N'oublions pas les success story, telles que la Centrafrique, où les ethnies du Nord et celles du Sud ne partagent ni culture, ni langue, ni religion, et qui est aux portes de son premier génocide, ou encore que cette merveilleuse réussite d'État multi-culturel qu'a été la Yougoslavie.
On trouvera toujours des cas où ça coince. Cela ne signifie pas que c'est pour autant impossible ou si difficile que cela en a l'air.
L'Afrique et en partie l'Asie ont des États conçus par les européens sans se soucier des habitudes locales. Forcément, après le départ des colons, des frictions apparaissent. Pour la Yougoslavie, cela tient d'une part à la culture européenne d'essayer d'obtenir un État-Nation ce qui a donné des vagues de nationalismes. Mais aussi au fait que certains États comme la Yougoslavie n'était pas très respectueuses des différents peuples que la composent.
Cela n'empêche donc nullement à la conception d'un État multiculturel, tant que cela est bien fait.
Ce n'est pas là la question. Les États-Unis partagent une origine commune récente, et même si les législations locales ont divergé, il n'empêche que tous ces États sont des extensions des 13 États des origines à mesure que la population blanche avançait vers l'Ouest. Idem au Canada. En Russie, c'est le même genre : c'est à partir du XVIe et surtout du XVIIe que les Russes sont allés massivement remplacer les populations sibériennes. Et on observe le même phénomène en Chine, bien qu'ils ne soient pas fédéraux. En Australie, ce sont les les Anglais, et au Brésil, ce sont les populations d'origine portugaise qui se sont étendues.
Les peuples européens ont bien plus en commun que ce que tu souhaites avancer.
Ces « fédérations géantes » ont toutes en commun que c'est une population au départ située dans un espace réduit et culturellement assez homogène qui s'est fortement répandue
Mince, l'empire romain et grec n'ont pas existé. L'empire des Hasbourgs et de Napoléon n'a jamais eu lieu. Charlemagne n'a jamais rassemblé la moitié de l'Europe en son sain. La chrétienté n'a jamais percé dans le continent au point de mener des guerres saintes ensemble.
L'Histoire et la culture européenne est très large et commune à la plupart des peuples la composant. Une richesse inégalée s'en est dégagé mais tu ne peux nier qu'il y a énormément en commun.
Pour que l'UE puisse être comparée à une de ces constructions, il faudrait que les Français ou les Allemands exterminent massivement les autres peuples pour les remplacer.
C'est arrivé presque plusieurs fois en 3000 ans.
Puisque tu parles de compromis, je serais curieux de voir comment tu envisages qu'on puisse se mettre d'accord à l'échelle de l'UE sur, au hasard, un système éducatif.
Les systèmes éducatifs sont gravés dans le marbre ? De mémoire le système éducatif français a mis 200 ans pour en être là aujourd'hui. Cela ne s'est pas fait en un jour et beaucoup de choses ont changé dedans. C'est pareil pour tous les pays de l'UE d'ailleurs.
Bref, cet argument me semble être une résistance au changement. L'UE a su unifier de nombreuses choses entre les pays alors qu'ils étaient dans ces domaines radicalement différents. Il y a des chantiers plus durs que d'autres, mais ça n'a rien d'impossible.
En particulier, comment tu mets d'accord un système finlandais entièrement public et massivement financé, et un système anglais massivement semi-privé et qui demande aux élèves de payer une blinde, sans que au moins la moitié des populations concernées ne hurle au crime national ?
Regarde l'Europe d'il y a 100 ans. Qui aurait pu croire que les puissances européennes ont su tenir 70 ans sans se taper dessus entre eux ? Qui auraient cru qu'on pourrait passer d'un pays à l'autre sans contrôles ? Que la circulation des biens serait aussi simple ? Qui aurait cru que ces pays auraient pu transformer aussi profondément leurs économies au point d'avoir une monnaie commune ?
Ce n'est pas parce qu'il y a certains domaines avec des divergences fortes que l'union est impossible. Cela prendra du temps mais c'est possible. En tout cas le passé le montre plus d'une fois.
Après, j'ai une dernière question : pourquoi une fédéralisation massive, et en particulier un transfert important de compétences à une UE sur laquelle les populations ont très peu de contrôle, serait la bonne solution alors que les populations y sont massivement opposées ? On en revient à ta remarque suivante.
L'UE a trop de pouvoirs et trop peu à la fois. Elle peut rarement trancher d'elle même, laissant les États négocier entre eux trop souvent. Et nombre de ses prérogatives nécessitent des droits supplémentaires pour être efficace comme sur la fiscalité notamment pour que l'euro soit pérenne.
Qui, s'ils sont moins à gauche que le Front de Gauche, sont fermement persuadés que l'État doit se désengager de plein de trucs, alors que la population est majoritairement partisane de conserver les services publics dans le giron du public.
Donc les électeurs votent pour des candidats dont leur programme ne conviennent pas ? Et cela fait 30 ans que cela dure et rien ne bouge ? Dur…
Les électeurs sont responsables si effectivement ils persistent à approuver les décisions actuelles.
Pour rappel, on a voté non à une constitution européenne dont le contenu nous a été quand même en grande partie imposée par d'autres voies…
En votant Sarkozy les français ont été de facto d'accord pour le traité de Lisbonne, c'était dans son programme. Après s'ils ne sont pas d'accord avec la politique européenne du président, je pense qu'il valait mieux choisir un autre candidat ou se présenter.
. Cependant, d'une part, il y a aussi une faute des élus qui ne respectent pas leurs engagements
Et quand ils les appliquent (traité de Lisbonne dans le programme de Sarkozy et de l'UMP pour les législatifs) ça gueule aussi. Il faut choisir.
Je serais d'accord avec toi si ce n'était pas répété. Ça fait plus de 30 ans que les français critiquent les politiques mais ne participent pas plus dans les partis pour qu'ils changent de voies ou les candidats, et en plus ils votent pour ces partis là encore.
À un moment, il faut être responsable de ses actes.
d'autre part, le temps il faut en disposer, ce qui n'est pas spécialement le cas de la majorité de la population.
Si la population n'a pas de temps pour choisir correctement pour qui voter, elle n'en aura clairement pas pour la démocratie directe. Soyez cohérents.
Justement, non. Il s'agit ici d'un cas de fusion de plusieurs États « souverains » en un nouveau. Cela exclus déjà les États qui sont devenus fédéraux par la suite (comme la Belgique).
Pourtant des cas comme ça tu en as plein : Allemagne, France, Italie…
Le contient européen a une histoire tumultueuse et les différents États ont de fortes divergences entre eux tant sur le plan culturel que politique, ce qui complique grandement la création d'un État central.
Tu négliges justement tout ce qui rassemble les peuples européens.
Pour reprendre l'exemple de la politique monétaire, si cette dernière devait être mise en oeuvre au niveau fédéral, elle serait soit appliquée comme aujourd'hui soit elle le serait sans l'Allemagne.
Je n'ai pas compris ton propos ici.
Dans les faits, c'est moins drôle : certains États dépendent d'autres sur le plan économique et social et il est facile de faire du chantage à leur gouvernement.
C'est pareil pour tout système avec au moins deux individus. Je te signale que tous les pays vivent ça à leurs échelles administratifs.
La problématique des langues peut être assez fourbe. Cela se voit parfois en Belgique où le sens de certains passages de la traduction française d'une loi ne cadre pas tout à fait avec son homologue néerlandaise ce qui pose des soucis pour son application.
Ça se corrige, et malgré ce problème tu as des tas de pays multilingues qui tournent sans soucis importants de ce point de vue. Tu n'as pas su me dire en quoi l'UE ferait pire.
Non, mais je sais en revanche qu'un conseil des ministres fonctionne mieux quand les intervenants ont une langue commune et que cela est plus probable quand il n'y en a que deux ou trois.
Pourtant l'UE semble réussir à faire des marathons de discussions malgré la barrière linguistique théorique. Comme plein d'autres pays. Je doute que les politiques de pays multilingues sont à l'aise dans toutes les langues officielles dudit pays. À un moment ils vont utiliser qu'une poignée d'entre eux, comme l'UE fait aujourd'hui avec l'anglais, l'allemand ou le français.
Et dans le cas des dépenses publiques, on est beaucoup plus proche des dépenses courantes que de l'investissement.
On est d'accord sur le problème de la mauvaise dépense de la dette. Mais cela ne signifie pas pour autant que l'unité dette par rapport au PIB soit pertinent.