismes voire de mensonges.

Par exemple, si quelqu’un est raciste juste "parce qu’il aime pas la gueule d’untel", c’est con, mais au moins c’est clair. Si maintenant, il se met à chercher des excuses sur la génétique, la culture, les allocs, la tradition, la religion, la laïcité ou je ne sais quoi, ça devient ridicule.

En tout cas, la politisation du nucléaire est embêtante pour une industrie du type "all in or nothing". C’est vraiment un engagement à long terme, avec ses opportunités (réutilisation des déchets) et ses défauts (notamment le stockage des déchets ultimes).

Bon, me voici avec le temps de faire une vraie réponse détaillée sur le fond, alors c’est parti.

Je tiens mes informations de diverses sources, dont des amis qui travaillent dans le nucléaire (calcul, agent en centrale, démentèlement). Et s’il y a bien une chose primordiale à comprendre quand on parle de ce milieu, c’est ceci :

Les règles et protocoles de sécurité de l’industrie nucléaire en France sont tellement drastiques qu’ils en deviennent absolument inimaginables pour le commun des mortels.

C’est typiquement ce qui fait que @Stranger peut lire dans la presse qu’il y a 400 pièces suspectées de falsifications, que @Bartpab parle d’écarts, et qu’il y a une incompréhension entre eux alors qu’en réalité ils parlent très probablement de la même chose : le niveau de traçabilité et d’exigence est tel que des écarts aux spécifications ou à la traçabilité qui ne seraient même pas remarqués dans l’industrie (même Seveso) sont tracés, analysés et peuvent remonter dans des documents accessibles au public, qui n’a fatalement pas les clés pour les comprendre.

Pour faire un parallèle avec l’informatique, c’est comme si on disait qu’un code était dans un état catastrophique parce qu’il y a 400 erreurs dans le code, alors qu’en fait c’est juste qu’on a mis le niveau de warning en « paranoïaque » et les 400 erreurs sont des cas à la marge, des comportements acceptables et beaucoup de détails de formatage. Tu es dans le milieu tu comprends le niveau réel du problème, mais un non-expert qui tombe sur la sortie avec les 400 warning aurait peur, et c’est normal : il n’a pas les clés pour comprendre.

Pour vous donner quelques autre exemples concrets :

  • Les marges de sécurité sont gigantesque. On parle de plusieurs ordres de grandeur au-dessus de celles de l’aéronautique ou de l’automobile ; en fait un avion avec des marges de sécurité telles que celles appliquées dans le nucléaire ne pourrait probablement jamais voler.
  • On en arrive à attacher des tuyaux ou des câbles sur des supports sensiblement plus gros qu’eux, juste pour garantir que le support ne cassera jamais.
  • Toujours pour garantir la résistance aux contraintes ferraillage (densité de fer dans le béton armé) du bâtiment réacteur de l’EPR est tel que les ingénieurs bâtiment on dû développer de nouvelles techniques pour réussir à faire passer le béton entre les morceaux de métal.
  • Il arrive que quand on calcule un support de câble ou tuyauterie, les marges de sécurité au séisme prisent à la lettre dictent que le câble ou le tuyau doivent être accrochés au support pour éviter qu’il ne s’envole pendant le tremblement de terre.
  • Tout ce qui est dans le bâtiment réacteur est calculé au cas où le bâtiment entier se retrouve dans des conditions proches de celles de l’intérieur du cœur (plusieurs bars, 300°C). Ce qui pose des problèmes parce que la solution « simple » pour gérer les tuyaux et supports à ces contraintes ne permet pas toujours une exploitation en conditions normales.
  • Lors d’un calcul de démantèlement, un ami a dû calculer les conditions de réactivités au cas où l’intégralité de la radioactivité du bâtiment se retrouverait concentrée en un seul endroit, noyé sous l’eau (i.e. les pires conditions en termes de réactivité). Ce qui en réalité, même en essayant de le faire exprès, est impossible.
  • La conception des systèmes de sécurité impose un niveau de redondance hallucinant. J’aimerais bien en voir le quart dans les industries dangereuses, mais aucune industrie n’accepterait de telles contraintes (et presque aucune ne serait rentable) (je ne vais pas détailler les séries de protections, je dirais des conneries).

Je connais beaucoup moins la recherche que la production, mais il y a quand même cette anecdote qui m’a marqué. Lors du démantèlement du réacteur prototype Phénix, toutes les pompes de remplacement du circuit primaire étaient encore sagement rangées dans un coin. Parce qu’il n’y avait jamais eu besoin de remplacer une de ces pompes en 36 ans et 5 mois de fonctionnement. Ces pompent fonctionnaient en immersion dans du sodium liquide à 3 bars et entre 345°C et 325°C.

Donc, je me répête mais s’il y a un truc à retenir, c’est ça :

L’industrie nucléaire ne fonctionne pas du tout comme les autres industries.

Ça rends les enjeux très difficiles à comprendre. Surtout qu’une grosse part de la communication vient de média qui n’ont pas conscience de cette différence, ou d’associations / partis politiques qui sont biaisés à son encontre.


Revenons au post de départ. Dans l’ordre du message cité :

Sur l’argent alloué aux installations : aucune idée, il faudrait que j’interroge mes amis. L’auteur précise « dans le milieu de la recherche », et hélas la recherche publique en général a de gros problèmes d’argent (et pas que…) en France. Donc la recherche publique nucléaire a probablement aussi des problèmes d’argent.

Attention à ne pas confondre recherche et production : une situation vraie dans l’un (ici le manque d’argent) n’est pas immédiatement applicable à l’autre.

Sur la sécurité assurée par du matos de 30 ans : ça a déjà été expliqué, c’est pas parce que c’est vieux que c’est non sécurisé. D’autant plus que les procédures sont tout le temps révisées et mises à jour. Typiquement, Fukushima a provoqué pas mal de modifications de procédures et de travaux pour protéger les installations (donc le public) en cas d’inondations majeures. C’est peut-être cette modification des procédures et matériels qui donne l’impression qu’on colle des rustines sur des rustines. Cela dit, renseignez-vous sur les opérations de grand carénage, on est pas dans la rustine ou le truc pas cher, au contraire.

Le « gendarme du nuclaire », utilisé sans guillemets : là ça me fait penser que l’auteur du texte n’est pas du métier, parce que l’expression est plus celle de la presse. Mes amis parlent systématiquement de l’ASN ou de l’IRSN, selon ce qui est concerné.

D’autre part, il y a pas mal de sous-traitance dans le milieu. Et dans les gestions de projet (donc les gars qui pilotent les équipes de technicien) ça arrive très régulièrement qu’une société de service sous-traitante envoie en tant que « expert » des jeunes diplômés à peine sortis d’école. Or, dans le milieu, « expert » c’est plutôt 20 ans d’expérience… Et forcément quand ces petits jeunes essaient d’expliquer aux vrais experts de terrain comment faire leur métier, ça se passe mal.

De plus, l’ASN et l’IRSN peuvent être très exigeantes. C’est l’une des deux (l’IRSN) qui a a exigé le calcul de radioactivité sans aucun sens réel mentionné plus haut.

D’ailleurs, l’ASN a un pouvoir de contrôle absolu, et n’hésite pas à s’en servir. Avant l’incendie de Lubrizol, il y avait eu plusieurs rapports qui démontraient les risques, mais rien n’avait été fait. L’ASN, elle, peut faire fermer une centrale pour un défaut sur un appareil de sûreté ultime (i.e. qui ne sera utilisé que s’il y a eu un problème, que la sécurité a cassé, que la sécurité de la sécurité a cassé aussi, et probablement que la sécurité de la sécurité de la sécurité est HS aussi). Et une centrale comme ça, c’est des millions d’euros de pertes par jour d’arrêt. Donc, les pinaillages de l’ASN (pour notre sécurité !) peuvent être aussi vus comme une nuisance de la part des équipes : en vrai, on aurait probablement pu réparer cette digue en laissant la centrale fonctionner en attendant. Mais le boulot de d’ASN c’est ne ne pas prendre de risque, elle le fait bien et a les moyens de se faire respecter.

Une autre particularité de l’ASN, c’est que c’est probablement l’organe de contrôle le plus transparent de France. Toutes les informations sont publiques. Quand une association ou un parti prétends que « on ne sait pas » concernant une installation nucléaire civile en France, c’est généralement faux, et il suffit d’aller sur le site de l’ASN pour avoir l’information. Par exemple, on y trouvait très facilement que Fessenheim était une centrale très fiable malgré son âge, et quelle centrale il était pertinent de demander la fermeture sur la base des rapports de fiabilité1.


En résumé, le post cité en début de topic par @TumulteClassicisme raconte principalement n’importe quoi, mais avec un fond de logique. De ce que j’en comprends, ça ressemble au post de quelqu’un qui a un ami qui travaille dans le nucléaire, qui a écouté ses histoires mais qui n’a pas compris ce qui était normal ou pas. Il parle de la recherche, mais une connaissance d’un technicien en centrale pourrait écrire le même genre de dernier paragraphe.


PS : Rien à voir, mais je suis d’accord avec @Aabu sur l’honnêteté intellectuelle des associations. Par exemple, je n’ai aucun problème avec des gens comme NegaWatt, dont le postulat de base est clair, et qui militent avec des arguments en général logiques pour aller dans leur direction (même si je ne suis pas d’accord avec celle-ci). J’ai beaucoup plus de mal avec des associations comme Greenpeace ou des élus EELV qui ont été pris beaucoup trop souvent à mentir pour défendre leur idéologie coute que coute.


  1. Il y a une astuce : ces gens demandent la fermeture de la centrale de Fessenheim depuis sa construction. D’ailleurs, ils ont prévu une bouteille de champagne pour fêter le succès de son démantèlement, tout en prétendant qu’on ne sait pas démanteler en France.

Merci @SpaceFox.

Petit pinaillage :

  • Tout ce qui est dans le bâtiment réacteur est calculé au cas où le bâtiment entier se retrouve dans des conditions proches de celles de l’intérieur du cœur (plusieurs bars, 300°C). Ce qui pose des problèmes parce que la solution « simple » pour gérer les tuyaux et supports à ces contraintes ne permet pas toujours une exploitation en conditions normales.
SpaceFox

J’ai un gros doute là-dessus. Le cœur en production, c’est environ 300 °C et 155 bar. Je ne pense pas que les équipements (électriques par exemple) qui sont dans le bâtiment du réacteur soient dimensionnés pour une telle pression. Tous les dix ans, lors de la visite décenale, a lieu une « épreuve enceinte » où on monte le bâtiment réacteur tout entier en pression. Mais il me semble que ça n’excède pas 5 bar absolus (vu le volume, imagine la quantité d’air qu’il faudrait injecter pour monter à 155 bar !). L’idée de l’épreuve enceinte est de vérifier que l’enceinte en béton ne fuit pas, et pourrait donc continuer à assurer le confinement des matières radioactives en cas d’accident grave (où le cœur a au moins partiellement fondu et où de la vapeur d’eau se forme, augmentant la pression de l’enceinte). Mais il est vrai que les marges sont généreuses, et la limite de l’épreuve enceinte est bien supérieure à ce que les calculs des études d’accidents donnent en pression maximale.

Désolé pour ce message qui n’apporte rien au sujet !

@titusLivius C’est pour ça que je précise « plusieurs bars ». Je ne sais plus les détails des valeurs (si j’arrive à avoir l’info je vous la donne). C’est sûr que la température c’est celle du circuit primaire, donc environ 300°C (en vrai c’est surtout ça qui les faisait chier, à cause des dilatations des matériaux). La pression ça doit être au moins celle du test d’épreuve (à cause de ce test justement). De mémoire, le cas de calcul c’était un truc du genre « on a tout le contenu des circuits qui se vidangent dans le BR ».

J’ai un gros doute là-dessus. Le cœur en production, c’est environ 300 °C et 155 bar. Je ne pense pas que les équipements (électriques par exemple) qui sont dans le bâtiment du réacteur soient dimensionnés pour une telle pression. Tous les dix ans, lors de la visite décenale, a lieu une « épreuve enceinte » où on monte le bâtiment réacteur tout entier en pression. Mais il me semble que ça n’excède pas 5 bar absolus (vu le volume, imagine la quantité d’air qu’il faudrait injecter pour monter à 155 bar !). L’idée de l’épreuve enceinte est de vérifier que l’enceinte en béton ne fuit pas, et pourrait donc continuer à assurer le confinement des matières radioactives en cas d’accident grave (où le cœur a au moins partiellement fondu et où de la vapeur d’eau se forme, augmentant la pression de l’enceinte).

Ce que tu dis est essentiellement vrai. On peut lire cet ouvrage de référence sur les accidents de fusion de cœur disponible gratuitement et très bien fait publié par l’IRSN, en particulier le chapitre 6. On tape quand même dans des températures de plus de 200°C à certaines étapes.

« on a tout le contenu des circuits qui se vidangent dans le BR ».

C’est a peu près ça, si je me souviens bien. Il y a des calculs du genre "toute l’eau est vaporisée dans le bâtiment réacteur".


J’ai eu l’occasion récemment d’en apprendre plus, surtout en ce qui concerne la conception de EPR, et il y a vraiment beaucoup de redondance. Pour le contrôle-commande de sûreté (qui sert à ramener la centrale dans un état sûr en cas de problème, sachant qu’il y a le pilotage normal de la centrale en plus), il y a énormément de redondance à la conception. Il y a au moins trois systèmes importants pour la sûreté (ceux que je connais :D). Certains de ces systèmes sont x4, d’autres x2. Sur chacune des unités redondantes, il y a des unités de calculs redondantes (donc certains calculs sont fait au moins 8 fois), avec des systèmes de vote, de relevés de défauts en cas de désaccord, etc. Les systèmes ont des alimentations redondantes, indépendantes, et secourues de différentes manières (diesels de secours, diesels d’ultime secours et batteries grâce à Fukushima).

Tout ces systèmes sont reliés à plein d’autres choses dans la centrale (pompes, vannes, capteurs, etc.) eux-mêmes redondés (plusieurs vannes, plusieurs systèmes d’alimentation en eau, plusieurs solutions différentes pour faire le même effet, …).

Comme disait @SpaceFox, un avion conçu comme ça ne vole pas. Il aurait au moins 4 ou 6 ailes, on pourrait réparer et tester les réacteurs et les ailes en vol (donc il en faudrait au moins 4 pour un petit avion). Les pilote auraient les commandes normales, plus des commandes de secours d’une autre techno, plus un moyen d’actionner les fonctions essentielles d’une troisième manière. Il y aurait un deuxième cockpit au cas ou le premier ne marche pas. Il y aurait probablement de nombreux techniciens pendant le vol qui feraient des tests et vérifieraient que tout marche correctement. On peut imaginer plein de choses encore.

@SpaceFox tu résumes assez bien cette écart de compréhension. Il est difficile de parler du nucléaire quand on y travaille car on est bien souvent taxé de fanatique du secteur alors qu’il n’en est rien. C’est pas parce qu’on y travaille qu’on en devient aveugle.

L’épreuve enceinte éprouve la résistance du Bâtiment Réacteur pour 5 bars de mémoire. Après il y a de la re-condensation avec les douches d’aspersion pour essayer de contrôler la hausse de pression en cas de rupture seconde barrière.

A l’occasion j’essayerai bien de rédiger un petit truc sur la sûreté nucléaire ou le fonctionnement général d’un réacteur électrogène (assez général comme les 3 fonctions de sûreté et la défense en profondeur).

Je crois que le plus étrange quand on parle de sûreté et de sécurité, c’est que le nucléaire et l’informatique sont deux domaines dans lequel la position des gens qui y travaillent est quasi systématiquement incompris du grand public, mais dans des extrêmes inverses.

À l’expert du nucléaire, on va dire « Ça manque de sécurité, tu as trop confiance en toi ».

À l’expert en informatique, on va plutôt dire « Mais non, c’est sûr, y’a pas à s’en faire » (coucou tout l’IoT, le vote électronique, etc).

@SpaceFox tu résumes assez bien cette écart de compréhension. Il est difficile de parler du nucléaire quand on y travaille car on est bien souvent taxé de fanatique du secteur alors qu’il n’en est rien. C’est pas parce qu’on y travaille qu’on en devient aveugle.

Bartpab

Je te rassure, ce n’est pas limité au nucléaire. Même si le nucléaire en France, comme en Belgique, est effectivement un débat public particulièrement sensible.

+0 -0

J’ai eu l’occasion récemment d’en apprendre plus, surtout en ce qui concerne la conception de EPR, et il y a vraiment beaucoup de redondance. Pour le contrôle-commande de sûreté (qui sert à ramener la centrale dans un état sûr en cas de problème, sachant qu’il y a le pilotage normal de la centrale en plus), il y a énormément de redondance à la conception. Il y a au moins trois systèmes importants pour la sûreté (ceux que je connais :D). Certains de ces systèmes sont x4, d’autres x2. Sur chacune des unités redondantes, il y a des unités de calculs redondantes (donc certains calculs sont fait au moins 8 fois), avec des systèmes de vote, de relevés de défauts en cas de désaccord, etc. Les systèmes ont des alimentations redondantes, indépendantes, et secourues de différentes manières (diesels de secours, diesels d’ultime secours et batteries grâce à Fukushima).

Aabu

Et en plus quand tu combines diversification (pour éviter les causes communes de défaillance) et redondance (pour éviter les défaillances simples) et séparation fonctionnelle tu obtiens l’architecture I&C de l’EPR qui est d’une complexité à faire pâlir n’importe quel expert en automatisme. :D

Vu que le sujet initial a été débattu, je me permets une digression sur l’exigence en sûreté du nucléaire. Je travaille en recherche en matériaux de plus ou moins tout ce qui est dans la cuve. On a beaucoup de matériaux qui sont, au moins en théorie, meilleurs que ceux utilisés sur beaucoup d’aspect. Mais si ils sont pire sur un aspect important, et qu’ils réduisent une marge de sûreté quelque part, c’est directement non. Même si il y aurait encore de la marge, elle serait plus petite. Inacceptable, presque toujours. Et vu que UO2 est génial dans l’eau, changer le combustible est presque impossible.

@bartpab J’ai aussi quelques brouillons sur le nucléaire. N’hésite pas à m’envoyer un mp si tu décides d’écrire quelque chose.

Les contraintes à respecter pour le calcul des tuyauteries etc. dans le bâtiment réacteur, c’est donc (y’a 10 ans) :

Résistance au séisme millénaire majoré (*2, de mémoire), résistance a 230 bars à 300°C (un doute sur le calcul de la pression d’épreuve mais c’est dans cette zone là). Par contre sur l’EPR, si au cours de tes calculs tu dépasses 10% de la norme, on te demande d’affiner pour être sur :p

(Attention, x 2 en énergie ça ne multiplie pas la valeur par 2 sur l’échelle, quelle que soit l’échelle, aucune n’est linéaire).

Voilà voilà…

Le coup des associations, ça me rappelle Greenpeace ou Reporterre qui ont fait un carte des stockages de déchets nucléaires en France, en te présentant le tout comme si c’était caché, et aussi comme si les déchets risquaient soudainement de sortir de leurs sous-sols pour venir toquer chez toi et te refiler le cancer. Mais bon, la carte est simplement disponible sur le site de l’ASN, c’est juste pas des gros logos "nucléaire dangereux".

+0 -0
Connectez-vous pour pouvoir poster un message.
Connexion

Pas encore membre ?

Créez un compte en une minute pour profiter pleinement de toutes les fonctionnalités de Zeste de Savoir. Ici, tout est gratuit et sans publicité.
Créer un compte